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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 14:50
Le quotidien britannique The Guardian révèle qu’un chirurgien turc a joué un rôle essentiel dans le trafic d’organes organisé dès 1999 au Kosovo. Yusuf Erçin Sönmez, alias « Docteur Vautour » effectuait depuis une dizaine d’années des transplantations de reins dans plusieurs pays. On a retrouvé des traces de ces transplantations récentes dans la clinique Medicus de Pristina, ce qui laisserait supposer qu’il aurait participé au trafic d’organes effectué par l’UCK.
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Yusuf Erçin Sönmez, alias « Docteur Vautour »

Dans la clinique Medicus, dans la banlieue de Pristina, est allongé sur un lit, un jeune turc de 23 ans à qui l’on a promis, à Istanbul, une bonne récompense pour un de ses reins. Sur un autre lit, un Israélien de 74 ans qui a payé 90.000 euros au marché noir pour un rein qui doit lui sauver la vie.

Selon un mandat d’arrêt international émis par Interpol la semaine dernière, le chirurgien qui doit opérer le prélèvement et la transplantation entre ces deux étrangers est Yusuf Erçin Sönmez, un chirurgien turc. Le parquet le soupçonne d’avoir joué un rôle central dans le trafic illégal d’organes dans cette clinique.

Sönmez plus connu sous le nom de « Docteur Vautour » est recherché par Interpol pour « atteintes à la vie et à la santé, trafic d’êtres humains et immigration illégale ». L’enquête menée par The Guardian fait de Sönmez un élément clé de ce trafic qui dure depuis plus de dix ans. Il a été vu à Bakou, en Azerbaïdjan, où il procédait à des transplantations de reins à l’hôpital universitaire de la ville.

Le bureau du procureur général d’Azerbaïdjan avait déclaré en novembre dernier qu’une enquête avait été ouverte à la suite d’informations données par la police ukrainienne qui avait découvert que « des citoyens de divers pays étrangers » avaient été introduits en Ukraine pour des transplantations illégales de reins. Quatre médecins ukrainiens avaient été arrêtés, soupçonnés d’avoir participé à ce racket. La presse d’Azerbaïdjan rapporte que Sönmez « était impliqué » dans ce réseau, qui pratiquait aussi ce type d’opérations en Équateur. Au cours d’une conférence de presse à Bakou, avant que le mandat international ne soit rendu public, Sönmez avait nié être mêlé à un trafic d’organes.

Selon l’acte d’accusation prononcé cette semaine par le procureur pour l’UE Jonathan Ratel, le rôle supposé de Sönmez dans la clinique Medicus est devenu clair quand la police a effectué une perquisition dans les lieux. L’enquête avait été ouverte quelques heures auparavant, après le malaise du jeune Turc à l’aéroport. Quand des responsables de l’aéroport ont découvert sa plaie à l’abdomen, il leur a dit qu’on venait de lui voler un rein.

Quatre anesthésistes et un ancien secrétaire au ministère de la Santé que le parquet soupçonne d’abus de pouvoir pour avoir donné à Medicus une fausse licence ont plaidé coupables. De même Lufti Dervishi, un urologue de renom au Kosovo qui est accusé d’avoir installé la clinique avec son fils Arban. Selon le juge Ratel, les victimes ont été trompées « avec de fausses promesses de paiement » pour leurs reins.

Quand les journalistes de The Guardian ont visité la clinique Medicus, ils ont pu voir des blouses chirurgicales pour les Russes, Moldaves, Kazakh et Turcs qui allaient perdre leurs reins ainsi que des cartons contenant du matériel médical avec le nom de Sönmez.

Le Professeur Dervishi qui travaille toujours à l’hôpital universitaire de Pristina utilisait des cartes professionnelles et les numéros de téléphone de la clinique Medicus dans une autre clinique voisine. Il a refusé de parler aux journalistes du journal britannique.

Les procureurs sont persuadés que c’est Sönmez qui est au cœur du trafic. Le chirurgien turc, que ses collègues considèrent comme un bon chirurgien mais un peu hors norme, a été arrêté plusieurs fois dans son pays pour des transplantations d’organes. En 1998, des membres d’une équipe de la télévision turque qui ont prétendu être des donneurs ont découvert sept patients qui attendaient un rein, la plupart venus d’Israël. Sönmez a plus tard été interdit de travailler dans le service public de santé en Turquie.

Depuis des liens ont été établis avec des cliniques qui pratiquent ce genre d’opérations dans le monde entier. Sönmez a admis avoir pratiqué des milliers de transplantations, mais les donateurs remplissaient des formulaires pour déclarer qu’ils donnaient leurs organes dans un but humanitaire.

La police a trouvé ces formulaires à la clinique Medicus, ainsi qu’une « grande quantité » de matériel médical et de dossiers concernant toutes les transplantations d’après le juge Ratel qui a déclaré que 30 victimes avaient perdu leurs reins sur une période de huit mois en 2008. Des patients du Canada, d’Allemagne, de Pologne et d’Israël ont reçu des organes dans cette clinique. Mais en dépit des promesses de paiement parfois allant jusqu’à 20.000 euros, les donateurs sont repartis les mains vides, a ajouté le juge.

Le rapport du Conseil de l’Europe sur le trafic d’organes au Kosovo a lié le cas de la clinique Medicus à un réseau criminel plus étendu au sein de l’Armée de libération du Kosovo qui a commencé en 1999. Une faction au sein de la guérilla fidèle à Hashim Thaçi a été accusée de superviser un trafic sur des prisonniers serbes. « Une poignée » d’entre eux auraient reçu une balle dans la tête avant l’extraction de leurs reins. On pense que les reins étaient alors mis dans des sacs spéciaux puis transportés par avion vers Istanbul. Hashim Thaçi a vigoureusement nié ces allégations.

Une source des services de renseignements américains a déclaré que les reins étaient vendus à Sönmez. C’est alors que l’on dit que le médecin turc s’est mis en relation avec des Albanais du Kosovo qui selon les enquêteurs sont impliqués dans l’affaire Medicus. Un juge du tribunal de Pristina doit décider si les preuves sont suffisantes pour porter l’affaire devant la justice.

« Il y a bien des similarités dans les deux affaires. Dans les deux cas, nous avons des organisations illégales qui établissent des liens avec des Albanais du Kosovo qui font du trafic d’organes pris sur des victimes innocentes, qui sont impliquées dans un trafic international au profit des cliniques de Sönmez ».

