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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 13:09

Pour signer l’appel, vous devez remplir le formulaire qui se trouve ci-dessous. Votre adresse mail ne sera pas rendue publique. Mais un mail y sera envoyé automatiquement par notre serveur à l’adresse mail que vous aurez donnée. Dans ce mail, vous trouverez un lien sur lequel vous devrez cliquer pour que votre signature soit confirmée.


De nombreux témoignages, souvent en provenance d’anciens compagnons de Charles Taylor, mettent en cause Blaise Compaoré dans l’assassinat de Thomas Sankara, avec la complicité d’Houphouët Boigny, mais aussi de la France, de la CIA et d’autres personnalités africaines.

En avril 2006, le Comité des Droits de l’Homme de l’ONU, saisi par le Collectif Juridique de la Campagne internationale Justice pour Thomas Sankara (CIJS) au nom de la famille, donnait raison aux plaignants et, demandait à l’Etat burkinabé d’élucider l’assassinat de Thomas Sankara, de fournir à la famille les moyens d’une justice impartiale, de rectifier son certificat de décès, de prouver le lieu de son enterrement, de compenser la famille pour le traumatisme subi, et de divulguer publiquement la décision du comité.

Le 21 avril 2008, le comité des droits de l’homme de l’ONU, en contradiction totale avec la décision précédente a clos le dossier sans qu’une enquête n’ait été diligentée. Cette décision ne fait pas honneur à cette institution.

Au sein de la communauté internationale certains font mine de voir en Blaise Compaoré un homme de paix, lui qui pourtant est notoirement impliqué dans les conflits au Libéria, en Sierra Léone et dans des trafics d’armes et de diamants pour l’UNITA de Jonas Sawimbi alors sous embargo onusien, et plus récemment dans le conflit qui a déchiré la Côte d’Ivoire.

Cette même communauté internationale nous propose de nous apitoyer sur ce Continent pourtant si riche qu’est l’Afrique, tout en travaillant à perpétuer son assistance et sa soumission. En réalité, les vraies raisons des difficultés du continent sont à chercher dans les réseaux internationaux qui fomentent les guerres et les assassinats pour conserver leur mainmise sur les richesses du continent avec la complicité des pays occidentaux et de certains dirigeants africains.

Plus de 22 ans après son assassinat, Sankara, personnage historique, leader africain de premier plan, représente de plus en plus une référence, comme leader intègre, déterminé, créatif et courageux, précurseur de la lutte pour la défense de l’environnement et la révolution burkinabé est devenu un modèle de développement. Sankara a été assassiné parce qu’il dénonçait la dette odieuse et le diktat des puissances occidentales, mais aussi parce qu’il engageait une politique décidée dans son pays, orientée vers les besoins de son pays, pour la satisfaction des populations de son pays, tout en œuvrant pour le panafricanisme.

C’est pourquoi nous soutenons et appelons à soutenir les initiatives du collectif juridique du la CIJS qui inlassablement, depuis plus de 12 ans, intente, des actions juridiques aux côtés de la famille Sankara.

Nous demandons l’ouverture des archives des pays que les témoignages désignent comme impliqués à savoir principalement la France, les USA, mais aussi la Côte d’Ivoire, le Togo et la Libye.

Nous demandons que s’engage sans tarder, une enquête indépendante sur l’assassinat de Thomas Sankara. Ceci est un devoir pour la communauté internationale, un droit pour la famille Sankara, une exigence pour la jeunesse d’Afrique, une nécessité pour l’avenir de ce continent qui ne saurait se construire avec une histoire amputée de la vérité sur un des épisodes majeurs de la fin du 20eme siècle.

Nous appelons la jeunesse, les partis démocratiques, le mouvement social en Afrique et au-delà dans les pays du monde à continuer à se mobiliser pour que cette enquête fasse toute la lumière sur cet assassinat et pour que justice soit faite, ce qui serait un grand pas pour mettre fin à l’impunité en Afrique.

