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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 13:17


Editoriaux de Jean Thiriart dans le périodique LA NATION EUROPEENNE (Paris - Bruxelles)

 

 

Période de Décembre 1965 à Février 1969

N° Zéro déc 1965 L'Europe par la légalité ou par la légitimité

N° 1 Janv 1966 Esquisse du communautarisme européen

N° 2 Fév 1966 Les pacifistes, chez eux, chez nous

N° 3 Mars 1966 Une imposture nommée "Occident"

N° 4 Avril 1966 Le communisme : une religion

N° 5 Mai 1966 Coup d'Etat crypto-USA contre De Gaulle

N° 6 Juin 1966 Au delà du Gaullisme : l'Europe unitaire - un plan de réunification

N° 7-8 Juill 1966 Saint-Charles chez les Paiens de Moscovie

N° 9 Sept 1966 Photo de ma visite à Bucarest (Tchou-en-Lai)

N° 9 Sept 1966 La paix américaine : la paix des cimetières

N° 10 Oct 1966 Sud-Tyrol et Europe

N° 10 Oct 1966 L'erreur stratégique de Mao

N° 10 Oct 1966 Incident Podgorny-Thiriart à Vienne Autriche "Verschworer-chef kommt!

Schwere zeiten für die Staatspolizisten"

N° 11 Nov 1966 Le national-communisme européen ?

N° 11 Nov 1966 Roumanie 1966 - Reportage

N° 12 Déc 1966 Le véritable danger allemand

N° 12 Déc 1966 Rencontre avec Otto Strasser (photo)

N° 13 Janv 1967 La faillite de l'Empire Britannique

N° 13 Janv 1967 (en anglais) Letter to an American senator

N° 14 Fév 1967 L'Europe jusqu'à l'Oural : un suicide !

N° 15 Mars 1967 La tentative d'étranglement de l'Europe par les interdictions atomiques

N° 15 Mars 1967 Roumanie 66 - suite du numéro 11

N° 15 Mars 1967 Le concept d'Europe unitaire (impérialisme de domination/exploitation

opposé à impérialisme d'intégration)

N° 16 Avril 1967 Se taire à Madrid (Thiriart interdit de parole)

N° 16 Avril 1967 Pour une alliance tactique de dimension planétaire (contre le duopole

USA/URSS)

N° 17 Mai 1967 Le moyen-orient arabe face à l'Europe

N° 17 Mai 1967 Politiques platoniques, nations fictives

et NATIONALISMES ILLUSOIRES

N° 18 Juill 1967 USA : le déclin d'une hégémonie

N° 19 Août 1967 Sclérose et impasse de la diplomatie soviétique

N° 19 Août 1967 Non à Astérix (contre la bêtise "celtique")

N° 20 Sept 1967 Portrait d'un monocrate (De gaulle positif/ De Gaulle négatif)

N° 20 Sept 1967 OTAN : instrument de vassalisation politique

N° 21 Oct 1967 USA : un empire de mercantis

N° 21 Oct 1967 La tragédie de l'antisémitisme

N° 22 Nov 1967 Pour entrer dans l'Europe, l'Angleterre doit quitter l'OTAN

N° 22 Nov 1967 Plusieurs Vietnams

N° 23 Déc 1967 Inventaire de l'Anti-américanisme (stratégie révolutionnaire)

Tricontinentale ou quadricontinentale ?

N° 24 Fév 1968 Le mythe européen contre les utopies européennes

N° 25 Mars 1968 Moscou-Washington : ennemis ? non !

Concurrents ? souvent !

Complices ? toujours !

N° 25 Mars 1968 Faire la guerre aux Etats-Unis sur tous les fronts :

La vulnérabilité monétaire des Etats-Unis.

N° 26 Avril 1968 La balkanisation de l'Europe ou du Yalta brutal au Yalta subtil

N° 27 Mai 1968 Du communisme tragique au communisme trivial

N° 28 Juin 1968 De l'anti-communisme à l'anté-communisme

N° 29 Nov 1968 Prague, l'URSS et l'Europe

N° 29 Nov 1968 Les Arabes et l'Europe (Des Brigades Internationales au moyen-orient ?)

N° 29 Nov 1968 Photographies : Thiriart à Bagdad et au Caire

N° 29 Nov 1968 Palestine : une solution "algérienne" ?

N° 29 Nov 1968 Les Europes

L'infirmité conceptuelle du Général

La KLEINSTAATEREI décrite par Pierre GAXOTTE

N° 30 Fév 1969 L'Europe : un acte d'intelligence (Wofür kämpfen wir ?)

N° 30 Fév 1969 Interview du général PERON par Thiriart


Textes de Jean Thiriart dans la revue « Conscience Européenne » 1984 à 1988


N° 3 HS 1984 Le Parti de l’Europe

N° 8 Avril 1984 L’après-Yalta

N° 10 Nov 1984 « l’Europe un acte d’intelligence »

N° 15 Avril 1987 « Le concept d’Europe Unitaire »

N° 16 Mai 1987 « Le Parti historique révolutionnaire »

« Mythes de la démocratie et réalités des ploutocraties occidentales »

N° 18 Juill 1987 « La Turquie, la Méditerranée et l’Europe »

N° 19 Aout 1987 « Le Nationalisme Economique Européen »

N° 20 Sept 1987 « Sans puissant nationalisme Européen pas de véritable Socialisme »


Livres et manifestes

1960 Manifeste à la Nation-Europe

1962 La Révolution Nationale Européenne

1964 Un Empire de 400 Millions d’Hommes L’Europe

1965 La Grande Nation : l’Europe de Brest à Bucarest

1980 L’Empire Euro-Soviétique : La mutation du communisme (jamais publié)

1987 Principes d’Economie Communautaire


Textes dans divers revues

1992 Europe, l’Empire du futur ? in « Nationalisme & République » n° 8

1992 L’Europe jusqu'à Vladivostock in « Nationalisme & République » n° 9

 

Note :

Nous tenons à la disposition des chercheurs, une liste complète de toutes les interventions de Jean THIRIART comprenant: ses interviews écrites, audios et télévisées ainsi que tous les ouvrages ayant pour thème ou mentionnant THIRIART. Cette liste est accompagnée de toutes les communications du mouvement "Jeune Europe". Il existe aussi possibilité de consulter les archives du Parti Communautaire National-européen (PCN) et de son président Luc MICHEL, pour cela envoyez nous un courrier électronique: info@pcn-ncp.com

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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 13:16

DE THIRIART A ZOUGANOV, LE NOUVEAU VENT QUI VIENT DE L’EST

" Nous vivons dans une époque dans laquelle la géopolitique sonne d’une fa-çon constante a notre porte : oublier ça n’est pas seulement une erreur, c’est un crime ".

Voilà ce qu’écrivait le chef du Parti Communiste Russe, Gennadi Zouga-nov, dans une récente édition de son " mani-feste géopolitique " sous le titre de " La Géographie de la Victoire ", dans lequel, comme a été noté par Charles Clover dans la revue " Foreign Affairs " (article sur " Dreams of the Eurasian Heartland "), la seule fois que Marx est cité c’est pour dire que lui aussi avez des intérêts pour la géopolitique.

Effectivement, Gennadi Zouganov a laisser tomber depuis quelques années quelcon-que référence à l’idéologie marxiste-léninis-te et a tourné son attention à la culture tra-ditionnelle pour y chercher une réelle alter-native radicale au dogmatisme liberal-capitaliste. Déjà en 1995, dans un texte sous le nom de " Au delà de l’Horizon ", il revendiquait ouvertement la validité de l’idée russe traditionnelle de " obscina " (Communauté) et de la doctrine orthodoxe de " sobornost " (Communitarisme).

D’autre part, une des sources les plus im-portantes de la formation da la pensée de Zouganov se trouve dans l’œuvre du pen-seur traditionaliste Konstantin Leontev, l’auteur de " Byzantinisme et monde sla-ve " (Ed. all’insegna del Veltro, Parme 1987).

C’est l’interprétation faîte dans la thèse sur la naissance du nouveau Parti communiste russe de l’étudiant Marco Montanari, qui a préparé l’édition italienne de Dherzava, qui sorti en Russie en 1994 et qui sort mainte-nant aux Edizioni all’insegna del Veltro sous le titre de " Stato e Potenza ".

En effet, des les premières pages de " Etat et Puissance ", le langage, les références culturelles et les concepts de Zouganov sont les témoins de l’intention consciente de restaurer une conception spirituelle du monde et une conception impérial de la po-litique. Nous allons essayer de fournir des exemples concrets de ceci.

En dénonçant " les contradictions bien connu dans le champ communiste " a l’égard de son rapport avec la religion, Zouganov souligne être un lecteur et connaisseur de la Bible et du Coran –page 43- (d’un autre côté, dans " Au Delà de l’Horizon ", il défend le Bouddhisme qui constitue avec l’Orthodoxie et l’Islam la troisième religion traditionnelle du grande espace russe).

La vision spirituel qui transparaît des pages d’ " Etat et Puissance " est directement lié à l’idée d’Empire. Quant aux accusations li-beral-marxistes, selon lesquelles l’Empire représenterait le sur-pouvoir de la bureau-cratie et la perte des droits des libertés fon-damentales, Zouganov observe que " c’est une mensonge ! L’Empire, c’est la forme de développement de l’Etat Russe historiquement et géopolitique-ment obligatoire. (…) La Russie est tou-jours consciente, des plus vieux temps, d’être l’aire et le dépositaire d’une tradi-tion impériale " -page 51-. Quant à l’autocratie, une autre bête noire pour les occidentaux, Zouganov répond : " Autocratie. Parlons clairement, c’est le principe de l’ édification de l’Etat qui se propose la souveraineté totale et l’in-dépendance politique, unie à une cons-ciente volonté de puissance (…) Dans plusieurs siècles, l’autocratie c’est transformé dans le seul principe capa-ble de réunir un pays qui connaît des extraordinaires différences " –page 53-. Au bipolarisme droite-gauche, rouges-blancs, etc. Zouganov oppose l’idée de la Synthèse entre le national et le social : " En réunissant les idées "rouges" de la justice social et les idées "blanches" d’un raisonnable Etat national (…) la Russie pourrait finalement acquérir le consensus social, que traverserait les classes et la puissance de l’Etat " –page 69-.

On doit souligner que le nationalisme russe de Zouganov n’est pas un petit nationalis-me russe, plus ou moins soviétiste, ça se-rait en contradiction ouverte avec l’idée d’Empire proposé par le même Zouganov.

Il déclare, en fait, la nécessité de " l’union politique des trois peuples frères " -page 66-, les Russes, les Biélorusses et les Ukrainiens, comme point de commence-ment pour amener une plus vaste union continentale. " L’Euro-asiatisme – écrit Charles Clover dans le " Foreign Af-fairs " - veux être impériale sans être nationaliste, messianique sans être so-viétiste ". Comme le note Marco Mon-tanari dans son introduction à l’édition ita-lienne d’ " Etat et Puissance ", Zouga-nov a recueilli, renouvelé et développé la le-çon de Jean Thiriart, qui dans les der-nières années de sa vie avait tra-vaillé à un traité de géopolitique qui devait avoir pour titre " L’Empire euro-sovietique de Vladivostok à Dublin ". Avant de mourir, en 1992, le fondateur de " Jeune Europe " a rencontré Zou-ganov à Moscou et avait eu avec lui de longues conversations. " Etat et Puis-sance " est le résultat des ces entre-tiens entre Zouganov et Thiriart.

(Traduction de l'article Stato e Potenza publié dans " Rinascita " quotidien de libération nationale)

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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 13:15

Le "PARTI HISTORIQUE REVOLUTIONNAIRE"


 

Luc MICHEL, dirigeant du "PARTI COMMUNAUTAIRE NATIONAL-EUROPEEN (PCN) entend continuer et développer l'action commencée par Jean THIRIART à Bruxelles dans les années 60 avec le mouvement "JEUNE EUROPE", à savoir constituer un appareil politique révolutionnaire capable de libérer et d'unifier l'Europe.

Dans son livre "LE PARTI HISTORIQUE REVOLUTIONNAIRE" (Editions MACHIAVEL) (1), Luc MICHEL veut décrire cet appareil en se servant d'exemples historiques et de théories politiques révolutionnaires empruntées notamment à LENINE et aux marxistes-léninistes (2).

Le Parti Révolutionnaire européen dont le PCN serait l'embryon devrait être tout à la fois un parti révolutionnaire d'avant-garde destiné à renverser l'ordre établi et pas seulement à le contester, un "Parti Historique" (il lui échoit aussi de fonder un nouvel Etat, l'Etat européen, sur les ruines des anciens Etats et d'en être le seul souverain) et un parti transnational unitaire et intégré (le Parti révolutionnaire doit échapper aux querelles nationales et obéir à une direction unique).

Luc MICHEL oppose et détaille dans son livre chacun de ces traits :

- Le PARTI REVOLUTIONNAIRE D'AVANT-GARDE rassemble une minorité active, une élite de révolutionnaires professionnels dans une organisation hiérarchisée, disciplinée, centralisée et dogmatique.

Luc MICHEL situe l'origine des partis révolutionnaires d'avant-garde en 1789 dans le "CLUB BRETON" qui rassemble un certain nombre de représentants de la Bretagne aux Etats Généraux (parmi lesquels le célèbre LE CHAPELIER) et qui devient rapidement le CLUB DES JACOBINS (3). Après Thermidor, BABEUF recueille l'héritage jacobin et les rescapés de l'expérience montagnarde : il préconise la dictature terroriste d'un "Comité Insurrecteur" qui instaurera le communisme. BUONAROTTI, un babouviste, auteur d'une histoire de la "CONSPIRATION POUR L'EGALITE", et également carbonariste, est l'initiateur de BLANQUI, l'homme qui, par ses incessants coups de main, prises d'armes et complots, sera en France tout au long du XIXeme siècle, l'ennemi numéro un de l'ordre bourgeois (4). Le BLANQUISME naît sous la Monarchie de Juillet, en réaction à la récupération du mouvement de Juillet par les orléanistes, et poursuivit sa lutte contre la Deuxième République puis le Second Empire, participe à l'expérience de la Commune puis participe massivement aux assauts de la "droite révolutionnaire" (STERNHELL dixit) contre la Troisième République opportuniste et bourgeoise (5). Divisé par l'affaire Dreyfus, le parti blanquiste disparait peu après (une partie des blanquistes avec Edouard VALLIANT, rejoint le "PARTI OUVRIER FRANCAIS" d'orientation marxiste, l'autre avec Henri ROCHEFORT, s'installe définitivement dans le camp nationaliste) (6). Entre-temps, BLANQUI a eu des émules à l'étranger, notamment, rappelle Luc MICHEL, les populistes révolutionnaires de "ZEMLIA I VOLIA" et de "NARODNAIA VOLIA". Ces blanquistes russes exerceront sur LENINE et sa conception du parti révolutionnaire une influence non négligeable, LENINE, réagissant contre l'orientation réformiste de la social-démocratie européenne et russe provoque la naissance du "PARTI BOLCHEVIQUE". Le Parti Bolchévique n'est certes pas à l'origine de la chute du despotisme tsariste (qui est l'oeuvre de l'opposition libérale : constitutionnels-démocrates, socialistes-révolutionnaires de droite, etc.) ni même seul à l'origine de la Révolution d'Octobre mais il parviendra à éliminer ses concurrents socialistes-révolutionnaires de gauche, anarchistes, syndicalistes-révolutionnaires, et à s'emparer du pouvoir qu'il consolidera au terme d'une guerre civile sanglante (7). La théorie et la praxis du parti révolutionnaire d'avant-garde connaîtront un dernier développement avec les GAUCHES COMMUNISTES allemande et italienne (respectivement : "PARTI COMMUNISTE OUVRIER D'ALLEMAGNE" et la gauche bordiguiste du Parti communiste d'Italie) qui, tout en se réclamant de LENINE et de l'Internationale Communiste, s'en prennent à la direction opportuniste des partis communistes nationaux (LEVI en Allemagne) (8).

Le "PARTI HISTORIQUE". Dans ses "NOTES SUR MACHIAVEL, LA POLITIQUE ET L'ETAT MODERNE", GRAMSCI affirme que le parti révolutionnaire est le "Prince moderne" (9). Cette notion recouvre selon THIRIART et LUC MICHEL (mais aussi dés l'origine chez GRAMSCI) (10) deux aspects complémentaires :

Le parti, fondateur d'un Etat (ex. les jacobins, fondateurs de la France unitaire conforme aux yeux de SIEYES, les bolchéviques fondateurs de la Russie soviétique - qui à de nombreux égards peut être considérée non comme une fédération mais comme un Etat unitaire (11) - et surtout le "RISORGIMENTO", associant le Parti d'Action, républicain et unitaire, des MAZZINI et GARIBALDI à des éléments plus modérés et monarchistes comme CAVOUR (12).

Le parti "dynaste collectif" : dans l'Europe unie de demain, le Parti Révolutionnaire européen sera le dynaste écrit et affirme Luc MICHEL. Ainsi pourrait être résolue la préoccupante question, qui se pose à tous les européistes, de la nature de l'organe suprême de décision européen. Certes les fédéralistes européens nous proposent un parlement bicaméral ou tricaméral mais croient-ils vraiment qu'une telle instance, avec ses multiples défauts (nombre élevé et médiocrité probable de ses membres, diversité d'origine et d'aspirations, caractère délibératif, etc.), serait capable de prendre les décisions qui engagent le destin de l'Europe ?

L' "Entscheidung" réclame un corps homogène et réduit d'hommes aux ambitieuses visées politiques et préparés à l'exercice du pouvoir.

Le PARTI TRANSNATIONAL UNITAIRE ET INTEGRE : Luc MICHEL perçoit dans le "KOMINTERN", ébauche d'un Parti communiste mondial, dont le PC russe ne deviendrait qu'une section régionale, le meilleur exemple de ce type de parti (13). La Parti révolutionnaire européen doit à l'évidence s'en inspirer tout comme il doit s'inspirer de l'exemple des BRIGADES INTERNATIONALES pour créer une organisation politico-militaire de libération européenne (14).

L'Organisation "JEUNE-EUROPE" créée en 1960 par Jean THIRIART a été la première tentative (sérieuse) de créer un appareil révolutionnaire européen réunissant les trois caractéristiques exposées par Luc MICHEL (celui-ci consacre d'ailleurs à "JEUNE-EUROPE" un imposant chapitre de son livre). Mais cette tentative tourna très rapidement court lorsque Jean THIRIART, découragé par l'échec de ses démarches auprès de la Chine populaire et des Etats arabes révolutionnaires, décida en 1969 d'abandonner la lutte politique.

Il y a quelques années, sous l'impulsion de Jean THIRIART et de Luc MICHEL, le "PARTI COMMUNAUTAIRE NATIONAL-EUROPEEN" et la revue CONSCIENCE EUROPEENNE ont vu le jour. Mais depuis le temps de JEUNE-EUROPE l'idéologie de THIRIART et de ses disciples s'est radicalisée en un national-bolchévisme européen qui s'inspire de la pensée d'Ernst NIEKISCH, elle-même tributaire des conceptions géo-politiques de Karl HAUSHOFER (NIEKISCH imaginait un bloc continental germano-slave de Flessingue à Vladivostok; THIRIART imagine une Europe de Dublin à Vladivostok) et des considérations métaphysiques d'Ernst JÜNGER sur l'apparition d'un nouveau type humain (le travailleur, ou encore pour reprendre la formule de NIEKISCH : "la Troisième Figure Impériale"; THIRIART, lui, préfère parler de manière plus simpliste, avec un vocabulaire de science-fiction et de feuilleton de télévision, de "mutant" ou de "surhomme").

Ce nouveau national-bolchévisme européen pourrait aussi bien se situer dans la ligne des travaux de l'équipe de la revue DER VORKAMPFER composée de néo-conservateurs prussiens partisans convaincus de l'étatisme économique (nombreuses références à LIST, ROBERTUS et MARX). Comme le note José CUADRADO COSTA, idéologue de la filiale espagnole du PCN de Luc MICHEL, dans son étude sur l'UNION SOVIETIQUE DANS LA PENSEE DE JEAN THIRIART, il s'agit d'un national-bolchévisme étranger aux valeurs völkisch et élargi aux frontières de la plus grande Europe (15).

 

Thierry MUDRY.

Notes :

1) Luc MICHEL, "LE PARTI HISTORIQUE REVOLUTIONNAIRE", Editions MACHIAVEL, Charleroi (Belgique), 1986, 157 pages (DINA4), adresse de l'Editeur :6 bd du jardin botanique B/1000 Bruxelles

2) Deux brochures de LENINE particulièrement servent d'ouvrages de référence à Luc MICHEL : "QUE FAIRE ?" et "LE GAUCHISME, MALADIE INFANTILE DU COMMUNISME".

Dans "QUE FAIRE ?", LENINE jetait les bases du Parti Révolutionnaire d'avant-garde.

Avec "LE GAUCHISME, MALADIE INFANTILE DU COMMUNISME", rédigée en 1920 après la victoire des bolchéviques en Russie, il donne aux partis communistes qui se sont constitués en Europe occidentale sur le modèle bolchévique, une magistrale leçon de stratégie et de tactique révolutionnaire (L.MICHEL p66).

3) THIRIART et ses disciples se définissent comme des "jacobins européens". Cette formule illustre leur volonté unitaire et centralisatrice européenne, mais elle l'illustre peut être assez mal. On oublie trop souvent que le jacobinisme a été beaucoup plus décentralisateur que la monarchie et que la décentralisation révolutionnaire a failli déboucher sur l'éclatement de l'Etat Français (que l'on se rappelle les insurrections "fédéralistes" dirigées par les élus locaux contre le pouvoir central en 1789/91).

4) BLANQUI et les Blanquistes se réclament de BABEUF et HEBERT (mais l'HEBERTISME est lié aux "sans-culottes", mouvement ultra-gauchiste beaucoup moins structuré que le jacobinisme et d'idéologie plus confuse. Sur les "Sans-culottes", se reporter à la thèse d'Albert SOBOUL, publiée chez Flammarion : "MOUVEMENT POPULAIRE ET GOUVERNEMENT REVOLUTIONNAIRE EN L'AN II (1791-1793)".

5) Les blanquistes se veulent d'abord républicains : ils croient en la Nation, en l'Egalité (c'est-à-dire qu'ils s'opposent à tous les privilèges. BLANQUI va s'en prendre d'abord aux privilèges fiscaux, puis aux privilèges qui s'attachent à la propriété). En la Liberté ( et particulièrement en la Liberté de penser, opposée au cléricalisme). Ils sont patriotes, socialistes-révolutionnaires ou communistes. Leur anti-cléricalisme débouche assez vite, sous le second Empire, sur un anti-christianisme et un anti-judaisme virulents. Ils exaltent la race aryenne (c'est notamment le cas des deux plus importants intellectuels blanquistes : Gustave TRIDON et Albert REGNARD) et ses dieux, ils sont élitistes et placent leurs espoirs dans une dictature révolutionnaire.

En fait, les Blanquistes sont aussi bien des pré-fascistes, voire des pré-nazis, que des pré-communistes (Ndlr. c'est le blanquisme pré-communiste qui est intéressant à nos yeux et non pas la dérive antisémite de certains partisans de BLANQUI), et leur orientation idéologique (Ndlr. sulfureuse) explique leur présence au sein de la "droite révolutionnaire" à la fin du XIXème siècle (Crf. Zeev STERNHELL, "LA DROITE REVOLUTIONNAIRE. 1885-1914", Seuil , Paris 1973).

Sur le BLANQUISME se reporter aux livres de Maurice DOMMANGET, "BLANQUI ET L'OPPOSITION REVOLUTIONNAIRE A LA FIN DU SECOND EMPIRE" (Armand Colin, Paris, 1960) et "AUGUSTE BLANQUI AU DEBUT DE LA IIIème REPUBLIQUE 1830-1871" (Mouton, Paris, 1971).

6) Déjà à Nancy, le blanquiste GABRIEL avait posé avec BARRES, lors de l'affaire BOULANGER, les premiers éléments de l'idéologie nationaliste (de droite) que BARRES développera par la suite dans ses "SCENES ET DOCTRINES DU NATIONALISME".

7) Certains affirment que les bolchéviques trahirent la révolution (Crf.VOLINE) et qu'ils confisquèrent le pouvoir au(x) peuple(s) de Russie en éliminant les Soviets et en imposant leur dictature. Cette progressive élimination des Soviets et la bolchévisation de la Russie devaient conduire en 1921 les marins de Cronstadt et les ouvriers de Pétrograd, principaux acteurs de la Révolution d'Octobre, à se soulever contre les bolchéviques au cri de "tout le pouvoir aux soviets". Ce soulèvement fut impitoyablement écrasé par TROTSKY. Sur le soulèvement de Cronstadt, on peut lire "LA REVOLUTION INCONNUE" de VOLINE, chez Belfond :

"LA TRAGEDIE DE CRONSTADT" par Paul AVRICH (Seuil, Coll. Points Histoire), "1921, LA REVOLTE DE CRONSTADT" par Henri ARVON (Ed.Complexe). Signalons en passant que contrairement à une opinion répandue par les Trotskistes occidentaux (reprise par l'historien (?) Jean ELLEINSTEIN) qui oppose le "libéral" TROTSKY (!) au "totalitaire" STALINE, l'ex-menchévique TROTSKY fut le principal artisan de la politique de répression antipopulaire du pouvoir bolchévique : Après avoir créé l'Armée Rouge avec d'anciens cadres aristocratiques de la Garde Impériale (ex. TOUKHATCHEVSKY), il institua les réquisitions forcées chez les paysans et imposa la militarisation du travail, il écrasa enfin dans le sang les révoltes ouvrières...

(Ndlr. Nous sommes loin de l'humanisme bêlant des Trotskistes occidentaux qui ont une capacité à oublier la réalité, formidable... A oublier TROTSKY et ses crimes; à oublier la collaboration des Trotskistes français et belges - par anti-soviétisme - avec le régime Nazis pendant la dernière guerre, l'Hitléro-trotskisme (lire NATION EUROPE numéro 8); à oublier la collusion impérialiste de certains Trotskistes avec la CIA, le MI5 et MI6 et les petits flics de la pensée...).

8) Il ne s'agit pas là de la Gauche communiste des "conseillistes" et autres anarcho-syndicalistes, opposés pour la plupart au concept même de parti et contre lesquels LENINE écrira "LE GAUCHISME,MALADIE INFANTILE DU COMMUNISME". Se reporter à "LA GAUCHE COMMUNISTE EN ALLEMAGNE 1918/1921" par Denis AUTBIER et Jean BARROT, Payot, Paris, 1976.

9) Pour GRAMSCI, très critique à l'égard du "RISORGIMENTO", le prolétariat est la classe nationale pas excellence et son parti, le parti de la révolution prolétarienne, poursuit non seulement des objectifs de classe mais aussi des objectifs nationaux populaires. Ainsi constitue t-il ce "Prince Moderne" qui réalisera, mieux que n'a pu le faire lors du RISORGIMENTO une mince couche de privilégiés, l'unité de l'Italie ( en l'asseyant sur l'alliance du prolétariat septentrional et de la paysannerie pauvre du sud) et le gouvernement de celle-ci, tâches que MACHIAVEL assignait jadis au "Prince".

10) Ibid.

11) Malgré sa constitution fédérale (il s'agit d'un fédéralisme des peuples d'inspiration stalinienne), l'URSS était un état unitaire en raison de la structure unitaire du "Parti Communiste d'Union Soviétique" qui encadrait et dirigeait la totalité des institutions politiques, sociales et culturelles de l'Union.

12) L'Unité de l'Italie s'est faite contre l'Autriche, les dynastes locaux et la Papauté, mais aussi contre la France (à laquelle les Italiens reprochèrent amèrement l'armistice séparée franco-autrichien de Villafranca et l'occupation de Rome par les troupes Françaises) et avec l'aide de la Prusse (l'Italie put annexer la Vénétie en 1866 grâce à la victoire prussienne de Sadowa sur l'Autriche et Rome grâce à la guerre franco-prussienne de 1870). Il en a résulté en Italie, après le "RISORGIMENTO", l'hégémonie des politiciens du Nord, libéraux et anti-cléricaux en politique intérieure, pro-allemands en politique extérieure (Triplice). Le fascisme, en poussant l'Italie à entrer en guerre contre les puissances centrales en 1915, en rendant à l'Eglise catholique toute sa puissance dans la société italienne par les accords du Latran de 1929, et en favorisant dans le cadre de l'Etat hyper-centralisé et du Parti national-fasciste la conquête démographique et politique du Nord de l'Italie par le Sud, a mis fin à l'ère post-risorgimentiste.

13) Le "KOMINTERN" est dissous en 1943 par STALINE qui veut ainsi rassurer ses alliés occidentaux. Déjà, la formule du "Socialisme dans un seul pays" traduisait un glissement de l'internationalisme dans un cadre planétaire vers un internationalisme dans le cadre soviétique qui consolidait en fait l'hégémonie russe ou moscovite, l'Etat-Nation moscovite étant à la fois la Nation hiistoriquement, culturellement et démographiquement dominante et, si l'on en croit l'historiographie staliniennen un Etat objectivement progressiste dont toute l'histoire aurait tendu vers ce but final qu'était l'extraordinaire Etat soviétique.

14) Dés 1965/66, Jean THIRIART avait conçu le projet de "BRIGADES EUROPEENNES" qui après s'être engagées auprès des forces révolutionnaires et progressistes des théâtres d'opérations extérieurs (Amérique latine, Moyen-Orient) auraient pu mener à terme, une guerre de libération en Europe, puis constituer le noyau de la future Armée européenne.

15) Les Editions MACHIAVEL diffusent une bibliographie assez complète sur THIRIART, sa pensée et JEUNE EUROPE.

Citons les deux ouvrages de Jean THIRIART lui-même : "UN EMPIRE DE 400 MILLIONS D'HOMMES : L'EUROPE" et "LA GRANDE NATION UNITAIRE", les éditoriaux de Jean THIRIART publiés dans "LA NATION EUROPEENNE" de 1963 à 1969 rassemblés en un volume, le mémoire de Yannick SAUVEUR sur "Jean THIRIART ET LE NATIONAL-COMMUNAUTARISME" etc... (Adresse de l'éditeur, crf.supra).

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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 13:14

DE "JEUNE-EUROPE" AU PCN : HISTOIRE POLITIQUE DU COURANT

COMMUNAUTARISTE

EUROPEEN EN FRANCE (1961-2001)

- 1961 : LA NAISSANCE DU COMMUNAUTARISME NATIONAL-EUROPEEN

- LA CRISE ALGERIENNE : UN TREMPLIN POUR LA REVOLUTION EUROPEENNE

- 1962 : LA STRUCTURATION DES RESEAUX FRANÇAIS DE "JEUNE-EUROPE"

- L'UTILISATION REVOLUTIONNAIRE DE L'AVENTURE DE L'O.A.S. PAR "JEUNE-EUROPE"

- "JEUNE-EUROPE" APRES L'ECHEC DE L'OAS

- "JEUNE EUROPE" CONTRE L'EXTRÊME-DROITE

- UN NOUVEAU DEPART EN 1964 :

- LE C.E.P.S.E. ET "LA NATION EUROPEENNE"

- 1965 : LE LANCEMENT DU "PARTI COMMUNAUTAIRE EUROPEEN" (P.C.E.)

- 1969-1971 : LE TEMPS DES GROUPUSCULES ET DES REVUES EPHEMERES

- L'ORGANISATION LUTTE DU PEUPLE (OLP)

- LE "CENTRE D'INITIATIVE PROGRESSISTE EUROPEEN" (C.I.PR.E.)

- LA NAISSANCE EN 1984 DE LA SECONDE GENERATION COMMUNAUTARISTE : LE P.C.N.

- L'ACTION DE LA REVUE "CONSCIENCE EUROPEENNE" (1982-1987)

"LE PARTISAN EUROPEEN" (1986-89)

- LES CLUBS ET LA REVUE "NATIONALISME ET REPUBLIQUE"

- L'INFLUENCE DU COMMUNAUTARISME SUR LA "NOUVELLE DROITE"

- L'IMPACT DES THESES COMMUNAUTARISTES AU SEIN DE LA MOUVANCE NATIONALE-REVOLUTIONNAIRE FRANCAISE

- 1993 : L'IMPLANTATION DU P.C.N. FRANCE

- 1996 : "NOUVELLE RESISTANCE" FUSIONNE AVEC LE PCN

- 1996 : LE PCN PREND LA DIRECTION IDEOLOGIQUE DU "FRONT EUROPEEN DE LIBERATION"

- LE PCN : LA SEULE ALTERNATIVE POUR LES MILITANTS NR ET NATIONAUX-BOLCHEVIQUES DE FRANCE

Malgré plusieurs études sur le COMMUNAUTARISME NATIONAL-EUROPEEN dans son ensemble en Europe, l'histoire politique de notre courant en France, de ses nombreux avatars et résurgences, de son influence et de sa structuration, restait à écrire. Il est utile aujourd'hui de procéder à cette étude et à cette analyse historique, au moment où le Communautarisme européen agit de nouveau de façon structurée en France, mais aussi où certains, profitant du manque d'informations d'ensemble sur le sujet, se servent de l'héritage communautariste et de la figure de son fondateur Jean THIRIART pour les détourner de leur but et défendre des positions que le père du Communautarisme combattait sans concessions.

1961 : LA NAISSANCE DU

COMMUNAUTARISME NATIONAL-EUROPEEN

Comme partout en Europe, le Communautarisme européen est issu en France du mouvement créé par Jean THIRIART en Belgique fin 1961 : l'organisation européenne "JEUNE-EUROPE".

Dès sa naissance, le courant communautariste va être intimement lié au mouvement nationaliste-révolutionnaire français. En effet, a l'opposé de la plupart de ceux qui luttent contre la perte d'influence de l'Europe dans le monde et contre le bradage des empires coloniaux au profit de Washington, Jean THIRIART, qui raisonne en termes de géopolitique et de géoéconomie, lie l'entièreté du processus de décolonisation et en fait une analyse globale, dénonçant les influences onusienne et américaine qui sapent la puissance de l'Europe dans le monde.

Dès les débuts du mouvement, en juillet 1960, Jean THIRIART associe le combat des Belges qui refusent la perte de l'empire du Congo au combat de ceux qui, en France, luttent pour le maintien de l'Algérie dans la sphère européenne. "France et Belgique, hier unis dans la victoire, aujourd'hui dans les épreuves. Algérie, Congo, deux guerres menées par les mêmes ennemis, par les ennemis de l'Europe", écrit THIRIART dans son hebdomadaire "BELGIQUE-AFRIQUE" dès septembre 1960.

Quelques semaines plus tard, l'hebdomadaire se transforme en "EUROPE-AFRIQUE", explicitement sous-titré "Pour la communauté de Narvik au Cap". Dans sa chronique hebdomadaire intitulée "Chronique de la Nation européenne", THIRIART précise que "L'Europe de Narvik au Cap n'est pas une vue de l'esprit ni un slogan lancé à la légère, il s'agit d'une nécessité politique commandée par la géographie... L'Europe ne peut accepter d'avoir dans son dos une Afrique livrée à l'anarchie politique, une Afrique agitée par les surenchères des USA et de l'URSS. En Afrique, l'ONU joue le jeu des USA presque ouvertement"(1).

A la différence des partisans français de l'Algérie, il place évidemment ce combat dans une problématique grand-européenne, impériale, et vise à l'intégration géopolitique du monde arabe dans la sphère d'influence européenne, ce qui exclut chez lui tout racisme et toute politique coloniale ou néo-coloniale. Il précise donc que "L'Europe ne peut continuer éternellement cette lutte avec le monde arabe. L'Empire romain a bien digéré des Espagnols, des Gaulois, des Germains. Pourquoi ne pourrions-nous intégrer les Arabes ! Aux Arabes, il faudra proposer une association vraie, honnête, de qualité. "(2).

LA CRISE ALGERIENNE : UN TREMPLIN POUR LA REVOLUTION EUROPEENNE

La dimension géopolitique, le maintien des empires européens, comme cela a échappé à la plupart des observateurs politiques (il n'y a aucune nostalgie coloniale chez l'anti-impérialiste Thiriart), ne sont pas le seul but, ni même le but principal de THIRIART dès cette époque. Celui-ci, qui vise à organiser une organisation révolutionnaire dans toute l'Europe, et à trouver un terrain pour que celle-ci puisse prétendre au pouvoir, voit dans l'Algérie le tremplin de la Révolution européenne. THIRIART est en effet conscient que dans aucun pays européen pris isolément, et singulièrement en Belgique à cette époque, un mouvement ne pourra prétendre disposer de la dimension nécessaire pour libérer l'Europe.