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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 14:49
Interrogé sur les conclusions de l’enquêteur du Conseil de l’Europe, l’ancien chef de la Minuk (1999-2001) s’est dit sceptique et en faveur de la mise en place d’une enquête internationale. Il affirme ne jamais avoir entendu parler d’un quelconque trafic d’organes pendant son mandat et nie avoir fermé les yeux sur les activités illégales de l’UÇK en l’échange de la paix. Bernard Kouchner a refusé de se prononcer sur Hashim Thaçi.

« Je suis sceptique vis-à-vis du rapport de Dick Marty », a déclaré Bernard Kouchner à la BBC. Avant d’ajouter que des recherches internationales complètes devaient être lancées.

Lors du sommet européen de Bruxelles vendredi 17 décembre, aucun participant n’a souhaité commenter le rapport de l’enquêteur du Conseil de l’Europe.

« Ma première réaction, et j’ai lu le rapport avec beaucoup d’attention, est que je suis très sceptique quant aux accusations de trafic d’organes. Ma seconde réaction est que quelqu’un doit enquêter et enquêter à fond. Voilà mes deux réactions », a déclaré Bernard Kouchner.

Interrogé sur qui devrait, à son avis, conduire cette enquête sachant que le Tribunal de la Haye ne peut plus ouvrir de nouveau dossier, l’ancien chef de la Minuk répond : « C’est une bonne question. Mais il y a l’Eulex, ils devraient mener l’enquête internationale. L’Eulex est composée de personnes issues des 27 pays de l’UE. Ils sont assez nombreux. Des juges et des procureurs travaillent pour l’Eulex. C’est précisément pourquoi l’Eulex existe. »

Commentant l’accusation de Marty à propos d’un nombre important de services secrets et de dirigeants occidentaux qui connaissaient l’existence de ces crimes, Kouchner a estimé que c’était faux.

« Non, cela n’est pas vrai. Nous ne savions rien. Si nous avions su, nous aurions envoyé des gens enquêter et déterminer les faits, bien sûr. Il y a un malentendu dans tout le rapport. Le crime organisé existe certainement. Je ne sais pas qui le dirige, mais nous avons entendu parler de crime organisé. Néanmoins, nous n’avons jamais entendu parler de trafic d’organes pendant que je me trouvais au Kosovo et c’était de 1999 à 2001. La première fois que j’en ai entendu parler c’était quand Carla Del Ponte a publié son livre. Et j’ai été très étonné », a-t-il expliqué.

L’ancien ministre français des Affaires étrangères a nié les allégations de Marty indiquant que lui et d’autres représentants de la communauté internationale avaient passé un deal avec les extrémistes albanais du Kosovo : pas d’actes de violence si la communauté internationale fermait les yeux sur ses activités.

« Fermer les yeux… Pauvre homme. Nous nous sommes battus contre le crime organisé et non organisé. Nous nous sommes aussi battus contre la violence et les morts jour et nuit. Nous avons œuvré afin de satisfaire la justice. Tel était le but de l’intervention internationale. Cette affirmation n’est pas vraie. Mais je n’ai pas à me défendre. Qui est cet homme ? Je ne le connais pas. Il fait partie du Conseil de l’Europe et nous devons le respecter. Je le respecte et j’ai lu le rapport avec la plus grande attention, mais je suis très sceptique. Je dois dire que je n’ai pas vu cette personne au Kosovo à l’époque », s’est défendu Bernard Kouchner.

Il a ensuite répondu, en faisant très attention à ses propos, sur ce qu’il pensait du Premier ministre kosovar, Hashim Thaçi. « Comprenez-moi bien. Je ne suis pas en train de juger M. Thaçi. Je suis en train de parler du rapport. M. Thaçi est actuellement le Premier ministre du Kosovo et il est en discussion avec le President Tadić. Je les respecte tous les deux. Les négociations sont très importantes. Et ce qu’il m’importe, c’est que la paix soit respectée dans une région où la communauté internationale s’est beaucoup investie, non seulement financièrement mais aussi humainement »

L’ancien chef de la Minuk estime que les dirigeants des pays de l’Ouest ne doivent pas se sentir mal à l’aise, à l’avenir, de rencontrer Thaçi. « Absolument pas. Ce n’est pas un obstacle. Même le Président Tadić a indiqué qu’il était prêt à rencontrer M. Thaçi tant que ces accusations n’étaient pas prouvées. Et je l’en remercie ».

L’enquêteur du Conseil de l’Europe a raconté que son travail avait été très difficile parce que les gens qui savaient quelque chose se montraient inquiètes à cause des meurtres de plusieurs personnes qui devaient témoigner auprès du TPI.

« Je ne suis pas enquêteur, je suis un pacificateur. Je dois dire que je n’ai pas vu qu’il y avait de telles menaces. Des gens me contactaient et parlaient à nos procureurs internationaux. Nous avions des procès, des verdicts. Nous faisions du mieux que nous pouvions », affirme Bernard Kouchner.

Il déclare, contrairement à Dick Marty, qu’il n’a jamais eu d’indications prouvant qu’une mafia, qui tue des personnes et qui soit prête à parler de ses activités, existe au Kosovo. « Je ne sais pas, laissez-le dire. Il a conduit une enquête et écrit un rapport. Mais je dois dire que les preuves concernant trois emplacements ne sont pas très convaincantes », ajoute l’ancien chef de la Minuk.

Il a aussi nié avoir ri lorsqu’un journaliste serbe l’avait questionné à propos de ce trafic d’organes lors de sa visite au Kosovo au printemps 2010. « Je n’ai pas ri parce que je considère cela comme très sérieux. S’il vous plaît, ne faites pas de cette affaire mon procès. Je ne sais pas. Je collaborais avec Rada Trajković. Elle était très courageuse et l’est toujours. Vous m’interrogez sur le rapport et je vous réponds. Premièrement, je suis sceptique et deuxièmement, une enquête doit être ouverte », a conclu M. Kouchner.