Les premiers soutiens :

Associations : CADTM, SURVIE, Coalition des Alternatives Africaines Dette et Développement (CAD-Mali), ATTAC Afrique, CEDETIM, Investig’action, Observatoire de la dette dans la Globalisation, Mouvement des Indigènes de la République, Mouvement Citoyen Palestine, AFASPA, l’Etrange Rencontre, Mouvement des Sans Voix du Burkina, Mouvement des africains à Rome, Agir pour les droits de l’homme, Collectif Afrique de Lille, CETIM (Centre Europe - Tiers Monde), Mouvement de la Paix, Casa della sinistra Thomas Sankara, Forum Sinistra Europea Genova, Associazione Culturale Punto Rosso Genova, Circolo ARCI Thomas Sankara, Fratelli Dell’Uomo ong, Association « Carlo Giuliani », Bellaciao, Association d’aide et de protection des groupes vulnerables/Burkina Faso, Fifanampiana malagasy / Comité de solidarité de Madagascar, Comité de soutien à la Refondation Démocratique de la Bolivie, SOS démocratie aux Comores, Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique (J.U.D.A) , Baraka

Partis : Burkina : UNIR/PS, FFS, PAI, GDP ; France : NPA, Les Verts, PCF, Parti de Gauche, les Alternatifs, PRCF (Pôle de Renaissance Communiste en France) ; RND (Sénégal), Parti communiste du Québec, Partito della Rifondazione Comunista (Italie), MANIDEM (Cameroun), Parti SADI (Mali), Workers’ Party of Hungary 2006, Parti Communiste d’Espagne

Syndicats : Solidaires (France), Syndicat National des Agents des Douanes du Niger SNAD (Niger ), Intersindical Canaria

Personnalités : José Bové, Tiken Jah Fakoly, Eduardo Galeano (écrivain), Didier Awadi, Balufu Bakupa-Kanyinda, Cheick Fantamady Camara, Jean Ziegler, Alain Mabanckou (écrivain, prix Renaudot 2006), Didier Daeninckx (écrivain), Hama Arba Diallo, Benéwendé Sankara, Guy-Patrice Lumumba, Tidiane N’Diaye, Blandine Sankara, Puis Njawé directeur du Messager (Cameroun), Cheikh Oumar Cissoko, Maurice Freund (Directeur de Point Afrique), Gilles Lemaire, Sams’K Le Jah (musicien), Robin Shuffield (cinéaste), Smockey (musicien), Eric Toussaint, Barry Aminata Touré, Fidel Toe (ancien ministre du Burkina), Brice Makosso (« Publiez Ce Que Vous Payez »), Enrico Dagnino (photojournaliste), Bruce Clark (artiste peintre), Gustave Massiah, Mohamed Challouf (cinéaste), Alain Lipietz, Abdoulaye Diallo (cinéaste), Rémi Rivière (Directeur de publication de Pays Basque Info), Moussa Demba Dembele, Michel Collon, Camille de Vitry (documentariste), Houria Bouteldja, Francine Bavay (Vice Présidente Verte du Conseil Régional d’Ile de France), Nicole Kiil-Nielsen (députée européene, Antonio Lozano (écrivain), Jacques Jouet (écrivain), Joël Vernet (écrivain), Christophe Baroni (écrivain, psychanalyste), Comi Toulabor (chercheur), David Gakunzi, Dia Thierno Ibrahima (universitaire), Pollmann Christopher (universitaire), Aziz Fall, Gisèle Rabesahala (ancienne ministre malgache de la Culture), Boswa Isekombe Sylvere (President du Reseau international pour les 5 cubains Afrique), Thomas Coutrot, Bernard Dreano, Silvestro Montanaro (Journaliste), Sabina Guzzanti (Realisatrice, Actrice), Luigi De Magistris (Député européen)...