Dès septembre 1960, il précise ses objectifs dans un article intitulé "Alger, départ de l'Europe", "La technique révolutionnaire, dixit LENINE, TROTSKY et compagnie, conseille de choisir une plate-forme de départ sur un terrain particulièrement favorable. Jetons un bref coup d’œil sur l'Europe. Où trouver ce terrain favorable ? L'Allemagne digère béatement sa renaissance économique. L'Italie est encore marquée, hélas ! , par sa défaite de 1945. L'Espagne trop isolée et trop pauvre. Reste la France. La France où, par tradition séculaire, les idées nouvelles jaillissent facilement. La France qui appartient aux vainqueurs de 1945. La France qui n'a cessé d'être en guerre depuis quinze ans. La France traversée par les passions, durcie par les épreuves, entraînée par les guerres qu'elle doit mener, présente les conditions pour " un grand changement" ou pour un "grand départ". Ce sera en France qu'il faudra commencer la Révolution européenne. Révolution des idées, des institutions, des hommes. Du fait de la guerre d'Algérie, la France est en état de sensibilité politique exacerbée, la France est survoltée. La société française est en état de crise. C'est un Etat dangereux, mais c'est aussi un Etat fécond de promesses politiques... Ce n'est pas seulement le sort de la France, en tant que nation, c'est aussi le sort de l'Europe en Afrique du Nord. La France combat pour l'Europe. L'attention de tous les Européens vigilants se portera donc vers la France. Tous leurs efforts également. Leur TERRAIN, choisi par l'Histoire pour y faire naître la Nation européenne, est celui de la Vième République"(3).

Dès les débuts du mouvement, ses publications, largement diffusées en France, reprennent interventions et communiqués des partisans de l'Algérie française. La réaction du pouvoir gaulliste ne se fera d'ailleurs pas attendre. Le "JOURNAL OFFICIEL" de la République française du 31 janvier 1961 publie un arrêté d'interdiction d'une publication étrangère prise par le Ministre de l'intérieur, sur proposition du Directeur-général de la Sûreté Nationale, qui "interdit sur l'ensemble du territoire de la république, la circulation, la distribution ou la mise en vente de "BELGIQUE-AFRIQUE (EUROPE-AFRIQUE)". L'interdiction sera tournée par différents moyens, notamment la publication de l'hebdomadaire sous le titre "NATION EUROPE", celui-ci continuant à soutenir les partisans de l'Algérie française, notamment lors du putsch d'Alger de 1961.

1962 : LA STRUCTURATION DES RESEAUX FRANÇAIS DE "JEUNE-EUROPE"

Après l'échec militaire du putsch d'Alger, l'organisation de THIRIART, devenue "JEUNE EUROPE" fin 1961 et présente dans de nombreux pays, s'oriente vers un soutien important aux derniers partisans de l'Algérie française regroupés dans l'OAS, l'"Organisation de l'Armée Secrète". "NATION EUROPE" publie les communiqués de l'OAS et "JEUNE EUROPE" sert de base arrière aux membres de l'OAS qui luttent directement sur le territoire métropolitain.

Dans le même hebdomadaire, le 13 octobre 1961, est annoncé la naissance de la "section France de JEUNE EUROPE". La perspective de THIRIART à cette époque est de préparer une situation révolutionnaire en France. Dans un message aux réseaux France de l'organisation, THIRIART précise ses objectifs, le 2 novembre 1961 : "Le rôle politique actuel de JEUNE EUROPE dans ses "réseaux France" est le durcissement de tous les groupes favorables à l'Algérie française. Le rôle politique actuel des SOUSTELLE et BIDAULT est d'offrir une façade de respectabilité petite-bourgeoise, de bon républicanisme, d'authentique démocratisme. Infiltrez-vous dans toutes les organisations favorables à la cause de l'Algérie française, si modérées soient-elles. Intoxiquez leurs membres, leurs militants afin que ceux-ci entraînent leurs "chefs" à faire beaucoup plus qu'ils n'avaient l'intention de faire ! Faites en sorte que les membres de ces organisations "molles" et "hésitantes" portent contre leurs chefs des accusations de mollesse, d'hésitation... La mission des groupes JEUNE EUROPE se divisera en deux activités. L'une d'infiltration dans les groupes favorables et modérés pour les durcir, l'autre d'actions dures spécifiquement JEUNE EUROPE." THIRIART y rappelle aussi la dimension européenne du combat mené : "La cause de l'Algérie française et la cause de l'Europe sont communes. C'est pourquoi nos camarades français peuvent compter sur l'appui total de toutes nos organisations, allemande, flamande, autrichienne, italienne, espagnole. Le caractère européen de notre organisation fait qu'il ne subira jamais la décapitation de tant de mouvements nationaux, "strictement français". Nous sommes partout, la tête peut repousser partout, à Cologne comme à Londres, à Barcelone comme à Milan. Notre appareil est de ce fait dix fois plus efficace que tous les mouvements cantonnés dans un seul pays. Vous pouvez compter sur nos militants de toute l'Europe, car tous apprécient à sa formidable valeur le combat que vous menez pour l'Europe à travers le combat pour l'Algérie. Camarades français, vous n'êtes plus seuls"(4).

Les propos de THIRIART ne sont pas des rodomontades ou de la propagande. Du côté du régime gaulliste, on prend très au sérieux la menace que fait peser l'Organisation. Dans son ouvrage, "LA TRAGEDIE DU GENERAL", l'historien gaulliste J.R.TOURNOUX précise que "Dans cette entreprise révolutionnaire, l'Algérie offre un tremplin" et cite les propos du Ministre français de l'intérieur du moment : "Depuis plusieurs années, la guerre d'Algérie sert de détonateur à des intrigues, à des desseins qui s'intéressent non à l'Algérie, mais à des ambitions politiques. Vous avez été, et vous êtes encore, des jouets dérisoires entre les mains expertes de certains manipulateurs de foules en panique. Voyez donc ces réunions tenues à Bruxelles ... Regardez ces orateurs en manches de chemises, ces gardes du corps fiers de leurs brassards, ces étrangers qui scandent "Algérie française !". Avez-vous compris"(5).

L'UTILISATION REVOLUTIONNAIRE DE L'AVENTURE DE L'O.A.S. PAR "JEUNE-EUROPE"

Le soutien de l'Organisation "JEUNE-EUROPE" à l'OAS sera officialisé par la création de la Mission "France 3", qui vise à organiser le soutien et la logistique des réseaux de l'OAS en métropole. C'est dans l'hebdomadaire "JEUNE-EUROPE" qu'est d'ailleurs annoncée la constitution de cette "Mission France 3" : "Si les forces de l'OAS semblent parfaitement coordonnées dans leur berceau algérien, les divers mouvements ou groupes qui s'en réclament dans l'Hexagone n'apparaissent pas tous aussi reliés soit en entre eux soit à l'Etat-Major. Le général SALAN, chef de l'OAS, a donc pris la décision de créer un organisme centralisateur en métropole pour unifier les méthodes et les moyens d'action. La Mission "France 3" chargée de ce travail vient d'être installée avec pour attribution, au nom du général SALAN, tous les moyens se rapportant à l'action répressive et les finances"(6).

"JEUNE-EUROPE" va d'ailleurs prendre totalement en main la propagande de l'OAS en France, en éditant notamment officiellement en Belgique l'édition métropolitaine du journal de l'OAS "APPEL DE LA FRANCE", qui est diffusée encartée dans l'hebdomadaire "JEUNE EUROPE". La réaction des autorités françaises, mais aussi belges, ne se fera pas attendre et l'organisation de THIRIART, en particulier sa section belge, vont connaître en Belgique même les foudres de la répression. Les perquisitions vont faire suite aux arrestations, aux saisies des comptes, des archives et du courrier de l'organisation. Plusieurs militants, et THIRIART lui-même, seront à plusieurs reprises arrêtés et incarcérés de nombreuses semaines sans que la justice et les polices belges ne parviennent à un résultat quelconque, tant la structuration de l'appareil clandestin de "JEUNE-EUROPE" est parfaite.

Vingt-cinq ans plus tard, Jean THIRIART devait d'ailleurs dresser le bilan de cette période : "J'ai fort bien connu les capitaines et les colonels de l'OAS, c'est moi qui aie annoncé à Radio-Luxembourg, avant tout le monde, que SERGENT avait pris la place d'ARGOUD. Je l'ai annoncé quelques heures après le rapt de celui-ci en Allemagne. Les décisions étaient prises non loin de Bruxelles... Un peu au sud... Le poumon extérieur de l'OAS fut le fait de JEUNE EUROPE en très grande partie"(7). Des propos qui font écho à ceux qu'il tenait en 1962 dans l'hebdomadaire "JEUNE-EUROPE" : "Le contrat politique et historique que l'ex OAS doit proposer à l'Europe combattante est celui-ci : dans l'immédiat toute l'Europe combattante soutiendra le combat de l'ANS et du CNR. Toutes les forces à mettre en ligne convergeront vers la lutte en France. La victoire acquise en France, celle-ci deviendra le premier Etat national-communautaire, une sorte de microcosme de l'Europe. Cette nouvelle "France" - en fait plutôt Europe comprimée - servira de base départ à la conquête idéologique, politique et militaire de toute notre patrie européenne jusqu'à Bucarest"(8).

"JEUNE-EUROPE" APRES L'ECHEC DE L'OAS

Hélas pour THIRIART et ses militants, l'OAS ne réalisera jamais les potentialités révolutionnaires qu'elle portait. Trop française, menée par des militaires par définition peu doués pour l'action clandestine et subversive, le combat de l'OAS sera désespéré et inutile. Lorsque se termine l'aventure de l'Algérie française et européenne, l'organisation de THIRIART s'apercevra qu'elle a évidemment perdu toute la mise qu'elle avait placée dans cette affaire. En effet, les réseaux français de l'organisation sont interdits, ses militants pourchassés ou en prison, comme ceux des autres organisations pro-Algérie française. La presse de l'organisation éditée en Belgique est interdite en France et ses responsables y sont poursuivis. Et l'image de marque de l'Organisation va souffrir longuement de l'aventure en étant associée à une aventure peu révolutionnaire au regard de ses autres protagonistes.

Le pouvoir gaulliste, qui n'a jamais été tendre et n'a jamais pratiqué le pardon des offenses, va continuer la répression même après la disparition de l'OAS. L'hebdomadaire "JEUNE-EUROPE" est, après "EUROPE-AFRIQUE", interdit de distribution sur le territoire métropolitain le 29 décembre 1963 sur demande du Ministère de l'Intérieur ("JOURNAL OFFICIEL" de la république française). Pour faire face à ces tentatives d'interdiction, une nouvelle édition sera publiée en France sous le titre de "L'EUROPE COMBATTANTE". Il s'agit en réalité d'un changement de titre purement et simplement le même journal publié à Bruxelles l'est donc sous deux titres. Cette tentative pour détourner la répression durera très peu de temps, de septembre 1964 à avril 1965, les responsables français étant poursuivis en justice. Gérard BORDES, responsable de "L'EUROPE COMBATTANTE", devra comparaître le 22 février 1966 sous le chef d'inculpation suivant : "Avoir à Paris, au cours des mois de septembre 64 à avril 65 inclus, en tout cas sur le territoire français et depuis temps non prescrit, sciemment mis en circulation, distribué et mis en vente le journal hebdomadaire de provenance étrangère "L'EUROPE COMBATTANTE", édité et imprimé à Bruxelles, n° 197 à 207 inclus, et ainsi repris sciemment sous un titre différent la publication du journal "JEUNE EUROPE", également édité et imprimé en Belgique, dont la circulation, la distribution ou la mise en vente en France avait été interdites par arrêté de M. le Ministre de l'Intérieur du 26 décembre 1963". BORDES sera condamné à une amende de 2000 francs français de l'époque, ce qui était assez lourd.

"JEUNE EUROPE" CONTRE L'EXTRÊME-DROITE

A la répression s'ajoutent les campagnes menées par les concurrents de l'organisation. En effet, de l'agitation et du débat idéologique lancé par THIRIART en 1960 est née une nouvelle génération de militants nationalistes en France, regroupée autour de Dominique VENNER, d'"EUROPE-ACTION" et de la "FEDERATION DES ETUDIANTS NATIONALISTES". Le corpus idéologique de celle-ci doit beaucoup, comme nous le verrons plus avant dans cette étude, aux thèses de Jean THIRIART, bien qu'aucune référence ne sera jamais faite à celui-ci, si ce n'est pour l'attaquer bassement. Les réseaux animés par VENNER et ses amis ne veulent absolument pas évidemment d'un concurrent agitant des thèses verbalement proches des leurs, quoique fondamentalement différentes au niveau de la vision de l'Occident et de l'impérialisme américain.

"Jeune-Europe" va devoir se battre sur deux tableaux, contre la répression gaulliste, mais aussi et surtout contre ses faux amis. Yannick SAUVEUR, premier historien de "Jeune-Europe" écrira à ce sujet ce qui suit : "A ces interdits qui gênent le développement de "Jeune Europe" en France, ajoutons les mauvaises relations avec les groupes de droite et d'extrême-droite français. "Jeune Europe" est perçu comme un concurrent gênant dont il faut à tous prix empêcher la percée. Ainsi les relations sont franchement hostiles entre "Europe-Action", La Fédération des Etudiants Nationalistes, d'une part, et le groupe "Jeune Europe". Des étudiants belges ayant assisté au congrès de la FEN de 1963 se font chahuter et insulter alors qu'ils procédaient à une distribution de journaux "Jeune Europe". C'est François d'ORCIVAL, aujourd'hui rédacteur en chef de l'hebdomadaire "Valeurs Actuelles", le plus farouche dans les épithètes injurieuses proférées à l'encontre des militants de "Jeune Europe"..." (9).

La réponse de "Jeune-Europe", publiée dans son hebdomadaire du 13 décembre 1963, marque le fossé qui sépare les deux organisations : "Il est regrettable que certains dirigeants de la FEN, aveuglés par un nationalisme étroit, s'efforcent ainsi de fermer à leurs troupes la seule voie qui puisse assurer à la France l'avenir nationaliste dont ils rêvent : l'Europe. S'ils ne veulent pas condamner la France à tomber complètement, définitivement sous la coupe des impérialismes étrangers, russes ou américains, il leur faut effectuer leur conversion européenne, nationale-européenne, ou comprendre que la place de belges ou d'italiens ou d'allemands est légitime à Paris, tout comme des français ont légitimement leur place à Bruxelles, à Rome ou à Madrid" (10).

Ce fossé va perdurer pendant plusieurs décennies, comme nous le verrons plus avant, puisqu'il va continuer jusqu'au début de ce nouveau siècle à séparer le courant communautariste des fractions nationales-révolutionnaires les plus avancées, notamment celles présentes au sein de la "Nouvelle droite".

La réponse politique de l'organisation "Jeune-Europe" en France va être la création d'une structure concurrente à la "Fédération des Etudiants Nationalistes", la "FEDERATION GENERALE DES ETUDIANTS EUROPEENS", qui voit le jour le 17 avril 1964, et qui édite le bulletin de liaison "EUROPE UNIVERSITE". Dans cette dernière, on définit les priorités du combat de le la FGEE : "Au-dessus des combats politiques traditionnels, nous luttons chaque jour pour la défense de l'étudiant européen, pour que se lève dans l'université française la moisson des militants pour une Europe forte, libre, unitaire, indépendante ... "(11). La création de la FGEE visait aussi, bien entendu, à faire face à la répression et à donner une structure légale aux réseaux de "JEUNE-EUROPE" en France qui ne pouvaient plus, en raison des interdictions légales, travailler sous ce nom.

Dans les buts que s'est fixé la nouvelle Organisation éclate d'ailleurs à nouveau le divorce avec la FEN. En effet, alors que les Communautaristes veulent une Europe indépendante de Washington, "EUROPE-ACTION" et les "CAHIERS UNIVERSITAIRES" de la FEN célèbrent le combat des marines au Vietnam et prônent un "empire occidental de Vladivostok à San Francisco", au nom d'un mondialisme blanc aux connotations racistes évidentes (une thèse que reprendra en des termes semblables quatre décennies plus tard un Guillaume Faye).

Malheureusement, l'expérience de la FGEE va rapidement avorter en raison de circonstances qui ne sont pas dues à la situation française, mais à l'évolution de l'Organisation "JEUNE-EUROPE" en Belgique. Celle-ci est en effet secouée en août 1964 par une purge interne menée par THIRIART, qui veut s'assurer le contrôle absolu. Jusque là s'étaient côtoyées une fraction révolutionnaire menée par THIRIART et une aile droitière. La tendance politique animée par Emile LECERF est exclue sans ménagements suite à un différent idéologique très important. LECERF et ses amis prônent en effet des thèses proches de celles défendues par "EUROPE-ACTION", à savoir un mondialisme blanc à connotations raciales, que combat THIRIART. En août 64 le divorce est définitif entre les deux hommes et LECERF est exclu de"JEUNE-EUROPE" et fonde un groupe nouveau sous le nom de "REVOLUTION EUROPEENNE". La "Fédération Générale des Etudiants Européens" derrière l'un de ses responsables, Jean-Claude JAQUARD, ami de LECERF, va suivre Lecerf et mettre un terme à l'aventure de la FGEE. L'Ambassade des USA appuie financièrement les exclus pour entraver l'action de THIRIART, qui les surnomme "les Marines".

UN NOUVEAU DEPART EN 1964 :

LE C.E.P.S.E. ET "LA NATION EUROPEENNE"

Dès le début 1964, THIRIART est conscient du fait qu'il faut remettre de l'ordre dans les structures de "JEUNE-EUROPE" en France, dont les réseaux ne suivent pas le développement alors harmonieux du reste de l'Organisation dans de nombreux pays européens, particulièrement en Belgique et en Italie. En avril 1964, il réorganise administrativement les réseaux français de l'Organisation, la métropole étant divisée en onze "zones" administratives, toutes indépendantes les unes des autres et qui dépendent directement de la Centrale de Bruxelles, ceci dans le but de mettre un terme au parisianisme excessif qui régnait alors.

La même année est créée une nouvelle structure officielle pour l'Organisation en France, tenant compte des problèmes de répression rencontrés : ce sera le "Centre d'Etudes Politiques et Sociales Européennes", le CEPSE, qui connaîtra une activité fructueuse et d'importants développements en France, mais aussi en Belgique et en Espagne (où l'Organisation connaît également des problèmes du fait du monopole du parti unique exercé par le Franquisme). Le CEPSE va servir de vitrine à l'Organisation en France et lui permettre aussi d'aborder de nouveaux horizons politiques, les Communautaristes étant bien conscients du fait que le combat ouvert avec l'extrême-droite nationaliste française lui bouchait l'espace du côté nationaliste.

Ainsi, le CEPSE participe les 1er, 2 et 3 octobre 1965 au congrès du "MOUVEMENT FEDERALISTE EUROPEEN" à Cannes, voulant assurer une influence des thèses communautaristes au sein de la mouvance fédéraliste européenne, "Un responsable du CEPSE participait au congrès en tant que délégué, tandis que 35 observateurs français et italiens étaient présents à Cannes, sous la conduite de Gérard BORDES pour la France et de PierFranco BRUSCHI pour l'Italie"(12).

Le CEPSE parallèlement publie un bulletin d'information très bien fait sous le nom de "CEPSE INFORMATIONS".

Le combat du CEPSE sera réactivé d'ailleurs, deux décennies plus tard, lorsqu'en accord avec Jean THIRIART, le PCN fera renaître un nouveau CEPSE, destiné à servir de Centre d'étude au "Parti Communautaire National-européen" nouvellement constitué en 1984, et qui est toujours aujourd'hui en activité.

Parallèlement, l'Organisation de Jean THIRIART veut se doter d'une nouvelle tribune crédible en France et répondre par-là aux interdits qui frappent les publications de l'Organisation éditées en Belgique. En novembre 1965, paraît donc le numéro zéro de "LA NATION EUROPEENNE", qui connaît deux éditions en langue française, l'une publiée à Paris, ce qui la rend inattaquable au point de vue interdiction, l'autre à Bruxelles. La "NATION EUROPEENNE" va rapidement devenir la tribune de l'Organisation dans tout l'espace francophone et conduira à la disparition de ses autres journaux. Une édition italienne sera également publiée jusqu'en 1970 sous le titre de la "LA NAZIONE EUROPEA". Tribune moderne, extrêmement bien faite pour l'époque, largement diffusée en kiosques, "LA NATION EUROPEENNE" élargira considérablement l'influence du courant communautariste, puisque s'y exprimeront de nombreux intellectuels et hommes politiques, aussi bien européens que du Tiers-Monde. En février 1969, paraîtra son dernier numéro en Français, le numéro 30.

L'Organisation apporte entre 1965 et 1969 tout son effort sur sa nouvelle publication et sa commercialisation, un "Club des amis de La Nation Européenne" est mis en place, des réunions ont lieux, des banquets aussi. "La publication est diffusée par les NMPP pour ce qui concerne la France. A son apogée, la revue peut compter sur 2.000 abonnés. Le tirage a toujours été de 10.000 exemplaires. Le comité de rédaction lui, est véritablement européen : Français, Belges, Italiens, Suisses, Allemands, Portugais, Néerlandais, Britanniques, Espagnols y collaborent au coude à coude dans un esprit de réelle fraternité européenne. La "Nation Européenne" peut encore compter sur des correspondants à l'étranger : au Brésil, en Argentine, en Algérie, en Egypte. "la Nation Européenne", à la différence de ce qu'avait été jusqu'à présent la presse du mouvement, va être un journal "ouvert". Elle accueille des collaborateurs extérieurs... et d'autres personnalités encore." C'est ainsi que Yannick SAUVEUR dressait le bilan de la publication du nouveau mensuel communautariste (13).

1965 : LE LANCEMENT DU

"PARTI COMMUNAUTAIRE EUROPEEN" (P.C.E.)

Parallèlement, est lancé en 1965, en même temps que "LA NATION EUROPEENNE", le "Parti Communautaire Européen" (PCE), dont le numéro 0 de "LA NATION EUROPEENNE", d'octobre 1965, reprend l'appel de constitution "Il faut sauver l'Europe", cosigné par trente cadres, et qui présente la spécificité du nouveau parti : " Le Parti Communautaire Européen répondra à trois exigences fondamentales. Tout d'abord être agrégateur - il ne peut être question d'une vague "union" en contre-plaqué qui se décollerait à la première pluie -; ensuite, il doit être supranational puisqu'il est la préfiguration de l'Europe, puisqu'il en est le microcosme; enfin, il doit être doté d'une volonté révolutionnaire, car il s'attaque à des obstacles considérables. Pour fonder ce Parti, il faudra faire appel à toutes les volontés sincères. Ce Parti doit être un contenant et non un contenu. Aucun ostracisme ne peut limiter le recrutement, aucun ostracisme à l'égard de personnes, à l'égard d'idéologies. Il ne saurait être question de faire du Parti une faction. Ce parti sera celui de tous les Européens, de quelque horizon philosophique qu'ils viennent."

Il s'agit alors pour l'Organisation de Jean THIRIART, qui débouche alors sur sa maturité, de se donner une nouvelle image de marque et de rompre avec la catégorisation non fondée à l'extrême-droite, dont elle souffre. L'Organisation est alors engagée, alors que la décolonisation a pris fin, dans une nouvelle phase de son combat contre l'impérialisme américain et pour la libération et l'unification de l'Europe, combat largement ouvert sur les luttes du Tiers-Monde, où Jean THIRIART recherche maintenant un nouveau poumon extérieur et un "Etat tremplin", ce qui l'a d'ailleurs - ironie de l'histoire - conduit à nouer des relations cordiales avec le FLN au pouvoir en Algérie, où le PCE possède maintenant ses entrées, comme en Irak, au Liban ou en Egypte, ouvertures que concrétise un voyage officiel de Jean THIRIART dans ces pays en 1968.

Pourtant l'échec provisoire attend l'Organisation. En effet, si celle-ci a construit un cadre politique exceptionnel et développé une doctrine politique originale aux dimensions de l'Europe, le "Communautarisme national-européen", elle n'a pu trouver le terrain révolutionnaire où déboucher. Jean THIRIART a commis dans les Années 60 une erreur fondamentale : celle de tout miser sur la constitution d'un cadre prêt à une action directe, immédiate dans le cadre d'une situation révolutionnaire. Né dans les affres et les tourments de la décolonisation, l'Organisation va au cours de ses premières dix années d'existence constamment rechercher un terrain révolutionnaire immédiat. Après la décolonisation, ce seront les combats anti-impérialistes du Tiers-Monde (THIRIART croyant à une troisième guerre mondiale à venir entre la Chine et les Etats-Unis), le combat de libération que venait d'engager le peuple palestinien contre l'impérialisme et le Sionisme, les combats d'Amérique latine et autres.

Les troubles étudiants de 1968, particulièrement en Italie où ils auront une toute autre portée qu'en France et, qui verront les militants du PCE et de "JEUNE-EUROPE" combattre au coude à coude avec les Organisations marxistes-léninistes maoïstes, conforteront l'illusion qu'une situation révolutionnaire peut alors exister en Europe.

Malheureusement pour THIRIART et ses militants, nous sommes au milieu des "Golden sixties" et les passions d'un moment ne déboucheront jamais sur la situation de détresse profonde dans laquelle le sociologue Jules MONNEROT, dans sa "SOCIOLOGIE DES REVOLUTIONS", voit la condition essentielle et nécessaire au commencement d'une révolution.

A "JEUNE-EUROPE" et au PCE, il manquera la construction d'un appareil dans la durée et la capacité pour celui-ci à exister politiquement et idéologiquement en dehors d'une période de troubles. Cela impliquait particulièrement une participation aux élections et au parlementarisme. Jean THIRIART, pour des raisons qui tiennent autant à l'éthique qu'à la morale, s'y refusera malheureusement toujours concrètement, ne souhaitant pas tomber dans ce qu'il appelait à l'instar de LENINE "le marais du parlementarisme". C'était oublier que le Parti bolchevique lui-même participa à toutes les Douma du Régime tsariste.

Fin février 1969, alors que l'espoir d'un poumon extérieur s'est définitivement fermé après le voyage de Jean THIRIART dans les pays arabes où il proposa vainement la création de "BRIGADES EUROPEENNES"(14), l'Organisation va devoir cesser ses activités politiques ouvertes. Celle-ci est en effet financièrement exsangue, THIRIART, optométriste de profession et leader syndical de celle-ci, a laissé dans l'aventure la plupart des magasins de sa chaîne d'optique et est au bord de la faillite. Il est aussi profondément déçu que ce soit sur le plan politique ou humain, il va donc abandonner la politique militante.

Des cadres de l'Organisation, notamment BORDES et BRUSCHI, en France et en Italie, tenteront de continuer l'action de celle-ci sans THIRIART, mais disparu celui qui en était à la fois l'âme et le moteur, l'Organisation va définitivement arrêter son activité militante en 1970 (et non pas en 1969, comme c'est encore trop souvent écrit), le réseau italien jetant le gant en dernier.

Au travers de ces années noires, l'Organisation va survivre jusqu'au début des Années 80 sous la forme larvée du réseau relationnel qu'anime THIRIART, publiant circulaires confidentielles, trouvant une tribune pour ses thèses dans les publications syndicales de Thiriart, reconverti en leader syndical européen des Opticiens et optométristes, et que publie la société de presse "La Nation européenne", maintenant le contact entre un noyau de militants.

1969-1971 : LE TEMPS DES GROUPUSCULES

ET DES REVUES EPHEMERES

De l'éclatement de l'Organisation vont éclore une série de groupuscules et de publications éphémères, où l'on retrouve cependant encore l'influence des thèses communautaristes, mais que THIRIART refusera toujours d'appuyer. L'une des plus durables sera le bulletin lyonnais "SOCIALISME EUROPEEN", qui publiera 25 numéros de 1967 à septembre/octobre 1971, en marge des milieux nationaux-révolutionnaires et socialistes officiels, notamment de la "Fédération de la Gauche démocrate socialiste" et de la "Convention des Institutions républicaines" de François MITERRAND et Hubert DUBEDOU, futur maire socialiste de Grenoble (15). La revue défend un "socialisme révolutionnaire, pragmatique, libertaire et fédéraliste, communautaire et organique, humaniste, européen"(16), où l'on retrouve, mêlées à d'autres influences, certaines thèses de THIRIART. Ainsi le numéro trois souhaite "une Europe de Brest à Bucarest".

De nombreuses autres petites publications paraissent; toutes sont situées dans l'optique propagandiste des derniers temps de l'Organisation en Italie, c'est-à-dire que l'on pourrait les qualifier de "version gauchisante", alors dans le goût de l'époque, des thèses communautaristes. Ainsi paraissent "REVOLUTION SOCIALISTE EUROPEENNE" ou "LE COMMUNARD", "organe de combat des étudiants socialistes européens". Publications où brillent les derniers feux bien affaiblis et bien agonisants de ce qui fut la grande Organisation communautariste des Années 60.

Nous devons préciser que le journal "POUR UNE JEUNE EUROPE" et le groupe du même nom mené par Nicolas TANDLER, n'ont eux rien à voir avec l'héritage communautariste, malgré le sous-titre d'"organe de combat socialiste européen". Créés à la suite d'un voyage de militants nationalistes français en Italie, où ils ont pu voir l'expansion de la "GIOVANE EUROPA", section italienne de l'Organisation de Jean THIRIART qui est alors en 1969 à son apogée, ce groupe et cette revue n'en représentent pas moins une confusion idéologique intégrale où, si l'on retrouve quelques vocables tirés de la doctrine communautariste, on assiste globalement à des positions opposées à celle-ci. Le groupe "POUR UNE JEUNE EUROPE" finira d'ailleurs par se fondre dans le mouvement nationaliste français "ORDRE NOUVEAU".

L'ORGANISATION LUTTE DU PEUPLE (OLP)

Il faudra attendre 1971 pour voir renaître en France une activité militante, mais sans l'appui e THIRIART, la fraction d'une Organisation européenne communautariste digne de ce nom. Ce sera l'"ORGANISATION LUTTE DU PEUPLE", l'OLP. Les diverses fractions de "LUTTES DU PEUPLE" sont issues en droite ligne de "JEUNE-EUROPE", dont elles reprennent une grande partie de la doctrine. "Jean THIRIART... n'est pas à proprement parler (le) ou (un) maître à penser, du moins constitue-t-il une très sérieuse référence pour tout ce qui concerne l'Europe"(17). La référence, outre de nombreuses citations de Jean THIRIART, est particulièrement explicite au niveau de certaines sections, puisque le "bulletin de lutte des jeunes OLP" de TOURS porte le titre de "JEUNE EUROPE UNITAIRE ET COMMUNAUTAIRE".

"LUTTE DU PEUPLE", est née avec sa fraction italienne, "LOTTA DI POPOLO", née de la fusion des débris de la "GIOVANE-EUROPA" de Jean THIRIART avec différents mouvements étudiants nationalistes mais aussi gauchistes. Rapidement seront créées des Organisations sœurs en Espagne, en Allemagne, en Suisse et en France.

La fraction française, la plus importante après l'italienne, l'"ORGANISATION LUTTE DU PEUPLE" (OLP) "a été fondée fin 1991 par quelques dissidents de gauche nationalistes d'"ORDRE NOUVEAU" et des socialistes européens de "POUR UNE JEUNE-EUROPE..."(18), le leader en est Yves BATAILLE. "En Italie, ils prennent contact avec divers groupes extraparlementaires, mais plus particulièrement avec les éléments les plus avancés du Nationalisme européen. Ces derniers viennent de créer l'"ORGANIZAZIONE LOTTA DI POPOLO". De retour en France, les nouveaux combattants européens vont jeter les bases d'un mouvement : ce n'est ni plus ni moins que la réplique de "LOTTA DI POPOLO". La fraction française de l'OLP est née"(19).

La fraction allemande est la "NRAO/ NAZIONALE-REVOLUTIONÄR AUFBAU ORGANISATION", connue aussi sous le nom de "SACHE DES VOLKES" ("la Cause du Peuple").

L'idéologie des diverses fractions de l'OLP présente un mélange des thèses de Jean THIRIART et d'un Maoïsme "à l'européenne". Si la revendication d'une "Europe unitaire et communautaire" est dans la droite ligne doctrinale de "JEUNE-EUROPE", l'OLP présente une importante mutation idéologique (20). Le Maoïsme, qui était un simple allié tactique envisagé à un moment donné par Jean THIRIART, est devenu un modèle politique à suivre, un exemple. Comme le fait remarquer avec pertinence Yannick SAUVEUR, "...que dire de ce mouvement ? Il est encore difficile de le classer. Ses militants sont-ils des trotskistes de l'extrême-droite ? Des fascistes de gauche ? Des communistes de droite ? Ou des inclassables ? En Italie, le public, les média et les mouvements de l'extrême-gauche à l'extrême-droite ont eu les mêmes problèmes et finalement une étiquette est venue d'on ne sait trop où, et qui accolait à "LOTTA di POPOLO" l'étiquette qui se voulait injurieuse de mouvement "nazi-maoïste". En fait, il est évident que le mouvement en question n'est ni nazi, ni maoïste, mais la juxtaposition de ces deux mots traduit bien, selon nous, la réalité de l'Organisation "LUTTE du PEUPLE", de la synthèse entre une certaine extrême-gauche et une certaine extrême-droite. Curieux cocktail en vérité... Si, en définitive, on admet la réalité d'un courant nazi-maoïste, on est amené à se demander s'il n'est pas tout simplement la transposition du National-bolchevisme, le Nazi-maoïsme n'étant que le national-bolchevisme des années 70, le cadre national ayant changé. Ce n'est plus l'Allemagne mais l'Europe. De même, le Bolchevisme n'est plus celui des années 30. MAO est apparu depuis et incontestablement son apport idéologique, pratique... est considérable. Finalement, l'Europe unitaire et communautaire que veut réaliser l'OLP n'est ni plus ni moins que la transposition de l’œuvre de MAO adaptée au cadre européen et aux mentalités du peuple européen"(21).

Les diverses fractions de l'OLP disparaîtront à la fin des années 70, sans jamais avoir réussi de percée politique, la française par lassitude, l'italienne sous les coups d'un pouvoir ultra répressif. Néanmoins, le combat de l'OLP n'aura pas été inutile. L'OLP va en effet servir de trait d'union entre les militants nationaux-révolutionaires des années 70 et celle qui surgira au début des années 80 avec le PCN. L'OLP aura eu ce mérite immense, celui de maintenir la braise sous la cendre, celui de transmettre la flamme.

Elle aura aussi le mérite, et il faut lui en rendre justice, d'avoir amené à la connaissance du public militant les thèses des courants national-bolcheviques russe et allemand des Années 1920-30 et en particulier d'Ernst NIEKISCH. La résurgence du National-bolchevisme et en particulier des thèses de NIEKISCH à partir du début des Années 80, prend incontestablement sa source dans le travail d'approfondissement doctrinal de l'OLP, ce qu'ignorent la plupart des contempteurs de ce courant à commencer par René MONZAT qui, dans son livre "LES DROITES NATIONALES ET RADICALES EN FRANCE", commet une erreur parmi beaucoup d'autres en voyant uniquement l'émergence des thèses de NIEKISCH au sein de la "Nouvelle-droite" au début des Années 80 (sic).

Parmi les nombreux animateurs de l'OLP, tous fort jeunes, un seul continuera à rester actif dans la mouvance nationale-révolutionnaire à l'âge adulte : Yves BATAILLE, que l'on retrouvera dans de nombreux combats jusqu'au début des années 90 et qui est maintenant, notamment, un des collaborateurs de la presse du PCN.

L'influence des thèses communautaristes et de l'OLP se fait également sentir dans d'autres publications, notamment dans une publication universitaire, les "CAHIERS DU CDPU", le "Centre de Documentation Politique et Universitaire" d'Aix-en-Provence, qu'anime Michel SCHNEIDER. Certes ce bulletin n'est pas une publication communautariste, et il s'éloigne souvent des préoccupations de THIRIART, mais il n'en ouvre pas moins ses colonnes à certaines des thèses du courant communautariste européen, Jean THIRIART lui-même y fera sa seule apparition politique publique au cœur des Années 70, en donnant une longue interview, qui fera scandale à l'époque, en 1975, aux "CAHIERS DU CDPU"(22) dont Yves BATAILLE est alors le rédacteur en chef. Les conséquences de celle-ci seront plus importantes pour le Communautarisme que ne le pouvait laisser prévoir la diffusion restreinte de la revue universitaire. Des exemplaires de celle-ci parviendront en Belgique et y feront découvrir la personnalité de Jean THIRIART à une nouvelle génération de militants européens et particulièrement à Luc MICHEL, qui fondera, au début des Années 80, la génération moderne du Communautarisme et redonnera une forme politique ouverte à l'Organisation de THIRIART.

LE "CENTRE D'INITIATIVE PROGRESSISTE EUROPEEN" (C.I.PR.E.)