Regardez la vidéo :
quand Bernard Kouchner éclatait de rire en démentant la réalité du trafic d’organes

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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 14:48
Dick Marty, l’enquêteur mandaté par le Conseil de l’Europe, vient de livrer un rapport accablant sur le présumé trafic d’organes mené par l’UÇK sur des prisonniers serbes. La Serbie salue « son courage » tandis que Pristina dénonce des « inventions » destinées à discréditer le Kosovo. Du côté de l’UE et des États-Unis, on prend ce rapport « très au sérieux » tout en demandant plus de précisions.

Par Philippe Bertinchamps

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L’enquêteur du Conseil de l’Europe, Dick Marty

(Avec AFP et B92) – Le document du rapporteur du Conseil de l’Europe, Dick Marty, mettant en cause le Premier ministre kosovar, Hashim Thaçi, dans un présumé trafic d’organes de prisonniers serbes a soulevé une vague de réactions. Ces révélations sont intervenues quelques heures après l’annonce, lundi soir 13 décembre par la Commission électorale kosovare, que Hashim Thaçi et sa formation, le PDK, étaient arrivés en tête des élections législatives de dimanche.

Elles risquent de compliquer la tâche du Premier ministre pour former un nouveau gouvernement de coalition. L’Union européenne et les États-Unis ont manifesté leur préoccupation, tandis que le gouvernement kosovar a vivement réagi, parlant d’« inventions » visant à « salir l’indépendance du Kosovo ».

Les Serbes, eux, ont salué le « courage de M. Marty qui a brisé le silence et le secret ». Ils ont rappelé la nécessité de trouver la vérité afin de « faciliter la réconciliation et d’établir la confiance et la paix dans la région ».

L’ancienne Procureure du TPIY, Carla Del Ponte, qui fut la première à attirer l’attention sur ces trafics d’organes en 2008, a fait part de sa satisfaction et de son inquiétude, en attendant que justice soit rendue.

« L’enquête du Conseil de l’Europe a été la seule crédible jamais réalisée par quelque organisme compétent, local ou international, dans cette affaire », a-t-elle souligné.

Communauté internationale : des « allégations prises au sérieux »

Les États-Unis ont réagi mercredi 15 à ces révélations en invitant les auteurs du document à fournir les preuves de leurs allégations. « Tous les éléments et toutes les sources cités dans le rapport doivent être donnés aux autorités compétentes pour conduire une enquête complète et dans les règles », a déclaré le porte-parole du département d’État Philip Crowley. « Nous prenons très au sérieux toutes les allégations crédibles d’activités criminelles », a ajouté M. Crowley, et « nous encourageons la coopération dans ce domaine ».

À Bruxelles, la porte-parole de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a également invité le rapporteur du Conseil de l’Europe, Dick Marty, à présenter les preuves à sa disposition à la Mission européenne de police et de justice au Kosovo (Eulex). « Nous prenons toutes les allégations relatives au crime organisé et aux crimes de guerre très au sérieux », a précisé la porte-parole, Maja Kocijancik.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, a déclaré que la Russie était « très concernée » par le rapport du Conseil de l’Europe, appelant à en rendre le contenu public.

Amnesty international a appelé Eulex à ouvrir une « enquête immédiate sur l’implication présumée » de Hashim Thaçi « dans l’enlèvement après la guerre de Serbes et d’Albanais » du Kosovo vers l’Albanie.

Albanie : des « accusations infondées »

Le Premier ministre albanais, Sali Berisha, a rejeté les accusations du rapport Marty. « Après des enquêtes effectuées sur cette affaire en Albanie, le TPIY a déclaré qu’il n’existe aucun élément pour que ses juges y poursuivent leurs enquêtes », a-t-il dit à l’AFP. « Le rapport de M. Marty ne fait que répéter les accusations complètement infondées » contenues dans le livre de l’ancienne Procureure du TPIY, Carla del Ponte, paru en 2008 (La traque, les criminels de guerre et moi), et qui avait évoqué l’affaire pour la première fois, a estimé M. Berisha.

« M. Marty cite au moins 27 fois le nom du Premier ministre du Kosovo, Hashim Thaçi, sans fournir de preuves sur ses accusations. Cela fournit à M. Thaçi le droit de s’adresser à la justice et de retrouver M. Marty devant un tribunal », a souligné le Premier ministre albanais. « Si M. Marty, cet ancien procureur, dispose réellement de preuves, il devrait les présenter » devant le TPIY, a-t-il ajouté. « Les autorités albanaises se sont adressées, elles aussi, (au TPIY) et elles ont confirmé qu’elles étaient prêtes et disposées à toutes sortes d’enquêtes en Albanie », a-t-il encore déclaré.

Kosovo : un rapport « absurde »

De son côté, le gouvernement du Kosovo a dénoncé des « inventions » au sujet de ces révélations, ayant pour « objectif de jeter l’opprobre sur l’UÇK et ses dirigeants ». « Le gouvernement du Kosovo et le Premier ministre Hashim Thaçi entreprendront toutes les démarches et actions nécessaires pour écarter les mensonges de Dick Marty, y compris par des moyens légaux et politiques », indique-t-il dans une déclaration.

Le président du Kosovo par intérim, Jakup Krasniqi, a qualifié mercredi d’« absurde » le rapport de M. Marty, un document selon lui « rempli d’inventions de toutes pièces, de faits inexistants et d’accusations qui n’ont pas été confirmées par la justice internationale ». Le rapport contient, selon M. Krasniqi, « des observations racistes » et aurait pour but de mettre sur un pied d’égalité l’UÇK et « les massacres du régime de Milošević ».

Serbie : une « victoire pour la vérité et la justice »

Le Président serbe Boris Tadić s’est déclaré prêt à discuter avec Hashim Thaçi dans le dialogue à venir entre la Serbie et le Kosovo. « Nous devons négocier avec toute personne que les Albanais du Kosovo ont élue comme leur représentant légitime », a déclaré M. Tadić cité par l’agence Beta.

« Nous n’avons pas le droit d’avoir une opinion personnelle quand nous représentons l’intérêt public », a-t-il poursuivi, ajoutant toutefois qu’il appartenait à la communauté internationale de « prendre position » sur le rapport de Dick Marty. Le Procureur pour les crimes de guerre, Vladimir Vukcević, a parlé d’une « grande victoire pour la vérité et la justice » tandis que le ministre des Affaires étrangères, Vuk Jeremić, s’est interrogé sur l’« avenir » d’Hashim Thaçi.