contacts  : contactjusticepoursankara (at) gmail.com ; Solidaires/ CADTM Pointe-Noire, Congo Brazaville, jlemvo (at) yahoo.fr et solasso (at) yahoo.fr ; Comité Sankara, España, alozano956 (at) hotmail.com ; Collectif Sankara Ile de France, France, collectifthomsank (at) gmail.com ; Comité Sankara de Montpellier, France, comitesankara (at) yahoo.fr ; Comitato Italiano SankaraXX, Italie, sankara.italia (at) gmail.com ; Sankara Tribute (Washington), USA, Sankaratribute (at) yahoo.com ; Groupe Thomas Sankara de Liège, Belgique, pauline (at) cadtm.org ; GRILA, Groupe de recherche et d’initiatives pour la libération de l’Afrique, Canada, admin (at) grila.org ; ATTAC Togo, Togo, attactogo (at) yahoo.fr ; Arbeitskreis Panafrikanismus München (AKPM), Allemagne, sekretariat (at) panafrikanismusforum.net ; RAID ATTAC Tunisie, Tunisie, fatcham (at) yahoo.fr ; FNDP (forum national sur la dette et la pauvreté), Côte d’Ivoire, fndp11 (at) yahoo.fr ; RNDD ( Réseau National Dette et Développement), Niger, rnddniger (at) gmail.com ; Club Sankara du Sud-Ouest, Burkina, sanksudouest (at) yahoo.fr Solidaires/ CADTM Pointe-Noire, Congo Brazaville, jlemvo (at) yahoo.fr et solasso (at) yahoo.fr, CETIM (Centre Europe Tiers Monde), Suisse, cetim (at) bluewin.ch

 

http://www.thomassankara.net/spip.php?article866

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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 13:08

Ce 15 Octobre 2010 marque la 23ème commémoration de l’assassinat de Thomas Sankara premier président du Burkina Faso.

Le peuple du Burkina, la population africaine et la communauté internationale attendent toujours de savoir les circonstances de cet assassinat et leur responsable. L’assassinat de Sankara, en compagnie d’une dizaine de ses camarades, et la série de crimes politique qui ont suivi ont clos de façon sanglante une des dernières expériences révolutionnaires en Afrique. Mais l’impunité érigée en système au Burkina a été ébranlée par 13 années de la CIJS campagne Internationale Justice pour Sankara. On se souvient qu’après avoir épuisé tous les recours juridique au Burkina, son collectif juridique avait porté l’affaire au comité des droits de l’Homme de l’ONU. Ce dernier avait crée un précédent en Afrique et au sein de l’ONU en reconnaissant les violations de l’État parti :

« le refus de mener une enquête sur la mort de Thomas Sankara, la non-reconnaissance officielle du lieu de sa dépouille, et la non-rectification de l’acte de décès constituent un traitement inhumain à l’égard de Mme Sankara et ses fils, contraire a l’article 7 du Pacte. Par. 12.2 La famille de Thomas Sankara a le droit de connaître les circonstances de sa mort (…) Le Comité considère que le refus de mener une enquête sur la mort de Thomas Sankara, la non-reconnaissance officielle du lieu de sa dépouille, et la non-rectification de l’acte de décès constituent un traitement inhumain à l’égard de Mme Sankara et ses fils..) »

Mais le comité des droits de l’Homme ne retenait pas expressément le droit d’enquête et n’exigea qu’une compensation et une reconnaissance du lieu de sépulture. Paradoxalement le Burkina n’a apporté aucune preuve pour justifier le lieu de sépulture. La somme offerte en indemnisation à la famille totalisait 43 445 000 Francs CFA, soit 66 231,475 Euros, ou 65 000$. Certains des experts ont estimé que cette somme était plus généreuse (soit 650 000 $ - 434 450 000 FCFA) et que l’État partie faisait montre de beaucoup d’effort en biffant le mot « naturelle » de l’odieux certificat de décès, qui prétendait qu’il était décédé de mort naturel. Malgré la rectification du chiffre par les avocats et l’évidence que le pèlerinage des Sankaristes au cimetière devant des tombes présumées ne pouvait servir de preuve, le comité des droits de l’Homme a déclaré être satisfait en avril 2008 « aux fins du suivi de ses constatations et –qu’il- n’a pas l’intention d’examiner cette question plus en avant au titre de la procédure de suivi ».

Mais la CIJS poursuit sa lutte contre l’impunité d‘autant plus que le Burkina a continué à accumuler d’autres violations, passibles de poursuites, tandis que de nouvelles révélations de protagonistes de ces sinistres événements auraient dû l’amener à ouvrir une enquête ou à tout le moins à enfin officiellement donner sa version des faits. (Voir http://www.grila.org/15_octobre_2009.html )