Il faut donner une place importante au "Centre d'Initiative Progressiste Européen", le CIPRE, créé par Yannick SAUVEUR, non parce que ce mouvement a eu une grande importance politique, mais parce qu'il a permis de déboucher directement sur la seconde génération du Communautarisme européen, parce qu'il a assuré une transition publique vers les milieux nationaux-révolutionnaires après l'échec de l'OLP, mais aussi parce que ses travaux doctrinaux de qualité et le travail de recherche politique mené par ses animateurs, dont Yannick SAUVEUR, vont faire beaucoup pour relancer le Communautarisme.

En octobre 1974, paraît le premier numéro d'une revue trimestrielle "DIMENSION EUROPENNE, éditée par le CIPRE. Celui-ci s'"est donné pour objectif la structuration et la diffusion de l'idée européiste, ouvert à tous ceux, qu'ils soient totalement ou partiellement acquis aux thèses européistes, qui veulent oeuvrer pour le développement de cette idée." La revue et le centre sont animés par une petite équipe, autour de Yannick SAUVEUR et Henry CASTELFERRUS. Le Centre développe des groupes à Toulon, Amiens, Bayonne, il est significatif qu'il soit absent de Paris et l'absence de tout parisianisme contribuera à donner, comme l'annonce sa revue, une dimension totalement européenne au combat mené par cette organisation.

Le CIPRE est en fait né d'une scission de l'"ORGANISATION LUTTE DU PEUPLE" : "Le CIPRE regroupe la "tendance de gauche" de l'organisation Lutte du peuple, elle-même tentative de résurgence d'une organisation autour des orientations de THIRIART" (23), dira René MONZAT. En fait, quelques cadres du mouvement n'ont pas voulu suivre l'OLP dans sa surenchère verbale révolutionnaire et gauchisante, mais tout au contraire ont voulu donner au combat européiste et aux idées communautaristes un "emballage grand public" acceptable. "DIMENSION EUROPENNE" publiera 10 numéros jusqu'en 1977 et consacrera principalement ses colonnes à l'approfondissement et à la modernisation des thèses communautaristes, publiant notamment un "Manifeste européiste".

Le CIPRE créera un semblant d'organisation européenne, en Italie et en Espagne, où ses sections sont issues des fractions de l'OLP, et aura des contacts en Allemagne et en Autriche avec des mouvements plus ou moins proches.

Le CIPRE tiendra, en Autriche, à Vienne, les 12 et 13 septembre 1977, un "Premier Congrès européiste", qui sera malheureusement un échec et qui verra la disparition de l'organisation. Pourtant, ce congrès porte beaucoup d'espoirs, comme le précise le CIPRE dans l'éditorial du N° 10 de "Dimension européenne" (4e Trimestre 1977) : "Trois années seulement après sa création, le centre d'initiative progressiste européen existe dans cinq pays et il organise le premier congrès européiste qui se déroulera à Vienne les 12 et 13 novembre 1977. Ainsi, s'amorce véritablement une entreprise extrêmement ambitieuse et dont l'accomplissement exigera une immense labeur : la construction du parti progressiste européen, supranational, seul capable d'unifier l'Europe et de garantir son indépendance."

Les thèses développées par le CIPRE et "DIMENSION EUROPEENNE" serviront de base aux travaux doctrinaux du IIème Congrès du PCN en 1986.

Le CIPRE étudiera particulièrement les structures du futur Etat européen négligées par THIRIART qui était trop engagé dans l'action directe. Il développera particulièrement des thèses sur la place de la région socio-économique dans l'Europe unitaire et communautaire, qui servent encore aujourd'hui de base à la conception régionaliste du Communautarisme européen, telle que l'expose le PCN.

L'échec du Congrès de Vienne verra la disparition rapide du CIPRE.

C'est aussi à Yannick SAUVEUR que l'on doit la première étude d'ensemble sur la première génération du Communautarisme européen et sur "JEUNE-EUROPE", dans un mémoire présenté, devant l'Institut des Sciences Politiques de l'Université de Paris, sous le titre "JEAN THIRIART ET LE NATIONAL-COMMUNAUTARISME EUROPEEN". Diffusé dans un premier temps à compte d'auteur par THIRIART lui-même, puis dans un second temps par les Editions MACHIAVEL à partir de 1983, elles feront connaître à une nouvelle génération politique l'héritage communautariste et la portée du combat de "JEUNE-EUROPE". La publication de cette étude sera décisive pour la renaissance politique ouverte d'un courant communautariste orthodoxe, auquel participera Jean THIRIART lui-même.

LA NAISSANCE EN 1984 DE LA SECONDE GENERATION COMMUNAUTARISTE : LE P.C.N.

C'est à nouveau de Belgique, comme au début des Années 60, que la seconde génération du Communautarisme national-européen va prendre son essor. En juin 1984, se tient le Congrès de fondation d'un nouveau parti politique, le PCN, le "Parti Communautaire national-européen". Celui-ci, qui fait explicitement référence à Jean THIRIART, a comme doctrine officielle le "COMMUNAUTARISME NATIONAL- EUROPEEN", dont il propose une version modernisée, élargie, et strictement orthodoxe. Jean THIRIART soutient directement la naissance du nouveau parti, où il joue un rôle de conseiller politique, ne souhaitant définitivement plus s'engager sur le terrain militant; il offre également son appui financier, matériel et moral à la nouvelle organisation politique.

Le PCN, bien entendu, n'est pas né subitement. Il est le résultat de l'héritage politique de l'organisation de THIRIART, dont il assure la continuité avec les Années 60 et 70. Il est également le résultat de la rencontre le Luc MICHEL et de Jean THIRIART EN 1982. Il est aussi le résultat d'une démarche politique de plusieurs années qui a conduit, notamment, son président-fondateur Luc MICHEL au Communautarisme. Celui-ci découvre les thèses de Jean THIRIART au milieu des années 70. Activiste dès 14 ans dans la mouvance pro-palestinienne qui soutient le FPLP un peu partout en Europe, il est en effet brièvement lié pendant quelques mois à la publication le "NOUVEL EUROPE MAGAZINE" et à une structure militante, le "FRONT DE LA JEUNESSE" (alors constitué en syndicat étudiant et universitaire. La dérive activiste viendra après 1978), dont il dirige la fraction nationale-révolutionnaire. Ce groupe est issu du groupe "REVOLUTION EUROPEENNE". Certes, ce groupe défend alors des thèses communautaristes abâtardies et déformées, mais la volonté européiste et révolutionnaire y est alors réelle et l'anti-américanisme souvent virulent. C'est seulement après 1978 que ce groupe politique prendra des orientations réactionnaires et droitières.

C'est là que circulent encore les derniers exemplaires du livre de Jean THIRIART, "L'EUROPE, UN EMPIRE DE 400 MILLION D'HOMMES" et "LA GRANDE NATION, L'EUROPE UNITAIRE".

A la fin des années 70, le groupe de militants nationaux-révolutionnaires que dirige Luc MICHEL s'oriente résolument vers l'adoption des thèses communautaristes dans lesquelles il voit une doctrine claire et un guide inégalé pour l'action.

En 1981, est fondé à Charleroi le "FRONT NATIONALISTE", une organisation nationaliste-révolutionnaire qui existera jusqu'en avril 1984. A la grande différence de "JEUNE-EUROPE", le groupe, qui comprend des membres qui ont déjà une longue expérience politique et qui sont conscients de la nécessité de durer politiquement, ne refuse pas l'action électorale. Des listes "FRONT NATIONALISTE" seront d'ailleurs présentées aux élections communales belges de 1982. L'organisation va se développer rapidement, mais éphémèrement à Bruxelles et en Wallonie, sous le sigle bilingue français/néerlandais "FRONT NATIONALISTE/NATIONALISTISCH FRONT" (FNF). La référence à Jean THIRIART y est déjà constante. L'ambition du Front est alors de présenter des listes aux élections européennes de 1984 et de déboucher de façon majeure sur la scène politique belge. Malheureusement, la constitution de l'organisation en "Front" et non en parti unitaire et structuré va lui coûter cher et la qualité humaine du recrutement ne sera pas à la hauteur des ambitions affichées. Le FNF est incapable de se présenter aux élections européennes de 1984.

Par ailleurs, l'aile nationale-révolutionnaire la plus dure, qui l'anime et contrôle le Bureau politique, vit depuis de longs mois une nouvelle expérience politique : l'Europe est alors en pleine de crise des "EURO-MISSILES", où les Etats-Unis, au travers de l'OTAN, veulent imposer sur le sol européen des armes atomiques de terrain qui transformeraient l'Europe en cas de Troisième guerre mondiale en champs de bataille dévasté par l'holocauste nucléaire. Partout en Europe, à l'instar de la mouvance "nationale-neutraliste" regroupée autour des "Grunen", les Verts allemands naissants (et où militent de nombreux nationaux-révolutionnaires et nationaux-bolcheviques), des militants politiques de tous bords, d'extrême-gauche, pacifistes, mais aussi nationaux-révolutionnaires, manifestent contre les "EURO-MISSILES". L'un des sites choisis est la base aérienne de Florenne près de Charleroi, où se développe une intense activité militante. C'est là que les militants du "Front Nationaliste" vont rencontrer des militants d'extrême-gauche, issus pour certains de la mouvance maoïste. Très vite ceux-ci vont apprendre à s'apprécier mutuellement.

De leur rencontre, et de l'échec du FNF, va naître un nouveau parti politique : le PCN. Nous avons étudié ailleurs la naissance et l'historique du PCN (24) et nous n'y reviendrons pas ici.

Dès le départ, celui-ci affiche une volonté européenne et développe des contacts dans d'autres pays que la Belgique, particulièrement en Espagne, à BARCELONE où milite José QUADRADO COSTA, qui sera une des chevilles idéologiques du nouveau parti, et en France. Dès cette époque, et avec le soutien, l'appui et l'accord de THIRIART, il s'agissait d'offrir au "Communautarisme national-européen" un nouveau départ. Il s'agissait d'actualiser la doctrine créée par Jean THIRIART et ses collaborateurs de "JEUNE-EUROPE" dans les années 60, de l'adapter au XXème siècle finissant, d'en faire une idéologie et une doctrine révolutionnaire tournées vers le XXIème siècle.

La continuité de l'orthodoxie doctrinale entre le "Communautarisme" de la première génération, celle de "JEUNE-EUROPE", et celui de la deuxième génération, celle du PCN, est claire et évidente. Elle a été soulignée par tous les commentateurs politiques. Néanmoins, le "Communautarisme" de l'époque de "JEUNE-EUROPE" restait fort marqué par le départ à droite de l'Organisation et en particulier par un anti-communisme que les initiateurs du nouveau parti trouvaient désuet, d'autant plus que de nombreux responsables du PCN venaient de la gauche et de l'extrême-gauche, politique ou syndicale.

Le "Communautarisme" de la seconde génération, celle du PCN, se définit donc par une libération totale des apports et des scories issus de la droite, qui hypothéquèrent lourdement "JEUNE-EUROPE", et se caractérise aussi par une large ouverture aux idéologies marxistes-léninistes et nationales-révolutionnaires. Cette démarche allait d'ailleurs clairement dans le sens du travail entrepris a cette époque par Jean THIRIART et que l'on a qualifié de "théorie euro-soviétique". En recueillant l'héritage doctrinal de la génération Communautariste des Années 60 et 70, le PCN devait déboucher sur la scène politique avec une orthodoxie doctrinale constituée et parvenue dès le départ à maturité. C'est une particularité rare qui mérite d'être soulignée

L'ACTION DE LA REVUE

"CONSCIENCE EUROPEENNE" (1982-1987)

Depuis 1982, est aussi publiée la revue "CONSCIENCE EUROPEENNE", qui joue le rôle d'un laboratoire d'idée pour relancer l'idéologie communautariste et qui devient, en 1984, l'organe officiel francophone du PCN.

Bien diffusée en France, "CONSCIENCE EUROPEENNE" aura une influence importante et fera connaître à une nouvelle génération le Communautarisme, l’œuvre de Jean THIRIART et l'expérience de "JEUNE EUROPE". En 1985, sont mis en place des "Comités de soutien à la revue CONSCIENCE EUROPEENNE", notamment à Paris, où le responsable est Jean-Pierre VANDERSMISSEN, un ancien cadre de "JONG EUROPA", la section néerlandophone "de "JEUNE-EUROPE", installé à Paris depuis le milieu des années 60.

L'action du PCN rencontre un écho favorable au sein de nombreux groupes, notamment la revue "LE PARTISAN EUROPEEN" et le "FORUM PROVENCE", sur lesquels nous allons revenir, mais aussi dans la mouvance nationale-révolutionnaire. En 1986 et 1987, des campagnes d'affiches sont d'ailleurs mises en place sur tout l'espace francophone, à Bruxelles, Charleroi, Lille, Paris et Marseille, notamment une campagne de soutien du PCN à la Libye après l'agression américaine de 1985 et une seconde campagne, menée par les "Comités de soutien de CONSCIENCE EUROPEENNE", qui aura un retentissement important sur le thème "Impérialisme américain, sionisme : un seul ennemi pour la nation européenne".

Entre juin et novembre 1987, le PCN tente alors une première fois de mettre sur pieds une organisation européenne. Une série de réunions ont lieu, notamment en France, à Marseille en juin 1987 avec la participation de Jean THIRIART et de Yannick SAUVEUR, et à Paris en novembre 1987, où Yves BATAILLE interviendra également. Si tous les participants sont d'accord sur la nécessité de relancer une organisation politique paneuropéenne, les moyens manqueront cruellement et beaucoup des participants n'auront pas la volonté de voir aboutir un projet d'une telle importance.

Fin 87, le PCN doit donc tirer les conclusions qui s'imposent et recentrer son action en Belgique afin de s'assurer, seul, des bases solides et durables. Il est bien certain alors que le succès sera loin d'être immédiat et qu'il faudra durer.

Fin 87, la revue "CONSCIENCE EUROPEENNE" arrête sa parution pour des raisons financières. Ce sera d'ailleurs l'origine des rumeurs malveillantes et totalement non fondées, propagées notamment dans les milieux nationaux-révolutionnaires en France, selon lequel le parti aurait été dissous à cette époque. Bien au contraire, le PCN se restructure alors et se recentre en Belgique francophone, participe à tous les niveaux d'élections dès 1987 et se développe lentement mais sûrement, jusqu'à la reprise de son essor européen en 1993.

Le Bilan de la première série "CONSCIENCE EUROPEENNE" est indéniablement po

sitif. La revue et sa mouvance ont joué pendant ces années 1982-87 un rôle capital et décisif. Malgré la conspiration du silence, malgré les attaques sournoises dont elle fut l'objet, "CONSCIENCE EUROPEENNE" traça la route, éclaira le chemin, ouvrit de multiples débats sans lesquels beaucoup de positions politiques actuelles n'auraient pas été possibles. Il faut ici saluer nos camarades du "PARTISAN EUROPEEN", qui seuls dans les milieux NR brisèrent cette chape de plomb et nous offrirent une tribune dans leurs publications en 1987.

L'essor actuel des thèses nationale-européennes, de Lisbonne à Moscou, est né dans ce laboratoire d'idées qui compléta et amplifia le travail éditorial animé par l'équipe rédactionnelle de la revue. Que l'on songe en particulier au numéro spécial, tiré à vingt-cinq mille exemplaires, sur "LES COMMUNISTES DE WASHINGTON", qui fut d'ailleurs expédié à l'époque à des milliers de militants et de responsables communistes en France et en Belgique, et qui obligea notamment une des principales organisations d'extrême-gauche belge à reprendre des positions anti-américaines, alors qu'elle était devenue, de manière stupide et ridicule, anti-soviétique, en copie de positions chinoises passéistes. Que l'on songe aussi aux brochures publiées en numéro spéciaux sur "LE PARTI DE L'EUROPE" ou les "ORIENTATIONS NATIONALES-REVOLU-TIONNAIRES", respectivement publiées par THIRIART et Luc MICHEL, et qui sont aujourd'hui les textes de base du mouvement national-révolutionnaire européen, après être passées inaperçues au moment de leur publication. La première série de "CONSCIENCE EUROPEENNE", ce fut cela, et surtout cela : un chemin tracé, une pensée semée. (25)

"LE PARTISAN EUROPEEN" (1986-89)

Entre 1986 et 1989 est éditée à BEZIERS une revue intitulée "LE PARTISAN EUROPEEN". Celle-ci se constitue à la convergence de deux courants doctrinaux, d'une part le Communautarisme européen et l’œuvre de Jean THIRIART, d'autre part la tendance "Révolution conservatrice" de la Nouvelle-droite. Jean THIRIART y est une référence solide et constante. Par ailleurs, le "PARTISAN EUROPEEN" affiche une tendance nationale-bolchevique ouverte. A la revue, est liée une formation politique le "FORUM PROVENCE", qui suit également l'orientation nationale-bolchevique et qui s'exprimera notamment au cours de la Guerre du Golfe en soutenant l'Irak contre l'agression américaine. L'un des principaux animateurs de la revue est Thierry MUDRY, qui fut le premier à briser dans les publications de la "Nouvelle-droite" le tabou sur les thèses et l’œuvre de Jean THIRIART, en publiant dans la revue bruxelloise "VOULOIR" une étude sur le concept de "parti révolutionnaire historique" et les thèses communautaristes défendues par THIRIART et Luc MICHEL (26).

Dans "LES ENNEMIS DU SYSTEME", Christophe BOURSEILLER précise d'ailleurs quelle est la stratégie du groupe : "PARTISAN EUROPEEN pense que le clivage droite/gauche est dépassé. Il faut maintenant diviser le monde en alliés/ennemis du Système. Les nationalistes-révolutionnaires doivent chercher l'unité d'action avec toutes les composantes du camp anti-système"(27).

A partir de 1989, "LE PARTISAN EUROPEEN" appuie la constitution d'un groupe frère en Belgique, les "GROUPES DE BASE DU BRABANT", issus de la tendance nationale-révolutionnaire du PFN belge (Le "Parti des Forces Nouvelles" belge est l'ultime avatar de la mouvance "REVOLUTION EUROPEENNE"). A cette époque, il n'y a pas d'unité d'action avec le PCN en raison de l'ostracisme dont celui-ci est victime dans les milieux NR et de la Nouvelle-droite.

A partir de 1989, le groupe français abandonne la publication du "PARTISAN EUROPEEN" et les "GROUPES DE BASE DU BRABANT" reprennent le flambeau en éditant une vingtaine de numéros d'une feuille de propagande sous le nom de "PARTISAN".

Au début des années 90, l'unité de structure et d'action sera réalisée entre ce groupe et le PCN. "En 1992, le "PARTISAN EUROPEEN" et les "GROUPES DE BASE DU BRABANT" décident de s'intégrer définitivement au PCN formant ainsi l'unité du nationalisme-révolutionnaire de tendance pro-communiste. le national-communisme professé par THIRIART se retrouve aujourd'hui inscrit en une seule et unique structure, le Parti Communautaire National-européen, qui depuis Bruxelles établis ses réseaux via la France, la Hongrie, les Pays-Bas,..." précise Philippe HERTENS dans son étude sur "LE NATIONALISME RADICAL EN FRANCE"(28). Certes les "GROUPES DE BASE DU BRABANT" n'ont jamais réuni qu'une poignée de militants, mais leur ralliement au PCN est néanmoins fort symbolique, celle de l'unité. C'est en effet l'héritage du "PARTISAN EUROPEEN" qui s'unit ainsi au PCN dans une structure unitaire.

Bien que ne publiant plus sa revue, l'équipe française du "PARTISAN EUROPEEN" ne va pas moins continuer un important travail politique, notamment de recherche idéologique.

LES CLUBS ET LA REVUE

"NATIONALISME ET REPUBLIQUE"

A partir de juin 1990, est publiée une revue largement diffusée en kiosques, "NATIONALISME ET REPUBLIQUE". Son directeur est Michel SCHNEIDER, l'ancien directeur des "CAHIERS DU CDPU" que nous avons déjà évoqué. Cette revue, qui vise à détacher le courant national-révolutionnaire et national-populaire présent au sein du "FRONT NATIONAL" de celui-ci et qui critique violemment les tendances réactionnaires du Lepénisme, manifeste également une ligne anti-américaine, anti-impérialiste et anti-sioniste importante. Ses principaux animateurs, outre Michel SCHNEIDER, sont Yves BATAILLE et Thierry MUDRY, qui influencent la ligne éditoriale de la nouvelle revue et expriment une sensibilité nationaliste-révolutionnaire et communautariste importante.

L'influence du Communautarisme se fera directement sentir dans les trois derniers numéros parus de la revue (6, 7 et 8), puisque Jean THIRIART s'y exprimera directement et que la large diffusion de la revue relancera la diffusion des idées communautaristes en France (29). Luc MICHEL lui-même réalisera la maquette de la couverture du dernier numéro publié.

"NATIONALISME ET REPUBLIQUE" achèvera sa publication en 1992, son action étant trop exclusivement centrée sur la frange nationale-révolutionnaire du "FRONT NATIONAL", étant dans une impasse politique et en proie à de graves difficultés financières. Auparavant, en août 1992, SCHNEIDER aura conduit avec Jean THIRIART une délégation communautariste et nationale-révolutionnaire à Moscou, où elle devait rencontrer les principaux dirigeants de la mouvance nationale-patriotique dont Guenadi ZIOUGANOV, le leader du PCFR, et influencer largement doctrinalement la nouvelle opposition radicale russe (30).

L'INFLUENCE DU COMMUNAUTARISME SUR LA "NOUVELLE DROITE"

Nous avons déjà vu que l'influence des idées communautaristes avait été très réelle au sein du courant constitué par "EUROPE-ACTION" et la "Fédération des Etudiants Nationalistes". En juillet 1962, Dominique VENNER devait publier à Paris une brochure intitulée "POUR UNE CRITIQUE POSITIVE", dans laquelle il exposait notamment que le mouvement nationaliste français devait s'organiser selon de méthodes léninistes. L'ouvrage de VENNER va devenir à partir de 1963 la référence majeure du courant national-révolutionnaire non communautariste en France. Dans cet opuscule, on retrouvait l'influence non avouée des thèses communautaristes de Jean THIRIART. Il faudra attendre 1994 pour que Pierre André TAGUIEF dans son ouvrage "SUR LA NOUVELLE DROITE", rende enfin justice à Jean THIRIART. A ce sujet, il y écrit qu'"il est vrai que les analyses critiques de Jean THIRIART, théoricien de la "Nation européenne" - ou, plus précisément du "national-communautarisme européen" - allaient dans le même sens dès l'automne de 1962"(31).

A l'époque cependant le courant de Dominique VENNER ne tirait pas toutes les options stratégiques et politiques des orientations thiriartiennes. Au moment où l'organisation "JEUNE-EUROPE" s'engageait résolument dans le combat anti-impérialiste contre les Américains, l'organisation de Dominique VENNER, elle, saluait "le courage des Marines" et leur "combat pour l'Occident au VietNam" et ailleurs, prônant un empire blanc "allant de Vladivostok à San Francisco" au nom d'un mondialisme à connotations racistes évidentes.

Nous connaissons bien l'évolution de l'organisation regroupée autour de Dominique VENNER. Celle-ci devait, constatant son échec politique, déboucher, à la fin des années 60, sur la constitution de ce qui deviendra les pôles principaux de la "Nouvelle-droite", à savoir le GRECE et la revue "NOUVELLE ECOLE". Dès la fin des années 70, les idées communautaristes vont progressivement avoir droit de cité au sein de la "Nouvelle-droite" sans que celle-ci avoue d'ailleurs leur origine. Ainsi, de 1967 à 1971, est publié le bulletin lyonnais "SOCIALISTE EUROPEEN" dont le fondateur est Pierre VIAL, à l'époque un des animateurs de l'équipe du "GRECE". Dans le numéro 3, on y souhaite une "Europe de Brest à Bucarest" selon la propre formule de THIRIART au milieu des années 60 (32).

A partir du milieu des années 70, le "GRECE" va progressivement se détacher de l'extrême-droite et adopter certaines des positions développées par Jean THIRIART au milieu des années 60. Ainsi la lutte contre l'Occident assimilé à l'empire américain, ainsi même au début des années 80 les positions pro-soviétiques que va développer Alain de BENOIT et qui sont directement issues des "thèses euro-soviétiques" (33) développées par THIRIART et le PCN à la même époque. Dans son étude déjà évoquée, Pierre André TAGUIEF précise l'origine de l'anti-occidentalisme affiché à partir de 1976 par la "Nouvelle-droite" : "Même si elle n'est pas déclarée, l'influence exercée sur ce point par la pensée de Jean THIRIART nous parait plus que probable; THIRIART a été, dans les années 60, le critique le plus radical et le plus cohérent de "l'Occident mercantiliste", celui des "américanolâtres", ou du "règne de l'argent", incarné par la "Carthage moderne"."(34) Et il rappelle la publication en 1966 de l'article de THIRIART "Une imposture nommée Occident" dans le numéro 3 de la "LA NATION EUROPEENNE", la première attaque radicale et construite contre l'Occident américanisé(35).

En 1985, Guillaume FAYE, alors un des principaux théoriciens de la "Nouvelle-droite", reconnaîtra d'ailleurs le tribut que celle-ci doit au père du Communautarisme européen. Il écrira : "THIRIART est sans doute le plus remarquable théoricien politique de notre époque"(36).

L'IMPACT DES THESES COMMUNAUTARISTES AU SEIN DE LA MOUVANCE NATIONALE-REVOLUTIONNAIRE FRANCAISE

Avec la naissance de la seconde génération du Communautarisme national-européen, les thèses communautaristes vont immanquablement influencer la mouvance nationale-révolutionnaire française. La diffusion des publications du PCN, dont "CONSCIENCE EUROPEENNE", en France y contribuant largement.

La réaction sera, comme au début des années 60, l'ostracisme, la jalousie, et les basses manœuvres. A partir de 1985, la revue est d'ailleurs interdite de diffusion à la "Librairie française" liée alors au "Mouvement Nationaliste-Révolutionnaire", le MNR.

Néanmoins, les idées continuent à passer et à s'imposer, de façon diffuse, comme en témoigne les références à la "Nation Europe", au sein des formations liées au "Groupe du 12 mars" qui regroupe notamment "TROISIEME VOIE" (issue en France du MNR), les "BASES AUTONOMES" espagnoles, les restes du "Parti des Forces Nouvelles " (maintenu à Strasbourg) et le PFN belge. Le "GROUPE DU 12 MARS" publiera notamment un "MANIFESTE A LA NATION EUROPE" largement inspiré de celui publié par Luc MICHEL en 1982. Au sein du PFN belge, il est à noter qu'un courant pro-communautariste va se constituer, qui débouchera sur la publication d'une longue interview de Jean THIRIART dans le n° 78 de "FORCES NOUVELLES" en 1990 (37). Lorsque ce mouvement éclatera, son aile droitière rejoindra le "FRONT NATIONAL" belge, l'aile nationale-révolutionnaire s'alliera au PCN et présentera avec lui lors des élections législatives belges de novembre 1991,à Bruxelles et dans le Brabant wallon, des listes "PCN-PFN" dans le but de prendre des voix au "FRONT NATIONAL" belge ultra-réactionnaire et ultra-libéral et de casser son développement, les derniers militants de cette tendance finissant par rejoindre les rangs du PCN (38).

Après une diffusion quasi clandestine, les thèses communautaristes et la pensée de Jean THIRIART vont réapparaître de façon quasi officielle au sein du mouvement "TROISIEME VOIE", héritier du MNR. Une fraction qui se qualifie de "tercériste radicale" va en effet s'y développer, publiant une revue sous le titre d'"ALTERNATIVE TERCERISTE" qui fera abondamment référence au PCN et à l’œuvre de THIRIART. A l'été 1991, le mouvement "TROISIEME VOIE" éclate. Son aile réactionnaire se place dans l'orbite du "FRONT NATIONAL" de Jean-Marie LE PEN à la suite de son leader Jean Gilles MALLIARAKIS et fournissant notamment les cadres du "RENOUVEAU ETUDIANT" lepéniste. La tendance radicale et anti-FN influencée par le Communautarisme créa le mouvement "NOUVELLE RESISTANCE".

Celui-ci, très prometteur à ses débuts, va malheureusement se diriger dans une impasse politique, largement due à la personnalité plus que douteuse d'un de ses animateurs Christian BOUCHET, dont l'activité apparente relève alors comme maintenant plus de multiples provocations politiques et d'un bluff permanent à l'usage des media que de positions politiques sérieuses et solides. A cela s'ajoute un manque de crédibilité qui tient aux liens tissés par BOUCHET avec diverses sociétés secrètes plus ou plus satanisantes.

Philippe HERTENS précise le côté sombre de "NOUVELLE RESISTANCE" avant qu'elle n'exclue Bouchet en 1996 : "NOUVELLE RESISTANCE par l'intermédiaire de son chef, Christian BOUCHET, prônait une liaison très serrée avec des sociétés très secrètes sataniques. Une évolution du nationalisme qui s'oriente peu à peu vers des activités occultes et qui ont incité beaucoup de membres de "NOUVELLE RESISTANCE" à se détourner du mouvement. On notera l'excellent dossier sur ces aspects du nationalisme dirigé par Serge FAUBERT pour "L'EVENEMENT DU JEUDI" du 4 novembre 93, ayant pour titre : "DERRIERE LA MAGIE ET L'IRRATIONNEL... L'EXTREME-DROITE ET L'AFFAIRISME, LE VRAI VISAGE DES SOCIETES SECRETES". Derrière "NOUVELLE RESISTANCE" se tiendraient cachées des organisations telles que les "EDITIONS DU CHAOS", le "GROUPE DE THEBES", l'"ORDO TEMPLIS ORIENTALIS"... des structures où les notions philosophiques sont rattachées aux écrits du célèbre mage Aleister CROWLEY, la "grande bête" de la magie noire...". Serge HUTIN, historien de l'ésotérisme, dit de CROWLEY, dans un numéro de la revue "HISTORIA" (hors série n°35, 1974), "... qu'il lui arrivait d'organiser des festins orgiaques où les hommes et les femmes mêlaient le sexe et les incantations à Lucifer." le Ministre de la Justice britannique, en 1947, voyait en CROWLEY : "Le personnage le plus pervers et le plus immonde des Royaume-Uni". il est quand même étonnant qu'aujourd'hui, en 1994, un mouvement d'extrême-droite comme "NOUVELLE RESISTANCE" se réfère à un tel personnage"(39).

Ajoutons que l'"EVENEMENT DU JEUDI" évoqué par Philippe HERTENS mettait également en lumière les liens étroits entre BOUCHET et le "Grand Orient de France", institution maçonnique dont on connaît les liens et l'influence au sein du Régime.

Tout cela explique qu'aucune collaboration durable n'a pu s'établir entre "NOUVELLE RESISTANCE" et le PCN avant l'exclusion de Bouchet en 1996. Pourtant celles-ci avaient connu des débuts prometteurs : à la suite du décès de Jean THIRIART en novembre 1992, de nombreux cadres nationaux-révolutionnaires et communautaristes exprimèrent leur désir de voir se reconstituer une organisation européenne. Le PCN s'attela à cette tâche. Il rejoignit le "FRONT EUROPEEN DE LIBERATION", le FEL mis sur pieds par divers groupes nationaux-révolutionnaires, et tenta d'orienter celui-ci vers des positions communautaristes strictement orthodoxes. Avant une dernière tentative au printemps 1993, Luc MICHEL devait d'ailleurs publier une brochure sous le titre "OU VA L'OPPOSITION EUROPEENNE ?(40)" où il développait les grands axes d'unification visant à la reconstitution d'une organisation ayant le poids politique de "JEUNE-EUROPE". A l'été 1993, pourtant, la rupture était évidente(41). Les responsables français et italiens du FEL ne souhaitaient pas déboucher sur une organisation structurée et unitaire et les nombreux aspects douteux de Christian BOUCHET ne permettaient plus une collaboration durable. La rupture est brutale, BOUCHET se lançant depuis dans une campagne de rumeurs, de fausses informations et de diffamation à l'encontre du PCN et de ses dirigeants.

Malheureusement, pour lui l'essor pris par le PCN, son poids politique conséquent (en 1996-97, le PCN a même une représentation parlementaire), la diffusion de la revue "NATION EUROPE" en kiosques en France, ont réduit à néant ces basses manœuvres. La direction du PCN continue d'ailleurs à avoir entre 1993 et 1997 des contacts réguliers avec de nombreux militants et groupes de base de "NOUVELLE RESISTANCE" qui souhaitaient donner une toute autre orientation à leur mouvement.

Fin juillet 1996, "NOUVELLE RESISTANCE", à bout de souffle, implose, les démissions se succédant. La cause principale en est la révélation des liens tissés par BOUCHET avec le "FRONT NATIONAL", mais aussi la mouvance nazi-skin et le monde des sectes satanistes (42). La dérive fascisante et négationniste de la presse de BOUCHET à partir de 1995 traduit cette trahison des idéaux nationaux-révolutionnaires...

1993 : L'IMPLANTATION DU P.C.N. FRANCE

En juin 1993, il est clair pour la direction du PCN que les velléités de constituer une organisation communautariste unifiée ne trouveront pas de concrétisations et que la plupart des participants envisagés n'ont ni la volonté politique ni la capacité matérielle, financière et humaine ni surtout la qualité pour déboucher sur une telle organisation. Le PCN qui depuis sa fondation, en 1984, a une réelle volonté de structuration au niveau européen en tire donc les conséquences qui s'imposent et décide de lancer sa propre structure en France.

En juillet 1993, sont publiés au "JOURNAL OFFICIEL" les statuts d'une Association-Loi de 1901 qui organise en France la structure légale du "Parti Communautaire National-européen", comme section régionale du Parti unitaire transnational européen. Celle-ci voit le jour essentiellement à Paris autour d'une équipe constituée d'anciens militants parisiens du PCN des années 80, dont Jean-Pierre VANDERSMISSEN qui en devient le responsable administratif, et de militants issus de "NOUVELLE RESISTANCE" comme Jacques BOUSSABOUA, ancien militant maoïste de L'HUMANITE ROUGE, qui en devient rapidement le premier Secrétaire-régional pour Paris/Ile-de-France. Lorsque parait en 1994 le premier numéro de "NATION EUROPE", la nouvelle revue du PCN, celui-ci a immédiatement une édition française éditée à Paris et diffusée en kiosques par les NMPP, celle-ci contribuant à faire connaître les idées du parti en France, où elle compte de nombreux abonnés, et où le PCN commence à recruter des adhérents directs hors Paris.

La tâche que s'est donnée la section régionale du parti en France impose de ne pas brûler d'étapes. Il s'agit d'effectuer d'abord un travail de diffusion des idées et de clarification idéologique, comme nous l'avons fait en Belgique.

Le PCN n'en néglige pas pour autant le combat politique sur le terrain. En Belgique, il a manifesté dès ses débuts en 1984 une volonté d'exister sur le terrain parlementaire et de participer aux élections, seule possibilité pour un mouvement révolutionnaire de durer dans une période calme. Le PCN a donc présenté, en mars 1996, une première candidature aux élections cantonales partielles de Clichy-La-Garenne, où Jacques BOUSSABOUA a été le premier candidat national-révolutionnaire et national-bolchevique indépendant de l'extrême-droite à se présenter aux élections depuis cinq décennies. la portée de ce geste étant d'ailleurs hautement symbolique. Comme au début des années 60, le Communautarisme rencontre en France les mêmes difficultés que la génération précédente : le silence des média ( il est significatif que l'on ne parle jamais de "NATION EUROPE", parce qu'elle est la seule revue de qualité matérielle et intellectuelle présente en France dans notre mouvance), ostracisme des concurrents, campagnes de diffamation de nombreux agents provocateurs...

Pourtant, la situation est fort différente de celle des Années 60. Tout d'abord, la Centrale du parti en Belgique est stable, le PCN existe depuis 1984, il se développe régulièrement et a un poids politique certain. Deuxièmement, les idées communautaristes, contrairement au début des années 60, ont été largement diffusées. Jean THIRIART est devenu une référence sérieuse pour de nombreux militants dans l'ensemble de la mouvance Nationale-révolutionnaire.

1996 : "NOUVELLE RESISTANCE"

FUSIONNE AVEC LE PCN

En juillet 1996, "Nouvelle Résistance" est secouée par une première crise qui voit la sortie du Mouvement de son " Aile progressiste " au Congrès d’Alençon. En septembre 1996, la majorité des membres du Bureau de NR décide d’exclure un quarteron de membre, dont Bouchet pour collaboration avec le "Front National". L'exclusion de Bouchet lève toutes les hypothèques qui empêchaient le rapprochement avec le PCN.