« Les Serbes du Kosovo ne rejoindront pas le gouvernement Thaçi »

« Thaçi cherche un moyen d’obtenir son immunité, c’est pourquoi il veut des Serbes dans le gouvernement. Il a besoin d’une immunité grâce à une position institutionnalisée, mais je suis sûre que pas un seul Serbe ne siègera au gouvernement », a déclaré Rada Trajković, tête de la Liste unie serbe aux élections législatives du 12 décembre dernier.

Elle a également fait remarquer que de plus en plus d’Albanais ressentaient de l’animosité vis-à-vis du passé, de Hashim Thaçi et « pas seulement de lui ». « Je crois que les représentants des partis albanais voudraient que Thaçi s’en aille, mais ils ne peuvent pas le dire publiquement », a-t-elle ajouté, précisant que les partis albanais allaient plus se concentrer sur les irrégularités électorales que sur les accusations de crime.

Carla Del Ponte : « Que justice soit faite »

Dans une interview publiée par le site Internet Swissinfo.ch, l’ancienne Procureure du TPIY, Carla Del Ponte, qui fut la première à attirer l’attention sur ces trafics d’organes, s’est dit « bouleversée » par les révélations du rapport de Dick Marty.

« C’est les accusations portées dans mon livre qui ont conduit à l’enquête du Conseil de l’Europe, dont le rapport, sous forme de projet, a été publié mardi sur le site Internet de l’organisation », a-t-elle déclaré.

« Je suis choquée et profondément affligée par les découvertes présentées dans ce rapport et par les révélations autour de cette ‘cueillette d’organes’ – c’est-à-dire autour de l’assassinat intentionnel de prisonniers avec pour objectif de prélever et de vendre des organes pour de l’argent – réalisée par des membres de haut rang de l’UÇK, y compris des personnalités du gouvernement actuel », a dit Carla Del Ponte.

« Les autorités du Kosovo, le gouvernement et la justice de la République d’Albanie n’ont fait aucune enquête sur les déclarations recueillies dans mon livre et viennent de rejeter les graves accusations contenues dans le rapport du Conseil de l’Europe. C’est pour cette raison que j’implore l’Union européenne, les États-Unis, les Nations unies et tous les pays impliqués à fournir tout l’appui politique et le matériel nécessaire pour réaliser une enquête criminelle sur ces accusations et pour traduire en justice toutes les personnes suspectées d’avoir participé à ces crimes », a-t-elle ajouté.

« Espérons que les accusations du Conseil de l’Europe se transforment en un cri pour que la communauté internationale fasse ce qui est nécessaire pour résoudre ce problème », a conclu l’ancienne Procureure, aujourd’hui ambassadeur de Suisse en Argentine.

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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 14:47
La Commission des questions juridiques de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a demandé une série d’enquêtes internationales et nationales. Les suspects sont des groupes liés au crime organisé et aux milieux politiques au Kosovo. Les indices : disparitions, trafic d’organes, corruption et collusion. « Ce qui est nouveau, c’est qu’on en parle », juge le sénateur suisse Dick Marty, qui a enquêté sur l’affaire.

Par Philippe Bertinchamps.

« Traitement inhumain de personnes et trafic illicite d’organes humains au Kosovo ». Le rapport de Dick Marty a été adopté, jeudi matin, en commission par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE). Il sera débattu en séance plénière le 25 janvier à Strasbourg.

« Tout ce que j’ai à dire, je l’ai dit dans mon rapport »

Ce document met en cause l’actuel Premier ministre du Kosovo, Hashim Thaçi dans la protection, sinon l’organisation, de réseaux criminels qui se seraient livrés au trafic d’organes humains et auraient contrôlé « de façon violente » le commerce d’héroïne et d’autres stupéfiants.

Le travail de deux ans d’enquête de M. Marty est né des allégations du livre de Carla Del Ponte, La traque, les criminels de guerre et moi paru en avril 2008. L’ancienne Procureure du TPIY faisait état d’un « marché noir » international d’organes aux fins de greffe, mis en place et supervisé par l’UÇK dans les années 1999-2000.

Une période « chaotique », entre la fin des bombardements de l’Otan et la prise de contrôle du territoire par la Minuk. Selon Dick Marty, des hauts dignitaires de la guérilla indépendantiste albanaise alliée de l’Otan auraient orchestré un trafic d’organes prélevés sur des Serbes et des Albanais enlevés au Kosovo et déportés de l’autre côté de la frontière, dans des centres de détention secrets dans le Nord de l’Albanie.

« Les organes ont été prélevés dans un centre de réception dernier cri, puis transportés hors Albanie et transplantés sur des personnes qui payaient le prix fort », a indiqué M. Marty lors d’une conférence de presse jeudi 16 décembre à Paris.

Le « parrain » de cette organisation mafieuse serait Hashim Thaçi, l’un des chefs historiques de l’UÇK et actuel Premier ministre du Kosovo.

« Les grandes puissances savaient »

« Ce qui m’a profondément choqué, c’est que les faits décrits dans ce rapport étaient connus par de très nombreuses instances », a déclaré M. Marty.

Le rapport établit des faits « plus que troublants » qui démontrent qu’après les bombardements de l’Otan en 1999, une faction de l’UÇK commandée par M. Thaçi, le Groupe Drenica, a pris le contrôle, sans aucune entrave, d’un territoire élargi [1] où elle a pu exercer à sa guise divers trafics et activités de contrebande et éliminer ceux qu’elle considérait comme des rivaux, des traîtres et des personnes soupçonnées d’avoir « collaboré » avec les Serbes.

Les organisations internationales en place au Kosovo ont fermé les yeux, privilégiant une approche politique pragmatique, estimant devoir favoriser à tout prix la stabilité à court terme. « Ces crimes restés impunis n’ont jamais été l’objet d’aucune véritable enquête sérieuse », a constaté M. Marty.

« Il faut mettre un terme à cette hypocrisie et faire le travail », a-t-il estimé.

M. Marty a plaidé pour une dynamique de vérité : « Il n’y aura jamais de coexistence pacifique entre les différentes communautés si l’on continue à faire semblant de ne pas savoir ». Mais il a aussi évoqué la « peur dans les yeux des témoins », certains ayant été assassinés pendant l’enquête.