Le collectif de la CIJS prenant au mot la décision onusienne a demandé à aux autorités de prouver que le caveau présumé de Sankara est bien le sien. Le 15 Octobre 2009 le Collectif juridique de la CIJS (1), a déposé une requête pour assignation ainsi qu’ une ordonnance pour un relevé des empreintes génétiques du corps présumé de la sépulture, érigée par le gouvernement du Burkina Faso, devant être comparées avec celles prélevées aux deux enfants Sankara. Un an plus tard, jour pour jour, au mépris du droit les autorités n’ont donné aucune suite à cette requête. À Ouagadougou, e 15 Octobre à 9h40 la CIJS réitère plus fermement sa demande et exige une assignation à date fixe. La rencontre a été exigée auprès du tribunal de grande instance par Me Nzeppa, Farama et Sankara pour le 10 novembre 2010 à 8h et voici quelques extraits de la dite requête :

« Attendu que par Communication en date du 05 avril 2006 (CCPR/86/1159/2003), le Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies a mentionné au Point 14 qu’ « en vertu du paragraphe 3a) de l’article 2 du pacte, l’Etat partie est tenu d’assurer un recours utile et effectif à Mme SANKARA et ses fils consistant notamment en une reconnaissance officielle du lieu de sépulture de Thomas SANKARA, et une indemnisation pour l’angoisse que la famille a subie ».

Que dans son mémorandum sur les mesures de mise en œuvre des recommandations du Comite des Droits de l’Homme, le gouvernement du Faso a indiqué avoir pris ou compte prendre un certain nombre de mesures.

Que concernant plus précisément la sépulture dont s’agit, « la tombe de Thomas SANKARA est de notoriété publique au Burkina Faso. Elle est vénérée, chaque année, à l’occasion de la commémoration du décès du Président SANKARA. La famille SANKARA connaît pour le moins bien la tombe de Thomas SANKARA…

… Le gouvernement est prêt à indiquer officiellement à Mariam SANKARA et à ses enfants la tombe de Thomas SANKARA qui se trouve au sein du cimetière de Dagnoen, au secteur 29 de Ouagadougou… » (II. 2.1). Que Mme veuve SANKARA et ses enfants veulent donc avoir la certitude que le corps se trouvant dans la sépulture qui a été érigée par l’Etat du Faso est bien celui de Thomas SANKARA.

C’est la raison pour laquelle les requérants sollicitent une mesure d’expertise par la méthode des empreintes génétiques, celles du corps se trouvant dans la sépulture érigée par le gouvernement du Burkina Faso devant être comparée avec celles d’un ou des deux enfants de Thomas SANKARA, demandeurs à la présente.

Dans une note de remerciement au GRILA et aux avocats Mariam Sankara veuve de Thomas Sankara déclare :

« Chers amis du GRILA, 23 ans de lutte contre l¹impunité, 23 ans que vous portez haut et fort le flambeau du sankarisme, 23 ans pendant lesquels inlassablement vous avez contribué à ce que Thomas Sanakara et ses compagnons lâchement abattus non seulement ne tombent pas dans l¹oubli, mais que justice leur soit rendue et que la lumière soit faite sur ces événements du 15 Octobre 1987. La famille Sankara, mes enfants et moi même vous sont et vous seront éternellement reconnaissants. Selon un proverbe Africain : « la chèvre dit comment remercier le Dieu de la brousse comme si demain je ne reviendrai pas brouter herbe de ses champs » autrement dit je ne saurai jamais vous remercier car je sais que vous serez toujours à mes côtés ».

La veuve Sankara dans un message adressé aux sankaristes les enjoints à «  continuer leur mobilisation contre l’impunité dont bénéficient les assassins et commanditaires et à unir leur force aux côtés du peuple burkinabé pour que par leur votes un véritable changement puisse se produire ». Le message intégral est posté sur le site Thomassankara à http://thomassankara.net/spip.php?article981 sur lequel figure aussi une très encourageante pétition de ses animateurs qui engrangent des milliers de signatures appelant à poursuivre la mobilisation pour la justice pour Sankara ( http://www.thomassankara.net/spip.php?article866 ) .

(1) Le Collectif Juridique de la CIJS est composé de : Me Nargess Tavassolian ; Me Aissata Tall Sall ;Me Jean Abessolo ; Me Catherine Gauvreau ; Me Charles Roach ; Me Dieudonné Nkounkou ; Me ’Gaston Gramajo ;Me Ferdinand Djammen Nzeppa ; Me John Philpot Me Vincent Valai ; Me Neda Esmailzadeh ; Me Patricia Harewood ; Cabinet Sankara ; Me William Sloan

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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 13:07

Le 15 Octobre 2009 marque la 22ème Commémoration de l’assassinat du capitaine Thomas SANKARA, premier Président du Burkina Faso.