Le Mouvement décide donc de fusionner avec le réseau français du Parti Communautaire National-européen (PCN), dans lequel la plupart des Groupes de Bases et Fédérations de NR se sont intégrés. L’immense majorité des membres "NR" approuve ce choix, qui implique une stratégie offensive contre l’extrême-droite en Europe comme en France.

L’Association-loi de 1901 "Nouvelle Résistance", qui poursuit ses activités, devient organisation adhérente du "Front Noir-Rouge-Vert" du PCN, à l'instar d'autres structures issues de NR, comme le "Comité National Anti-Mac Donald’s" et le bulletin "Néfast’Food".

1996 : LE PCN PREND LA DIRECTION IDEOLOGIQUE

DU "FRONT EUROPEEN DE LIBERATION"

Le "Front Européen de Libération" a été fondé comme structure informelle de coordination des mouvements nationaux-bolchéviques européens en 1991. En 1993, il dote sa direction internationale, située en France, d'une structure légale internationalement reconnue (Association-Loi de 1901), de statuts et d’un exécutif statutaire.

Entre 1993 et 1996, comme nous l'avons déjà exposé, le FEL a été secoué par une crise interne, qui a vu s'opposer d'une part une ligne opportuniste, d'autre part une ligne nationale-bolchévique radicale qui suivait la ligne idéologique du PCN (le départ de celui-ci du FEL en octobre 1993 ayant provoqué une cassure interne qui ira sans cesse en s'élargissant).

En septembre 1996, le Bureau exécutif statutaire du FEL, unanime, se ralliait au PCN. Cette nouvelle ligne de marche devait conduire à une réorganisation des activités du FEL, celui-ci s'organisant en structure de contact pour des adhérents directs, des associations ou des publications, à l'exclusion de formations politiques, ceci afin de ne pas faire concurrence ou double emploi avec la structure européenne du PCN.

Toujours fin 1996, le "Front Européen de Libération" devenait organisation adhérente du "Front Noir-Rouge-Vert" du PCN. Alors que de nombreux adhérents européens et les sections française et suisses se ralliaient à la nouvelle ligne de marche, plusieurs des groupes politiques qui avaient constitué le FEL reprenaient alors leur liberté (43).

LE PCN : LA SEULE ALTERNATIVE

POUR LES MILITANTS NR ET

NATIONAUX-BOLCHEVIQUES DE FRANCE

Le sérieux de l'organisation du PCN, sa structuration, son orthodoxie doctrinale, conduiront régulièrement les meilleurs éléments du Nationalisme-révolutionnaire français à le rejoindre. Le PCN est en effet la seule alternative qui se présente à eux.

Le choix pour tout militant national-révolutionnaire en France depuis vingt ans est simple : soit se fondre dans la nauséabonde mouvance réactionnaire regroupée autour des LE PEN et autre MEGRET, où vont se perdre générations après générations les cadres et les militants nationaux-révolutionnaires, "harkis" de la politique, ou construire avec le PCN le Parti de l'Europe et de la Justice sociale, qui libérera et unifiera notre grande patrie continentale.

Luc MICHEL

(septembre 2001)

NOTES

(1) Jean THIRIART, "Chroniques de la nation européenne", in "EUROPE AFRIQUE", hebdomadaire, Bruxelles, 16 septembre 1960.

(2) Ibid.

(3) Jean THIRIART, "Alger départ de l'Europe. L'armée française dans le sens de l'histoire", in "EUROPE AFRIQUE", hebdomadaire, Bruxelles, 30 septembre 1960.

(4) Jean THIRIART, "Le chef de JEUNE-EUROPE s'adresse aux réseaux France. Algérie française version molle et version dure", in "JEUNE-EUROPE", hebdomadaire, Bruxelles, 24 novembre 1961.

(5) J.R. TOURNOUX, "LA TRAGEDIE DU GENERAL", éd. PLON /PARIS MATCH, Paris, 1967, p. 384-385.

(6) "OAS Mission France 3, l'union fait la force", in "JEUNE EUROPE", hebdomadaire, Bruxelles, 22 décembre 1961.

(7) Jean THIRIART, "106 QUESTIONS SUR L'EUROPE", interview biographique avec le concours du journaliste Bernardo Gil MURGAZA, 2è édition, Ed. Machiavel, Charleroi, 1988.

(8) Jean THIRIART, "La France nation départ de la Révolution européenne", in "JEUNE-EUROPE", hebdomadaire, Bruxelles, 5 octobre 1962.

(9) Yannick SAUVEUR , "Jean THIRIART et le national Communautarisme européen", Mémoire présenté devant l'Institut d'études politiques de l'Université de Paris, 2ème édition, Ed. Machiavel, Charleroi, 1983.

(10) "Jeune-Europe", Hebdomadaire, Bruxelles, N° 161, 13 décembre 1963.

(11) "EUROPE UNIVERSITE", N°1, Paris, juin-juillet 1964

(12) Yannick SAUVEUR, Op.Cit.

(13) Ibid.

(14) Cfr. Luc MICHEL, "De Jeune-Europe aux brigades rouges", in "CONSCIENCE EUROPEENNE", mensuel, n°11, Charleroi, mars 1985.

(15) Cfr. René MONZAT, "Enquête sur la droite extrême", Paris, Le Monde Editions, 1992, p. 209.

(16) "SOCIALISME EUROPEEN", Lyon, n° 14.

(17) Yannick SAUVEUR, "L'Organisation "Lutte du Peuple", un mouvement national-bolchevik ?", conférence de sciences politiques (niveau 2, sous la direction de M. MADELIN), Paris, sans date, p. 11.

(18) "VOLONTE ET ACTION", publication bimensuelle en français, allemand et italien de l'OLP, n°5.

(19) Yannick SAUVEUR, "L'Organisation "Lutte du Peuple"...", op. cit., p. 3.

(20) Sur ce sujet cfr. Luc MICHEL, "De Jeune-Europe aux brigades rouges", op. cit.

(21) Yannick SAUVEUR, "L'Organisation "Lutte du Peuple"..., op. cit., p. 22.

(22) Jean THIRIART, "Interview Exclusive", in "Les cahiers du CDPU", Aix-en-Provence, 1976

(23) René MONZAT, opus cit.

(24) Pour l'historique du PCN : se référer à "LA LONGUE MARCHE DU pcn 1984-1996", in "NATION EUROPE", trimestriel, Paris-Bruxelles, N°4-5, 1996;

et Luc MICHEL, "HISTOIRE DU PCN (1984-1999)", in "LA LETTRE COMMUNAU-TARISTE", n° 219, 1999.

(25) Sur cette époque, cfr. les contributions de Luc MICHEL à l'ouvrage collectif "IN MEMORIAM JEAN THIRIART" (livre d'hommage publié après le décès de Thiriart), Ed. MACHIAVEL , Paris-Bruxelles, 1994.

(26) Thierry MUDRY, "Le Parti historique révolutionnaire", in "VOULOIR", Bruxelles, 1986.

(27) Christophe BOURSEILLER, "Les ennemis du Système, enquête sur les mouvements extrémistes en France", Robert Laffont, Paris, 1989.

(28) Philippe HERTENS, "Le nationalisme radical en France", éd. de Magrie, Paris, 1994, p. 59-61.

(29) Cfr. Jean THIRIART, "Europe, l'Empire du Futur ?", in "NATIONALISME ET REPUBLIQUE", La Roque d'Anthéron, n°8, 1992,

et Jean THIRIART, "L'Europe jusqu'à Vladivostok", in "NATIONALISME ET REPUBLIQUE", La Roque d'Anthéron, n°9, 18 septembre 1992.

(30) Sur l'impact des idées communautaristes en Russie, cfr. "L'EUROPE COMMUNAUTAIRE" (Bulletin de contact du PCN en France), Paris, n°1, janvier 1996.

(31) Pierre André TAGUIEFF, "SUR LA NOUVELLE DROITE", Ed. Descartes et Cie, Paris, 1994.

(32) Cfr à ce sujet René MONZAT, "Enquête sur la droite extrême", op. cit., p. 209-210

(33) Cfr. à ce sujet le RECUEIL DE TEXTES publiés entre 1979 et 1983 :

José CUADRADO COSTA, Luc MICHEL et Jean THIRIART, "TEXTES EURO-SOVIETIQUES", Ed. MACHIAVEL, Charleroi, 1984.

Ce recueil fut édité en langues française, néerlandaise, espagnole, italienne, anglaise et russe.

(34) Pierre André TAGUIEFF, opus cit..

(35) Ibid.

(36) Guillaume FAYE, Pierre FRESON, Robert STEUCKERS, "Petit lexique du partisan européen", Ed. Eurograf, Esneu-lez-Liège, octobre 1985.

(37) Jean THIRIART, "L'Empire européen de Dublin à Vladivostok", in "FORCES NOUVELLES", n° 78, février-mars 1990.

(38) Sur la récupération de l'aile nationale-révolutionnaire du PFN par le PCN et les listes "PCN-PFN", cfr.

Luc MICHEL, "Droit de réponse du PCN", in "COURRIER HEBDOMADAIRE DU CRISP", Bruxelles, supplément au n° 1353, mai 1992.

(39) Philippe HERTENS, opus cit.,

(40) Luc MICHEL, "OU VA L'OPPOSITION EUROPEENNE", n° spécial de la revue "NATION EUROPE", Bruxelles, juillet 1993.

(41) Sur la rupture du PCN avec le FEL, consulter :

"CORRESPONDANCE EUROPEENNE", bulletin de contact édité par le Secrétariat-Général européen du PCN, Bruxelles, n° 2, 1993;

et particulièrement "Les Communautaristes quittent le FEL", communiqué du PCN, qui y est publié.

(42) Cfr. notamment :

José LENZINI, "L'enquête sur la profanation du cimetière de Toulon met au jour des liens avec l'extrême-droite", in "LE MONDE", Paris, 25 juillet 1996;

Serge FAUBERT, "Quand le Front vire au "rouge-brun""; in "L"EVENEMENT DU JEUDI", 18 juillet 1996;

C. BARBIER et R. ROSSO, "Orange : le rapport qui dénonce la censure FN", in "L'EXPRESS", 11 juillet 1996.

(43) Un quarteron d’exclus en 1996, dont Bouchet, devaient alors maintenir dans un but de provocation médiatique un "Front" fantôme, qu'ils ont étoffé avec l'adhésion d’un certain nombre de groupuscules néo-nazis. Alors que le "Front Européen de Libération" a été constitué sur une ligne national-bolchévique stricte (que rappelle l’aigle du mouvement anti-hitlérien "Widerstand"), dans la droite ligne du combat anti-nazi des nationaux-bolchéviques des années trente et quarante, ce quarteron d’agents provocateurs défendent des idées néo-nazies qui sont l'opposé même de l'idéal et du combat des fondateurs du FEL. Les statuts du "Front Européen de Libération", publié au Journal officiel de la République française en 1993, qui excluent toute discrimination raciale et visent à "soutenir l’action de l’émancipation européenne", sont là pour le démontrer.

SOURCES NON PUBLIEES

- Fonds d'archives "JEUNE-EUROPE" du pcn

- fonds d'archives "jean thiriart" du pcn

- fonds d'archives "olp" du pcn

- fonds d'archives "cipre" du pcn

- archives privées de luc michel et du pcn

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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 13:13
L'EMERGENCE DU NATIONAL-BOLCHEVISME EN RUSSIE

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Le débat actuel dans la grande presse à propos du national-bolchévisme et né en grande partie de l'émergence d'un courant national-bolchévique en Russie. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si celui-ci y est aujourd'hui au premier plan de l'actualité, d'une part parce que la crise profonde que connaît actuellement la Russie suite à l'effondrement de l'Union Soviétique, suite aux manœuvres de l'Impérialisme soutenues par les GORBATCHEV et autres Boris ELSTINE a conduit le peuple Russe à soutenir des solutions radicales qui ne sont pas encore d'actualité en Europe occidentale, d'autre part parce que le terrain politique y est propice à une union de l'opposition au Système qu'elle soit nationale-révolutionnaire ou nationale-communiste face à un adversaire commun et face aux graves menaces qui planent sur le destin de la Russie.

Il était normal que les forces d'ordre, de progrès et d'avenir réagissent ensemble contre le cosmopolitisme et la domination Impérialiste. La grande presse a donc pu faire ses grands titres sur l'alliance des "Bruns et des Rouges", titre assez stupide lorsqu'on sait les souvenirs qu'on laissé l'agression nationale-socialiste en Russie et les vingt-sept millions de morts qu'elle y a fait.

La réalité politique russe est d'ailleurs un exemple remarquable des deux aspects de ce que l'on appelle actuellement la "tentation nationale-bolchévique". Premièrement une collaboration entre nationaux-révolutionnaires, extrême-droite et forces de l'ancien appareil communiste; c'est là l'aspect que souligne uniquement et actuellement les journalistes du système. Cette collaboration a trouvé son expression politique dans la création du "FRONT DE SALUT NATIONAL".

Mais le second volet de la réalité nationale-bolchévique, et l'essence même véritable de ce courant, a trouvé sa concrétisation politique en mai de cette année avec la constitution du "FRONT NATIONAL-BOLCHEVIQUE" que dirige Alexander DOUGUINE et Edward LIMONOV.

Le Manifeste de création de ce mouvement est extrêmement remarquable en ce sens qu'il révèle les préoccupation profondes du courant nationale-bolchévique en Europe. Il est aussi remarquable parce qu'il souligne le rôle de précurseur de la "JEUNE-EUROPE" de Jean THIRIRART dans la diffusion des idées nationale-communistes dans l'Europe d'aujourd'hui :

"La lutte politique en Russie arrive à un point critique. La phase de résistance est épuisée, donc l'opposition traditionnelle (purement émotionnelle, seulement protestataire) est épuisée aussi. La période de résistance est finie, s'ouvre la période du soulèvement national. La nouvelle étape demande de nouvelles méthodes, de nouvelles formes et de nouveaux instruments politiques. C'est pourquoi nous jugeons nécessaire et urgent la création d'une structure politique et idéologique d'un nouveau type : Il faut répondre aux exigences de l'Histoire. Ce sera le National-Bolchevisme ?" (40).

Ce Manifeste précise ensuite d'une façon remarquable les préoccupations du nouveau Mouvement qui sont celle de l'ensemble de ce courant en Europe : "Qu'est-ce le National Bolchevisme ? Au confluent des formes les plus radicales de la lutte sociale et des formes les plus radicales de la lutte nationale : c'est le National-Bolchevisme. Jusqu'à présent les deux idéologies nationale et sociale, ont pu s'entendre par les unions temporaires des compromis pragmatiques. Dans le National-bolchevisme, elles s'uniront dans un être inséparable. Les tentatives d'une union des deux idéologies ont existés dans l'histoire contemporaine. Des Jacobins par OUSTRIALOV et NIKIESCH jusqu'à la "JEUNE-EUROPE" de THIRIART, nous avons la détermination pour réaliser cette convergence extrêmement importante. La révolution sociale est synonyme de révolution nationale et la révolution nationale synonyme de révolution sociale" (41).

Avec ce Manifeste la boucle est bouclée. NIKIESCH le précurseur à Jean THIRIART, le "FRONT NATIONAL-BOLCHEVIQUE" constitué autour du "Parti National-radical", du "Front de l'action Nationale- révolutionnaire", du "Mouvement de la Nouvelle Droite" et de l'"Union de la Jeunesse Communiste Russe", réalise enfin en Russie les espoirs portés depuis les années 20 par quelques théoriciens et penseurs d'avant-garde.

 

 

NATIONAL-BOLCHEVISME ET FASCISME

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Il faut évoquer les rapports existants entre le National-Bolchevisme et le Fascisme, tous deux étant nés à la même époque. Nous rejetons bien entendu l'historiographie marxiste qui, pour des raisons essentiellement de tactique politique au début des Années 20 puis de propagande par la suite, font du Fascisme une idéologie bourgeoise et réactionnaire.

Il est bien certain que le Fascisme, tout comme le Nationalisme- révolutionnaire, le National-bolchevisme ou le Marxisme-léninisme appartient à l'Ecole socialiste et en particulier est issu, tout comme le Léninisme, du courant blanquiste du XIXème siècle.

Le Fascisme est né en fait à gauche, avec notamment Mussolini, et sous l'influence de Georges SOREL. Il résulte en fait d'une révision du marxisme et du Socialisme, où le rôle joué par la classe ouvrière dans la lutte des classes est remplacé par la Nation. Ce sera d'ailleurs la démarche typique de ceux qui évolueront du Socialisme vers le Fascisme au milieu des Années 30, que ce soit Marcel DEAT ou Hendrik DE MAN.

Il ne faut pas tomber dans les analyses sommaires développées à propos du Fascisme et tendant à relier celui-ci à l'extrême-droite. En particulier, il ne faut pas se laisser abuser par la récupération qui a été faite par certains mouvements réactionnaires d'extrême-droite de la symbolique fasciste. A ce titre l'exemple de l'Espagne franquiste est révélateur. Avant la guerre civile de 1936, la "phalange espagnole" de Jose Antonio Primo de rivera était souvent qualifiée par la droite espagnole de "bolchevisme de droite". Une fois la guerre civile enclenchée, la droite réactionnaire franquiste récupérera la "phalange", laissant d'ailleurs mourir José Antonio sous les balles d'un peloton d'exécution républicain. Vidés de leur contenu révolutionnaire et social, les oripeaux de la phalange, réduite à son décorum extérieur, ne serviront plus que d'alibi à un régime réactionnaire reposant principalement sur l'Eglise et l'Armée.

Le Fascisme diffère cependant fondamentalement du National- bolchevisme. Si tous deux sont l'alliance d'une idéologie nationale et d'une idéologie sociale, leurs différences fondamentales éclatent dans leur rapport avec le Marxisme. Pour les mouvements fascistes, le Marxisme est un concurrent sur le chemin qui conduit à la révolution. Il faut donc neutraliser et abattre ce concurrent, d'où l'importance donnée à l'anti-communisme dans l'idéologie fasciste. Pour le National-Bolchevisme, par contre, le Marxisme-Léninisme ou le Communisme ne sont absolument pas des concurrents mais au minimum des alliés et au maximum des tendances qu'ils faut intégrer dans un mouvement unitaire. Telle est là le sens profond de la fusion nationaliste/communiste que veut réaliser le National- Bolchevisme. Telle est là d'ailleurs la démarche politique et doctrinale des Nationaux-Bolcheviques et Nationaux-Communistes, aussi bien des Années 20 et 30 que le l'époque actuelle.

 

 

NATIONAL-BOLCHEVISME ET NATIONAL-SOCIALISME :

 

DES OPPOSITIONS IRREDUCTIBLES

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Il faut aussi évoquer les rapports entre le National-Bolchévisme et le National-Socialisme, ne fusse que parce qu'ils sont nés tous les deux dans l'Allemagne de WEIMAR, au début des Années 20.

Ce que nous avons dit des rapports entre fascisme et national- bolchevisme est également valable dans ce cas.

Il faut également se référer à la distinction classique qui a été faite par l'historien italien Renzo DE FELICE (42) qui distingue clairement à gauche les origines du Fascisme italien et à droite les origines du National-socialisme allemand. Ces deux mouvements ayant entrepris chacun d'une extrême différente la même démarche, pour arriver à des solutions semblables : la réalisation d'une idéologie de type socialiste et nationale.

La marque de l'extrême-droite est indéniable sur le National- socialisme, lorsqu'on examine son contenu raciste. Il est bien certain que les fondements de la pensée de l'extrême-droite pangermaniste est raciste du XIXème siècle sont présents dés le départ au sein du National-socialisme. Ce sont ceux-ci qui vont profondément faire diverger National-bolchevisme et National- socialisme. Cette démarche raciste, qui consiste en particulier à rejeter le monde slave et à voir dans l'est européen le territoire d'expansion vitale du germanisme, conduira évidement Nationaux- socialistes et Nationaux-bolcheviques à des positions totalement opposées.

Après l'avènement du IIIème Reich, les Nationaux-bolcheviques se situeront clairement dans l'opposition au régime national- socialiste. La plupart d'entre-eux étant d'ailleurs pourchassés et emprisonnés. WOLFFHEIM mourra en camp de concentration, quant à NIKIESCH, il sortira brisé de ceux-ci en 1945. Sous le IIIème Reich, la plupart des Nationaux-bolcheviques se situeront soit dans une réserve prudente, soit dans une opposition déclarée au régime. Ce seront eux notamment qui animeront le réseau d'espionnage pro-soviétique, improprement appelé "Orchestre Rouge", appellation tout à fait impropre concernant celui-ci qui ne fut pas communiste mais bien national-bolchevique.

Quelques nationaux bolcheviques cependant réussiront à se faire une place sous le IIIème Reich et continueront à y défendre, dans la mesure de leurs possibilités, leurs théories d'ouverture à l'Est. Ce sera notamment le cas du "FICHTE BUND", dirigé à Hambourg par le Docteur KESSEMAIER, que nous avons déjà évoqué.

Ce sera surtout le cas de Joseph GOEBBELS, ancien militant national-bolchevique, qui rejoindra le mouvement national-socialiste en pensant y réaliser les espoirs de révolution sociale qui étaient les siens. Sous le IIIème Reich, devenu ministre de la propagande, le docteur GOEBBELS gardera des sympathies très avérées vis à vis de l'U.R.S.S. et à la fin de la guerre, et alors que la plupart des dirigeants allemands tenteront une paix séparée avec les Anglo-saxons pour poursuivre la guerre à l'Est, GOEBBELS prônera et tentera des tentatives en sens inverse. On ne peut à ce sujet que citer ses paroles étonnantes extraites de son journal de 1925 : "Aucun tsar n'a jamais compris le peuple Russe comme l'a fait LENINE. Il a donné au paysan russe ce que celui-ci avait toujours vu dans le bolchevisme : LA LIBERTE et la PROPRIETE" (43). Il devait ajouter en 1925 : "la liaison avec l'Occident signifie renonciation à tout jamais. Nous nous plaçons donc au côté de la Russie, en tant que partenaires égaux, dans la lutte pour la liberté" (44).

 

 

MARXISME-LENINISME ET NATIONAL-BOLCHEVISME

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Il nous faut également évoquer les rapports entre le Marxisme-Léninisme lui-même, en tant qu'idéologie et doctrine politique, et le National-Bolchévisme.

Si des dirigeants communistes, tel Karl RADEK, marquèrent leur intérêt pour le National-Bolchevisme, l'école officielle marxiste-léniniste n'en rejeta pas moins cette tendance. Dès 1919, les Spartakistes, courant communiste officiel représenté à l'Internationale, avaient entrepris d'expulser de leurs rangs leurs propres nationaux-bolcheviques. Ce fut l'origine de la scission du K.A.P.D., déjà évoquée à propos du groupement hambourgeois de LAUFENBERG ET WOLFFHEIM. Après 1920, ceux-ci furent également exclus de leur propre parti, le K.A.P.D. le National-bolchevisme devait dorénavant devenir en Allemagne jusqu'au début des Années 30 une démarche venant uniquement du camps nationaliste.

L'école marxiste-léniniste était (et est toujours extrêmement mal à l'aise devant le National-Bolchévisme. En effet, il lui révélait une faille dans sa propre doctrine.

Le KOMINTERN, l'Internationale Communiste alors dirigée par LENINE, développa en effet à propos de la révolution mondiale deux tactiques diffèrentes. Pour les pays développés il s'agissait de lancer une révolution de type soviétique à partir des forces ouvrières. Pour les pays coloniaux et semi-coloniaux, que nous appellerions aujourd'hui en voie de développement, l'Internationale et LENINE lui-même par contre développaient une stratégie de type nationaliste-révolutionnaire ou nationale-communiste. Il s'agissait alors d'encourager l'unité entre révolutionnaires nationalistes et communistes. MAO ZEDONG devait d'ailleurs donner à cette théorie son plein développement et lui donner une postérité historique inespérée.

Nation développée et capitaliste, l'Allemagne des Années 20 ne pouvait évidement rentrer dans cette catégorie léniniste.

La position des premier nationaux-bolcheviques vis-à-vis du communisme est lui-même multiples. Le National-communisme Hambourgeois, par exemple, représente une fusion authentique entre des valeurs nationalistes et une idéologie léniniste. Les Nationaux- bolcheviques venus d'autres milieux tel par exemple NIEKISCH, avaient eux par contre développé des tendances politiques visant à l'unité des révolutionnaires nationalistes et communistes, dans une démarche unitaire contre la République de WEIMAR, et en politique étrangère prônaient l'union de l'Allemagne et le l'Union Soviétique contre les puissances de l'Entente dans une volonté de revanche et de renaissance de la patrie allemande.

Il faudra attendre le courant du professeur Friedrich LENZ, avec sa revue "DER VORKAMPFER" pour voir réapparaître une véritable synthèse nationale-communiste. Le professeur LENZ devait en effet développer de 1930 à 1933 une synthèse originale fusionnant les idéologies marxistes et nationalistes. Il devait en particulier développer à partir de concepts marxistes une intéressante théorie économique, partant aussi bien des travaux de MARX que de ceux de Friedrich LIST, le grand théoricien allemand du "Nationalisme économique".

LENZ écrira notamment : "Nous avons pour tâche, comme dit HEGEL, d'embrasser notre époque par la pensée, pour acquérir sur des bases systématiques, c'est-à-dire à partir de la théorie, la capacité d'ordonner politiquement les contradictions sociales. dans une telle synthèse, HEGEL sera tout aussi intégré que LENINE, et LIST tout aussi bien que MARX. Aucune analyse des changements internationaux de structure ne peut plus se passer de tels guides" (45).

C'est là, après le travail du groupe hambourgeois du début des Années 20, un exemple typique de fusion idéologique entre Marxisme et Nationalisme-Révolutionnaire. A propos des travaux de MARX, LENZ devait notamment affirmer que "son analyse scientifique de la réalité économique est une arme indispensable pour le nationalisme aussi" (46).

On distingue donc deux tendances divergentes au sein de ce que l'on appelle couramment le courant nationale-bolchevique à propos du Marxisme-Léninisme.

D'une part une tendance à ne voir dans celui-ci qu'un allié tactique, c'est le sens notamment du débat entre intellectuels d'extrême-droite et communistes aussi bien dans les Années 20 qu'aujourd'hui. Ces intellectuels d'extrême-droite restant cependant fondamentalement opposés au Marxisme.

La seconde tendance, qui exista avec le groupe hambourgeois de WOLFFHEIM et LAUFENBERG aussi bien qu'avec celui du professeur LENZ, c'est de tenter une fusion doctrinale en utilisant des concepts communs aussi bien aux idéologies nationalistes qu'au Marxisme- léninisme.

Les travaux doctrinaux d'un Jean THIRIART à partir du début des années 80 et ceux développés depuis la même époque par le "Parti Communautaire National-européen" rentrent également dans cette tendance. A ce propos, ce Parti devait présenter le "Communautarisme" comme une "idéologie de synthèse voulant fusionner idéologies marxiste-léniniste et nationaliste- révolutionnaire dans une synthèse doctrinale offensive : le socialisme du XXIème siècle" (47).

 

 

"REVOLUTION CONSERVATRICE"

 

ET NATIONAL-BOLCHEVISME

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Les rapports entre la "Révolution conservatrice" et le "National- Bolchevisme" doivent être clarifiés.

Le terme de " Révolution conservatrice" désigne en effet un courant politique présent dans l'Allemagne de WEIMAR et est ainsi désigné depuis l'étude que lui consacra Armin MOHLER en 1950 (48). L'expression avait auparavant été employée par Arthur MOELLER VAN DEN BRUCK, l'un des théoricien conservateurs.

Le professeur Louis DUPEUX, dans sa thèse sur le National-Bolchevisme consacre d'ailleurs de longs développements aux rapports entre ce courant et la "Révolution conservatrice", qu'il qualifie d'"arrière plan idéologique du "national-bolchevisme""(49). C'est là d'ailleurs la principale critique à adresser à cette thèse. Le professeur DUPEUX assimile en effet le National-Bolchevisme à une tendance radicale de la "Révolution conservatrice". Il le fait au départ d'un certain nombres de convergences de figures ou de vocabulaire communs à ces deux courants et à partir du fait que certains thèmes sont communs aux deux. Cependant cette assimilation est totalement inadéquate.

En effet, la "Révolution conservatrice" au premier rang de laquelle nous trouvons la pensée d'un MOELLER VAN DEN BRUCK (50) ou d'un SPENGLER (51), repose principalement d'une part sur un refus fondamental du Bolchevisme et d'autre part sur une vision passéiste et romantique, idéalisant un âge d'or révolu. C'est d'ailleurs là la caractéristique de la plupart des mouvements conservateurs en Europe et notamment en France.

A l'opposé de celui-ci non seulement le National-Bolchévisme est une idéologie révolutionnaire, recherchant l'alliance ou la fusion doctrinale avec le Bolchevisme, mais surtout les théories nationales- bolchevique ont une étonnante actualité qu'ils s'agisse des thèses en faveur des économies autarciques de grand espace, de l'économie de puissance, de la définition moderne de l'Etat ou de la glorification de la technique.

Les questions de convergence, de vocabulaire ou de rencontres d'individus ne doivent d'ailleurs pas faire illusion à ce sujet. Pour prendre une comparaison, ce n'est pas parce que Sociaux- démocrates et Bolcheviques se revendiquent tout deux du Marxisme qu'il s'agit là de la même école politique.

Il suffit d'ailleurs de voir les positions actuelles des héritiers actuels du National-Bolchevisme et de ceux de la "Révolution conservatrice". Aujourd'hui, les principaux courants nationaux-communistes en Europe se posent en adversaires déclarés de l'extrême-droite conservatrice, et ils le font souvent à partir des mêmes positions que leurs prédécesseurs allemands des Années 20 et 30 (52).

 

 

NATIONALISME-REVOLUTIONNAIRE

 

ET NATIONAL-BOLCHEVISME :

 

LES DEUX COURANTS D'UNE MEME FAMILLE

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Il est également indispensable de préciser les rapports entre le Nationalisme-révolutionnaire et le National-bolchevisme. Le Nationalisme-Révolutionnaire a été un courant politique important , présent dans la plupart des pays européens depuis les Années 20. Dans l'Allemagne de WEIMAR, avec notamment les frères JUNGER et leur "Néo-nationalisme", il a représenté un courant intellectuel et politique ayant un retentissement important.

Le National-bolchevisme doit être situé au sein et en marge de ce courant, dont il représente l'expression la plus radicale. C'est d'ailleurs le national-communiste LAUFENBERG qui pour la première fois employa cette expression de "National-révolutionnaire" : "A l'intérieur du parti national-allemand commence la séparation des couches les plus activement idéalistes de l'intelligence, qui ont toujours été les championnes de l'idée nationale et dont l'avant-garde reconnaît aujourd'hui que dans les conditions générales actuelle des buts nationaux ne peuvent se réaliser que par des moyens révolutionnaires. Ainsi les travailleurs intellectuels sont attirés dans les mouvements communistes... Le mouvement national-révolutionnaire, et le mouvement social-révolutionnaire en sont réduits l'un l'autre; ils n'ont pas d'organisation commune, mais leur réunion politique se réalise dans la pratique" (53).

A l'époque actuelle les deux courants politiques sont toujours étroitement liés. Les nationaux-communistes actuels se situant d'ailleurs eux-mêmes à l'intérieur du camp national-révolutionnaire. Tel est par exemple la démarche du Mouvement "NOUVELLE RESISTANCE" en France, du "FRONT NATIONAL-BOLCHEVIQUE" en Russie ou du "PARTI COMMUNAUTAIRE NATIONAL-EUROPEEN" dès le début des Années 80, qui se présentent ouvertement comme une synthèse des idéologies nationale-communiste et nationaliste-révolutionnaire.

Il convient cependant de préciser les rapports existants entre les deux. Le National-Communisme est en fait un développement radical et ultra révolutionnaire du Nationalisme-Révolutionnaire lui-même. Le Nationalisme-Révolutionnaire garde en effet certaines appréhensions vis-à-vis du Marxisme-léninisme, qu'il considère au mieux comme un simple allié.

Le National-Communisme réalise, lui, une fusion offensive entre les deux courants idéologiques, dans une synthèse dynamique.

 

 

NATIONAL-BOLCHEVISME ET "NAZISME DE GAUCHE"

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Il faut également aborder ce que l'on a appelé le "NAZISME DE GAUCHE", dont les figures de proue furent les frères Otto et Gregor STRASSER, représentant de l'aile socialiste et révolutionnaire du mouvement national-socialiste. Ceux-ci s'opposèrent à HITLER dès le début du mouvement. Exclus de celui-ci, Gregor sera assassiné lors de la purge du 30 juin 1934 (la célèbre "nuit des longs couteaux"), quant à son frère Otto il animera un mouvement national-socialiste de gauche de résistance au régime hitlérien, le "SCHWARZE FRONT" (Front noir) (54).

Au début des Années 60, et ceci nous intéressera dans la perspective de cette étude, Otto STRASSER, gagné à la cause unitaire européenne (55), accordera deux interviews aux publications de l'Organisation "JEUNE-EUROPE", à laquelle il marquera sa sympathie (56).

Le "Nazisme de gauche" ne fait cependant pas partie du courant national-bolchevique. Comme lui il fait preuve d'une volonté d'ouverture à l'Est et s'oppose à toute croisade contre l'U.R.S.S. (en quoi il s'oppose aux théories hitlériennes sur le "drang nach osten"), il manifeste également une volonté socialiste incontestable. Mais ses positions vis-à-vis du Marxisme-léninisme l'écartent fondamentalement du National-Bochévisme. En effet pour les Nationaux-socialistes de gauche strassérien, il s'agit d'arracher les masses ouvrières au Marxisme, pour les amener dans le camp national-socialiste. Il ne s'agit donc pas d'une volonté d'alliance avec les communistes ou de fusion avec ceux-ci.

Le professeur DUPEUX écrira à ce propos "il n'est pas net d'assimiler Otto STRASSER aux "nationaux-bolchevistes", comme beaucoup l'ont fait à l'époque et comme le font de nos jours divers auteurs" et il ajoute : "Si la "gauche" national-socialiste se réclamait sincèrement de la lutte des classes et recherchait l'adhésion des ouvriers, son objectif implicite était la consolidation ou plutôt l'avènement des classes moyennes" (57).

L'expulsion des frères STRASSER du Parti national-socialiste (N.S.D.A.P.) n'empêchera pas pourtant certains nationaux-socialistes de gauche de réussir sous le IIIème REICH. Ce sera notamment le cas du docteur GOEBBELS, ancien secrétaire de Gregor STRASSER, qui deviendra Ministre de la propagande et de la culture populaire, sans pour autant renoncer à ses orientations socialistes et révolutionnaires.

 

 

NI GAUCHE, NI DROITE :

 

LE NATIONAL-BOLCHEVISME CONTRE LE SYSTEME

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A propos du National-Bolchévisme, le professeur DUPEUX écrira : "L'expression national-bolchévisme est certainement la plus ambiguë des créations du vocabulaire politique de la république de WEIMAR" (58).

Et le trouble ne manque pas de saisir aussi bien l'historien que le journaliste lorsqu'il s'agit de caractériser les positions nationales-bolchéviques. S'agit-il de l'extrême-droite de l'extrême-gauche ou de l'extrême-gauche de l'extrême-droite ?

En 1960, le premier livre important consacré à ce sujet par Otto Ernst SCHUDDEKOPF le fût sous le titre "LINKE LEUTE VON RECHTS", que l'on peut traduire par "les gens de gauche de la droite" (59). Un titre qui révèle lui aussi toute l'ambiguïté du phénomène lorsqu'on tente de l'expliquer par les catégories traditionnelles de l'échiquier politique des régimes occidentaux de l'époque moderne. Les nationaux-bolchéviques sont-ils des fascistes d'extrême-gauche ou des bolchéviques d'extrême-droite ?

L'absurdité des questions posées et des vocables utilisés montre clairement que l'échiquier politique droite/gauche est totalement incapable de refléter la réalité d'idéologies révolutionnaires et atypiques comme le sont les idéologies du type nationale-bolchévique ou nationale-communiste.

Et l'on ne peut s'empêcher à leur sujet de penser à la citation célèbre du grand philosophe José ORTEGA Y GASSET, que les nationaux- bolchéviques contemporains citent volontiers : "être de gauche ou être de droite sont deux manières qui s'offrent à l'homme d'être un imbécile, ce sont en effet deux formes d'hémiplégie mentale" (60).

Le National-Bolchévisme ou la "convergence des extrêmes", le passage de l'une à l'autre, la fusion entre représentants des deux, sont des phénomènes inexplicables pour qui résonne sur l'échiquier politique classique régimiste allant de l'extrême-gauche à l'extrême-droite, où gauche et droite sont présentés comme des camps opposés et irréconciliables. Là Fascisme et Stalinisme, Gauchisme et Extrême-droite ne peuvent se rencontrer et toute convergence apparaît alors aux spécialistes du prêt-à-penser conformiste comme contre-nature.