« De sérieux obstacles »

L’ancien procureur a souligné la difficulté de lancer d’une enquête indépendante, car ni le TPIY, ni la Mission Eulex n’ont compétence pour des crimes commis en Albanie. « Le TPIY n’est pas compétent pour des faits commis en Albanie ou après le 12 juin 1999 (date d’adoption de la résolution 1244 de l’Onu, NdT) », à la fin du conflit au Kosovo.

Les espoirs de M. Marty reposent essentiellement sur l’Eulex, chargée d’aider au renforcement de l’État de droit au Kosovo, et qui est « fondamentalement compétente pour le crime organisé ». « Une question de volonté politique », selon lui.

M. Marty a défendu un renforcement des capacités de la mission européenne, et conclu : « Il n’y a pas une justice des vainqueurs et des vaincus. Je suis persuadé que l’avenir du Kosovo peut être envisagé d’une façon positive si l’on fait véritablement la vérité ».

« Environ 500 victimes »

Lors d’une conférence de presse organisée hier après-midi à Belgrade, le Procureur serbe pour les crimes de guerre, Vladimir Vukcević, s’est félicité du rapport de M. Marty. Selon M. Vukcević, qui assure être « beaucoup plus avancé » dans son enquête que M. Marty, l’affaire concernerait 500 victimes, dont 400 Serbes.

« Sans la coopération entre les bureaux des Procureurs du Kosovo, d’Albanie et de Serbie, il n’y aurait pas de progrès dans l’enquête », a souligné M. Vukcević, avant de lancer un appel à la mobilisation régionale.

Dans son rapport, M. Marty remerciait M. Vukcević pour « sa coopération et sa disponibilité », tout en invitant les autorités de Serbie à mettre tout en œuvre pour capturer les personnes encore recherchées par le TPIY pour crimes de guerre.

L’impunité du général Ratko Mladić et de Goran Hadzić continue à constituer un « sérieux obstacle » à un processus de réconciliation : d’autres pays l’invoquent pour justifier le peu d’empressement à procéder eux-mêmes à des actes de justice.

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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 14:46
Les révélations concernant le rapport de l’enquêteur du Conseil de l’Europe sur le trafic d’organes mené par l’UCK se précisent. Les descriptifs de l’organisation de trafics humains menant au trafic d’organes citent, en plus d’Hashim Thaçi, diverses personnalités majeures de la scène politique kosovare, exerçant aujourd’hui au sein du gouvernement.
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En civil, Hashim Thaçi, le 13 mars 1999 Alban Bujari AFP/Archives

Tandis que le procès de la cause Medicus allait de l’avant le 14 décembre à Pristina, le site guardian.co.uk rapportait que le Suisse Dick Marty avait déclaré que « l’armée de guérilla kosovare » s’était constitué « une formidable base arrière au sein du crime organisé », tant au Kosovo qu’en Albanie.

La faction connue sous le nom de Groupe Drenica était dirigé par Hashim Thaçi en personne et est devenue la faction dominante de l’UCK. Plusieurs têtes pensantes de l’UCK de l’époque, dont celles du groupe en question, détiennent aujourd’hui des postes important dans le gouvernement actuel du Kosovo, affirme le reportage du journal anglais.

« En 1999, Hashim Thaçi était déjà identifié comme le plus dangereux de tous les « parrains » de l’UCK, et cela par tous les services de renseignement », dit Dick Marty.

Le groupe de l’UCK sous les ordres de Hashim Thaçi est aussi soupçonné d’avoir été la principale organisation chargée de faire franchir la frontière - certes poreuse - aux prisonniers. Les captifs auraient été détenus dans un réseau de six installations destinées à la détention de personnes. Il s’agissait surtout d’entrepôt, de corps de ferme et d’usines abandonnées reconverties à ces fins sinistres.

Le rapport, qui rappelle ne pas être une enquête criminelle et pour cette raison inapte à prononcer un jugement de culpabilité ou d’innocence, se concentre sur une figure décisive qui aurait joué un rôle central dans les chirurgies visant à prélever les organes, soutient le Guardian.

En effet, Shaip Muja, à l’époque commandant de la brigade médicale de l’UCK en Albanie, était - et est resté - un proche confident de Hashim Thaçi. Shaip Muja est actuellement Conseiller politique auprès du bureau du Premier ministre. Il est chargé des dossiers relatifs à la santé publique.

« Nous avons pu mettre à jour de nombreux indices qui convergent tous vers le rôle crucial joué par Shaip Muja dans les réseaux internationaux impliqués dans cette affaire, c’est-à-dire celui du trafic d’êtres humains, celui des agents procédant aux ventes des organes obtenus par le biais d’interventions chirurgicales illégales, ainsi que ceux des divers autres acteurs du crime organisé concernés », est-il écrit dans le rapport de Dick Marty.

L’enquêteur Marty estime qu’une quarantaine d’anciens captifs ayant été détenus en Albanie et ayant survécu à cet enfer seraient toujours vivants aujourd’hui. Tous les autres ont sans doute été assassinés, incluant selon lui les personnes transférées de l’autre côté de la frontière après la fin des hostilités.

Parmi les quelques geôles improvisées où des civils ont été séquestrés, Dick Marty cite la tristement célèbre « Maison jaune », située près de la petite ville de Burrel.

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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 14:46
Bouleversante nouvelle pour le Kosovo au moment même où le PDK vient de remporter les législatives. Des membres de l’UCK, sous la direction d’Hashim Thaçi, se seraient effectivement rendus coupables d’un trafic d’organes prélevés sur des prisonniers serbes. C’est ce que révèle le rapport soumis par l’enquêteur mandaté par le Conseil de l’Europe, Dick Marty.
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Emplacements probables de trafic d’organes au nord de l’Albanie

Des membres de l’UCK auraient bel et bien enlevé des Serbes et d’autres civils au Kosovo en 1999, afin de les transférer en Albanie. C’est là que leurs organes étaient prélevés pour être vendus sur le marché noir, toujours selon le rapport.

Les autorités internationales en place au Kosovo « n’ont rien mis en œuvre pour faire la lumière sur cette affaire, bien qu’elles aient eu les preuves en leur possession », peut-on lire dans le rapport.

L’enquêteur suisse - le même qui avait rendu publique l’histoire des prisons secrètes opérées par la CIA en Europe - se trouve donc à nouveau sous les feux des projecteurs, cette fois en raison de révélations concernant l’affaire de la désormais célèbre Maison jaune.