L’assassinat de SANKARA, en compagnie d’une douzaine de ses camarades, et la série de crimes politiques qui s’y sont poursuivis, ont clos de façon sanglante une des dernières expériences révolutionnaires en Afrique. En cette période de crise économique, financière alimentaire, environnementale caractérisée par l’instabilité politique et le bradage des ressources du continent africain, le développement autocentré et le panafricanisme de Sankara s’avèrent plus que d’actualité. Le peuple du Burkina, la population africaine et la communauté internationale attendent toujours de connaître les circonstances de cet assassinat et leur (s) responsable (s).

L’impunité érigée en système au Burkina a été ébranlée par douze années d’efforts de la CIJS (Campagne Internationale Justice pour SANKARA) et de pugnacité du peuple Burkinabé. On se souvient qu’après avoir épuisé tous les recours juridiques au Burkina Faso, son Collectif juridique avait porté l’affaire devant le Comité des Droits de l’Homme de l’ONU. Ce dernier avait crée un précédent en Afrique et au sein de l’ONU en reconnaissant les violations de l’État parti :

« le refus de mener une enquête sur la mort de Thomas SANKARA, la non-reconnaissance officielle du lieu de sa dépouille, et la non-rectification de l’acte de décès constituent un traitement inhumain à l’égard de Mme SANKARA et ses fils, contraire à l’article 7 du Pacte (par. 12.2). La famille de Thomas SANKARA a le droit de connaître les circonstances de sa mort (…). Le Comité considère que le refus de mener une enquête sur la mort de Thomas SANKARA, la non-reconnaissance officielle du lieu de sa dépouille, et la non-rectification de l’acte de décès constituent un traitement inhumain à l’égard de Mme SANKARA et ses fils.. » et par. 12.6. … le Comité considère que, contrairement aux arguments de l’Etat partie, aucune prescription ne saurait rendre caduque l’action devant le juge militaire, et dès lors la non-dénoncation de l’affaire auprès du Ministre de la défense revient au Procureur, seul habilité à le faire... »

Cependant le Comité des Droits de l’Homme ne retenait pas expressément le droit d’enquête, mais exigeait une compensation financière et une reconnaissance du lieu de sépulture. Paradoxalement le Burkina Faso n’a apporté aucune preuve pour justifier le lieu de sépulture. La somme offerte en indemnisation à la famille totalisait 43 445 000 Francs CFA, soit 66 231,475 Euros, ou 65 000$, à peine équivalente à la somme de liquidation de la pension de feu Sankara à ses ayants-droits. Certains des experts se sont trompés dans la conversion en ajoutant un zéro à l’indemnité (soit 650 000 $ - 434 450 000 FCFA), alors que d’autres considéraient que l’État-partie faisait montre de beaucoup d’effort en rayant le mot « naturelle » du faux certificat de décès qui prétendait le Président SANKARA était décédé de mort naturelle. Malgré la rectification du chiffre par les Avocats et l’évidence que le pèlerinage des Sankaristes au cimetière devant des tombes présumées ne pouvait servir de preuve, le Comité des Droits de l’Homme a déclaré être satisfait en avril 2008 « aux fins du suivi de ses constatations et – qu’il n’a pas l’intention d’examiner cette question plus en avant au titre de la procédure de suivi ».