L'écrivain polonais MALYNSKI oppose lui l'unité d'action entre extrêmes au compromis historique dont il dénonce clairement l'esquisse dans les coïncidences d'intérêts rapprochant le capitalisme et la bureaucratie des partis et syndicats régimistes : "contre ce bloc de l'insolence démocratique, de la rapacité financière, il devrait y avoir le bloc de l'extrême-gauche et de l'extrême-droite" (61). Il met également l'accent sur "une certaine affinité profonde entre ce qu'on appelle l'extrême-droite et l'extrême-gauche, car quel qu'étrange que cela paraisse, ce sont précisément les deux parties de l'échiquier social contemporain entre lesquelles, si l'on ne regarde pas superficiellement, il n'y a pas en réalité d'irréductibles intérêts, ni d'anti-thèse d'aspirations. Par contre, cette irréductibilité et cette anti-thèse existent nécessairement des deux côtés à l'égard du bourgeois" (63).

Mouvement profondément révolutionnaire, le National-Bolchévisme des Années 20 et 30, ou les courants nationaux-communistes actuels, refusent de se situer à l'intérieur des tendances du régime et rappellent qu'être à droite ou à gauche, c'est toujours être à l'intérieur du Régime et en défense de celui-ci. Le National-Bolchévisme se veut lui en dehors du Régime et contre lui, en faveur d'un ordre nouveau politique, économique et social.

A ce stade les vieilles classifications de droite ou de gauche ne veulent plus rien dire.

 

 

UN PRECURSSEUR GEORGE SOREL

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On ne peut évoquer les différents courants nationaux-communistes ou nationaux-Bolcheviques, qu'ils soient des Années 30 ou de l'époque contemporaine, sans évoquer la figure de Georges SOREL, le grand théoricien du Socialisme et du Syndicalisme-révolutionnaire (63). Georges SORREL est une figure quasi unique au sein de l'intelligentsia française de la fin du XIXème siècle et du début du XIXème siècle. Peu d'hommes auront sans doute une influence aussi importante que la sienne, lui qui influença aussi bien LENINE que MUSSOLINI.

A partir de 1907, Georges SOREL, opposé au régime démo-ploutocratique bourgeois et au système libéral dominant en France, sera la cheville ouvrière d'un rapprochement entre ceux qui à l'extrême-droite et à l'extrême-gauche refusent le système, c'est-à-dire les nationalistes dont la figure emblématique est Maurice BARRES, les monarchistes de Charles MAURRAS et les syndicalistes-révolutionnaires issus notamment des courants blanquistes de gauche (65).

A travers trois revues, la "Revue Critique des idées et des livres" (1907), "La Cité Française" (1910) puis "l'Indépendance" (1911-1913), Georges SORREL sera l'artisan d'un bouillonnement intellectuel important auxquels participeront aussi bien les théoriciens du nationalisme intégral monarchiste maurrassien que les nationaux-révolutionnaires tel Maurice BARRES, les pré-fascistes comme Georges VALOIS, mais également de nombreux syndicalistes et théoriciens de l'extrême-gauche, notamment Edouard BERTH et Daniel HALEVY.

L'influence et le retentissement de SOREL en Europe exercera une influence souvent méconnue sur LENINE. MUSSOLINI, le fondateur du Fascisme italien, reconnaîtra toujours la dette qu'il devait à ce grand théoricien socialiste, lui qui était issu des rangs du socialisme révolutionnaire italien du début du siècle. Après la guerre l'influence de Georges SOREL se fera sentir également dans le mouvement fasciste français de Georges VALOIS.

Mais surtout les théorie de trouveront un prolongement important dans les tendances nationale-révolutionnaires, nationale-Communistes et nationale- Bolcheviques qui apparurent en Allemagne dans les Années 20 et 30 (65).

SOREL fut le théoricien de la "grève générale", dans lequel il voyait le moyen de renverser le régime bourgeois. On ne peut s'empêcher de rapprocher ses conceptions de celle des Nationaux-Communistes hambourgeois, WOLFFHEIM et LAUFFENBERG, pour qui l'action parlementaire devait s'effacer derrière la "grève de masse" capable de forcer l'Etat bourgeois de reculer progressivement jusqu'à ce que le prolétariat exerce définitivement sa dictature.

Georges SOREL ne devait pas voir les prolongements importants de son influence doctrinale, il décéda en effet en 1922 sans voir le développement de l'U.R.S.S. ni la victoire de MUSSOLINI en Italie. Le même jour le gouvernement Bolchevique du nouvel Etat soviétique et l'Etat fasciste italien, instauré par MUSSOLINI, proposèrent d'assurer l'entretien de sa sépulture. Une fin à l'image d'un destin étonnant qui montre clairement combien les notions de "droite" et de "gauche" représentent peu pour un penseur révolutionnaire.

En particulier, SOREL fut avec Georges VALOIS l'animateur du "cercle Proudhon" qui regroupait monarchistes, nationalistes et syndicalistes-révolutionnaires.

Une démarche qui n'est pas sans évoquer celle de l'actuelle opposition patriotique russe et en particulier celle du "Front de Salut National" qui regroupe aussi bien communistes que Nationalistes-révolutionnaires ou monarchistes russes. A ce titre est particulièrement révélatrice la couverture du numéro 1 de la revue "Elementy" animée par Alexandre Douguine (par ailleurs co-fondateur du "Front national-bolchevique") qui portait les trois drapeaux de l'opposition patriotique russe unie : drapeau rouge communiste, drapeau tricolore à aigle bicéphale des monarchistes et drapeau noir des nationalistes-révolutionnaires ! (66)

 

 

DU CONFORMISME A L'INSULTE :

 

LE "DEBAT" ACTUEL DANS LA GRANDE PRESSE

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Nous avons évoqué dans l'introduction de cet article le phénomène journalistique que représente le National-Bolchévisme en cet été 1993.

Un pseudo débat s'est d'ailleurs ouvert au sein de la grande presse française, que ce soit "LIBERATION" (67), "LE MONDE" (68), "GLOBE" (69) ou "L'EVENEMENT DU JEUDI" (70) à ce sujet. Quelques articles, qui sont de simples démarques peu intelligentes de ceux-ci, sont également parus dans la presse belge, notamment dans "LE SOIR" (71).

Ce débat s'est ouvert à l'occasion d'un règlement de compte interne au Parti communiste français où se préparait la succession de Georges MARCHAIS à la tête du parti. Il a trouvé également ses origines dans une campagne de presse menée quelques mois auparavant en Allemagne à propos d'un mini scandale politique suscité par la rencontre de Christine OSTREWSKI, une des vices-présidentes du "Parti de la Démocratie Socialiste", le PDS (nouvelle appellation de l'ex-SED d'Allemagne de l'Est) avec un des responsables de l'"Offensive nationale", une formation classée à l'extrême-droite.

Sur ce sujet, les journalistes allemands parlèrent de "national-bolchévisme" et dénoncèrent la "tentation" existant en Allemagne en ce sens. Le "SPIEGEL" devait notamment consacrer plusieurs articles à ce sujet.

Ce débat allemand trouva d'ailleurs un écho il y a quelques semaines à l'occasion de la publication d'un article intitulé "NATIONAL-BOLCHEVISME, UN SPECTRE ALLEMAND" dans le numéro 87 de la revue "Les dossiers de l'Histoire" (72). Contrairement aux articles déjà évoqués, ce dossier représentait une étude un peu plus sérieuse, ayant visiblement largement puisé d'ailleurs dans la thèse du professeur Louis DUPEUX, sans jamais toutefois la citer. Cet article pourtant manque de profondeur historique puisqu'il ne voit dans le National-Bolchévisme qu'une tentation et une réalité allemandes, que ce soit dans les Années 20-30 ou aujourd'hui, les auteurs de cet article ignorant visiblement tout de l'expansion du phénomène national-bolchévique dans l'Europe depuis les Années 60 et en particulier de sa réalité actuelle en France, en Belgique ou en Russie.

Le pseudo débat mené dans la grande presse en fait s'attache uniquement dans un but polémique (visiblement à usage finale interne au Parti communiste français, où il permet un règlement de compte entre factions opposées) à la convergence entre certains intellectuels d'extrême-droite, comme Alain DE BENOIST, et des intellectuels communistes. Ces articles mettaient également en avant quelques revues non-conformistes telles "LE CHOC DU MOIS" ou "L'IDIOT INTERNATIONAL", alors édité à Paris par le courageux et talentueux écrivain non-conformiste feu Jean-Edern HALLIER (73), où s'expriment aussi bien des penseurs étiquetés comme "communistes", que des écrivains d'extrême-droite.

Soigneusement, soit par méconnaissance, soit par volonté de censure, les journalistes qui écrivent ces articles évitent par contre de parler de l'autre réalité du phénomène national-communiste en ce XXème siècle finissant, à savoir les différents mouvements politiques, tels "Nouvelle Résistance" en France, Le "Front National- Bolchévique" en Russie ou le "Parti Communautaire National-européen", qui dans la pratique ont opéré une fusion politique doctrinale et militante de type national-communiste.

Le manque d'élévation de la plupart de ces articles ne méritant d'ailleurs pas que l'on s'y attarde. Ceux-ci tombant d'ailleurs rapidement dans l'invective et l'injure politique.

Il faut cependant à ce sujet relever une perle. Dans l'hebdomadaire "GLOBE" du 7 juillet 1993, un certain Laurent DISPOT adressait une lettre ouverte violemment pamphlétaire à Georges MARCHAIS, qualifié de "COMMUNISTE NATIONAL MESSERSCHMIT" (74), et ressort la resucée des belles légendes sur le "parti des fusillés" (l'auteur ignore sans doute que la collaboration fut aussi et beaucoup l'affaire de la gauche et de l'extrême-gauche, communistes y compris). DISPOT avance comme remède au "danger national-communiste" de défende l'Union européenne et ce d'avancer "UN SOCIAL EUROPEISME". Il est remarquable que dans des articles qui se veulent bien informés, un journaliste ignore tout simplement que la majorité des mouvements nationaux-communistes actuels de Lisbonne à Moscou défendent également cette construction européenne dans la ligne de la "JEUNE-EUROPE" des Années 6O et dans un sens beaucoup plus approfondi que les timides avancées de la sociale-démocratie européenne présentées comme la panacée universelle. Il est vrai que l'auteur n'a sans doute jamais entendu parler ni de Jean THIRIART ni de l'Ecole "EURO-SOVIETIQUE".

La tonalité générale de cette campagne de presse est donnée lorsque l'on voit avancer à plusieurs reprises comme ouvrage de référence "MANGAGES TOTALITAIRES" de Jean-Pierre FAYE, paru en 1972 (75), et rédigé sur base d'une documentation incomplète et souvant inexacte, ouvrages rempli d'approximations que dénonçait déjà le professeur Louis DUPEUX dans sa remarquable thèse publiée en 1980. Il est aussi symptomatique que cet ouvrage de référence, le seul existant à ce jour en langue française sur le sujet, ne soit pas cité une seule fois dans les nombreux articles de presse paru sur le National-bolchevisme en cet été 1993.

Il est révélateur aussi que ne soient pas cités une seule fois dans ces nombreux articles les noms des nationaux-communistes hambourgeois de 1918, WOLFFHEIM et LAUFENBERG. Il est vrai que ceux-ci étaient d'authentiques communistes, qu'il furent à l'origine du premier mouvement national-communiste en Allemagne et en Europe. Il est vrai aussi que la postérité d'un LAUFENBERG au sein du courant doctrinal communiste est importante et extrêmement dérangeante pour les spécialistes du prêt-à-penser conformistes, comme le soulignait Louis DUPEUX : "Nous verrons que la thèse de l'"écrasante majorité du peuple", adoptée par LAUFENBERG, sera reprise plus tard - et par deux fois - par les communistes "orthodoxes"" (76). Une thèse qui sera à la base des travaux des juristes constitutionnalistes soviétiques jusqu'à l'époque actuelle ! (77).

L'autre caractéristique principale de ce débat intellectuel est surtout son parisianisme excessif. Les nombreux articles en effet sont consacrés à quelques figures des milieux intellectuels parisiens ( les quelques exemples cités en Russie, ne le sont que pour contribuer à ce débat au sein d'un microcosme). La dimension Européenne du National-Bolchévisme contemporain, sa véritable dimension politique au-delà des quelques cénacles intellectuels parisiens mentionnés est totalement ignorée par cette campagne de presse.

 

 

L'ALTERNATIVE NATIONALE-BOLCHEVIQUE

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L'échec du système politique dominant est chaque jour plus frappant. L'économie capitaliste mondiale, avec son hégémon américain, a beau proclamé sa victoire sur le système communiste, elle n'en est pas moins arrivée au stade final de décadence de son histoire.

L'économie mondiale n'est plus possible. La raréfaction et l'impossibilité d'ouverture de nouveaux marchés nous conduit inévitablement à la formation de géants économiques et à la guerre entre eux.

La dialectique National-bolchevique est en fait une réponse à la dégradation de la situation sociale, économique et politique actuelle, à l'échec du système éducatif, à l'incapacité à assurer le plein emploi, à la montée de la paupérisation et du chômage, au retour de la misère sociale, qui sonnent chaque jour le glas du système capitaliste et de la particratie de pseudo-démocratique qu'il incarne. L'alternative national-bolchevique est la réponse fondamentale à la faillite du modèle américain, avec ses prétentions à dominer l'économie mondiale et sa volonté de jouer le rôle de gendarme du monde.

 

 

CONTRE LA RECUPERATION DES

 

OPPOSITIONS AUX SYSTEMES,

 

LA DIALECTIQUE NATIONALE-BOLCHEVIQUE

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Les oppositions aux systèmes, partout en Europe, depuis la fin de la seconde guerre mondiale sont atomisées. Les réactions sont souvent locales, régionales, de types "poujadiste", c'est-à-dire sans volonté révolutionnaire, sans cohésion, sans planification. C'est ce qui a sauver jusqu'ici le Système. L'Opposition au système, qui comprend un large arc politico-social, comprend aussi bien l'Opposition nationale (à l'extrême-droite), que l'opposition communiste (à l'extrême-gauche), l'opposition Néo-Poujadiste des classes moyennes ou l'opposition des différents courants écologistes, ne débouche sur aucune menace réelle pour celui-ci.

Etant donné que chacune de ces oppositions sont opposées, qu'elles ne sont pas coordonnées et sont récupérées mouvement par mouvement, contestation par contestation.

Le système a en effet parfaitement tiré la leçon des soulèvements communistes et fascistes qui l'on menacé depuis les Années 20 jusque la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Une série de garde-fous a été mise en place. La force du système c'est sa capacité à récupéré la contestation.

La dialectique nationale-bolchevique veut répondre à cet échec des contestations isolées partout en Europe. un échec qui révèle clairement qu'il manque à l'opposition au système dominant et un cerveau et un cœur. Et comme l'on souligné LENINE, GRAMCI ou Jean THIRIART un Parti révolutionnaire. Sans Parti Révolutionnaire, pas de révolution, sans unification révolutionnaire politique, organisationnelle et théorique pas d'unité de l'opposition. La question clé de cette unité de l'opposition au système et de sa structuration est le centre du débat ouvert par le National-Bochévisme, aussi bien au début des Années 20 qu'en ce XXème siècle finissant.

 

 

ALLIANCE "BRUN/ROUGE"

 

OU

 

"FRONT UNI NOIR/ROUGE/VERT" ?

 

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La presse du Système, en vue de déconsidérer l'alternative national- bolchevique, fait ses gros titres sur l'alliance des soi-disant "Bruns" et "Rouges", au-delà de toute réalité politique.

Il est évident pour un observateur politique lucide, ou tout simplement honnête, que le point central du National-bolchevisme n'est absolument pas une alliance entre de soi-disant néo-nazis et des communistes archaïques, mais bien l'unité des forces dynamiques d'opposition au système : Nationaux-révolutionnaires, Nationaux- Communistes et écologistes (non liés au système). Les "Bruns", les sordides nostalgiques néo-nazis, n'ont évidemment pas leur place dans une telle construction et ne sont que de simples marionnettes animées par les services psychologiques de Washington ou de Tel-Aviv, en vue de semer la division et la haine en Europe.

Le but aujourd'hui de la stratégie nationale-bolchevique est d'organiser la révolte, d'encadrer le dégoût. Il est bien certain que lorsque les pseudos mouvements d'opposition que sont l'extrême-droite (du type des "Front National") ou les Ecologistes auront fait la preuve de leur incapacité fondamentale à organiser cette révolte et à déboucher sur une alternative au Système, la voie sera enfin libre pour une alternative beaucoup plus radicale, pour un mouvement véritablement automatiquement révolutionnaire. Ce sera alors l'heure du National-bolchevisme. En ce sens l'exemple des révolutions Russe de 1917 est plein d'enseignement sur cette démarche historique. Après les libéraux de& février, après les KERENSKY, sont venu les Bolcheviques et la Révolution d'Octobre.

Aujourd'hui partout en Europe les militants du National Bolchevisme préparent leur Octobre.

 

Luc MICHEL



 

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES:

 

(1) Louis DUPEUX, "STRATEGIE COMMUNISTE ET DYNAMIQUE CONSERVATRICE - ESSAI SUR LES DIFFERENTS SENS DE L'EXPRESSION "NATIONAL-BOLCHEVISME" EN ALLEMAGNE, SOUS LA REPUBLIQUE DE WEIMAR (1919-1933)", Thèse présentée devant l'Université de Paris 1 le 28/11/1974, Librairie Honoré Champion, Paris 1976, 1ère édition.

(2) "Les compagnons de route de la galaxie nationale-bolchevique", in "LIBERATION", Paris, mardi 29 juin 1993.

(3) Pol MATHIL, "Fiction politique ou politique sans fiction ? L'ALLIANCE DES BRUNS ET DES ROUGES", in "LE SOIR, Bruxelles, 3/4 juillet 1993.

(4) Sur "JEUNE-EUROPE3, consulter :

Yannick SAUVEUR, "JEAN THIRIART ET LE NATIONAL-COMMUNAUTARISME EUROPEEN", thèse présentée devant l'Université de Paris en 1978, 3ème édition en 4 volumes, Editions MACHIAVEL, Charleroi, 1985.

et

"DOSSIER JEAN THIRIART", in "VOULOIR", n° 97, Bruxelles, Janvier-Mars 1993.

(5) sur le "Parti Communautaire National-européen" et sa démarche politique et doctrinale, consulter une courte synthèse honnête in

Manuel ABRAMOWICZ, "L'étrange PCN...", in "REPUBLIQUE", mensuel, n° 5, Liège,Octobre 1992.

(6) Louis DUPEUX, opus cit., Chapitre III, "Chantage au Bolchevisme et "Bolchevisme allemand" au printemps 1919", p. 67.

(7) Le 6 novembre 1918 éclate la révolution communiste à Hambourg. Militant d'extrême-gauche, WOLFFHEIM y joua un rôle de premier plan, prenant la tête des soldats et marins mutinés. C'est à Hambourg que la République socialiste est proclamée pour la première fois en Allemagne. Un "Conseil provisoire des ouvriers et des soldats" y prit la direction de la révolution. LAUFENBERG, lui-aussi militant communiste, fut élu président du Conseil.

(8) Lors du Congrès clandestin du KPD à Heidelberg, en octobre 1919, la direction spartakiste (LEVI) obtint frauduleusement l'exclusion du groupe hambourgeois, opposé à la direction du Parti. Les exclus hambourgeois entraînèrent la majorité des adhérents du KPD, qui perdit rapidement plus de la moitié des ses 100.000 adhérents.

En avril 1920 fut créé le KAPD, dont WOLFFHEIM et LAUFENBERG furent brièvement les leaders. Devant l'importance de la scission, le KOMINTERN, au mépris de ses propres statuts, dut accepter l'adhésion de ce second parti communiste à l'Internationale. Celle-ci devint une arène où s'affrontaient KPD et KAPD, le premier devant finalement l'emporter et rester seul en lice.

(9) Louis DUPEUX, opus cit., Chapitre IV, "1923 - La crise de la Ruhr et la ligne "Schlageter" du Parti communiste allemand", p. 207.

(10) La position de RADEK vis-à-vis du National-bolchevisme devait évoluer radicalement. En 1919, il est l'adversaire déclaré des nationaux-communistes hambourgeois. Quatre ans plus tard, il est, au sein du KOMINTERN, l'homme de la politique de la main tendue aux nationalistes.

(11) Le 9 mai 1923, le conseil de guerre français de Dusseldorf condamnait à mort le lieutenant SCHLAGETER, chef de corps-francs, pour sabotage. SCHLAGETER, exécuté, était le premier à subir la peine de mort. Cet événement aura un immense retentissement en Allemagne. HITLER devait faire de SCHLAGETER le premier martyr de sa cause.

(12) "DER WANDERER INS NICHTS", roman de F. FRESA, mettant en scène la mort d'un lieutenant de corps-francs engagé contre les communistes spartakistes.

(13) Warren LERNER, "KARL RADEK, THE LAST INTERNATIONALIST", Stanford, 1970.

(14) Sur l'engagement révolutionnaire de l'Organisation "JEUNE-EUROPE", consulter :

Luc MICHEL, "De Jeune-Europe aux Brigades Rouges, antiaméricanisme et logique de l'engagement révolutionnaire", in "CONSCIENCE EUROPEENNE",Mensuel, n° 11, mars 1985.

(15) Jean THIRIART, "Vers une paralysie du Régime", in "JEUNE EUROPE3, bimensuel, n° 212, 11 juin 1965, p. 2.

(16) Il déclarait notamment en 1975, dans une interview accordée à la revue universitaire "LES CAHIERS DU C.D.P.U." (n° 12) : "J'ai commencé, très jeune comme vous le savez, mon "parcours, ma "quête du graal politique" dans le Parti communiste. C'était du temps de STALINE".

(17) cfr la postface de Marcel PONTHIER, intitulée "Influences", in "LA GRANDE NATION, l'EUROPE DE BREST A BUCAREST", Bruxelles, 1ère édition, octobre 1965.

(18) Jean THIRIART, sous le pseudonyme de "TISCH", "L'Europe et l'URSS, un Rapallo européen : pourquoi pas ?", in NATION BELGIQUE/JEUNE EUROPE, n° 85, 2 mars 1962.

(19) Jean THIRIART, "LA GRANDE NATION, L'EUROPE UNITAIRE DE BREST A BUCAREST", opus cit., p. 60.

(20) sur les rapports entre le Communautarisme et les économies socialistes, consulter :

Luc MICHEL, "L'avenir du Socialisme, le Socialisme de l'avenir : le Communautarisme national-européen", in Jean THIRIART et Luc MICHEL, "LE SOCIALISME COMMUNAUTAIRE", n° spécial du mensuel "CONSCIENCE EUROPEENNE", hors série n° 4, Charleroi, 1985.

(21) Jean THIRIART, "106 QUESTIONS SUR L'EUROPE - Entretiens avec le journaliste espagnol B.G. MUGARZA", Editions MACHIAVEL, Charleroi, 2ème édition, 1985.

(22) Jean THIRIART, "Echiquier mondial et national-communismes", in "LA NATION EUROPEENNE", mensuel, n° 11, 15 novembre 1966, p. 13.

(23) Revue "MEDUNARODNA POLITIKA", Belgrade, n° 392/393, août 1966.

(24) Luc MICHEL, "De Jeune-Europe aux Brigades rouges ...", opus cit.

(25) José CUADRADO COSTA, "L'Union Soviétique dans la pensée de Jean Thiriart", étude reprise dans l'édition en 4 volumes de la Thèse de Yannick SAUVEUR, opus cit.

(26) Sur FREDA , consulter :

Luc MICHEL, "De Jeune-Europe aux Brigades rouges ...", opus cit.

et

José CUADRADO COSTA et Luc MICHEL, "REVOLUTION EUROPEENNE OU TRADITION ?", numéro spécial de "CONSCIENCE EUROPEENNE, n° 12, Charleroi,

(27) Claudio MUTTI, notes complémentaires à la seconde édition de "LA DESINTEGRATION DU SYSTEME" de G. FREDA, Paris, 1980, ps 53-54.

(28) Yannick SAUVEUR, "L'organisation LUTTE DU PEUPLE, un mouvement national-bolchevik ?", conférence de science politique, Paris, sans date, p. 11.

(29) Ibid., p. 3

(30) Ibid., p. 22

(31) Sur la démarche du P.C.N., consulter :

Manuel ABRAMOWICZ, "La longue marche du PCN", in "EXTREME-DROITE ET ANTISEMITISME EN BELGIQUE DE 1945 A NOS JOURS", Editions EPO, Bruxelles, 1993, ps. 45 à 49

et

Thierry MUDRY, "Quand un homme classé à l'"extrême-droite" utilise le corpus doctrinal marxiste-léniniste. La notion de "Parti historique révolutionnaire" au PCN", in "VOULOIR", n° 32 , Bruxelles, Automne 1986.

(32) Luc MICHEL, "PCN ... européen jusqu'à Vladivostok", interview au quotidien socialiste "LE PEUPLE", Charleroi, 14 et 15 septembre 1985.

(33) Cfr "L'extrême-droite francophone face aux élections du 24 novembre 1991", in "COURRIER HEBDOMADAIRE DU C.R.I.S.P.", n°1350, Bruxelles, Mai 1992;

et "Droit de réponse du P.C.N.", supplément au "COURRIER HEBDOMADAIRE DU C.R.I.S.P.", n°1353 , Bruxelles, Mai 1992

(34) Christophe BOURSEILLER, "Des nationalistes ... pro-soviétiques", in "LES ENNEMIS DU SYSTEME", Ed Robert LAFFONT, Paris, 1989,

et "National-communisme : le socialisme sans la lutte des classes", in "EXTREME DROITE, L'ENQUETE", Editions François BOURIN, Paris,1992.

(35) Manuel ABRAMOWICZ, "L'étrange PCN...", opus cit.

(36) "Belgium", in "ANTISEMITISM WORLD REPORT 1993", Institute of Jewish Affairs, 1993.

La citation originale en langue anglaise est : "The PCN is not a far-right organization, but it follows the revolutionary ideas of Belgian theoretician Jean Thiriart. The PCN, which is also active in Brussels, has links with the European Liberation Front, a pan-european, anti-american movement, the french far-right group Nouvelle Résistance and the Russian National Salvation Front, on whose behalf it has been issuing press releases".

(37) "Ordre n° 1 sur la création du Front national-bolchevique", publié in : Edward LIMONOV, "Moscou en mai", in "LE CHOC DU MOIS", N° 65, Paris, juin 1993, p. 20.

(38) "Résistance européenne, le retour de Jean Thiriart", in "NATIONALISME ET REPUBLIQUE", n° 4, Printemps 1991.

(39) Cfr. Luc MICHEL, "OU VA L'OPPOSITION NATIONALE-EUROPEENNE ?", n° spécial du périodique "NATION EUROPE", Bruxelles, Juillet 1993.

(40) "Ordre n° 1 sur la création du Front national-bolchevique", opus cit.

(41) Ibid.

(42) Renzo DE FELICE, "CLES POUR COMPRENDRE LE FASCISME", Editions SEGHERS, Bruxelles,

(43) Joseph GOEBBELS, in "NATIONALSOZIALISTISCHE BRIEFE", 15 octobre 1925.

(44) Ibid.

(45) Louis DUPEUX, opus cit., Chapitre XVII, ""Entre Bismarck et Karl Marx, le Vorkämpfer", p. 433.

(46) Ibid.

(47) "ACTES DU IIeme CONGRES DU PCN (Juin 1986)", Charleroi, 1ère édition, 1986

(48) Armin MOHLER, "DIE KONSERVATIVE REVOLUTION IN DEUTSCHLAND 1918-1932", Grundriss ihrer Weltanschauungen, Stuttgard, 1950.

(49) Louis DUPEUX, opus cit., Chapitre I, "La "révolution conservatrice", arrière plan idéologique du "national-bolchevisme", (50) Arthur MOELLER VAN DEN BRUCK est en particulier l'auteur d'un livre à grand retentissement sous la République de Weimar et intitulé "LE TROISIEME REICH", un des ouvrages de référence de la "Révolution conservatrice. HITLER après 1933 devait s'emparer de l'expression et lui donner un tout autre contenu.

(51) Sur les théoriciens de la "Révolution conservatrice" (et aussi du National-socialisme), consulter :

Edmond VERMEIL, "DOCTRINAIRES DE LA REVOLUTION ALLEMANDE", N.E.L., Paris,

(52) sur le combat des nationaux-communistes contemporains contre l'extrême-droite, consulter :

"Droit de réponse du PCN", in "LE SOIR", Bruxelles, mai, 1993.

(53) Cité in Louis DUPEUX, opus cit.

(54) Otto STRASSER, "LE FRONT NOIR CONTRE HITLER", Ed. MARABOUT, Verviers, 1972.

(55) STRASSER était notamment l'auteur d'un livre intitulé "EUROPAISCHE FEDERATION. Die Schweiz als Vorbild Europas ", publié en 1936 (Reso-Verlag, Zürich), où il prônait le modèle suisse comme référence pour l'unification européenne.

(56) "NATION EUROPE", Hebdomadaire, Bruxelles, 4 mars 1962,

et "LA NATION EUROPEENNE", Bruxelles,mensuel, n° 13, 15 janvier 1967.

(57) Louis DUPEUX, opus cit., Chapitre XX, "Otto Strasser était-il "national-bolcheviste" ?", p. 493

(58) Louis DUPEUX, opus cit., Chapitre I

(59) Otto-Ernst SCHUDDEKOPF, "LINKE LEUTE VON RECHTS. DIE NATIONAL-REVOLUTIONARE MINDERHEITEN UND DER KOMMUNISMUS IN DER WEIMARER REPUBLIK", Stuttgard, 1960.

(60) José ORTEGA Y GASSET, "LA REVOLTE DES MASSES", Ed. GALLIMARD, Paris.

(61) E. MALYNSKI, "L'EMPREINTE D'ISRAEL", Paris, 1926,ps.38 à 41.

(62) Ibid.

(63) Sur SOREL, consulter : Fernand ROSSIGNOL, "POUR CONNAITRE LA PENSEE DE G. SOREL", Bordas, Paris, 1948.

(64) cfr Zev STERNHELL, "LA DROITE REVOLUTIONNAIRE. 1885-1914", Seuil, Paris, 1973.

(65) Cfr. Michael FREUND, "GEORGES SOREL. DER REVOLUTIONARE KONSERVATISMUS", Ed. Vittorio Klostermann, Frankfurt/Main, 1972.

(66) "ELEMENTY",n° 1, Moscou, 1992.

(67) François BONNET, "Les compagnons de route de la galaxie nationale-bolchevique" et entretien avec Didier DAENINCKX, "De fortes convergences idéologiques", in "LIBERATION", 29 juin 1993, opus cit.

(68) "LE MONDE" a publié une série d'articles et d'interventions sur le sujet à partir du 26 juin 1993.

(69) Elie LEO et René MONZAT, "Quand l'extrême gauche flirte avec l'extrême droite. L'affaire du national-communisme à la française" et M. N. "Rouges et bruns : une vieille histoire d'amour", in "GLOBE", hebdomadaire, Paris, n° 21, 30 juin 1993

et Dossier spécial "La resucée du "national-communisme. des apprentis Hitler ?" in "GLOBE", n° 22, 7 juillet 1993.

(70) Karl LASKE et René MONZAT, "Au-dessus d'un nid de cocos mutants", in "L'EVENEMENT DU JEUDI", hedomadaire, Paris, N°453, 8 juillet 1993.

L'article est présenté avec le "chapeau" suivant : "Dans les comités de rédaction rouge-brun et les colloques de "recomposition politique", le "nationalisme de gauche" cherche timidement son chemin. La nouvelle droite lui tient la main".

(71) P

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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 13:11
L'ALTERNATIVE

 

NATIONALE-COMMUNISTE

 

Vous trouverez ci-après la version originale de la brochure "L'Alternative Nationale-Communiste" écrite en 1993. 

Celle-ci est en cours réactualisation afin de prendre en compte les évolutions politiques depuis cette date.

 

 

 

Mythes et réalités du National-Bolchevisme

 

1918 - 1993

 

"Faites de la cause de la Nation la cause du peuple et la cause du peuple sera celle de la Nation" (V.I. LENINE)".

 

"Imaginons un laboratoire. Dans ce laboratoire, une soupe primitive. Dans cette soupe primitive, un big-bang. Et à l'intérieur de ce big-bang, toute une chaîne de réactions chimiques d'une violence extraordinaire. Des molécules qui se défont... Des molécules qui se refont... Un formidable processus, oui, de fission, combustion, reconstitution corpusculaire au terme duquel apparaîtraient des produits de synthèse inédits... Qui, en 1920, prédisait la synthèse du "national" et du "socialisme"? Qui, avant BARRES, pouvait imaginer la rencontre, la seule rencontre, des deux mots? Eh bien, nous y sommes. L'Europe, mutatis mutandis, en est là. Elle ne régresse pas, elle invente. Elle ne rumine pas, elle improvise. Elle ne répète pas les formules anciennes : elle les brûle, les broie et, de leurs fragments brisés, puis follement réagencés, fait des précipités nouveaux, jamais répertoriés. Il y a là du nationalisme, bien sûr. Et des bouts de populisme. Et des débris d'antisémitisme. Et un peu de bon vieux communisme, moins mort qu'il n'y paraissait. Mais tout cela brassé. Passé à l'épreuve du big-bang. Avec, au coeur du tumulte, aussi formidablement improbable que le fut, en son temps, la synthèse fasciste, un monstre que la nouvelle Europe enfante sous nos yeux - quoique, pour l'heure, dans notre dos. Il n'a pas encore de nom, ce monstre. Ni de visage. L'hypothèse est, seulement, qu'il existe. Ou qu'il doit, un jour, exister."

(B.H. LEVY,"Penser l'Europe", in "LE MONDE DES DEBATS", 1993)

 

En cet été 1993, la grande presse découvre ce qu'elle appelle la tentation ou le danger national-bolchevique. De Paris à Moscou, nos journalistes semblent découvrir un phénomène nouveau, leur a-culture politique flagrante ne leur ayant jamais fait découvrir la remarquable thèse du professeur Louis DUPEUX, écrite il y a déjà 15 ans sur le National-bolchevisme (1).

De "LIBERATION" (Paris) au "SOIR" (Bruxelles), en passant par le Monde qui a ouvert un véritable débat sur le sujet, les articles fleurissent, souvent à contre-sens sur le thème du National- bolchevisme ou de la fusion entre nationalistes et communistes. Ainsi, "LIBERATION" titre sur la "galaxie nationale-bolchévique" et parle "des convergences idéologiques étonnantes" qui "se sont révélées ces derniers mois entre quelques intellectuels communistes et d'"extrême-droite". Il souligne le "rapprochement au nom d'une même haine de la gauche-socialiste, de l'Amérique ou du sionisme" (2). Le "SOIR", lui, parle de l'"alliance des bruns et des rouges" et sous-titre : "fiction politique ou politique sans fiction ?" (3).

Pourtant, au-delà de sa première expression politique entre les deux guerres mondiales, le National-bolchevisme était devenu une réalité politique européenne dès le milieu des Années 60, avec la "JEUNE-EUROPE" de Jean THIRIART et son évolution, dès 1965, vers des thèses nationales-communistes (4). Dès les Années 80, avec le "Parti Communautaire National-européen"(5), le National-bolchevisme trouvait également une expression politique nouvelle. Aujourd'hui, de nombreux courants, outre le P.C.N. déjà cité, comme "NOUVELLE RESISTANCE" en France, ou le "FRONT NATIONAL-BOLCHEVIQUE" récemment créé à Moscou, se réclament de thèses prônant la fusion offensive du nationalisme-révolutionnaire et du communisme léniniste contre le Système, le Nouvel Ordre Mondial et son hégémon américain. La grande presse s'est attachée à des aspects pourtant marginaux du phénomène national-bolchevique, à savoir en France la démarche commune d'intellectuels communistes et d'extrême-droite, soulignant cependant parfois en Russie la démarche politique de militants communistes et de militants nationaux-révolutionnaires. Le National-bolchevisme, c'est pourtant bien plus, c'est aussi et surtout la volonté politique de dépasser les clivages de Droite et de Gauche, d'anti-fascisme ou d'anti-communisme entretenus par le système pour diviser l'opposition et la volonté réelle d'offrir une alternative politique à la décadence du monde contemporain. Tels sont les différents aspects de ce que "LIBERATION" appelle la "galaxie nationale-bolchevique".

Confrontés précédemment à de tels phénomènes politiquement inclassables, les spécialistes du prêt-à-penser et du conformisme intellectuel avaient préféré ranger ceux-ci dans un tiroir fourre-tout fort commode, sous le vocable générique d'"extrême-droite", montrant par là et leur manque de culture historique et politique et leur refus d'envisager des réalités dérangeantes pour les schémas traditionnels dans lequel est aujourd'hui enfermée la pensée socio-politique.