Pire, d’après le rapport que B92 a pu consulter mais qui n’a pas encore été publié, Hashim Thaçi, l’actuel Premier ministre du Kosovo, aurait été lui-même à la tête du groupe de criminels ayant procédé aux enlèvements de civils et au prélèvement de leurs organes.

Hashim Thaçi dirigeait le Groupe Drenica de l’UCK en1999 et aurait organisé personnellement tant les enlèvements que le trafic illicite d’organes, affirme le rapport rédigé par Dick Marty. Ce rapport est le fruit de deux années passées à enquêter sur la sordide affaire.

On y décrit le Groupe Drenica, mené par le futur Premier ministre Thaçi, comme l’aile la « plus extrémiste » de l’UCK. Dick Marty va encore plus loin et soutient que le puissant politicien kosovar albanais, dont le parti politique vient justement de remporter les élections législatives tenues au Kosovo dimanche dernier (12 décembre 2010), serait impliqué dans la contrebande d’héroïne et d’autres stupéfiants. Le Suisse dit appuyer ses allégations sur beaucoup de rapports internes produits par les services de renseignement de plusieurs pays européens.

« Nos sources de première main nous ont confirmé que Hashim Thaçi et ses proches collaborateurs ont ordonné - et dans certains cas personnellement supervisé - des meurtres, des séquestrations, des passages à tabac et des interrogatoires au Kosovo, essentiellement dans le cadre des opérations menées par l’UCK en territoire albanais de 1998 à 2000 », indique le rapport.

Le document accuse le Groupe Drenica de porter la responsabilité des prisons secrètes situées en Albanie, ainsi que du sort réservé aux personnes emprisonnées à cet endroit. « Parmi eux, il y avait beaucoup de civils capturés sur le territoire du Kosovo. »

La proposition de résolution de Dick Marty qui sera débattue par le Conseil de l’Europe stipule que les indices et les preuves confirmant que des Serbes, ainsi que des Albanais, ont été détenus dans des prisons secrètes opérées par l’UCK dans le nord de l’Albanie.

Le rapport, dont les détails ne sont pas encore publics, a été examiné par la BBC à Strasbourg aujourd’hui. On y apprend que des prisonniers ont été soumis à des traitements inhumains et à des humiliations, cela « avant de disparaître ».

La résolution et le rapport nomment explicitement des dirigeants de l’UCK et expliquent que les crimes se sont déroulés après la fin de la guerre de 1999, avant que les forces internationales ne restaurent l’ordre.

Quant au trafic d’organes lui-même, il aurait pris naissance dans le « chaos suivant la guerre ». Il aurait ensuite emprunté de nouvelles formes et se serait même poursuivi jusqu’à aujourd’hui, assure le rapport. On y lit également que c’est l’Eulex qui aurait mené l’enquête dans l’affaire de la clinique Medicus.

Dick Marty précise que les organes étaient prélevés sur des prisonniers dans une clinique située près de la petite ville de Fushë-Krujë, en Albanie, à 20 km au nord de Tirana.

Les organes étaient par la suite transportés vers l’aéroport de Tirana, afin d’y être expédiés par avion à de riches clients à l’étranger.

Dick Marty écrit dans le document que des signes de l’existence de cette activité étaient déjà perceptibles au début de l’année 2000, mais que les autorités internationales en place au Kosovo « n’ont pas jugé bon de lancer une enquête détaillée ». Dans le meilleur des cas, les autorités ont procédé à des investigations « superficielles et peu professionnelles sous tous égards ».

Le rapport de Dick Marty sera soumis à une commission du Conseil de l’Europe pour fins de discussion jeudi 16 décembre 2010. Si le rapport est adopté, il fera l’objet d’un débat devant le Comité parlementaire fin janvier 2011.

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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 14:45
La Commission électorale a confirmé, lundi soir, l’avance du PDK, qui recueille 33,5% des voix, contre 23,6% à la LDK, sur la base de 98% des bulletins de vote dépouillés. Le mouvement Vetëvendosja arrive en troisième position, avec 12,2%. L’AAK (10,8%) et l’AKR entrent également au Parlement. Malgré son avance, le PDK de Hashim Thaçi est désormais confronté à un difficile défi : comment former un gouvernement de coalition ?

Texte : Jean-Arnault Dérens - photos : Pierre Bonifassi

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Sympathisants de la LDK dimanche soir à Pristina

Toute la soirée de dimanche, la confusion a régné dans les rues de Pristina, où les partisans du Parti démocratique du Kosovo (PDK) et de la Ligue démocratique du Kosovo (LDK) fêtaient, les uns comme les autres, la victoire supposée de leur parti, séparés par un mince cordon de policiers. En effet, alors qu’un premier sondage sortie des urnes avaient indiqué les tendances une heure après les fermeture des bureaux de vote, les premiers résultats officiels se sont fait attendre jusqu’à lundi soir.

L’avance du PDK a été finalement confirmée, celui-ci obtenant 33,5%, un score légèrement inférieur à celui obtenu par le parti en 2007, loin donc du « triomphe » annoncé par Hashim Thaçi. Au siège du PDK, l’ambiance était néanmoins confiante, voire euphorique, lundi matin. Les cadres du parti sont convaincus que Hashim Thaçi restera Premier ministre.

La LDK et d’autres petits partis, dont certains ne passent pas le seuil électoral de 5%, comme Fryma e Re (Fer), contestent néanmoins ces résultats. La LDK dénonce notamment le taux de participation « exceptionnel » enregistré dans les communes de Skenderaj/Srbica et Glogovac/Glogovcë, bastions historiques du PDK : près de 95% des électeurs inscrits s’y seraient rendus aux urnes, contre 47% au niveau de tout le pays…

Le PDK n’aura pas de mal à obtenir le ralliement de l’AKR (7%), même si le chef de ce parti, le milliardaire kosovaro-suisse Behxhet Pacolli (lire notre article « Kosovo : Behxhet Pacolli, le milliardaire qui veut réconcilier Serbes et Albanais) aurait l’intention de réclamer le poste de Président du Kosovo, et toutes les rumeurs qui courent en ville indiquent que les diplomates occidentaux – notamment américains – pousseraient l’AAK à s’entendre avec le parti de Hashim Thaçi. De la sorte, le nouveau gouvernement réunirait les composantes éclatées de l’ancienne guérilla de l’UCK.