Mais le Collectif Juridique International Justice Pour Sankara poursuit sa lutte contre l’impunité d‘autant plus que le Burkina Faso a continué à accumuler d’autres violations, passibles de poursuites, tandis que de nouvelles révélations de protagonistes de ces sinistres événements auraient dû l’amener à ouvrir une enquête ou à tout le moins, à enfin donner officiellement sa version des faits. En effet dans des révélations inédites corroborant les propos du Général Tarnue, déjà assignés en preuve par le Collectif Juridique International Justice Pour Sankara, le sénateur Johnson du Libéria, devant la Commission de Réconciliation, a imputé le meurtre de SANKARA au Président COMPAORE et son régime et aux connivences avec l’ex-Président Taylor. Ce dernier, contre-interrogé au Tribunal Pénal de La Haye le 25 août 2009 (page 27602), a nié en alléguant qu’il était en ce moment là aux arrêts au Ghana, mais se fourvoie sur la culpabilité de COMPAORE dans son interrogatoire, avant de se rétracter (j’étais encore enfermé en prison quand Blaise COMPAORE les a tués - I was still locked up in jail when Blaise Compaore killed all - during the killing of Thomas SANKARA, because I can’t say he killed, but he didn’t do it himself. I was in prison in Ghana…) http://www.sc-sl.org/LinkClick.aspx?fileticket=prr6j5%2bbmsc%3d&tabid=160 Dans un documentaire de la RAI, « Ombre Africane » http://www.youtube.com/watch?v=ChDY4zbMHes&eurl=http://www.youtube.com/user/lhommeintegre&feature=player_profilepage#t=22 , un autre libérien, le Général Momo Jiba, qui fut garde du corps de Blaise COMPAORE abonde dans le sens de Tarnue et de Johnson, apportant des éclairages inédits sur l’assassinat de Thomas SANKARA. Il prétend, devant une caméra cachée, avoir assisté au meurtre et surtout que le Président COMPAORE a fait feu personnellement sur Sankara et que ce coup d’État est un complot international ayant même bénéficié de l’appui de la CIA. Un autre journaliste, Keith Harmon SNOW, dans une entrevue avec Norbert ZONGO son collègue depuis assassiné par le régime COMPAORE, avait aussi rapporté l’implication du Mossad et de la CIA dans cet assassinat. http://www.allthingspass.com/journalism.php?jid=4

Tous ces témoins disent craindre pour leur vie et refusent de donner plus de détails sur cette affaire. Cette dernière, plus que jamais, plaide pour que les pays impliqués déclassifient leurs archives, que les témoins dévoilent leur version afin que la vérité soit connue et que les burkinabés puissent tourner la page de l’impunité.

Le Président Blaise COMPAORE, responsable présumé de ces assassinats a été récemment nommé Médiateur de la crise en Guinée après la sanglante répression de manifestants. Au micro de RFI, il déclare sans ciller : « Nous ne devons pas tolérer en Guinée qu’il y ait encore des discussions sur des personnes disparues dont on ne retrouve pas les corps » http://www.rfi.fr/actufr/articles/118/article_85342.asp .

Pourtant le corps de Thomas SANKARA n’a jamais été retrouvé, et c’est pourquoi une plainte pour séquestration avait été introduite par Maître Dieudonné NKOUNKOU, Avocat au Barreau de Montpellier et depuis lors demeure sans réponse des autorités judiciaires au Burkina Faso.

Le Collectif Juridique International Justice Pour Sankara, ainsi que la famille SANKARA, s’en référant à la décision onusienne, veulent savoir si le caveau érigé par l’État Burkinabé est bien le celui du Capitaine Thomas SANKARA. C’est la raison pour laquelle, ce 15 Octobre 2009, le Collectif, représenté par Me DJAMMEN NZÉPA, Avocat au Barreau de Toulouse, va introduire une procédure judiciaire aux fins d’expertise des empreintes génétiques du corps présumé de ladite sépulture, à l’effet de les comparer à celles prélevées aux deux enfants SANKARA.

Dans une note de remerciements au GRILA et aux Avocats, Mariam SANKARA, veuve de Thomas SANKARA a déclaré : « Vous êtes les pionniers de la défense de la mémoire de mon époux. Si beaucoup d’autres ont repris le flambeau, c’est grâce à vous. Vous avez le mérite et le courage d’avoir porté ma quête de vérité sur l’assassinat de Thomas SANKARA… ». Cette phrase de SENEQUE l’illustre : « Ce n’est pas parce que c’est difficile que l’on n’ose pas. C’est parce que l’on n’ose pas que c’est difficile ».