 

 

LA NAISSANCE DU NATIONAL-BOLCHEVISME

Le National-bolchevisme, au-delà de ses précurseurs sur lesquels nous reviendrons et au premier plan desquels se trouvent Georges SOREL, est né historiquement en Allemagne du choc de la défaite en 1918 du deuxième Reich et de la crise consécutive à la création de la Russie Bolchevique en 1917. Dés sa naissance le National-bolchevisme allemand présenta d'ailleurs les deux tendances que nous avons soulignées, d'une part une collaboration entre intellectuels nationanistes et communistes, d'autre part un authentique mouvement National-Révolutionnaire, fusionnant l'idéologie léniniste avec un contenu nationaliste. Le National- bolchevisme est né d'une réaction à l'ordre international imposé par le Traité de Versailles, dont les véritables victimes furent principalement l'Allemagne et la Russie Soviétique, ainsi que l'Italie. Au delà des oppositions idéologiques, le poids de l'ordre de Versailles, dicté en grande partie par les Etats-Unis du Président WILSON, va dicter une position commune aux nationalistes allemands et aux communistes russes. Avant d'être une construction théorique ou une construction politique révolutionnaire, le National- Bolchevisme allemand sera surtout la rencontre des frustrations allemandes et russes face à l'ordre de Versailles. Devant le pillage et le démembrement de l'Allemagne et de la Russie par les vainqueurs de 1918, devant les exigences démesurées des vainqueurs de 1918, de nombreux intellectuels allemands déclarèrent ouvertement que le régime Bolchevique récemment instauré en Russie était préférable à l'humiliation et à la ruine imposées à leur patrie allemande.

"Le prétendu "Bolchevisme" national naît dans la fièvre, à la rencontre de deux peurs, mais dans des circonstances objectivement défavorables ... Solution héroïque, séduisante pour une minorité d'idéalistes, il plonge ses racines dans une tradition réactionnaire authentiquement "allemande"; il déborde ainsi le cadre d'une simple combinaison de circonstances et c'est pourquoi la "tentation" devait survivre et se manifester dès que la situation extérieure ou intérieure offrirait la perspective d'une remise en cause radicale - mais nationale - d'un ordre marqué, aux yeux de la droite extrême, du signe de l'Occident vainqueur" (6).

Le grand germaniste ELTZBACHER, professeur de Droit à Berlin, sera le premier à théoriser cette position, en avril 1919 dans une proclamation à Berlin qui constitue la première manifestation doctrinale cohèrente du National-Bolchevisme.

Les idées du Professeur Paul ELTZBACHER trouvèrent une oreille attentive du côté soviétique, où Karl RADEK chargé par l'International communiste, le KOMINTERN, de la préparation de la révolution en Allemagne prônera l'alliance entre nationalistes allemands et communistes russes.

En novembre 1919, RADEK devait déclarer : "Voilà pourquoi les nationalistes honnêtes comme ELTZBACHER qui, révolté par la Paix de Versailles, ont prôné l'union avec la Russie soviétique, ce que l'ont appelle le Bochévisme National, sont restés à ce jour si complètement isolés".

 

 

LE NATIONAL-COMMUNISME HAMBOURGEOIS

 

A cette première convergence intellectuelle national-Bolchevique devait rapidement répondre ce qui est l'essence même et véritable du Bolchevisme, la fusion entre Nationalisme et Communisme-léniniste dans une formation politique commune.

Celle-ci devait s'incarner dès 1919 dans un courant national-bolchevique développé à partir de Hambourg par deux leaders de la révolution soviétique de 1918 dans cette ville, Heinrich LAUFENBERG et Friedrich WOLFFHEIM (7), qui développèrent des positions nationales-communistes. Il s'agissait de l'affirmation de positions communistes radicales en alliance avec des tendances nationales marquées. En 1919 et 1920, WOLFFHEIM et LAUFFENBERG animèrent aussi bien en Allemagne qu'au sein de l'Internationale un courant national-bolchevique, qui faisait concurrence aux positions des Spartakistes qui venaient de constituer le "Parti Communiste Allemand", le K.P.D.

Chassés en octobre 1919 de ce Parti, ils fondèrent immédiatement un Parti communiste dissident, le "K.A.P.D.", le "Parti Communiste Ouvrier Allemand" (8). Au sein de ce parti, qui sera représenté jusqu'en 1922 au sein du KOMINTERN, WOLFFHEIM et LAUFFENBERG défendaient l'idée de créer une Armée Rouge allemande afin de reprendre la guerre contre les vainqueurs de VERSAILLES.

Après la victoire les Nationaux-Socialistes en 1933, certaines structures nationale-Bolcheviques parvinrent néanmoins à subsister au sein de l'appareil politique et intellectuel du IIIème Reich. En particulier le "FICHTE-BUND", créé à HAMBOURG dans la mouvance du "K.A.P.D.", parviendra à s'intégrer et à survivre au sein du IIIème Reich. Dirigé par le professeur KESSEMAIER depuis Hambourg, ce mouvement universitaire et intellectuel devait avoir de nombreux correspondants en Europe. Parmi ceux-ci, un jeune liégeois issu des rangs de l'extrême-gauche communiste, un certain Jean THIRIART, sur lequel nous reviendrons ...

 

 

LE NATIONAL-BOLCHEVISME ALLEMAND DES ANNEES 20-30

A partir du milieu des Années 20 et jusqu'à l'avènement du National- socialisme en 1933, le National-Bolchevisme deviendra une partie importante du paysage intellectuel de la République de WEIMAR. De nombreux intellectuels adopteront des positions nationales-bolcheviques.

Au premier rang de ceux-ci il faut placer ERNST NIEKISCH qui deviendra le plus célèbre et le principal représentant du courant national-bolchevique allemand.

Issu du courant socialiste Allemand, NIEKISCH évoluera vers des positions nationales Bolcheviques et néo-nationalistes, en particulier à travers la revue qu'il animait "WIDERSTAND" (résistance), qui aura une influence considérable notamment sur les mouvements de jeunesse allemands d'avant 1933. La mouvance de NIEKISCH était constituée par d'anciens sociaux-démocrates et syndicalistes, auxquels s'ajoutèrent de nombreux représentants du courant néo-nationaliste.

NIEKISCH après 1933 évoluera de plus en plus dans un sens anti-hitlérien, qui conduira à l'interdiction de sa revue et à son internement dans un camp de concentration dont il ne sortira qu'en 1945.

Il participera avant sa mort à la naissance de la République Démocratique Allemande, dans laquelle il voyait l'exaltation des valeurs communistes et prussiennes qui furent toujours les siennes.

 

 

KARL RADEK ET LE "VOYAGEUR DU NEANT"

"L'année 1923 est réputée avoir connu une nouvelle grande vague de "national-bolchevisme", au sens vulgaire et flou de contacts entre nationalistes et communistes. L'origine de cette vague, en vérité très mêlée, est la "LIGNE SCHLAGETER" au moyen de laquelle le Parti communiste allemand (KPD) tenta de "gagner les classes moyennes en voie de prolétarisation", en usant délibérément du thème patriotique. Au cours de cette campagne, on vit des leaders du parti engager et même rechercher le débat avec des éléments qualifiés de "fascistes" ou fascisants. Les sociaux-démocrates et les partis "bourgeois" relancèrent alors la vieille accusation de collusion entre les deux extrêmes... le héraut de la nouvelle ligne était ... RADEK" (9).

Le National-Bolchévisme allemand du début des Années 20 est indissociable de la figure du dirigeant de l'Internationale Communiste Karl RADEK. Chargé par le KOMINTERN d'organiser et de coordonner la révolution bolchevique en Allemagne, RADEK avait fini par comprendre (10) tout le parti qu'il pouvait tirer du phénomène national-bolchevique et il ne manqua jamais alors de favoriser celui-ci. Lorsqu'en 1923 les armées françaises et belges occupèrent la RUHR, suite au non payement des réparations de guerre par une Allemagne exsangue, un mouvement de résistance important fut organisée par les Corps francs nationaux-révolutionnaires.

Le chef d'un de ceux-ci, Léo SCHLAGETER fut capturé et exécuté par l'armée française. SCHLAGETER devait devenir le premier héros du National-Socialisme. A l'occasion de sa mort, KARL RADEK lui rendit hommage dans un étonnant discours. Devant les représentants de l'Internationale Communiste réunis à MOSCOU, Karl RADEK devait énoncer ce qui suit : "La majorité du peuple allemand est composée d'hommes qui travaillent et qui doivent lutter contre la bourgeoisie allemande. Si les milieux patriotiques d'Allemagne ne se décident pas à faire leur la cause de cette majorité de la nation et à constituer ainsi un front contre le capital de l'entente et le capital allemand, alors le chemin suivit par SCHLAGETER serait le chemin du néant".

Dans ce même discours prononcé à MOSCOU le 20 juin 1923, RADEK parle aussi de SCHLAGETER en tant que "voyageur du néant", d'après le titre d'un roman à succès de l'époque (12).

Le discours de RADEK aura un retentissement énorme en Allemagne. Il sera d'ailleurs à l'origine de nombreuses convergences et débats entres intellectuels allemands d'extrême-droite et dirigeants communiste, au premier plan desquels se situait RADEK lui-même.

Une situation qui n'est pas sans évoquer les débats intellectuels menés actuellement notamment en France, et que dénonce en cet été 1993 sous le vocable de "national-communisme" la grande presse.

WARREN LERNER, biographe de Karl RADEL, évoque de façon saisissante l'action de ce dernier : "En 1923, Karl RADEK tenta d'utiliser le parti nazi naissant pour détruire la République de WEIMAR et favoriser la révolution communiste. RADEK fourni aux nazis leur premier héros, SCHLAGETER, fusillé dans la RUHR par les français et fit un discours célèbre à sa mémoire, approuvé par STALINE et ZINOVIEV. RADEK exprimait la conviction, partagée par les chefs du KOMINTERN, que "l'écrasante majorité des masses nationalistes appartient non au camp des nationalistes, mais aux camps des ouvriers, que des centaines de SCHLAGETER rejoindraient le camps de la révolution. HITLER de son côté, faisait part à ses camarades de sa conviction qu'un communiste pouvait toujours faire un bon nazi, mais qu'un social-démocrate ne le pourrait jamais" (13).

 

 

LA RESURGENCE DU NATIONAL COMMUNISME DANS LES ANNEES 60 :

 

"JEUNE-EUROPE" ET JEAN THIRIART

Pour voir apparaître un nouveau courant de tendance nationale-communiste, il faudra attendre les Années 60, avec l'organisation transnationale européenne "JEUNE-EUROPE" et le travail doctrinal de Jean THIRIART. Le climat intellectuel actuel se caractérise par un plat conformisme. Une des manifestations les plus stupides de celui-ci est la volonté marquée de donner à tout courant politique une étiquette le situant sur un échiquier conventionnel allant de l'extrême-droite à l'extrême-gauche. Et lorsqu'un mouvement révolutionnaire se situe hors de ce système régimiste, rien ne va plus. Viennent alors les pseudo explications sur la "convergence des extrêmes" et autres rêveries relevant du non politique, du phantasme ou tout simplement de la malhonnêteté intellectuelle. L'organisation "JEUNE-EUROPE" n'a pas échappé à ce phénomène et s'est vue cataloguée depuis plus de trente ans d'extrême-droite, voire de néo-fasciste, au mépris de toute réalité objective. Si l'on étudie pourtant cette organisation européenne au travers de son histoire réelle, de ses publications, la réalité est toute autre : nous nous trouvons devant un mouvement révolutionnaire original et inclassable, se situant hors des conformisme de "droite" ou de "gauche" et rejoignant par ses positions aussi bien politiques sociales que de politique étrangère, la synthèse nationale-communiste ou nationale-bolchévique des Années 20 et 30 (14).

"Organisation pour la formation d'un cadre politique", Parti révolutionnaire d'avant garde, "JEUNE-EUROPE" n'est pas sans rappeler le parti bolchévique d'après 1903 par ses méthode et son projet politique : "Une révolution exige la conjonction de plusieurs facteurs : posséder une idéologie globale (et pas seulement un petit programme électoral); être un groupe déterminé, organisé, homogène, discipliné, c'est-à-dire être un parti de combat; enfin trouver un terrain de crise ... L'idéologie nous l'avons, le groupe structuré nous le préparons, le terrain nous le guettons" (15).

Ancien militant stalinien au début de sa carrière politique avant-guerre (16), Jean THIRIART, le fondateur et le principal théoricien de "JEUNE-EUROPE", a d'ailleurs structuré son mouvement suivant les principes de la plus stricte orthodoxie organisationnelle léniniste et la hiérarchisation de celui-ci vient en droite ligne du "centralisme démocratique". A plusieurs reprises d'ailleurs, THIRIART reconnaîtra ouvertement l'influence exercée sur lui par Lénine dans ce domaine (17).

A partir de 1960, par paliers progressifs, la doctrine du mouvement, le "Communautarisme national-européen", dont le caractère socialiste est affirmé dès le début, glisse vers des positions nationales-communistes. Si dans les premières années du mouvement, THIRIART doit compter avec une aile droitière (essentiellement franco-belge) qui alimente un anti-communisme virulent, il n'en affirme pas moins dès 1960 des positions qui sont dans la ligne directe de celles qu'il défendra à partir des années 80 sous le titre générique d'"Ecole Euro-soviétique" : création d'une grande Europe de Dublin à Vladivostok , National-Communisme, et collaboration entre l'URSS et l'Europe Occidentale. Dès 1962, THIRIART écrivait : "A mon sens, il y a plus de possibilités de voir dans 25 ans les blocs ci-après se former : les deux Amériques (je reviendrai ailleurs sur le souhait de voir l'Amérique latine sauvée des yankees), le bloc asiatique Chine-Inde et le bloc Europe-Afrique-URSS. Ce qui nous permettrait d'imprimer non plus "de Brest à Bucarest" mais "de Brest à Vladivostok". La géopolitique dessine déjà cet avenir" (18).

Après l'élimination définitive de l'aile droitière de l'organisation en 1964, THIRIART va orienter "JEUNE-EUROPE" dans une direction où dominent deux orientations : d'une part un anti-américanisme radical, de l'autre un glissement progressif vers des positions nationales-communistes. THIRIART conçoit le Communautarisme comme un dépassement du communisme et non pas comme un adversaire; c'est là une position typique nationale-bolchevique. En 1965, il définissait le Communautarisme comme "un socialisme national-européen" et ajoutait que "dans un demi-siècle, le communisme aboutira bon gré, mal gré au Communautarisme" (19). Ici, l'histoire a failli lui donner raison puisqu' avant l'effondrement du bloc soviétique, les correctifs économiques qui furent introduits en Hongrie ou en Roumanie infléchissaient l'économie communiste dans le sens Communautariste (20).

En 1984, THIRIART précisera d'ailleurs clairement que le communautarisme est "un communisme européen démarxisé".

Cette évolution idéologique se traduira dans les faits de deux manières bien distinctes. D'une part une vision de plus en plus pro-soviétique qui aboutira en 1981 à la création par THIRIRART de l'Ecole doctrinale "Euro-soviétique". De l'autre, un rapprochement de l'organisation avec les régimes de l'Europe de l'Est qui évoluent alors dans le sens d'un national-communisme, essentiellement à l'époque la Yougoslavie de Tito et la Roumanie de Nicola Ceaucescu. Dans un article intitulé "Echiquier mondial et national-communisme" (22), THIRIRART affirme que "le concept révolutionnaire sera dans les années à venir la création d'une Europe socialiste de style révolutionnaire, notre Europe Communautariste et que dans cette construction les cadres et les militants communistes d'Europe de l'Est ont un rôle immense à jouer".

A l'été 1966, THIRIRART voyagera d'ailleurs en Roumanie et en Yougoslavie, multipliant les contacts officiels. En août 1966, la revue diplomatique officielle du gouvernement yougoslave "Medunarodna politika" publiera d'ailleurs en langue serbo-croate un long article de THIRIART sous le titre "Evropa od bresta do buquresta" (23). C'est la marque visible de l'intérêt rencontré au plus haut niveau pour les thèses européennes nationales-communistes de la "JEUNE-EUROPE" d'après 1965. Le plus spectaculaire de tous ces contacts au plus haut niveau sera d'ailleurs la rencontre entre Zhou Enlai et Jean THIRIART, organisée par les services de Ceaucescu à l'occasion de la visite du Premier Ministre chinois à Bucarest à l'été 1966 (24).

Malgré ces succès tactiques, l'organisation disparaîtra pourtant en 1969, avec le retrait de la politique militante de Jean THIRIART pour plus de 10 ans. Les raisons de cet échec seront principalement l'absence d'un terrain politique révolutionnaire en ces années de "Golden Sixties", ainsi que l'épuisement humain, matériel et financier du cadre dirigeant de l'organisation.

Ce sont d'ailleurs en grande partie l'épuisement de l'organisation et de ses possibilités de réussite sur le terrain qui ont conduit Jean THIRIART à consacrer une part importante de sa pensée doctrinale au rôle que pourrait jouer les régime nationaux-communistes en Europe de l'Est et l'Union Soviétique elle-même dans le processus d'unification européenne. Une position qui n'est pas sans rappeler celle des nationaux-bolcheviques des Années 20 qui attendaient de l'Union Soviétique un rôle révolutionnaire décisif en Allemagne, ainsi qu'une impulsion à la revanche contre les pays de l'Entente.

 

 

JEAN THIRIART ET LE NATIONAL-BOLCHEVISME

Incontestablement, Jean THIRIART apparaît comme un continuateur des différents courants nationaux-bolcheviques et nationaux-communistes allemands des Années 20 et 30. Certes, il existe des différences qui sont en grande partie dues à l'évolution entre le contexte politique et international d'avant la Seconde Guerre Mondiale et celui d'après les Années 60.

La différence qui pourrait paraître la plus importante est celle de l'élément national. THIRIART rejette bien entendu le petit- nationalisme allemand et défend l'idée d'un nationalisme grand-européen et communautaire. Il n'en demeure pas moins que la pensée de Jean Thiriart vient en droite ligne des théories dites des "grands espaces", qui voient dans la constitution de grands blocs économiques une réponse aux défis des temps présents. THIRIART est également un partisan des blocs économiques auto-centrés et autarciques, dont le prophète fut l'Allemand Friedrich LIST. On ne que rapprocher cette position de celle d'une partie du courant national-bolchevique, et en particulier de Niekisch, qui proposait la constitution d'un "bloc germano-slave de Vladivostok à Flessingue". THIRIART propose lui la constitution d'une "grande Europe de Reykjavik à Vladivostok". La différence de positions vient principalement du caractère anti-latin et anti-romain dans lesquels Niekisch identifie les puissances de l'Entente et qu'il rejette donc comme responsable de la décadence et du malheur qui frappe et l'Allemagne et l'Union Soviétique.

Dans une étude publiée en 1982 et intitulée "L'Union Soviétique dans la pensée de Jean THIRIART", José QUADRADO COSTA répondait également positivement au fait de savoir si Jean THIRIART s'inscrivait dans la lignée du courant national-bolchevique des Années 20-30. QUADRADO ajoutait : "THIRIART, guidé par son pragmatisme et sa volonté révolutionnaire a défini dans les derniers numéros de la Nation Européenne les lignes maîtresses de ce que nous appellerons un national-bolchevisme de dimension européenne" (25).

C'est cette pensée qui sera à l'origine de la naissance d'un nouveau courant politique et doctrinal national-bolchevique au début des années 80.

 

 

LE SOI-DISANT "NAZI-MAOISME" :

 

LA REALITE AU-DELA DE L'INJURE ET DU FANTASME

On ne peut évoquer la synthèse nationaliste-communiste sans évoquer ce que la grande presse a appelé fort improprement et fort injurieusement le "nazi-maoisme".

Le 27 avril 1978, l'organe bien pensant l'"UNITA", quotidien du Parti communiste italien, publiait en première page sous le titre "LE LANGAGE DE FREDA ET DES BRIGADES ROUGES" des extraits d'une brochure écrite par le théoricien de la "désintégration du Système", Franco FREDA, en 1968 (26).

L'"UNITA" retrouvait dans ce texte "certaines expressions que l'on croirait extraites d'un des nombreux communiqués des BRIGADES ROUGES" et y relevait des "passages véritablement impressionnants par l'identité de langage d'un chef de groupe subversif de l'époque avec celui des chefs de groupes subversifs d'aujourd'hui" (27).

Un bel exemple de ce que la presse nomme alors le "Nazi-Maoisme". Notons tout d'abord que ce qualificatif de "Nazi-Maoiste", qui relève plus de l'injure que de la science politique, a été le fait exclusivement de journalistes. A aucun moment, les courants politiques concernés par ce vocable ne s'en sont revendiqués. Nous allons donc voir ce qu'il recouvre réellement.

Le courant soi-disant "Nazi-Maoiste" s'est principalement incarné au travers des diverses fractions de "LUTTE DU PEUPLE" qui sont issues en droite ligne des restes de l'Organisation "JEUNE-EUROPE" dont elles reprirent une partie de la doctrine. "Jean HTIRIART ... n'est pas à proprement parlé le maître à penser, du moins constitue-t-il une très sérieuse référence pour tout ce qui concerne l'Europe" (28).

"LUTTE DU PEUPLE" est née avec sa fraction italienne "LOTTA DI POPOLO". Cette organisation est issue de la fusion des débris de la "GIOVANE-EUROPA", représentante de Jean THIRIART en Italie avec divers groupes d'étudiants nationaux-révolutionnaires. Rapidement sont créées des organisations-soeurs en Espagne, en Allemagne et en France.

La fraction Française, la plus importante après l'Italienne, l'"Organisation Lutte du Peuple" (l'OLP) a été fondée fin 1971 par quelques dissidents nationalistes de gauche d'"ORDRE NOUVEAU" et des socialistes européens de "POUR UNE JEUNE-EUROPE" (à ne pas confondre avec la "JEUNE-EUROPE de THIRIART, avec laquelle ce groupe n'avait aucun lien). Le leader en est alors Yves BATAILLE. "En Italie, ils prennent contact avec divers groupes extra-parlementaires, mais plus particulièrement avec les éléments les plus avancés du Nationalisme européen, ces derniers ... viennent de créer l'organisation LOTTA DI POPOLO. De retour en France, les nouveaux combattants européens ont jeté les bases d'un nouveau mouvement : ce n'est plus ni moins que la réplique de LOTTA DI POPOLO. La fraction française de l'OLP est née" (29).

La fraction allemande est la NRAO, la "National-Révolutionare Aufbau Organisation".

L'idéologie des divers fractions de l'OLP présente un mélange des thèses de Jean THIRIART et d'un Maoisme à l'européenne. Si la revendication d'une Europe unitaire et communautaire est dans la droite ligne doctrinale de "JEUNE-EUROPE", l'OLP présente une importante mutation idéologique. Le Maoïsme, qui était un simple allié tactique pour THIRIART, est devenu un modèle politique à suivre, un exemple.

Comme le fait remarquer avec pertinence Yannick SAUVEUR, auteur d'une des rares études socio-politiques sérieuses sur l'OLP : "Si, en définitive, on admet la réalité d'un courant nazi-maoïste, on est amené à se demander s'il n'est pas tout simplement la transposition du national-bolchévisme, le nazi-maoïsme n'étant que le national-bolchévisme des Années 70, le cadre national ayant changé. Ce n'est plus l'Allemagne mais l'Europe. De même, le bolchévisme n'est plus celui des années 30. MAO est apparu depuis et incontestablement, son apport idéologique, pratique ... est considérable. Finalement, l'Europe unitaire et communautaire que veut réaliser l'OLP n'est ni plus ni moins que la transposition de l'oeuvre de MAO adaptée au cadre européen et aux mentalités du peuple européen" (30).

Les diverses fractions de l'OLP disparaîtrons sans postérité au milieu des Années 70 sans jamais avoir réussi de percée politique, la française par lassitude, l'italienne sous les coups d'un pouvoir ultra-répressif.

 

 

LA SYNTHESE NATIONALE-COMMUNISTE ACTUELLE

Après la disparition de "JEUNE-EUROPE" en 1969 et ensuite de ses quelques avatars français et italiens, notamment l'Organisation "LUTTE DU PEUPLE", il faudra attendre le début des Années 80 pour voir ressurgir et les idées de Jean THIRIART et un nouveau courant politique et doctrinal que l'on peut qualifier de National-Communiste ou de National-Bolchévique.

En juin 1984 est fondé à CHARLEROI le "Parti Communautaire National- Européen", le P.C.N.. Dès sa fondation ce parti refuse sciemment les étiquettes de "droite" et de "gauche" et opère une synthèse que l'on peu qualifier de Nationale-Communiste (31).

Les personnalités de ses fondateurs sont d'ailleurs à l'image de la volonté de fusion entre Nationalisme européen et Socialisme du nouveau parti. En effet le Président fondateur du parti est issu des milieux nationaux- révolutionnaires que l'on classe généralement à l'extrême-droite, mais son premier secrétaire-général est un ancien cadre du Parti Communiste Belge, et en particulier de sa scission pro-chinoise des Années 60, le "Parti Communiste Wallon", formé aux écoles du Parti à MOSCOU notamment.

Dès sa fondation, le nouveau Parti se prend l'intégralité des positions doctrinales de la "JEUNE-EUROPE" d'après 1965 (l'époque du "Parti Communautaire Européen", à laquelle l'appellation du nouveau parti fait référence, et de la revue "la Nation Européenne") et défend les thèses communautariste en matière d'Europe unitaire et communautaire.

Les élections législatives belges de 1985 voient le P.C.N. déposer des listes dans tous les arrondissements de BELGIQUE francophone et à BRUXELLES. Parmi les candidats présentés on trouve plusieurs délégués syndicaux aussi bien que d'anciens cadres locaux du Parti Communiste. Des sympathies existent pour ce parti au sein de la "Gauche anti-régimiste". Ce n'est sans doute pas un hasard si le seul entretien du Président du nouveau parti qui est publiée dans la presse à l'occasion de ces élections l'est par le journal socialiste de Charleroi, "LE PEUPLE", entretien favorable cela va sans dire, sous le titre "L'EUROPE JUSQU'A VLADIVOSTOK" (32).

A partir de 1988 le P.C.N. va continuer à développer son projet de synthèse unitaire anti-Système en se rapprochant étroitement de l'"Association EUROPE-ECOLOGIE".

Aux élections législatives belges de novembre 1991, le parti continuera dans le sens qui est le sien et réussira l'exploit de présenta sous son sigle un rassemblement électoral ouvert aussi bien à des formations très marquée à l'extrême-droite comme la Ligue "LE PEN" ou les restes du P.F.N. bruxellois, mais aussi à de nationaliste des gauche comme "L'ALLIANCE REPUBLICAINE NATIONALISTE WALLONNE", ou à l'"Association EUROPE-ECOLOGIE" (33).

Les journalistes honnêtes qui se sont penchés sur cette formation politique originale n'ont pas manqué d'en souligner l'étrangeté au regard des classifications politiques traditionnelles.

Après Christophe BOURSELLIER dans son livre "LES ENNEMIS DU SYSTEME" qui consacre une large place au courant National-Communiste (34), Manuel ABRAMOVICZ décrira dans un article du mensuel "République" les positions atypiques et anti-système du parti (35).

Même les adversaires du PCN reconnaissent son caractère atypique. Ainsi l'"ANTISEMITISM WORLD REPORT 1993", édité par l'"Institut des Affaires juives", écrira : "Le PCN n'est pas une organisation d'extrême-droite..." (36).

Caractéristiques également de positions Nationales-Bolchéviques est l'orientation très marquée à l'Est du nouveau parti. La revue qui servira de principal moyen d'expression au P.C.N., "CONSCIENCE EUROPEENNE", titrera dès 1983, avec une couverture bilingue en langues Française et Russe; "LA RUSSIE C'EST AUSSI L'EUROPE". Dès sa fondation le parti défendra l'idée d'une fusion entre les deux Europe, celle de l'Ouest et celle formant alors le Bloc soviétique. Le parti défend également la thèse selon laquelle les frontières orientales sibériennes de l'U.R.S.S. sont aussi celles de l'Europe.

Dans la pratique politique des contacts seront également rapidement pris au sein du parti avec des Européens de l'Est. Dès 1985, des candidats d'origine polonaise seront présentés sur les listes du parti et une ancienne Secrétaire-générale du P.C.N. était d'origine hongroise.

Du travail doctrinal développé par Jean THIRIART et le P.C.N. à partir de 1983, sortiront les principaux courant nationaux- communistes ou nationaux-bolcheviques actuels. Ainsi en Russie la revue "ELEMENTY" ou le "Front National-Bolchevique" font référence aux idées de Jean THIRIART (37). Ainsi en France le mouvement "NOUVELLE RESISTANCE", issu d'une scission nationale-révolutionnaire décidée à rompre avec l'extrême-droite du mouvement "Troisième voie", fera d'importantes références à Jean THIRIART et aux travaux du P.C.N. (38). Celui-ci défendant plus que jamais les positions anti-système et la volonté de synthèse nationaliste-communiste qui furent les siennes dès sa fondation, au travers notamment de la volonté de créer un "front uni NOIR/VERT/ROUGE", regroupant nationaux-révolutionnaires, nationaux-communistes et écologistes dans un mouvement unitaire anti-système (39).

 

 


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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 13:11

"Nationalisme de libération et anti-fascisme ne peuvent ni ne doivent être opposés."

(Wolfgang VENOHR)

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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 13:09

L'appel de Septembre 1996

qui a provoqué le ralliement de

"Nouvelle Résistance" et du FEL au PCN

CRISE DE L'OPPOSITION EUROPÉENNE, ÉCHEC DU NATIONALISME-RÉVOLUTIONNAIRE, IMPLOSION DE "NOUVELLE RÉSISTANCE" :

APPEL A L'UNITÉ DES N.R. AUTOUR DU P.C.N.

Réunie en Congrès les 20 et 21 juillet 1996 à Alençon, l'aile progressiste du mouvement "Nouvelle Résistance", représentant 16 groupes de base locaux et trois grandes fédérations, ont décidé de quitter celui-ci.

La critique que ces militants sincères font de la direction nantaise de "Nouvelle Résistance" est identique à celle que nous développons depuis 1993: des contacts répétés avec l'extrême-droite réactionnaire néo-libérale, des liens douteux avec le monde des sectes et de la maçonnerie, une stratégie qui débouche sur la vacuité, un recul constant...

Nous citons nos camarades dans leur communiqué de rupture avec "Nouvelle Résistance": "il s'avère que depuis environ 1 an, la direction de Nouvelle Résistance, en contradiction flagrante avec les statuts démocratiques du mouvement a imposé un rapprochement idéologique et structurel avec le Front National et s'est inscrit dans une logique de réhabilitation du "Fascisme". Ces derniers jours, les médias nationaux ont d'ailleurs rapporté les liaisons qui pouvaient exister entre l'aile droite de Nouvelle Résistance et les éléments du cloaque d'extrême-droite de la ville d'Orange."

Lorsque notre Président, Luc MICHEL, a publié successivement en 1993 sa brochure "OU VA L'OPPOSITION EUROPEENNE", puis son "APPEL AUX MILITANTS DE NOUVELLE RESISTANCE", l' impact en dehors de la région parisienne en fut fort faible. En effet, à cette époque, les illusions étaient encore puissantes. Trois ans plus tard, les événements nous donnent raison ! Christian BOUCHET a conduit le mouvement national-révolutionnaire dans l'impasse et s'apprête à le livrer à la réaction lepéniste.

SECTE OU MAÇONNERIE N'ONT RIEN À

VOIR AVEC LE COMBAT NR

Nos camarades réunis à Alençon considèrent aussi "que l'ésotérisme de pacotille et la misogynie ne sauraient être des vecteurs à même de transformer la société de façon positive.". Ils dénonçent par là les liens de Bouchet avec le monde des sectes et de la maçonnerie, reprenant là aussi nos avertissements exprimés dès 1993.

A la lecture du numéro de "L'EVENEMENT DU JEUDI" du 4 novembre 1993 et du dossier qu'il publiait sous le titre "Derrière la magie et l'irrationnel... l'extrême-droite et l'affairisme, Enquête sur le mystérieux Groupe de Thèbes...", plus personne ne pouvait pourtant douter.

Certes l'appartenance à des organisations satanistes plus ou moins farfelues (sous les noms de "GROUPE DE THEBES", "EDITIONS DU CHAOS", "OTO" et autres sectes sorties des méandres brumeuses de l'oeuvre d'Alceister CROWLEY) pourrait prêter à rire à des esprits sensés. Il appartient à chacun bien entendu de faire ce qu'il veut selon ses convictions philosophiques personnelles. Nous pensons cependant que la place d'un dirigeant révolutionnaire européen n'est pas dans de tels groupes. La lecture du dossier de "l'EVENEMENT DU JEUDI" explique également pourquoi de nombreuses personnes se sont systèmatiquement détournées de BOUCHET, à Nantes notamment.

Plus préoccupants par contre sont les liens de Christian BOUCHET avec le "GRAND ORIENT DE FRANCE", liens qui furent révélés dès 1993, toujours par le dossier de "L'EVENEMENT DU JEUDI", sur base de documents indiscutables.

Le "GRAND ORIENT DE FRANCE" est un des pilliers du Régime que nous combattons en France et partout en Europe. Nous ne pouvons donc que nous inquiéter de voir un dirigeant national-révolutionnaire, dont l'identité et les activités ne peuvent être ignorées du Régime et de ses thuriféraires, faire accueillir les activités de son "Groupe de Thèbes" dans les locaux parisiens du "GRAND ORIENT DE FRANCE".

A celà s'ajoutent maintenant les liens de Bouchet avec des groupuscules satanistes et néo-nazis, liens dévoilés par la presse nationale, notamment "LE MONDE" de ce 25 juillet'96 sous le titre "l'enquête sur la profanation du cimetière de Toulon met au jour des liens avec l'extrême-droite".

La mouvance NR n'a rien à faire avec les groupes nazi-skins et autres provocateurs plus ou moins liés aux sectes et aux amateurs de "messes noires".

Ces liens éclairent particulièrement nos mises en garde répétées concernant le but des provocations de Christian BOUCHET et l'origine de leurs commanditaires.

Le débat fut malheureusement évité en 1993. Il ne peut plus l'être aujourd'hui. Il appartient maintenant à tous les camarades européens de prendre leurs responsabilités et de juger.

 

L'ECHEC DU NATIONALISME -REVOLUTIONNAIRE EN FRANCE

Lorsque l'on fait le bilan du courant national-révolutionnaire en France depuis trois décennies, on ne peut constater que des échecs récurrents.

Echec à la fin des Années 60 avec l'implosion d'"Europe-Action" et l'escroquerie d'"Ordre Nouveau", échec aussi des G.N.R. à la fin des Années 70 déjà avec le "Front National", échec encore à la fin des années 80 avec le ralliement d'une bonne partie de "Troisième Voie" au "Front National", échec toujours aujourd'hui avec l'implosion et la dispersion des forces de "Nouvelle Résistance".

Ces échecs sont dus à une stratégie de satellisation des mouvements nationaux-révolutionnaires autour de l'extrême-droite réactionnaire, stratégie qui fut menée aussi bien par le courant VENNER dans les années 60, que par la tendance DUPRAT dans les années 70, celle de MALLIARAKIS (passé aujourd'hui du FN national-libéral au lobby libéral d'Alain MADELIN) dans les années 80 et maintenant BOUCHET au milieu des années 90.

Le Nationalisme-révolutionnaire, malgré les velléités affirmées de ses dirigeants et la sincérité de ses militants, sert depuis trois décennies à fournir des mercenaires et des supplétifs à l'extrême-droite et, à l'âge adulte, à fournir les nouveaux cadres de l'extrême-droite nationale-libérale, comme le montrent l'attitude de trop nombreux cadres NR passés dans la formation lepéniste.

CRISE DE L'OPPOSITION EUROPEENNE

Cet échec du Ntionalisme-révolutionnaire en France a aussi ses répercussions dans les autres pays d'Europe, en Italie, en Espagne, au Portugal ou en Angleterre...

Déjà, en 1993, nous avions tenté de réformer le "Front Européen de Libération", hélas tombé dans les mains d'une petite camarilla franco-italienne qui ne voulait surtout pas que se développe un parti unitaire sur le modèle définit par Jean THIRIART. Dès 1993, nous avons dû constater que ces pseudo-dirigeants ne voulaient absolument pas construire le Parti de l'Europe, mais maintenir des petites chapelles impuissantes, livrées à la régression petite-nationaliste et aux sympathies réactionnaires affirmées. Et les Communautaristes ont quitté le FEL...