Celui-ci pourra également compter sur l’appoint bien utile des minorités et notamment des élus serbes. En effet, sur les 120 sièges du Parlement du Kosovo, dix sont réservés aux Serbes et dix aux « autres minorités » (Rroms, Bosniaques, Turcs, Gorani, etc).

Fraudes massives dans les enclaves serbes

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Dans un bureau de vote de Gračanica

La communauté serbe a en effet montré, encore une fois, deux visages totalement opposés. Les 40.000 Serbes de la zone nord du Kosovo, homogène et contigüe à la Serbie, ont totalement ignoré les élections. Les quelques « bureaux mobiles » établis dans cette zone n’ont recueilli que deux voix en toute la journée de dimanche, et ont dû se retirer dès le début de l’après-midi, dans un climat de forte tension. Par contre, la participation est fort significative parmi les 60.000 Serbes qui vivent dans les enclaves disséminées au sud du territoire : 35% d’entre eux se sont rendus aux urnes. Et ces électeurs serbes ont « plébiscité » le Parti libéral indépendant (SLS), qui recueille près de 80% de leurs suffrages.

Ce parti, qui dirige depuis l’an dernier les nouvelles communes serbes créées par le plan de décentralisation du Kosovo, participait également au gouvernement sortant de Hashim Thaçi. Les autres listes serbes dénoncent d’importantes malversations : pressions sur les électeurs, achats de voix et bourrage d’urnes. A Gračanica, la bourgade serbe des alentours de Pristina, une étrange ambiance régnait effectivement, dimanche, aux abords des bureaux de vote : des « militants » du SLS « montaient la garde » et ramenaient de chez eux les électeurs qui auraient oublié de remplir leur devoir civique. Selon plusieurs témoignages concordants, une voix se négociait 50 euros.

Le SLS et quelques autres partis représentant les « petites » minorités (Parti unifié rrom, SDA bosniaque) pourraient assurer un capital supplémentaire d’une quinzaine de sièges parlementaires à une majorité conduite par le PDK. Il est à prévoir que Hashim Thaçi tirera gloire de cette coalition « multiethnique ».

Défis difficiles pour le PDK

Des dossiers très difficiles attendent le nouveau gouvernement : les inévitables négociations avec Belgrade, qui pourraient commencer très rapidement, ainsi que de difficiles discussions avec l’Union européenne, dans l’espoir que le Kosovo obtienne, un jour, la libéralisation des visas dont bénéficient désormais tous les autres pays des Balkans. Le score du PDK, entaché de solides soupçons de fraude, a donc tout d’une victoire à la Pyrrhus.

La scène politique du Kosovo connaît en effet un profond bouleversement, avec l’émergence du mouvement Vetëvendosja (« Autodétermination »), qui se présentait pour la première fois à des élections. Dirigé par le charismatique Albin Kurti, l’ancien leader des manifestations étudiants des années 1990, Vetëvendosja dénonce la corruption des élites politiques traditionnelles, rejette toute forme de tutelle internationale, et revendique l’unification du Kosovo et de l’Albanie.

Avec 12% des voix, le mouvement n’entrera pas dans les tractations post-électorales et campera sur une ligne d’opposition radicale. Lundi matin, Bashkim, un militant de Vetêvendosja se frottait les mains : « si le PDK et l’AAK entrent en coalition, ils achèveront de se déconsidérer auprès de l’opinion, leur gouvernement ne tiendra pas un an, et notre tour viendra vite ! »

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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 14:44
Le mouvement Vetëvendosje (« Autodétermination »), dirigé par Albin Kurti, a demandé que le Premier ministre Hashim Thaçi, mis en cause dans le rapport de Dick Marty, soit déféré devant la justice.

Par Belgzim Kamberi

« Au lieu de le considérer comme leur principal partenaire stratégique pour maintenir la stabilité aux dépens du peuple du Kosovo, ils n’ont qu’à le déférer devant la justice. Nous craignons que ces prétentions du Conseil de l’Europe ne soient pas en rapport avec la justice, mais plus une pression contre Hashim Thaçi pour de nouvelles négociations et concessions avec la Serbie et son adhésion rapide à l’UE. Le peuple du Kosovo ne doit pas payer le prix des machinations de la stabilité régionale à travers des figures politiques liées au crime organisé balkanique. Même les perquisitions de l’Eulex des ministères et maisons luxueuses des politiciens n’ont jamais été suivies par la justice », a souligné le mouvement dans un communiqué.

Maintenant troisième force politique du pays, « Vetëvendosje » a ajouté que l’UCK ne peut pas être dénigrée à cause de personnalité comme Hashim Thaçi ou tout autre individu. « Indépendamment du fait que des personnes précises auraient pu tirer profit de la guerre pour leurs propres fins et leurs profits personnels, on ne doit pas mêler cela à l’effort de notre peuple pour la liberté, un effort pour se libérer des menottes de la violence et pour être sauvé de la répression et de la purification ethnique ».

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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 14:43
Une situation confuse a prévalu toute la soirée du 12 décembre à Pristina. Si un sondage sorti des urnes accordait 31% des voix au PDK du Premier ministre sortant Hashim Thaçi et 27% à la LDK d’Isa Mustafa, cette dernière formation revendiquait également la première place. Les sympathisants des deux camps, séparés par des cordons de policiers, ont commencé à fêter chacun leur « victoire ». La participation s’élève à 47%.

Par Jean-Arnault Dérens - photographies : Pierre Bonifassi

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Sympathisants de la LDK dimanche soir à Pristina

Le sondage sortie des urnes réalisé par l’institut Gani Bobi a été publié une heure à peine après la fermeture des bureaux de vote. Il accorde 31% des suffrages au PDK, 27% à la LDK et 16% au mouvement Vetëvendosja d’Albin Kurti.

Toutefois, le rapport des forces s’établit un peu différemment selon les premiers résultats communiqués, vers 1 heure du matin, par Democracy in Action, portant sur 31,7% des bulletins dépouillés. Sur ces bases, le PDK obtient 34,4%, la LDK 25,36, Vetëvendosja 11, 97%.