Dans un message adressé à son peuple à l’occasion de la 22 ème commémoration, Mariam SANKARA, reprenant l’adage populaire « Quelque soit la longueur de la nuit, le jour apparaîtra » en appelle, à l’unité, à la résistance et à la détermination en rappelant combien le message et l’objectif de SANKARA restent actuels. Récemment,, en prévision du Sommet Afrique-Amérique latine, le Président Hugo CHAVEZ du Venezuela l’a illustré en citant longuement Thomas SANKARA dans son discours de 1984 afin de galvaniser ses hôtes africains et promouvoir l’expérience bolivarienne :

« Nous pourrions chercher des formes d’organisation meilleures, plus adaptées à notre civilisation, en rejetant de manière claire et définitive toute forme d’impositions externes, pour créer des conditions dignes, à la hauteur de nos ambitions. En finir avec la survie, nous libérer des pressions, libérer notre campagne de l’immobilisme médiéval, démocratiser notre société, éveiller les esprits à un univers de responsabilité collective, pour oser inventer le futur ».

Ce combat, le peuple burkinabé l’a compris et il peut être assuré du soutien indéfectible du Collectif Juridique International Justice Pour Sankara car comme Thomas SANKARA le disait : là où s’abat le découragement, s’élève la victoire des persévérants !

Le Collectif Juridique International Justice Pour Sankara est composé des avocats suivants : Maîtres Nargess Tavassolian, Aïssata Tall Sall, Jean Abessolo, Catherine Gauvreau, Charles Roach, Dieudonné Nkounkou, Gaston Gramajo, Ferdinand Djammen Nzépa, John Philpot, Vincent Valai, Neda Esmailzadeh, Patricia Harewood, William Sloan et le Cabinet SANKARA.

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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 13:06

Avant 1983, on évoquait la Haute Volta surtout pour ses coups d’Etat, ses famines chroniques, ses épidémies endémiques... En arrivant au pouvoir, Thomas Sankara, jeune capitaine marxiste, ne fait pas que rebaptiser le pays en le nommant Burkina Faso. Il incarne aussi un espoir pour le continent et un renouveau pour le pays. Portrait d’un révolutionnaire au " pays des hommes intègres ".

Dès que le nom de Thomas Sankara est prononcé, les conversations s’animent, les yeux brillent. Les titres de biographies le concernant sont évocateurs : " L’espoir assassiné ", " Un nouveau pouvoir africain "... C’est un fait, l’héritage spirituel de Sankara est toujours vivant, quinze ans après son meurtre. " Consommons burkinabé " ou " La patrie ou la mort, nous vaincrons ! " sont autant de leitmotivs qui symbolisent le mythe Sankara. Sa faconde séduit chez lui comme à l’étranger et on le compare aux pères des indépendances Lumumba (ex-Zaïre) ou N’Krumah (Ghana). Chef de l’Etat burkinabé de 1983 à 1987, il incarne un renouveau idéologique en décrétant des lois qu’il commence par appliquer à lui-même et à son gouvernement.

Né à Yako en 1948, en pays mossi, il est silmi-mossi, une " sous-classe " méprisée par les féodaux mossi. Son père, Peul, est un tirailleur voltaïque, combattant " volontaire " qui a servi la France sur trois continents. De ses souvenirs d’enfance, il racontait avec humour les jours où son père se retrouvait en prison par sa faute. Comme la fois où, jeune frondeur, il s’était rendu aimable envers un enfant blanc dans l’espoir qu’il lui prête sa bicyclette et l’avait finalement prise sans autorisation pour faire le tour du village.

Chef militaire et politique

Quant au mythe, Sankara trouve ses racines au Prytanée militaire du Kadiogo. C’est là que le démon de la politique le saisit, sous l’influence du professeur et mentor Adama Touré, militant communiste. Passionné, animé par ses convictions, le verbe exalté, il devient un orateur populaire. En 1980, alors secrétaire d’Etat à l’Information du gouvernement Saye Zerbo, il démissionne du poste avec fracas au cri de " malheur à ceux qui bâillonnent le peuple ! "

Zerbo renversé en 1982, le Conseil du Salut du Peuple (CSP), présidé par le médecin-capitaine Jean-Baptiste Ouedraogo, fait de Sankara son Premier ministre. Déjà, aux meetings, il enflamme les foules en scandant "Le néo-colonialisme, à bas ! L’impérialisme, à bas !" L’aile conservatrice du CSP prend peur de la radicalisation de Sankara et de son entourage. Il se retrouve emprisonné et sous la pression populaire il finit par être relâché. Vivant alors dans la défiance, il fomente un putsch avec son ami Blaise Compaoré qui débouche le 4 août 1983 sur l’instauration du Conseil National de la Révolution (CNR).