Lorsque l'on fait le bilan du "Front Européen de Libération", on ne peut que constater qu'il n'a jamais débouché sur un succès quelconque. Sa section française, "Nouvelle Résistance", vient d'imploser; sa fraction la plus organisée et la plus forte, la nôtre, celle du P.C.N., l'a quittée en 1993; nos camarades italiens du "Mouvement Antagoniste" ont quitté le bateau et le FEL n'est plus représenté en Italie que par une Maison d'édition; les sections espagnoles et portugaises ont, pour avoir un minimum d'existence, - comble de l'ironie ! - dû se lier à une scission de la "Nouvelle-droite", celle de "Synergie", qui n'a pas plus réussi à prendre son envol. En Europe de l'Est, Lituanie et Pologne, le FEL est réduit à des adresses commerciales de représentants isolés. En Russie, le FEL n'a pas plus réussi à décoller, et, en s'opposant à la stratégie d'union nationale-patriotique derrière ZIOUGANOV aux dernières élections législatives et présidentielles russes, s'est totalement isolé. En Allemagne, nos courageux camarades de la "Ligue nationale-communiste", s'ils disposent d'un potentiel militant certain, tournent en rond entre les interdictions et la voie sans issue de l'opposition extra-parlementaire, faute d'être lié à une structure européenne représentative.

Et nous ne parlerons pas des sections fantômes soi-disant développées dans d'autres pays.

Chaque jour davantage, le FEL de Christian BOUCHET se révèle, derrière son écran de fumée, n'être qu'un leurre.

Toutes les possibilités latentes de 1992/1993, celles qui nous avaient permis d'espérer la constitution rapide d'une organisation comparable à la "JEUNE EUROPE" de Jean THIRIART des Années 60, se sont aujourd'hui évanouies. Les protagonistes de l'aventure se réduisent à quelques personnages de plus en plus isolés.

LE SUCCES DU P.C.N. CONTRASTE AVEC L'ECHEC DU NATIONALISME-REVOLUTIONNAIRE EN EUROPE

Lorsqu'on examine le sort des protagonistes de l'aventure du FEL au début des années 90, seul le PCN présente un bilan positif et connaît le succès.

Fondé en 1984 en Belgique avec l'aide de Jean THIRIART, le PCN a assumé et renouvelé l'héritage théorique et organisationnel de la "JEUNE EUROPE" des années 60. Doctrinalement, le Communautarisme européen du PCN a essaimé dans toute l'Europe, de Saragosse à Moscou. "Nouvelle Résistance", par exemple, dans son derneir manifeste "Pour la cause du Peuple" reconnaît l'influence que le P.C.N. a exercé sur elle.

Au bout de ce qu'un journaliste bruxellois a appelé une "longue marche" politique de douze ans, le PCN est aujourd'hui une organisation politique qui compte, avec un appareil développé : de vastes locaux à Bruxelles et Charleroi, des imprimeries, une Ecole de cadres, un député et plusieurs conseillers provinciaux et municipaux, une maison d'édition (Les Editions MACHIAVEL), une presse développée et surtout une structure européenne unitaire et intégrée, avec des sections régionales non seulement en Belgique, mais aussi en France et en Hongrie.

Alors que partout en Europe les nationaux-révolutionnaires se satellisent dans l'orbite de l'extrême-droite réactionnaire et se font absorber par elle générations après générations, le PCN, lui, en Belgique, est en train de briser l'extrême-droite francophone.

Alors que partout en Europe, les cadres nationaux-révolutionnaires finissent lamentablement leur carrière dans les rangs de l'extrême-droite, à la recherche de prébendes, en Belgique, c'est le PCN qui attire à lui non seulement les cadres et les militants nationalistes des formations d'extrême-droite comme le "Front National" belge ou le groupe régionaliste wallon "AGIR", mais aussi leurs élus, jusqu'au Parlement wallon. Suite à son offensive idéologique et politique, le PCN est maintenant représenté au Parlement wallon et à la Communauté française, ainsi que dans plusieurs autres instances provinciales et municipales.

LE PCN C'EST LA STRATEGIE DE RUPTURE

AVEC L'EXTREME-DROITE

Ce développement inexorable, outre le travail inlassable de ses cadres et malgré la répression et les coups de l'adversaire régimiste, est aussi et surtout le résultat d'un stratégie de rupture avec l'extrême-droite.

Dès 1984, notre président, Luc MICHEL, dans ses "orientations nationales-révolutionnaires" (un des textes de base de "Nouvelle Résistance", mais qui fut hélas bien peu lu et compris), développait la nécessité de la rupture avec l'extrême-droite, qui est un des éléments du Régime et un de nos adversaires. Il y développait aussi la nécessité d'arracher à l'extrême-droite sa frange nationaliste. C'est cette stratégie que nous menons avec succès en Belgique dans le cadre du "Front Noir-rouge-vert" que nous organisons. Au PCN, se retrouvent aussi bien d'anciens nationalistes que d'anciens communistes ou écologistes.

LE P.C.N. C'EST

LA LUTTE OFFENSIVE CONTRE LE NÉO-NAZISME

La lutte contre le néo-nazisme fait également partie intégrante de notre action. Nos camarades réunis à Alençon dénoncent particulièrement "la logique de réhabilitation du Fascisme" qui "s'inscrit dans le rapprochement idéologique et structurel avec le "Front National" voulu par Christian BOUCHET". C'est là, depuis plus de trois ans, une de nos principales critiques.

Les pseudo "dirigeants nationaux-révolutionnaires" se font, une spécialité depuis trois décennies, d'assimiler le Nationalisme- révolutionnaire au Fascisme. C'est là une grave erreur d'analyse historique. C'est surtout oublier que les cadres et les militants nationaux-révolutionnaires, particulièrement les nationaux-bolchevi -ques en Allemagne et ailleurs, ont été poursuivis, emprisonnés, torturés, massacrés, par la bête hitlérienne.

Comment pourrions nous oublier le sacrifice de nos camarades du mouvement "WIDERSTAND" ou de l'"ORCHESTRE ROUGE" - dont tout le réseau berlinois était constitué de nationaux-bolcheviques?

Comment pourrions nous oublier que le comte de STAUFFENBERG lui-même, qui tenta d'exécuter le maître du IIIe Reich au fond même de sa tanière de Prusse orientale, appartenait aussi au mouvement national-révolutionnaire et était proche des idées d'Ernst JUNGER.

Actuellement, partout en Europe, l'extrême-droite nationale-libérale, que nous appelons l'extrême-droite "bleue brune", a tissé des liens avec les néo-nazis. En Belgique, au sein de la scission du "Front National" connue sous le nom de "FNbis", en Autriche au sein du "Parti libéral autrichien", en Russie avec le "Parti Libéral Démocrate" de JIRINOVSKI, en France même dans les rangs lepénistes, les militants néo-nazis trouvent appuis, accueil et sympathies pour leurs menées.

En Belgique, nous avons décidé de ne pas nous croiser les bras, nous menons depuis un an une campagne résolue contre les activités néo-nazies. Nous avons arraché l'interdiction de la plupart de leurs réunions.

C'est la seule stratégie que peut choisir un véritable parti national-révolutionnaire conséquent. Par respect pour nous même, pour le combat de libération nationale et sociale de l'Europe que nous menons et pour le sacrifice de nos prédécesseurs idéologiques des Années 20 et 30

LE P.C.N. NE REFUSE PAS LE COMBAT AU SEIN DU MARAIS PARLEMENTAIRE

Nous avons aussi fait le choix, seuls en Europe, de ne pas refuser le combat parlementaire.

Depuis sa fondation en 1984, le PCN a participé à toutes les élections, y compris en 1995 au plus haut niveau, celui du Collège sénatorial francophone, réservé aux grands partis fédéraux, présentant aussi aux législatives de mai 1995 plus de cent candidatures avec l'appui de près de 6000 signatures de parrainage. En France, nous venons de présenter en mars dernier la première candidature NR indépendante de l'extrême-droite depuis les Années 60.

C'est ce refus de la participation aux élections qui a fait tant de tort à la mouvance nationale-révolutionnaire en Europe. Il faut combattre l'ennemi sur son terrain ! Refuser de participer aux élections, même dans un simple but de propagande et sans avoir d'élus, revient à refuser de "jouer dans la cour des grands", d'assurer la durée, de trouver les occasions d'attirer à soi des militants adultes et pas seulement des étudiants en crise. C'est aussi l'occasion de fermer la porte à la tentation, qui vient à beaucoups à l'âge adulte, de s'insérer dans une structure électorale alimentaire, de mener la lutte au sein du Système.

Tous les partis révolutionnaires, y compris celui de LENINE, au delà de leur mépris pour le "marais du parlementarisme bourgeois", ont accepté ce combat. Rappelons-nous que le "Parti bolchevique" fut représenté dans toutes les Douma du régime tsariste.

P.C.N. : NOUS SOMMES L'ALTERNATIVE !

En France, comme ailleurs en Europe, le PCN qui est le fer de lance de l'Opposition européenne, et aussi la plus ancienne formation de celle-ci montre la voie à suivre et est la seule alternative pour la construction du grand Parti unitaire et intégré, transnational, dégagé de toutes structures petites-nationalistes, qu'appelait de ses voeux Jean THIRIART.

A la suite du Congrès d'Alençon, les militants de l'aile progressiste de "Nouvelle Résistance" font une analyse erronée et, au travers de l'échec de Christian BOUCHET, qui est celui d'un provocateur doublé d'un mythomane, et non celui d'une stratégie politique, rejettent la nécessité d'un parti d'avant-garde. Cela s'appelle "jeter le bébé avec l'eau du bain".

Prétendre que "le peuple ne veut pas être guidé par une quelconque avant-garde ou parti mais est aujourd'hui en mesure de gérer à la base les conflits sociaux" est une erreur fondamentale, un "spontanéisme" qui conduira à ne jamais déboucher sur une révolution sérieuse susceptible de remette en cause le régime.

C'est justement l'atomisation des conflits sociaux sans une direction - LENINE parlait du Parti révolutionnaire comme "le coeur et la tête d'une révolution" - qui fait prospérer le Régime bien que ses fondations sociales, politiques et économiques soient lézardées.

Aujourd'hui, avec THIRIART, avec LENINE, avec GRAMSCI, nous affirmons plus que jamais la nécessité d'un Parti unitaire d'avant-garde pour conduire la Révolution européenne et communautaire de demain et chasser les voleurs du pouvoir.

Les militants du PCN de France, de Belgique et de Hongrie appellent donc l'ensemble des nationaux-révolutionnaires d'Europe et de France, et particulièrement les courageux militants de "Nouvelle Résistance" et du FEL, à ne pas céder au découragement, à ne pas s'engager dans une stratégie sans issue de groupuscules atomisés, mais à rejoindre les rangs du PCN afin de bâtir la force d'opposition qui, demain renversera le Système et ses maîtres américains du "Nouvel Ordre Mondial".

Le Bureau politique européen du PCN.

Le Secrétariat régional du PCN Paris/Ile-de-France.

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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 13:09

Texte de octobre 1999

sur la situation en Espagne

et en Europe

CRISE DE L'OPPOSITION EUROPÉENNE, ÉCHEC DU NATIONALISME-RÉVOLUTIONNAIRE, IMPLOSION DE "ALTERNATIVA EUROPA" :

APPEL A L'UNITÉ DES NATIONAUX-REVOLUTIONNAIRES

ET DES NATIONAUX-BOLCHEVIQUES

AUTOUR DU P.C.N.

L'ECHEC DU NATIONALISME-REVOLUTIONNAIRE EN ESPAGNE

Lorsque l'on fait le bilan du courant national-révolutionnaire en Espagne depuis trois décennies, on ne peut constater que des échecs récurrents.

Depuis la disparition de "JOVEN EUROPA" de Jean THIRIART à la fin des Années 60, le premier mouvement national-révolutionnaire implanté en Espagne, aucune alternative au Système n'a pu durablement se développer.

Ces échecs sont dus à une stratégie de satellisation des mouvements nationaux-révolutionnaires autour de l'extrême-droite réactionnaire. Seul "ALTERNATIVE EUROPA" , la section espagnole du "Front Européen de Libération" jusqu'en 1996, a pu un moment faire illusion avec une ligne radicale inspirée par la "JEUNE-EUROPE" de THIRIART et le PCN, son héritier direct. C'était l'époque où les "Orientations nationale-révolutionnaires" de Luc MICHEL servaient d'ouvrage de référence.

Hélas, à la suite d'une petite camarilla française menée par l'agent provocateur Christian BOUCHET et les débris du néonazisme français, "ALTERNATIVE EUROPA" a suivi le même chemin suicidaire.

Le Nationalisme-révolutionnaire en Espagne, malgré les velléités affirmées de ses dirigeants et la sincérité de ses militants, sert depuis trois décennies à fournir des mercenaires et des supplétifs à l'extrême-droite et, à l'âge adulte, à fournir les nouveaux cadres de l'extrême-droite nationale-libérale, comme le montrent l'attitude de trop nombreux cadres NR passés dans les formations réactionnaires.

CRISE DE L'OPPOSITION EUROPEENNE

Cet échec du Nationalisme-révolutionnaire en France et en Espagne a aussi ses répercussions dans les autres pays d'Europe, en Italie, au Portugal ou en Angleterre...

Déjà, en 1993, le PCN avait tenté de réformer le "Front Européen de Libération", hélas tombé dans les mains d'une petite camarilla franco-italienne qui ne voulait surtout pas que se développe un parti unitaire sur le modèle définit par Jean THIRIART. Dès 1993, nous avons dû constater que ces pseudo-dirigeants ne voulaient absolument pas construire le Parti de l'Europe, mais maintenir des petites chapelles impuissantes, livrées à la régression petite-nationaliste et aux sympathies réactionnaires affirmées. Et les Communautaristes ont quitté le FEL à l'été 1993.

Lorsque l'on fait le bilan du "Front Européen de Libération" de 1993 à 1996, on ne peut que constater qu'il n'a jamais débouché sur un succès quelconque. Sa section française, "Nouvelle Résistance", consciente de son échec a rejoint le PCN en septembre 1996. Nos camarades italiens du "Mouvement Antagoniste" ont quitté le bateau et le FEL n'est plus représenté en Italie depuis 1994. La section portugaise a, pour avoir un minimum d'existence, - comble de l'ironie ! - dû se lier à une scission de la "Nouvelle-droite", celle de "Synergie", qui n'a pas plus réussi à prendre son envol. En Europe de l'Est, Lituanie et Pologne, le FEL, après avoir été réduit à des adresses commerciales de représentants isolés, a disparu. En Russie, le FEL n'a pas plus réussi à décoller, et, en s'opposant à la stratégie d'union nationale-patriotique derrière nos camarades du PCFR de ZIOUGANOV s'est totalement isolé. En Allemagne, nos courageux camarades de la "Ligue nationale-communiste", s'ils disposent d'un potentiel militant certain, tournent en rond entre les interdictions et la voie sans issue de l'opposition extra-parlementaire, faute d'être lié à une structure européenne représentative.

Et nous ne parlerons pas des sections fantômes soi-disant développées dans d'autres pays.

Toutes les possibilités latentes de 1992/1993, celles qui nous avaient permis d'espérer la constitution rapide d'une organisation comparable à la "JEUNE EUROPE" de Jean THIRIART des Années 60, se sont évanouies entre 1993 et 1996.

En tirant les conclusions, la direction légale et statutaire du FEL, basée en France, a rejoint unanimement le PCN fin 1996 et le "Front Européen de Libération", tout comme les mouvements "NOUVELLE RESISTANCE" de France et de Suisse, ce que l'on cache depuis trois ans aux militants espgnols, sont devenues des structures de l'organisation européenne du PCN.

LE SUCCES DU P.C.N. CONTRASTE AVEC L'ECHEC DU NATIONALISME-REVOLUTIONNAIRE EN EUROPE

Lorsqu'on examine le sort des protagonistes de l'aventure du FEL au début des années 90, seul le PCN présente un bilan positif et connaît le succès.

Fondé en 1984 en Belgique avec l'aide de Jean THIRIART, le PCN a assumé et renouvelé l'héritage théorique et organisationnel de la "JEUNE EUROPE" des années 60. Doctrinalement, le Communautarisme européen du PCN a essaimé dans toute l'Europe, de Saragosse à Moscou. Au bout de ce qu'un journaliste bruxellois a appelé une "longue marche" politique de douze ans, le PCN est aujourd'hui une organisation politique qui compte, avec un appareil développé : de vastes locaux à Bruxelles et Charleroi, des imprimeries, une Ecole de cadres, , une maison d'édition (Les Editions MACHIAVEL), une presse développée diffusée professionnellement en kiosques en France (notamment deux hebdomadaires) et surtout une structure européenne unitaire et intégrée, avec des sections régionales non seulement en Belgique, mais aussi en France, en Suisse et en Hongrie. ET en Italie, les "Circulo Comunautaristi Nationaleuropei" (CCN) font aujourd'hui directement référence au PCN.

Alors que partout en Europe les nationaux-révolutionnaires se satellisent dans l'orbite de l'extrême-droite réactionnaire et se font absorber par elle générations après générations, le PCN, lui, en Belgique, a brisé l'extrême-droite francophone.

Alors que partout en Europe, les cadres nationaux-révolutionnaires finissent lamentablement leur carrière dans les rangs de l'extrême-droite, à la recherche de prébendes, en Belgique, c'est le PCN qui attire à lui non seulement les cadres et les militants nationalistes des formations d'extrême-droite.

LE PCN C'EST LA STRATEGIE DE RUPTURE

AVEC L'EXTREME-DROITE

Ce développement inexorable, outre le travail inlassable de ses cadres et malgré la répression et les coups de l'adversaire régimiste, est aussi et surtout le résultat d'un stratégie de rupture avec l'extrême-droite.

Dès 1984, notre président, Luc MICHEL, dans ses "orientations nationales-révolutionnaires" (un des textes de base de "ALTEERNATIVA EUROPA", mais qui fut hélas bien peu lu et compris), développait la nécessité de la rupture avec l'extrême-droite, qui est un des éléments du Régime et un de nos adversaires. Il y développait aussi la nécessité d'arracher à l'extrême-droite sa frange nationaliste. C'est cette stratégie que nous menons avec succès en Belgique ou en France dans le cadre du "Front Noir-rouge-vert" que nous organisons. Au PCN, se retrouvent aussi bien d'anciens nationalistes que d'anciens communistes ou écologistes.

LE P.C.N. C'EST

LA LUTTE OFFENSIVE CONTRE LE NÉO-NAZISME

La lutte contre le néo-nazisme fait également partie intégrante de notre action.

Les pseudo "dirigeants nationaux-révolutionnaires" se font, une spécialité depuis trois décennies, d'assimiler le Nationalisme- révolutionnaire au Fascisme. C'est là une grave erreur d'analyse historique. C'est surtout oublier que les cadres et les militants nationaux-révolutionnaires, particulièrement les nationaux-bolcheviques en Allemagne et ailleurs, ont été poursuivis, emprisonnés, torturés, massacrés, par la bête hitlérienne.

Comment pourrions nous oublier le sacrifice de nos camarades du mouvement "WIDERSTAND" ou de l'"ORCHESTRE ROUGE" - dont tout le réseau berlinois était constitué de nationaux-bolcheviques?

Comment pourrions nous oublier que le comte de STAUFFENBERG lui-même, qui tenta d'exécuter le maître du IIIe Reich au fond même de sa tanière de Prusse orientale, appartenait aussi au mouvement national-révolutionnaire et était proche des idées d'Ernst JUNGER.

Actuellement, partout en Europe, l'extrême-droite nationale-libérale, que nous appelons l'extrême-droite "bleue brune", a tissé des liens avec les néo-nazis. En Belgique, au sein de la scission du "Front National" connue sous le nom de "FNbis", en Autriche au sein du "Parti libéral autrichien", en Russie avec le "Parti Libéral Démocrate" de JIRINOVSKI, en France même dans les rangs lepénistes ou mégretistes, les militants néo-nazis trouvent appuis, accueil et sympathies pour leurs menées.

En Belgique, nous avons décidé de ne pas nous croiser les bras, nous menons depuis cinq ans une campagne résolue contre les activités néo-nazies. Nous avons arraché l'interdiction de la plupart de leurs réunions.

C'est la seule stratégie que peut choisir un véritable parti national-révolutionnaire conséquent. Par respect pour nous même, pour le combat de libération nationale et sociale de l'Europe que nous menons et pour le sacrifice de nos prédécesseurs idéologiques des Années 20 et 30

LE P.C.N. NE REFUSE PAS LE COMBAT AU SEIN DU MARAIS PARLEMENTAIRE

Nous avons aussi fait le choix, seuls en Europe, de ne pas refuser le combat parlementaire.

Depuis sa fondation en 1984, le PCN a participé à toutes les élections belges, y compris en 1995 et en 1999 au plus haut niveau, celui du Collège européen et celui du Collège sénatorial francophone, réservé aux grands partis fédéraux, avec l'appui de pluieurs dizaines de milliers de signatures de parrainage. En France, nous présentons depuis 1995 les premières candidatures NR indépendantes de l'extrême-droite depuis les Années 60.

C'est ce refus de la participation aux élections qui a fait tant de tort à la mouvance nationale-révolutionnaire en Europe. Il faut combattre l'ennemi sur son terrain ! Refuser de participer aux élections, même dans un simple but de propagande et sans avoir d'élus, revient à refuser de "jouer dans la cour des grands", d'assurer la durée, de trouver les occasions d'attirer à soi des militants adultes et pas seulement des étudiants en crise. C'est aussi l'occasion de fermer la porte à la tentation, qui vient à beaucoups à l'âge adulte, de s'insérer dans une structure électorale alimentaire, de mener la lutte au sein du Système.

Tous les partis révolutionnaires, y compris celui de LENINE, au delà de leur mépris pour le "marais du parlementarisme bourgeois", ont accepté ce combat. Rappelons-nous que le "Parti bolchevique" fut représenté dans toutes les Douma du régime tsariste.

P.C.N. : NOUS SOMMES L'ALTERNATIVE !

Partout en Europe, le PCN qui est le fer de lance de l'Opposition européenne, et aussi la plus ancienne formation de celle-ci (fondée en 1984) montre la voie à suivre et est la seule alternative pour la construction du grand Parti unitaire et intégré, transnational, dégagé de toutes structures petites-nationalistes, qu'appelait de ses voeux Jean THIRIART.

Aujourd'hui, avec THIRIART, avec LENINE, avec GRAMSCI, nous affirmons plus que jamais la nécessité d'un Parti unitaire d'avant-garde pour conduire la Révolution européenne et communautaire de demain et chasser les voleurs du pouvoir.

Les militants du PCN de France, de Belgique, de Suisse et de Hongrie appellent donc l'ensemble des nationaux-révolutionnaires d'Europe et d'Espagne, et particulièrement les courageux militants de "Alternativa Europa", à ne pas céder au découragement, à ne pas s'engager dans une stratégie sans issue de groupuscules atomisés, mais à rejoindre les rangs du PCN afin de bâtir la force d'opposition qui, demain renversera le Système et ses maîtres américains du "Nouvel Ordre Mondial".

Le Comité central européen du PCN.

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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 13:08

LA RESISTANCE NATIONALE-BOLCHEVIQUE 

AU IIIe REICH

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Dans un précédent article, nous évoquions la Résistance nationale-bolchevique et nationale-révolutionnaire contre le IIIeme Reich, une terre souvent méconnue, bien qu’elle ne soit pas inconnue des historiens qu’ils soient allemands ou francophones (1). Pourtant, de nombreux travaux existent qui permettent de retracer le combat en Allemagne même de ceux qui, issus de tous les horizons, refusèrent de s’incliner devant la bête hitlérienne. Au premier plan desquels nous retrouvons les Nationaux-Bolchéviques et les Nationaux-Révolutionnaires.

 

 

PROBLEMATIQUE DE LA RESISTANCE ALLEMANDE

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La Résistance allemande contre le Nazisme, nous l’avons dit, est souvent méconnue. Elle est au centre d’un vaste débat en Allemagne même depuis cinq décennies, où les appréhensions et les a priori jouent un rôle de premier plan. Singulièrement, dans l’espace francophone, la Résistance allemande, sur laquelle il existe peu de sources francophones, est la grande parente pauvre de la recherche historique sur la deuxième guerre mondiale, quand elle n’est pas laminée par une démarche historique peu sérieuse où l’amateurisme le dispute à la mauvaise vulgarisation.

Au sein de cette recherche, le rôle des Nationaux-révolutionnaires et des Nationaux-bolcheviques allemands, qui furent dès 1932 les premiers à résister contre l’Hitlérisme et qui, comme nous le verrons, animèrent les tentatives les plus sérieuses et les plus efficaces de lutte contre le IIIeme Reich, est la plupart du temps passé sous silence. Là aussi les raisons idéologiques prédominent.

En Allemagne de l’Est, dans l’ancienne RDA, la Résistance allemande fut au contraire exaltée pour des raisons idéologiques tout aussi évidentes, l’antifascisme étant l’un des piliers du régime national-communiste de Berlin.

Alors que l’on ignorait et que l’on taxait même parfois de trahison en RFA les militants nationaux-bolcheviques de l’« Orchestre Rouge », ceux-ci furent encensés en Allemagne de l’Est. Il en alla de même pour de nombreux résistants d’origine communiste.

 

 

LES VICTIMES DE HITLER TUEES UNE SECONDE FOIS !

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Avec la disparition de la RDA, on assiste quasi officiellement à une tentative du régime bourgeois allemand de faire disparaître cet aspect de la Résistance. En Allemagne de l’Est, les monuments, les musées, le souvenir même de la Résistance antifasciste sont systématiquement depuis la réunification détruits, sournoisement éliminés (2).

La journaliste allemande Monika ZORN a consacré un livre au titre explicite à cette révision de l’Histoire : "Les victimes de Hitler tuées une seconde fois" (3). Elle y explique notamment que cette destruction du passé anti-fasciste allemand en RDA va également de pair avec une certaine forme de réhabilitation du militarisme allemand et partant du Nazisme, expliquant notamment le cas de gardiens SS des camps de concentration, qui, internés après la guerre par les Russes à Sachsenhausen et Büchenwald voient aujourd’hui leurs noms et leurs grades figurer sur des stèles de "victimes de la barbarie stalinienne" ! "On dresse maintenant des stèles à leur mémoire, en temps que victimes de la barbarie stalinienne. Parfois même avec leur grade dans la SS ! C’est oublier que c’était des nazis qui y étaient enfermés !" précise-t-elle (4). Elle dénonce aussi la planification de cette révision de l’histoire : "Au cours de nos recherches, nous avons été étonnés de cette "systématisation" dans tout le pays. On efface avec méthode la mémoire. Les petits sites commémoratifs sont purement et simplement fermés. Et dans les grands camps comme Buchenwald ou Sachsenhausen, on dénature les expositions qui existaient au temps des communistes" (5).

C’est là exactement la thématique révisionniste de l’extrême-droite partout en Europe et telle qu’on peut aussi l’entendre dans l’extrême-droite belge ou française.

Le récent débat autour d’une exposition consacrée aux crimes de guerre incontestables de la Wehrmacht pendant la dernière guerre (6) et la réaction des partis officiels allemands de droite est également significative du climat qui règne en Allemagne à ce sujet (7) (8).

 

 

DE L’OUBLI DE L’INSULTE...

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Cette volonté d’oubli de la Résistance antifasciste en Allemagne va de pair avec sa minoration dans l ’espace francophone. A quoi attribuer cette minoration ou cette méconnaissance ?

Sans doute à l’absence de pratique par les historiens francophones des langues comme l’Anglais, l’Allemande ou l’Italien, qui sont les langues principales où on trouve des sources sur ces sujets.

Cela n’excuse rien ! Ainsi dans leur "Dictionnaire des fascismes et du Nazisme" (9), BERNSTEIN et MILZA (10) écrivent à propos de la Résistance allemande au Nazisme les propos scandaleux qui suivent : "le mot de Résistance (widerstand) ne fut utilisé en Allemagne que de manière minoritaire et en pleine lutte clandestine par le groupe de la Rose Blanche" (11). C’est évidemment totalement faux. Nous avons vu dans notre précédent article que d’ailleurs les Nationaux-Bolchéviques regroupés autour d’Ernst NIEKISCH avaient animé jusqu’à leur arrestation et leur déportation en 1937 un mouvement de Résistance politique qui portait explicitement le nom de "WIDERSTAND" et cette éthique de Résistance fut partagée par de nombreux groupes nationaux-bolcheviques, nationaux-révolutionnaires et communistes.

BERSTEIN et MILZA précisent ensuite que "bien qu’il ait été repris après la guerre par analogie avec la Résistance française, le terme d’opposition conviendrait mieux puisqu’on ne retrouve pas dans la lutte allemande antinazie les caractéristiques essentielles de la Résistance européenne (lutte armée, sabotage, maquis, réseau de renseignement)" (12). Cela est tout aussi faux ! Certes, il n’y eut pas de maquis en Allemagne mais des opérations de sabotage eurent lieu dès le milieu des années 30 et jusqu’à la fin de la guerre. Une presse clandestine nombreuse, ramifiée, fut pratiquement diffusée jusqu’aux derniers jours de mai 1945.

Des réseaux de renseignements dont le plus célèbre fut l’ "Orchestre Rouge" animé à Berlin par les Nationaux-bolcheviques HARNACK et SCHULZE-BOYSEN figurent parmi les opérations de renseignement les plus efficaces qui furent menées dans l’ensemble le l’Europe pendant la dernière guerre, comme nous le verrons plus avant.

 

 

CES 700.000 ALLEMANDS QUI ONT DEFIE HITLER

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Ces historiens (mais en sont-ils vraiment ?!) sont pourtant sans excuse puisqu’il existe une véritable encyclopédie de la Résistance allemande, le livre de Gérard SANDOZ : "Ces Allemands qui ont défié Hitler" (13), évoqué dans notre précédent article et qui n’est pas indulgent pour la RFA dans sa volonté d’occulter la résistance allemande : "Quant à la R.F.A., il faut bien admettre qu’elle fait un effort extraordinaire - c’est un euphémisme - pour ne pas faire connaître aux citoyens du pays les femmes et les hommes qui ne s’étaient pas résignés à la passivité face à l’horreur. A cet égard, il est sans doute significatif que le 20 juillet, date souvenir de l’attentat de Von Stauffenberg, n’a pas fait l’objet d’une promotion "officielle". Il est vrai que les idées de la "Révolution conservatrice", c’est-à-dire celles défendues par des acteurs importants de la conjuration, n’ont pas trouvé leur reflet dans la constitution de la R.F.A. qui s’inspire elle, des concepts de la démocratie libérale. Il n’empêche, aussi bien Von Stauffenberg que Julius LEBER, pour ne mentionner que ces deux hommes courageux, encore que très différents, auraient bien mérité une reconnaissance "officielle"". SANDOZ remet clairement les choses à leurs places en ce qui concerne l’ampleur de la Résistance allemande sous le IIIème Reich que BERNSTEIN et MILZA dans leur méconnaissance scandaleuse qualifient de "non événement du XXeme siècle". Etudiant les archives de la Gestapo, la police spéciale politique créée pour détecter et mettre hors d’état de nuire les ennemis du régime, Gérard SANDOZ y découvre pour nous l’ampleur de la Résistance allemande et du prix payé par ses membres pour vivre dignement la tête haute .

"Etait-il possible de résister à ce monstre, à ce Léviathan des temps modernes ? La réponse tient en quelques chiffres significatifs puisés dans les archives de la redoutable Gestapo, organisme policier spécial créé pour détecter et "mettre hors d’état de nuire", selon ses propres termes, les ennemis du régime. Qu’y apprenons-nous ? Que de 1933 jusqu’au début de la guerre, en septembre 1939, plus de 220.000 Allemands, hommes et femmes, ont été condamnés à des peines de prison et de réclusion à l’occasion de procès politiques. Motif principal de l’accusation, selon les termes juridiques consacrés : "préparation d’actes de haute trahison". La même Gestapo note, le 10 avril 1939, qu’à cette date se trouvent incarcérées plus de 11. 000 personnes condamnées pour des délits politiques, environ 27.000 hommes et femmes également des "politiques", dont le procès est en cours d’instruction, ainsi que plus de 160.000 personnes soumises à la Schutzhaft, c’est-à-dire arbitrairement internées dans des camps. Plus significatif encore : en 1941, en pleine guerre, la Gestapo arrête plus de 11.000 personnes accusées d’avoir déployé une activité socialiste ou communiste. Selon les documents du ministère de la Justice retrouvés après la guerre, ont été exécutés 5.684 hommes et femmes en 1943 et 5.764 en 1944, dont seulement un nombre infime pour des raisons non politiques. Pour la période allant du 22 août 1940 au 20 avril 1945 il y a des indications très précises concernant 1.056 personnes qui ont été exécutées dans la seule prison de Brandenburg : 498 avaient été condamnées pour "haute trahison", les autre, 558, pour avoir essayé de "miner le moral des armées". De 1938 à 1945¸ 32.500 Allemands sont condamnés dans les camps. 300.000 Allemands condamnés pour des motifs politiques se trouvaient dans les camps de concentration à la déclaration de la guerre. C’est considérable, même en tenant compte du fait que de nombreux "suspects" ayant simplement proféré des propos "subversifs" ont dû prendre le chemin des camps et des prisons.

Il a été vérifié que, de 1933 jusqu’à la fin de la guerre, près de 700.000 Allemands sont passés par les prisons et les camps de concentration. Au cours du seul premier semestre 1944, c’est-à-dire avant l’attentat du 20 juillet, 300 000 arrestations politiques ont eu lieu dans le Riche. Rappelons aussi que parmi les membres du Reichstag, le parlement allemand, qui furent assassinés, on trouve soixante-deux socialistes, cinquante-sept députés communistes et plusieurs députés d’autres formations. 700 000 Allemands : cela n’est pas négligeable...

Et les procès "réguliers", qu’en sait-on ? A-t-on jamais entendu parler en France des procès de Dresde, de Brême, de Hanovre, de Duisburg, de Wuppertal, de Hambourg, de Berlin et d’ailleurs où, tout au long du règne nazi, des milliers de "marxistes" et autres opposants ont été condamnés à des peines allant de trois à vingt ans de réclusion ? Sait-on que pendant toute cette période, y compris pendant les années de guerre, la Gestapo a constamment saisi des tonnes de tracts et de brochures où le barbare régime nazi était dénoncé en termes véhéments ?" (14).

Lorsque l’on voit donc le traitement officiel scandaleux que la Résistance allemande au Nazisme connaît en Allemagne même, Lorsqu’on découvre les lacunes de la recherche historique dans ce domaine dans le reste de l’Europe, on comprend mieux pourquoi les Nationaux-révolutionnaires et les nationaux-bolcheviques allemands qui résistèrent sous le IIIeme Reich, le plus souvent avec une extrême efficacité sont aujourd’hui des inconnus pour le grand public.

 

 

EN ALLEMAGNE, 

 

UN NOUVEAU REGARD SUR LES ADVERSAIRES D’HITLER

 

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En Allemagne même pourtant la recherche continue. Un livre vient d’ailleurs aux de leur être entièrement consacré aux Editions Harun Verlag par Klaus WOLFFSCHLAG sous le titre "Les adversaires de droite d’Hitler" (15).

Le titre est malheureux car des hommes comme Ernst JUNGER ou Ernst NIEKISCH et ses nombreux militants qui se sacrifièrent dans la lutte antinazie, où ils laissèrent des centaines de morts et de déportés, auraient été les premiers à contester leur situation d'"hommes de droite". Nationaux-révolutionnaires, Nationaux-bolcheviques ou Nationaux-communistes, ils avaient depuis longtemps, à l’instar des HARNACK et SCHULZE-BOYSEN, dépassé les classifications politiques bourgeoises de droite et de gauche.

Le livre de WOLFFSCHLAG a néanmoins le mérite d’étudier clairement les rapports entre ce qu’une certaine école historique appelle la "Révolution conservatrice" et la Résistance antinazie. Le titre évidemment reflète les opinions politiques de l’auteur, collaborateur de l’hebdomadaire national-révolutionnaire "JUNGE FREIHEIT", l’un des organes principaux de ce qu’on appelle en Allemagne la "neue rechte". WOLFSCHLAG analyse de nombreuses figures de l’opposition nationaliste aux nazis. Il les range en plusieurs catégories, notamment les Nationaux-révolutionnaires et les "liguistes" (bündisch) que nous avons déjà évoqués dans notre précédent article. WOLFSCHLAG, qui insiste comme nous venons de le faire, sur la nécessité de rouvrir et de réactualiser un véritable débat sur la Résistance allemande sous le IIIeme Reich, plaide pour une historiographie nouvelle qui évite les systématisations globales, ignorant visiblement et malheureusement l’ouvrage de SANDOZ, exemple presque unique de probité intellectuelle, puisque tous les protagonistes de la Résistance allemande sous le IIIeme Reich y sont unis dans un même souvenir, d’où qu’ils viennent, et dans un même hommage rendu à leur sacrifice incontestable.