Par ailleurs, l’Alliance pour l’avenir du Kosovo (AAK) obtiendrait 10,18% et l’Alliance pour un nouveau Kosovo (AKR), 7,52%. Ni la Ligue démocratique de Dardanie (LDD) ni le mouvement Fryma e Re (FeR) ne passeraient le seuil électoral de 5%.

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Democracy in action en plein comptage

Malgré ces premières tendances, les militants de la LDK revendiquaient la victoire et se sont rassemblés dans le centre de la ville, aux abords de l’Hôtel Grand. Un cordon de policiers les séparaient des sympathisants du PDK, qui fêtaient également leur victoire. La LDK pourrait introduire des contestations et dénonce notamment les taux de participation exceptionnellement élevés enregistrés dans les bastions du PDK : près de 94% des inscrits à Skenderaj/Srbica et Glogovcë/Glogovac.

Dans le nord du Kosovo, la participation est nulle : 2 électeurs auraient utilisé leur droit de vote à Mitrovica-Nord, un seul à Leposavić et aucun à Zubin Potok et Zvečan, où les bureaux de vote mobile ont dû se retirer dès le début d’après-midi à la suite d’incidents.

Par contre, la participation serait supérieure à 30% dans les enclaves serbes du sud du Kosovo, où le Parti libéral indépendant (SLS) obtient plus de 60%. Ce résultat est contesté par les autres formations serbes, qui dénoncent l’achat de voix, les pressions sur les électeurs et la fraude pratiquée par le SLS.

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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 14:41
Bouleversante nouvelle pour le Kosovo au moment même où le PDK vient de remporter les législatives. Des membres de l’UCK, sous la direction d’Hashim Thaçi, se seraient effectivement rendus coupables d’un trafic d’organes prélevés sur des prisonniers serbes. C’est ce que révèle le rapport soumis par l’enquêteur mandaté par le Conseil de l’Europe, Dick Marty.
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Emplacements probables de trafic d’organes au nord de l’Albanie

Des membres de l’UCK auraient bel et bien enlevé des Serbes et d’autres civils au Kosovo en 1999, afin de les transférer en Albanie. C’est là que leurs organes étaient prélevés pour être vendus sur le marché noir, toujours selon le rapport.

Les autorités internationales en place au Kosovo « n’ont rien mis en œuvre pour faire la lumière sur cette affaire, bien qu’elles aient eu les preuves en leur possession », peut-on lire dans le rapport.

L’enquêteur suisse - le même qui avait rendu publique l’histoire des prisons secrètes opérées par la CIA en Europe - se trouve donc à nouveau sous les feux des projecteurs, cette fois en raison de révélations concernant l’affaire de la désormais célèbre Maison jaune.

Pire, d’après le rapport que B92 a pu consulter mais qui n’a pas encore été publié, Hashim Thaçi, l’actuel Premier ministre du Kosovo, aurait été lui-même à la tête du groupe de criminels ayant procédé aux enlèvements de civils et au prélèvement de leurs organes.

Hashim Thaçi dirigeait le Groupe Drenica de l’UCK en1999 et aurait organisé personnellement tant les enlèvements que le trafic illicite d’organes, affirme le rapport rédigé par Dick Marty. Ce rapport est le fruit de deux années passées à enquêter sur la sordide affaire.

On y décrit le Groupe Drenica, mené par le futur Premier ministre Thaçi, comme l’aile la « plus extrémiste » de l’UCK. Dick Marty va encore plus loin et soutient que le puissant politicien kosovar albanais, dont le parti politique vient justement de remporter les élections législatives tenues au Kosovo dimanche dernier (12 décembre 2010), serait impliqué dans la contrebande d’héroïne et d’autres stupéfiants. Le Suisse dit appuyer ses allégations sur beaucoup de rapports internes produits par les services de renseignement de plusieurs pays européens.

« Nos sources de première main nous ont confirmé que Hashim Thaçi et ses proches collaborateurs ont ordonné - et dans certains cas personnellement supervisé - des meurtres, des séquestrations, des passages à tabac et des interrogatoires au Kosovo, essentiellement dans le cadre des opérations menées par l’UCK en territoire albanais de 1998 à 2000 », indique le rapport.

Le document accuse le Groupe Drenica de porter la responsabilité des prisons secrètes situées en Albanie, ainsi que du sort réservé aux personnes emprisonnées à cet endroit. « Parmi eux, il y avait beaucoup de civils capturés sur le territoire du Kosovo. »

La proposition de résolution de Dick Marty qui sera débattue par le Conseil de l’Europe stipule que les indices et les preuves confirmant que des Serbes, ainsi que des Albanais, ont été détenus dans des prisons secrètes opérées par l’UCK dans le nord de l’Albanie.

Le rapport, dont les détails ne sont pas encore publics, a été examiné par la BBC à Strasbourg aujourd’hui. On y apprend que des prisonniers ont été soumis à des traitements inhumains et à des humiliations, cela « avant de disparaître ».

La résolution et le rapport nomment explicitement des dirigeants de l’UCK et expliquent que les crimes se sont déroulés après la fin de la guerre de 1999, avant que les forces internationales ne restaurent l’ordre.

Quant au trafic d’organes lui-même, il aurait pris naissance dans le « chaos suivant la guerre ». Il aurait ensuite emprunté de nouvelles formes et se serait même poursuivi jusqu’à aujourd’hui, assure le rapport. On y lit également que c’est l’Eulex qui aurait mené l’enquête dans l’affaire de la clinique Medicus.

Dick Marty précise que les organes étaient prélevés sur des prisonniers dans une clinique située près de la petite ville de Fushë-Krujë, en Albanie, à 20 km au nord de Tirana.

Les organes étaient par la suite transportés vers l’aéroport de Tirana, afin d’y être expédiés par avion à de riches clients à l’étranger.

Dick Marty écrit dans le document que des signes de l’existence de cette activité étaient déjà perceptibles au début de l’année 2000, mais que les autorités internationales en place au Kosovo « n’ont pas jugé bon de lancer une enquête détaillée ». Dans le meilleur des cas, les autorités ont procédé à des investigations « superficielles et peu professionnelles sous tous égards ».

Le rapport de Dick Marty sera soumis à une commission du Conseil de l’Europe pour fins de discussion jeudi 16 décembre 2010. Si le rapport est adopté, il fera l’objet d’un débat devant le Comité parlementaire fin janvier 2011.

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