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23 janvier 2015 5 23 /01 /janvier /2015 23:52
« Le travail doit se faire en profondeur, avec l’adhésion et la mobilisation permanente du peuple »
Photo : DR
Aliki Papadomichelaki est une ancienne déportée sur l’île de Makronissos
Photo : DR
Économiste, ancienne responsable du département de politique extérieure de Syriza, Aliki Papadomichelaki était enfant pendant la guerre civile et fut déportée sur l’île de Makronissos.

Envoyée spéciale. 

Votre histoire est celle d’une enfant déportée… Comment cela a-t-il forgé votre conscience politique ?

Aliki Papadomichelaki Je suis la fille unique de deux cadres communistes, antifascistes et partisans. Mon père, Stelios Papadomichelaki, et ma mère, Dionysia Costadoulou, ont été arrêtés en 1937 par la dictature grecque de Ioannis Metaxas (1937-1940). Ils se sont mariés en prison. Ma mère est l’une des fondatrices de l’organisation antifasciste Solidarité nationale (Ethniki Allileggii), dont l’objectif était de sauver la population d’Athènes d’une famine atroce, sous l’occupation nazie. Plus tard, durant la guerre civile, en 1947, mes parents furent arrêtés de nouveau. J’avais deux ans et demi, j’ai suivi ma mère et ma tante dans le plus affreux camp de concentration de l’histoire grecque, celui de Makronissos, une île déserte, rocailleuse, balayée par les vents et les vagues. Hommes ou femmes, les prisonniers politiques subissaient la même brutalité. J’en garde encore des souvenirs vivaces, bercés par les poèmes de Yannis Ritsos, la musique de Mikis Theodorakis, le théâtre de Manos Katrakis, tous les trois déportés, avec tant d’autres, sur cette même île. Il ne s’agit pas d’une histoire exceptionnelle. Des milliers de militants antifascistes et communistes ont subi ce sort après la guerre civile qui a suivi le combat de libération nationale auquel ils avaient pris part. J’ai poussé sur ce terreau fertile d’une gauche combative.

Comment expliquez-vous la place prise par Syriza, ces cinq dernières années, sur la scène politique ?

Aliki Papadomichelaki Dès 2008, la Grèce est devenue le cobaye du néolibéralisme national et européen. Les élites politiques ont choisi de faire porter à la population le fardeau de la crise économique structurelle que traverse, à des degrés divers, le continent européen. Les gouvernements du Pasok et de Nouvelle Démocratie ont démantelé le secteur public, détruit les services sociaux, privatisé une grande partie du patrimoine national. Le chômage se maintient à des niveaux jamais atteints depuis cinquante ans. Cette situation alarmante suscite la colère. Syriza éclaire les causes de la crise néolibérale, participe aux luttes sans prétentions hégémoniques et propose des solutions alternatives pour sortir de cette impasse.

Les pressions extérieures n’entraveront-elles pas toute politique de gauche ?

Aliki Papadomichelaki C’est une question de rapport de forces. Bruxelles, la troïka, les autres gouvernements et les marchés agissent en fonction de ces rapports de forces. Le capital financier devient de plus en plus spéculatif. N’est-il pas nécessaire de faire front, tous les peuples ensemble, pour lui barrer la route ? La devise communiste était « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ». Cette exigence me paraît d’une grande actualité, avec l’accélération de la mondialisation. Certes, il ne sera pas facile de renégocier la dette et de faire face à l’austérité. Le travail devra se faire en profondeur et par étapes, avec l’adhésion et la mobilisation permanentes du peuple. Nous aurons besoin de solidarité européenne et internationale. Notre lutte vous concerne. Votre solidarité est pour nous d’une importance majeure.

 

http://www.humanite.fr/le-travail-doit-se-faire-en-profondeur-avec-ladhesion-et-la-mobilisation-permanente-du-peuple-563188

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