 

 

L’ASPECT LE PLUS SPECTACULAIRE

 

DE LA RESISTANCE ALLEMANDE

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L’aspect le plus spectaculaire de la Résistance allemande sous le IIIeme Reich fut l’organisation durable de réseaux de Résistance qui portèrent des coups redoutables à la bête hitlérienne. Il est symptomatique que l’on retrouve à la tête de ces réseaux des Nationaux-révolutionnaires ou des Nationaux-bolcheviques qui menèrent parfois jusqu’à la fin de la guerre leur combat à l’intérieur même des structures militaires, économiques et administratives du Nazisme. Au premier plan de ces réseaux figure l’ "Organisation WIDERSTAND" d’ Ernst NIEKISCH entre 1933 et 1937, ce que les Allemands appellent l’ "Organisation HARNACK - SCHULZE-BOYSEN", c’est-à-dire la branche allemande du réseau connu sous le nom d’ "Orchestre Rouge", le groupe des conjurés du 20 juillet 1944, dont l’action débute, on l’ignore le plus souvent, dès 1937, et enfin, le plus méconnu de tous, le "groupe HIELSCHER", qui de 1933 à 1945 mena un travail de sape inlassable contre le national-socialisme à l’intérieur même de ses organes de direction.

 

LE RESEAU WIDERSTAND, 1932-1937

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Nous avons vu dans notre article précédent que le premier des antifascistes allemands, l’ "adversaire le plus résolu d’Adolf Hitler", selon ses biographes, fut Ernst NIEKISCH, la figure de proue du National-Bolchévisme allemand (16).

Jusqu’à son arrestation par la Gestapo en 1937, NIEKISCH aura une action publique d’opposition radicale au IIIeme Reich, voyageant, rencontrant les adversaires du régime. NIEKISCH continuera à publier, c’est un exemple unique sous le IIIeme Reich, de nombreux livres dans le cadre de sa maison d ’édition dénommée comme sa revue "WIDERSTAND". Cette revue, jusqu’à son interdiction fin 1934, sera d’ailleurs l’un des organes d’opposition au nouveau régime les plus résolus, dans lequel s’exprimèrent avec un courage indéniable de nombreux écrivains Nationaux-révolutionnaires, notamment Friedrich-Georg JUNGER, le frère d’Ernst JÜNGER.

A cette action publique, spectaculaire et courageuse s’ajoutait la constitution d’un réseau clandestin de Résistance sous le IIIeme Reich, dont Gérard SANDOZ décrit l’action. "Voici Ernst NIEKISCH. Tout au long des années qui précèdent l’avènement du national-socialisme, cet écrivain connu est un des principaux doctrinaires de la "révolution nationale et sociale". Son cercle, Widerstand (résistance) publie dès 1926 un journal du même nom. En 1933, quelques-uns des militants groupés autour de Niekisch s’associent au mouvement hitlérien. Mais d’autres, dont Niekisch lui-même, dénoncent le caractère "inhumain" du nazisme, dénoncent sa trahison à l’égard des objectifs socialistes pourtant hautement proclamés, et sont aussitôt arrêtés. D’autres réussissent à échapper aux persécutions et forment des groupes illégaux.

Ceux-ci sont constitués par des fonctionnaires et des intellectuels, des écrivains essentiellement, et parmi eux Bruno von Salomon et Bodo Uhse. A Nuremberg, qui devient le centre de l’activité de ce groupe, Niekisch forme avec Josef Drexel et Karl Tröger, comme lui vétérans du "national-bolchevisme", un réseau qui, tout en ayant des contacts avec des militants communistes de cette ville, conserve cependant intégralement son autonomie. Son journal illégal, Widerstand, sera diffusé dans plusieurs villes du Reich par près de six cents personnes (selon les estimations de la Gestapo).

En dépit de nombreuses arrestations effectuées par les policiers de Himmler, le groupe réussit à maintenir son activité jusqu’en 1937. La Gestapo procède alors à l’arrestation de soixante-dix membres du groupe Widerstand. Niekisch, Drexel et Tröger sont parmi eux. Niekisch, condamné à la prison à perpétuité, survivra, mais plusieurs de ses camarades enfermés dans les prisons hitlériennes et les camps de concentration trouveront la mort.

L’arrestation de Niekisch et de ses amis avait été précédée par le démantèlement presque total de l’organisation La Gestapo avait, à la suite de longues recherches, vérifié l’existence de réseaux du Widerstand non seulement en Bavière (75 arrestations dans cette région), mais également à Berlin, à Hambourg et à Dortmund. Deux cents personnes, indique alors la police secrète, ont été "mises hors d’état de nuire". Dans toutes ces villes il y aura en 1937 des procès contre ces hommes qui se terminent tous par des condamnations à des peines de prison. Un inspecteur des services postaux, Horst Krummreich, membre actif du réseau, préfère se donner la mort plutôt que d’être obligé, sous la torture, de trahir des camarades.

Dans un ouvrage que l’administration de la ville de Nuremberg a récemment consacré à l’activité de ce groupe, on apprend que la plupart des militants animés par les idées de Niekisch "étaient des hommes issus de la bourgeoisie et dont quelques-uns ont eu des positions importantes dans l’industrie". Ce qui est significatif dans l’activité de ces hommes : étant des "nationaux" et toujours soucieux de souligner leur appartenance à la "communauté allemande", ils n’hésitent pas, pourtant, à l’instar de certains conjurés du 20 juillet 1944, à nouer des relations avec l’étranger. Ainsi Niekisch se rendra-t-il plusieurs fois en Suisse, en France, aux Pays-Bas et en Italie pour y prendre contact avec les milieux de l’émigration allemande, amis également avec des représentants "officieux" de ces pays. C’est que, pour certains adhérents de ce courant "national", il devient de plus en plus évident que le régime que s’est donné leur pays ne pourrait être, finalement, vaincu que grâce à une intervention étrangère. Ainsi, Karl Tröger, avec Drexel et Niekisch, l’homme le plus actif de ce groupe, se rendra plusieurs fois illégalement en Tchécoslovaquie. Grâce à l’Abwehr, le service d’espionnage et de contre-espionnage, avec lequel il a noué des contacts, il obtient la possibilité de « sonder » les milieux gouvernementaux à Prague, Tröger prendra aussi sur lui de rapporter en Allemagne de nombreux journaux clandestins où le régime nazi est dénoncé comme "la honte du XXe siècle". Lorsque Tröger paraît devant les juges nazis, le procureur détient la preuve que l’accusé a transporté et diffusé des milliers d’exemplaires de dix-sept journaux où "le Reich est calomnié de manière abominable" ". (17).

 

 

QUAND NIEKISCH ET SES MILITANTS

 

PORTAIENT LE "TRIANGLE ROUGE"

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A partir de 1937 la répression va briser le réseau de NIEKISCH qui apparaît comme la première grande organisation de Résistance au Nazisme à l’intérieur même de l’Allemagne. Emprisonnés sans jugement comme c’était courant sous le IIIeme Reich, NIEKISCH et ses amis ne seront jugés qu’en 1939 et condamnés par un jugement secret du tribunal populaire du 10 janvier 1939, qui organise la mort civile, la déportation et l’emprisonnement des principaux animateurs et militants du Réseau NIEKISCH, dont ses leaders NIEKISCH lui-même, Karl DREXEL et Karl TROGER. La famille de Niekisch, dont la femme Anna est-elle même emprisonnée et condamnée, sera recueillie et aidée par Ernst JÜNGER.

La procédure secrète et l’application des jugements secrets, qui ne furent même pas portés à la connaissance de NIEKISCH, qui les connaîtra seulement après la guerre, montrent quel pouvait être l’espace de liberté dans le IIIeme Reich, mais aussi la férocité de la répression. Les antifascistes de salon, qui aujourd’hui dénoncent le Nazisme alors que leurs prédécesseurs idéologiques n’ont pas eu ce courage, ont oublié ce que signifiait le Nazisme et n’ont pas la moindre idée de ce que signifiait vraiment le combat contre la bête hitlérienne.

Ce combat scandaleusement méconnu de NIEKISCH et de ses amis a pourtant laissé des témoins. Il existe notamment le livre de Joseph DREXEL, qui s’intitule "Voyage à Mauthausen. Le cercle de Résistance de Nuremberg", et qui a été publié en langue française à Paris en 1981, une première édition en langue allemande l’étant en 1966. Ce livre, qui contient le texte secret du jugement du tribunal "populaire" (sic) du 10 janvier 1939 contre NIEKISCH et ses amis, décrit l’attitude de "WIDERSTAND" à l’égard du Nazisme et l’activité oppositionnelle de NIEKISCH et de son réseau sous le IIIeme Reich.

 

 

APRES LES NAZIS LES LIBERAUX :

 

QUAND LA RFA PERSECUTAIT NIEKISCH

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Après la guerre, NIEKISCH sortira brisé, gravement handicapé et presque aveugle, des geôles nazies. Il participera à la naissance de la RDA et puis, déçu par certains des aspects du nouveau régime se retirera à Berlin Ouest dans une opposition hautaine au régime bourgeois de Bonn.

Tout le scandale de l’attitude de Bonn face à la Résistance allemande antinazie se reflète d’ailleurs dans le traitement inique dont Ernst NIEKISCH sera après la guerre victime de la part de la République fédérale allemande et qui n’honore guère ce régime. NIEKISCH devra en effet entamer contre les autorités de la RFA, qui prennent prétexte de ses sympathies pour l’Est une longue bataille juridique de 13 années pour obtenir que lui soit versée la pension de victime du Nazisme à laquelle il a droit. Cette procédure judiciaire obscurcira les dernières années de NIEKISCH, qui sera soutenu par DREXEL, devenu patron d’un empire de presse en Franconie (comprenant notamment les "NURENBERGER NACHRICHTEN"). En 1966, quelques mois avant sa mort, il faudra un intervention de la Commission européenne des Droits de l’Homme pour que NIEKISCH obtienne enfin 30.000 DM de réparation et la promesse d’un versement mensuel de 1.500 DM (19).

L’ Allemagne de l’Est, elle, sera moins avare de reconnaissance envers ceux qui ont combattu le Reich hitlérien. L’adjoint de NIEKISCH, DREXEL, sera ainsi fait docteur honoris causa de l’Université Humboldt de Berlin quelques jours avant sa mort en 1976 (20).

L’Allemagne fédérale, dans ce cas-ci comme dans bien d’autres, ne sort pas grandie de cette attitude envers la Résistance anti-nazie et la figure de NIEKISCH est là aussi emblématique.

 

 

L’ORGANISATION HARNACK - SCHULZE-BOYSEN, 1932-1942

 

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Le plus spectaculaire, sans aucun doute, des réseaux de Résistance au IIIeme Reich est celui que l’on connaît dans l’espace francophone sous le nom inapproprié d’ "Orchestre Rouge" et qui est connu en Allemagne sous le nom de "SCHULZE-BOYSEN-HARNACK ORGANISATION" (21). Ce réseau, sous le nom d’ "Orchestre Rouge" que lui attribuèrent les nazis eux même, a connu une incontestable popularité dans l’espace francophone par le livre que lui a consacré l’historien (?) Gilles PERRAULT sous ce même titre d’ "Orchestre Rouge" (22). Mais PERRAULT n’a pas fait une œuvre d’historien sans tache. Il a lourdement surestimé le rôle de la partie franco-belge du Réseau au détriment de l’Allemande et il a d’autre part donné un rôle bien trop important au responsable bruxellois Léopold TREPPER, agent du Komintern et des services secrets soviétiques. Aujourd’hui, alors que de nouveaux témoignages font surface, on relativise de plus en plus le rôle de TREPPER, qui, loin d’être le héros autoproclamé, fut peut-être tout simplement celui qui trahit son propre réseau (23).

L’ "Orchestre Rouge" doit pourtant sa célébrité au travail qui fut accompli par la partie allemande de ce réseau à Berlin, où elle était animée par deux Nationaux-Bolchéviques de premier plan HARNACK et SCHULZE-BOYSEN. Spécialiste de l’espionnage soviétique en Europe, Thierry WOLTON, dans son livre "Le Grand recrutement", rend justice aux deux hommes : "ce sont ces hommes et ces femmes des réseaux Schulze-Boysen et Harnack, tous antifascistes convaincus, qui ont formé le véritable "Orchestre rouge" (die Rote Kapelle) tant craint par Berlin. C’est cet "Orchestre rouge" - là que le chef de l’espionnage nazi l’amiral Canaris, accusera d’avoir coûté la vie à 200.000 soldats allemands par les seuls renseignements qu’il réussit à transmettre à Moscou". (24).

Gilles PERRAULT, dans son histoire de l' "Orchestre Rouge", évoque longuement ces deux militants en minimisant leur origine politique et en qualifiant leurs théories nationales-bolchéviques de "fumeuses" et "hasardeuses".

Au prix de quelques manipulations de l’histoire et de quelques silences savamment calculés, présentant l’activité d’HARNACK avant guerre, il évoque la fondation en 1931 du "Cercle d’études de l’économie planifiée", où se regroupent selon lui "quelques dizaines de personnalités politiques". Ce groupe, l’ "ARPLAN", est en fait créé en marge des activités de la revue "VORKAMPFER" créée par l’économiste LENZ, une des figures de proue du National-Communisme allemand des années 30-33 et a pour secrétaire Arvid HARNACK, lui-même ancien combattant des Corps-francs gagné au National-Bolchévisme (25).

PERRAULT évoque ainsi le voyage en URSS de 24 membres du cercle en 1932, où HARNACK s’engage dans une activité de renseignements au profit de l’URSS. PERRAULT évite de préciser que par exemple parmi ces visiteurs de la Russie figurait Ernst NIEKISCH, qui rencontra à cette occasion Karl RADEK, l’interlocuteur principal des Nationaux-Bolchéviques allemands au sein du Komintern dans les années 1919-1923.

Lorsque PERRAULT évoque la figure du deuxième animateur de ce réseau, Harro SCHULZE-BOYSEN il a le même laconisme en ce qui concerne l’engagement national-bolchévique de ce grand résistant allemand et oublie de préciser que la revue de SCHULZE-BOYSEN, "DER GEGNER" (L’ADVERSAIRE) fut l’un des principaux organes du National-Bolchévisme allemand avant la prise du pouvoir par les nazis (26).

Après la prise du pouvoir par Hitler, tant HARNACK que SCHULZE-BOYSEN décident de mener le combat à l’intérieur même des structures du IIIeme Reich, en liaison probable avec les services secrets soviétiques des le début.

En 1939, HARNACK est un haut fonctionnaire des plus importants du Ministère de l’économie et l’un des meilleurs connaisseurs de la production de guerre. SCHULZE-BOYSEN lui-même, qui a pourtant été arrêté et malmené par les SS en 1933 et a été relâché sous la pression de ses parents (il est le petit-neveu de l’amiral VON TIRPITZ, fondateur de la marine impériale allemande), réussit à se hisser dans les structures dirigeantes de la Luftwaffe, entrant notamment à l’Institut de recherche Hermann Göring. "Utilisant les possibilités offertes par sa nouvelle position, il collabore dès cette époque avec les services de renseignements soviétiques. Il leur transmet des informations sur les plans d’offensives franquistes en Espagne, et on s’apercevra plus tard que ces renseignements ont effectivement servi à la défense républicaine... c’est en 1936 que SCHULZE-BOYSEN forme les bases de son réseau. Il réunit six amis surs, noyau de ce qui deviendra la section berlinoise de l’Orchestre Rouge. En 1940, tout en gardant son activité à l’institut de recherche, il est affecté à la section des attachés de la Luftwaffe. Ses fonctions l’amènent à prendre connaissance des rapports secrets envoyés de toutes les ambassades allemandes par les attachés militaires de la Luftwaffe. Chargé de cours à l’Académie des Affaires Etrangères, il réunit un groupe d’étudiants dont il fait des disciples d’un dévouement absolu. Sa femme, Libertas, qui partage son engagement, travaille au ministère de la propagande du docteur GOEBBELS au service des films culturels. Quand éclate la guerre germano-soviétique, SCHULZE-BOYSEN est en position de transmettre à Moscou des informations militaires du plus haut intérêt, notamment en ce qui concerne la Luftwaffe, dont on peut dire qu’aucun de ses services n’a de secret pour lui. Sa femme et lui forment un couple connu du Tout Berlin, et leur vie mondaine les mettent en contact avec les personnalités les plus éminentes du régime" (27).

De l’action de l’ "Orchestre Rouge" son biographe pourra dire qu’elle était une "machine prodigieuse d’efficacité qui fonctionnerait au maximum de sa puissance avec un filet de carburant".

De l’aveu même des services secrets allemands l’action de SCHULZE-BOYSEN va coûter cher à la machine de guerre hitlérienne, des renseignements de valeur stratégique de première importance étant livrés au moment où à Stalingrad le IIIeme Reich est engagé dans une lutte à mort avec la Russie de STALINE : "Staline et son état-major ont alors en main deux atouts maîtres : les Services de renseignements fonctionnent à merveille à Berlin comme en Suisse. L’exploitation de leurs données est immédiate. A Moscou, on connaît le nombre des unités nazies en marche, leurs effectifs, leurs plans" (28). PERRAULT dira de SCHULZE-BOYSEN qu’il "équivaut pour l’Etat-major russe à l’appoint de plusieurs divisions".

 

 

AU COEUR DU III REICH, EN PLEINE GUERRE,

 

ILS DENONCENT LE REGIME NAZI

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Cette activité de renseignement, capitale en période de guerre, n’est pourtant pas l’activité principale de l’ "Organisation HARNACK-SCHULZE-BOYSEN" ! En effet, non-content d’organiser le réseau de renseignement sans doute le plus efficace de toute la guerre, ils dirigent également une organisation de Résistance et de propagande contre le Nazisme qui publie un journal bimensuel, le "Front Intérieur", organe de propagande destiné à la masse des ouvriers étrangers travaillant en Allemagne et qui comporte des éditions allemande, russe, polonaise, italienne, tchèque et française. Un réseau qui distribue des tracts antinazis qu’on distribue par milliers d’exemplaires aux arrêts de trams où à la nuit dans les boites aux lettres. Le réseau édite aussi des brochures longuement méditées et imprimées, envoyées dans le système nazi aux gens accessibles au raisonnement. Le titre de ces brochures : "La naissance du parti nazi", "Qui a rendu la guerre inévitable !", "Appel à la Résistance", "Pourquoi la guerre est perdue". Une de ces brochures, "Napoléon Bonaparte", décrivait le suicide de la Wehrmacht en Russie et annonçait la défaite future par des citations en référence aux ouvrages d’histoire relatifs à la défaite de la Grande Armée.

Ce n’est pas encore tout, tant l’activité d’HARNACK, de SCHULZE-BOYSEN et de leurs militants était inlassable et d’un courage indomptable et admirable. L’organisation avait également mis sur pied des filières d’évasion vers la Suisse et la Suède pour les Juifs et les évadés des camps de concentration. Lorsque le réseau est arrêté, il mettait sur pied une organisation de sabotage à l’échelon national, dont il parachevait les derniers préparatifs.

Le réseau se permet même de véritables coups d’éclat. "Il y avait eu cette nuit mémorable de 1941 où soixante d’entre eux s’étaient répandus dans les rues de Berlin pour coller sur les murs des affiches antinazies; ils étaient protégés par des officiers en uniforme, pistolet au poing; Harro SCHULZE-BOYSEN dirigeait l’opération. Il l’avait organisée pour répliquer à l’exposition de GOEBBELS "Le Paradis soviétique", qui présentait au public allemand des témoignages saisissants sur la misère du peuple russe. Le matin suivant, les Berlinois avaient lu avec stupeur la réponse de SCULZE-BOYSEN : "Le Paradis nazi : Guerre - Faim - Mensonge - Gestapo - Pour combien de temps encore ?" "(29).

Lorsqu’en 1942 la Gestapo met un terme à l‘activité du réseau par l’imprudence ou la trahison, on ne sait (pas encore!), de la branche bruxelloise et parisienne du réseau, avec HARNACK et SCHULZE-BOYSEN ce sont 118 prisonniers qui sont enfermés dans les geôles de la Gestapo à Berlin, ignoblement torturés, et ensuite pour plusieurs dizaines d’entres eux, salis par les juges nazis, condamnés à mort et exécutés.

Lorsqu’il paraîtront devant le tribunal nazi, HARNACK et SCHULZE-BOYSEN auront une attitude et un courage indomptable, faisant le procès du régime et défiant leurs juges !

Après la guerre, s’ils furent honorés à l’Est, l’Allemagne fédérale préférera oublier le réseau HARNACK-SCHULZE-BOYSEN, quand certains de ses représentants ne les accuseront pas au nom de l’anti-communisme de "trahison". Pourtant, l’histoire a déjà jugé leur sacrifice, comme le rappelle Gérard SANDOZ : " ... peut-on envisager de "trahir" son pays, même si ses dirigeants l’entraînent de volonté délibérée dans une guerre de conquête impliquant des méthodes criminelles ? Les réponses données à ces questions manquent le plus souvent de la clarté nécessaire. On évoque, à cet égard, le "soulèvement de la conscience". Mais il est vrai que ce terme, s’il est expliqué de manière nette, peut aboutir à des conclusions intéressantes et instructives pour les générations futures. Notons, toutefois, que les résistants de la gauche allemande ne posaient pas le problème dans ces termes. Pour eux, il était évident que la défaite militaire du régime nazi était, et de loin, le "moindre mal" comparé à un triomphe éventuel des armes allemandes. Enfin, en ce qui concerne la "trahison", si quelques historiens allemands ont tendance à utiliser ce terme pour disqualifier la collaboration des femmes et des hommes de l’ "Orchestre rouge" avec les services soviétiques d’espionnage, ils se montrent moins sourcilleux lorsqu’il s’agit de juger l’attitude de certains hommes du 20 juillet qui, eux aussi, étaient "en contact avec l’ennemi" ". (30).

 

 

LE GROUPE HIELSCHER, 1933-1945

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"L’Organisation HARNACK-SCHULZE-BOYSEN" ne sera pas la seule à s’infiltrer au plus haut niveau dans la machine de guerre hitlérienne pour la saper et la saboter.

L’organisation connue sous le nom de "GROUPE HIELSCHER" fera le même travail de 1933 à 1945.

Qui est son créateur Friedrich HIELSCHER ? C’est un ami d’Ernst JÜNGER, une des figures de proue de l’opposition nationale-révolutionnaire et nationale-bolchévique sous la République de Weimar. HIELSCHER dirige notamment la revue "DER VORMARSCH", après avoir combattu dans les Corps-francs et milité dans les ligues de jeunesse des milieux "bundisch" que nous avons déjà évoquées dans notre précédent article. Militant progressiste, HIELSCHER se prononce notamment alors pour l’organisation d’une Europe fédérale structurée sur base de ses régions (31).

De 1931 à janvier 1933, HIELSCHER réunit autour de la dernière revue qu’il édite "DAS REICH" (L’EMPIRE, dont le titre ne doit pas prêter à confusion avec les idées nazies, mais qui prône au contraire une vision impériale et citoyenne de la société), tous ceux avec lesquels il constituera après la prise du pouvoir par les nationaux-socialistes son propre groupe de Résistance. "Son objectif est de recruter dans les milieux sociologiques importants, l’armée, la SS, l’Administration, l’économie, l’agriculture, des hommes et des femmes prêts à résister en recueillant grâce à leur position les informations nécessaires pour aider les personnes menacées ou poursuivies, les protéger contre l’emprisonnement, avant de procéder à la phase de renversement du régime" (32).

HIELSCHER lui même travaille au service de l’ "Ahnenerbe", l’institut de recherche scientifique et universitaire de la SS où, sans avoir été membre du parti, il s’occupe d’ethnologie et d’histoire des religions.

L’action de HIELSCHER est connue grâce à un rapport écrit qu’il a rédigé lui-même, document exceptionnel, qu’il a réalisé en juillet 1945, sur le travail entrepris en souterrain contre le National-socialisme et qui figure dans le dossier 598 de la Wiener Library de Tel Aviv sous le titre "Secret help to persécute JEWS. The HIELSCHER group".

Dans ce document, HIELSCHER commence par préciser clairement son appartenance à la mouvance nationale-bolchévique et nationale-révolutionnaire : "Il existait, avant 1933, entre les nationaux-socialistes et les communistes, un certain nombre de mouvements et de groupes plus modestes, qui bouclaient, pour ainsi dire à l’arrière, le demi-cercle que décrivaient, à l’avant-scène et de la droite à la gauche, les nationaux-allemands, le Parti populaire allemand, le centre, les démocrates et la sociale-démocratie. La plupart du temps, ces petits groupes n’avaient pas de nom particulier. Leur dénominateur commun était le rejet du grand capital et de la grande propriété foncière. Il faut ici mentionner les groupes du capitaine ERHARDT, d’Ernst JÜNGER, d’Ernst NIEKISCH, de Beppo RÖMER, du capitaine STENNES, d’Otto STRASSER, d’August WINNIG, de Hans ZEHER. Notre groupe faisait lui aussi partie de cette nébuleuse. En politique intérieure, il était partisan de l’Etat fédéral et, sur le plan économique, d’un dirigisme d’Etat où existerait, sous l’autorité publique, une sous-propriété de type féodal (non-héréditaire). En politique étrangère, il considérait la République de Weimar, tout comme la Grande-Bretagne, la France et les Etats-Unis, comme un Etat capitaliste à combattre, face auquel une Allemagne libre et révolutionnaire devrait un jour ou l’autre s’allier à la Russie et aux peuples opprimés d’Asie" (33).

Lorsque la guerre éclate, le "Groupe HIELSCHER" tente tout d’abord de coordonner les divers groupes de Résistance au sein de l’armée et envisage un coup d’état contre Hitler, opération qui aboutira à la conjuration du 20 juillet 1944. Il fréquente le docteur GORDELER, l’un des organisateurs de cette mouvance avec le Comte de STAUFFENBERG. Parallèlement à ses liens avec le "Cercle de KREISAU", déjà évoqué, le "Groupe HIELSCHER" prépare son propre attentat prévu pour l’automne 1944. Seule la répression après l’attentat manqué de STAUFFENBERG empêcha la mise en exécution de ce projet.

A la fin de la guerre le "Groupe HIELSCHER" contrôle un véritable réseau de renseignement, d’entraide, qui dispose de sources de renseignement au sein même de la direction centrale de la SS, du SD et du renseignement militaire, l’Abwehr. Un réseau qui délivre passeports et laissez-passer, truque les missions et voyages officiels et finance ce travail sur le budget même des services de renseignements nazis ! Le "Groupe HIELSCHER" est notamment responsable de la fuite de nombreux juifs qui échappèrent ainsi aux camps d’extermination du IIIeme Reich. Après le 20 juillet 1944, HIELSCHER sera arrêté pour ses liens avec le Comte de STAUFFENBERG et tiré de prison par ses amis placés à la tête même des services de renseignements nazis.

Lorsque la guerre se termine, le "Groupe HIELSCHER" prépare encore un attentat contre Hitler et Himmler et est ainsi le seul groupe qui lutta en Allemagne contre la bête hitlérienne et qui survivra à la guerre. Ce groupe, dont l’action souterraine fut aussi importante que celle de l’ "Orchestre rouge", attend encore ses historiens et ses biographes.

 

 

CONTRE LES ASSASSINS DE LA MEMOIRE !

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Comme nous venons de le voir, la Résistance allemande n’a rien à envier aux autres groupes de résistance européens. Elle n’a pas démérité, bien loin de là, car ses membres risquaient encore plus que bien des autres pays européens. Ses membres déportés, torturés, assassinés dans les prisons et les camps nazis sont là pour témoigner qu’ils payèrent lourdement le prix du sang. Les militants nationaux-révolutionnaires et nationaux-bolcheviques furent parmi les premiers à s’engager. Dés 1933 et jusqu’au derniers jours de 1945, ils mirent en pratique au prix de leur vie et de leur liberté "l’éthique de Résistance" que prônait NIEKISCH. Alors que "certains" voudraient ignorer leur sacrifice, nous, leurs héritiers idéologiques, nous avons le devoir de garder leur souvenir face aux assassins de la mémoire !

Luc MICHEL,

Président du PCN.

 

NOTES ET RENVOIS

(1) cfr. Luc MICHEL, « Dès 1932, ils furent les premiers à résister à l’Hitlérisme ! La Résistance nationale-bolchevique et nationale-révolutionnaire contre le IIIe Reich », in « NATION-EUROPE », Paris et Bruxelles, n°8, Février-Avril 1997.

(2) Un exemple probant : à Ravensbrück, le plus grand camp de femmes (130.000 détenus, 90.000 victimes), une exposition est-allemande révélait les expérimentations "médicales" réalisées sur des détenues. Aujourd’hui, ces panneaux informatifs ont disparu au bénéfice d’informations générales sur la région, qui donnent l’illusion qu’il s’agissait d’un lieu de villégiature.

(3) Monika ZORN¸ « HITLERS ZWEIMAL GETÖTETE OPPER Westdeutsche Endlösung des Antifaschismus auf dem Gebiet der Ddr », Abriman Verlag, Freiburg, 1994.

(4) (5) Ibid.

(6) L’exposition itinérante sur « les crimes de la Wehrmacht » a suscité des réactions passionnées à chacune de ses escales. Partie de Hambourg en mars 1995, elle a traversé Berlin, Stuttgart, Vienne, Fribourg, Erfurt, Ratisbonne, Klagenfurt, Nuremberg, etc., avant d’arriver à Munich le 24 février 1997. C’est donc dans la capitale bavaroise que la polémique s’est développée, avec les prises de position de la droite locale.

(7) Le « COURRIER INTERNATIONAL » (Paris) du 27 mars 1997 présente ainsi ce débat : « En Allemagne comme en France, la Seconde Guerre mondiale n’en finit pas (...) IL y a aussi cette exposition itinérante sur les «Crimes de la Wehrmacht », qui, une fois arrivée à Munich, provoqua la colère de la droite locale et de certains vétérans. Comment peut-on monter ainsi « une campagne contre les Allemands » ? s’interroge l’organe de presse de la CSU, la branche bavaroise des chrétiens démocrates. A cette question Rudolf AUGSTEIN, l’émérite directeur du SPIEGEL¸ lui-même lieutenant pendant la guerre, donne une réponse sans ambiguïté : la Wehrmacht, dans les Balkans, en Pologne et en Russie, a couvert ou dirigé elle-même les opérations de police et les rafles voulues par les nazis. Par crainte de Hitler parfois, par ivresse de la puissance souvent. »

(8) Cfr. Rudolf AUGSTEIN¸ « L’exposition de Munich porte-t-elle atteinte à l’honneur du soldat allemand ? », in « DER SPIEGEL », 11 mars 1997, traduction française dans le « COURRIER INTERNATIONAL », n°334¸27 mars 1997.

(9) S. BERSTEIN et P. MILZA, « DICTIONNAIRE HISTORIQUE DES FASCISMES ET DU NAZISME », Ed. Complexe, Paris, 1992.

(10) Pierre MILZA est Professeur à l’Institut d’études politiques de Paris et Directeur du Centre d’histoire de l’Europe du Xe siècle à la Fondation nationale de sciences politiques. Spécialiste de l’Italie et du Fascisme, il est représenté comme un auteur de référence. Publications : « Français et italiens à la fin du XIXe siècle »; « Les Fascismes »; « Fascismes français, passé et présent »; « Le Nouveau Désordre mondial »; « La France du XXe siècle », « Dictionnaire historique des fascismes et du nazisme »; « Voyage en Italie »; « Le Nogent des Italiens ». Son « DICTIONNAIRE » est pourtant truffé d’erreurs, souvent grossières, qu’il serait fastidieux de reprendre ici.

(11) S. BERSTEIN et P. MILZA, « Résistance allemande au Nazisme », in « DICTIONNAIRE HISTORIQUE DES FASCISMES ET DU NAZISME », opus cit., ps 585 à 587.

(12) Ibid.

(13) Gérard SANDOZ, « CES ALLEMANDS QUI ONT DEFIE HITLER. 1933-1945 », Ed. Pygmalion/ Gérard Watelet, Paris, 1980.

(14) Ibid, ps 45 et 46.

(15) Claus WOLFSCHLAG, « HITLERS RECHTE GEGNER. Gedanken zum nationalistischen widerstand », ARUN Verlag, Engerda, 1995.

(16) Sur NIEKISCH et son action, cfr. :

- Uwe SAUERMANN, « ERNST NIEKISCH UND DER REVOLUTIONÄRE NATIONALISMUS », München, 1985;

- Friedrich KABERMANN, « WIDERSTAND UND ENTSCHEIDUNG EINES DEUTSCHEN REVOLUTIONAÄRS. LEBEN UND DENKEN VON ERNST NIEKISCH¸ Köln, 1972.

(17) Gérard SANDOZ¸ opus cit., ps 198 à 200.

(18) Joseph DREXEL¸ «DIE REISE NACH MATHAUSEN », Nürnberg, 1966.

(19) Les pièces essentielles de cette bataille juridique ont été publiées par Joseph DREXEL, « DER FALL NIELISCH. EINE DOKUMENTATION », Kiepenheuer u. Witsch, Köln-Berlin 1964.

(20) Sur le cursus de DREXEL cfr. :

Joseph E. DREXEL, « VERANTWORTUNG VOR DER GESCHICHTE. AUFSÄTZE-KOMMENTARE-GLOSSEN AUS DEN JAHREN 1929-1970 ». Nürnberger Presse, Nûrnberg, 1971;

Wilhelm Raymund BEYER (Hg.) : « RÜCKKEHR UNERWÜNSCHT. JOSEPH DREXELS « REISE NACH MAUTHAUSEN » UND DER WIDERSTANDSKREIS ERNST NIEKISCH », Stuttgart, 1978.

(21) Karl Heinz BIERNAT et Louise KRAUCHAAR » : DIE SCHULZE-BOYSEN-ORGANISATION IM ANTIFASCHISTISCHEN KAMPF », Berlin, 1972, et

Elsa BOYSEN : « HARRO SCHULZE-BOYSEN. DAS BILD EINES FREIHEITSKÄMPFERS », Düsseldorf, 1947.

(22) cfr. Anatoli GOUREVITCH¸ « UN CERTAIN MONSIEUR KENT. Le dernier témoin de l’Orchestre rouge », Grasset, Paris, 1996.

(23) En quelques années le Français Thierry WOLTON s’est imposé comme le meilleur spécialiste de l’espionnage avec ses livres « LE KGB EN FRANCE » et « LES VISITEURS DE L’OMBRE ». Pour écrire « LE GRAND RECRUTEMENT », il avait exploité les archives tant soviétiques qu’occidentales. Certaines de ses observations trouvent aujourd’hui une confirmation dans ce que vient de révéler Anatoli GOUREVITCH dans ses mémoires.

(24) Cfr. Louis DUPEUX, « « Entre Bismarck et Karl Marx » Le Vorkämpfer - Janvier 1930 - Janvier 1933 », in « NATIONAL BOLCHEVISME DANS L’ALLEMAGNE DE WEIMAR 1919 - 1933 », Librairie Honoré Champion, Paris, 1979, ps 429 à 463.

(25) Cfr. Louis DUPEUX, opus cit., « Le Gegner de Schulze-Boysen », ps 486 à 492.

(26) Gilles PERRAULT, « L’ORCHESTRE ROUGE », opus cit., ps 226 et 227.

(27) Pierre NOUAILLE, Claude GUILLAUMIN et Alain MANEVY¸ « STALINE¸ LE DERNIER DES TSARS », Ed. Fomat, Genève, 1974, p. 186.

(28) Gilles PERRAULT, opus cit., p. 296

(29) Gérard SANDOZ, opus cit., p. 228 et 229.

(30) Sur son parcours et son action, cfr :

Friedrich HIELSCHER, « FÜNFZIG JAHRE UNTER DEUTSCHEN », Rorvohlt, Hamburg, 1954,

Marcus BECKMANN¸ « Le retour des dieux. Friedrich Hielscher, essayiste politique (1926-1933) », in « NOUVELLE ECOLE », n° 48 (consacré au centenaire d’Ernst JÜNGER), Paris, 1996.

(31) Marcus BECKMANN, « Le groupe Hielscher, 1933-1945. Un travail de Sape contre le National-socialisme », in « NOUVELLE ECOLE », n° 48, Paris, 1996.

(32) Friedrich HIELSCHER, « RAPPORT SUR LE TRAVAIL SOUTERRAIN ENTREPRIS CONTRE LE NATIONAL-SOCIALISME », 25 et 26 juillet 1945, dossier n° 598 (sous le titre « Secret help tot persecuted jews (Hielscher Group) »),Wiener Library¸ tel-Aviv.

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