Un peuple " conscientisé "

Dorénavant, le jeune Président Sankara oeuvre pour rendre dignité, autonomie et indépendance économique à son pays qu’il rebaptise Burkina Faso " le pays des hommes intègres ". Pour ce faire, il applique des mesures inédites, certaines impopulaires, d’autres maladroites. Il supprime l’impôt par tête pour les paysans. Sur le critère " un ménage, un foyer ", il impose le lotissement des parcelles en ville. Une de ses plus célèbres directives reste la gratuité des logements pour l’année 1985.

Sur le plan social, il combat l’excision, réglemente la polygamie, améliore les conditions de vie de la femme et promeut l’alphabétisation des adultes. D’un autre côté, il musèle la presse et multiplie les emprisonnements politiques. Pour " conscientiser " le peuple, il n’hésite pas à licencier 2 600 instituteurs pour les remplacer par des enseignants révolutionnaires peu qualifiés.

En politique extérieure, il est très proche des autres régimes progressistes africains, celui de Kadhafi en Libye, de Rawlings au Ghana, de Museveni en Ouganda. Il souhaite s’affranchir de la tutelle française qu’il soupçonne fortement d’être à l’origine de son arrestation. Il relance le conflit avec le Mali en 1985 en provoquant la " guerre des pauvres ".

Hommes intègres

Pour combattre la corruption et l’embourgeoisement, il montre l’exemple avec les membres de son gouvernement : parkées, les Limousines et Cadillacs, désormais il faut rouler en Renault 5, des voitures qui consomment moins. Au placard, les costumes sur mesure, maintenant il faut porter du Faso dan fani, le tissu en coton burkinabé.

Le jour où il oblige les fonctionnaires à déclarer leurs biens pour faire l’objet d’une enquête, il est le premier à se plier à l’exercice publiquement et rit lorsqu’un journaliste lui fait remarquer qu’il est probablement un des chefs d’Etat les plus pauvres du monde. Chaque année, il dissout le gouvernement : " C’est une formule pédagogique révolutionnaire qui impose que soit rappelé à chacun qu’il est à un poste pour servir et qu’il doit en permanence se remettre en question ", explique-t-il alors.

Jeudi noir

Lors de l’anniversaire de la révolution, le 4 août 1987, Thomas Sankara fait un bilan. La révolution est une réussite entachée d’erreurs et de tâtonnements. Le peuple l’a suivi mais il sent bien qu’il faut faire une pause. " Il vaut mieux faire un pas avec le peuple que cent pas sans le peuple. " Le chef d’Etat annonce alors un adoucissement politique qu’il ne pourra amorcer : le jeudi 15 octobre 1987, il se fait mitrailler par un commando sur le parvis du Conseil de l’entente, siège du CNR, avec une douzaine de ses collaborateurs. Blaise Comparoé, ami fidèle et bras droit, prend alors le pouvoir, déniant être à l’origine de cet assassinat.

Que reste-t-il aujourd’hui de l’héritage de Thomas Sankara ? Sans doute plus qu’une légende et quelques nostalgiques. Pour preuve : au Burkina Faso, les dernières élections législatives de 2002 ont connu la montée en puissance - et en sièges - de partis d’opposition se réclamant de sa vision politique.

Bibliographie
Roger Bila Kabore, Histoire politique du Burkina Faso, L’Harmattan, Paris, 2002
Bruno jaffré, Burkina Faso. Les années Sankara, L’Harmattan, 2000, Paris
Valère Somé, L’espoir assassiné, L’Harmattan, 1992, Paris
Jean Ziegler, Un nouveau pouvoir africain, PM Faivre, Lausanne, 1986

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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 13:05

Le 4 octobre 1984, Thomas Sankara s’adresse à la Trente-neuvième session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Un discours qui a fait date et qui est toujours d’actualité, 20 ans après l’assassinat d’un des pères les plus influents des indépendances.

La Liberté se conquiert

Monsieur le Président, Monsieur le secrétaire Général,

Honorables représentants de la Communauté internationale

Je viens en ces lieux vous apporter le salut fraternel d’un pays de 274000 km², où sept millions d’enfants, de femmes et d’hommes, refusent désormais de mourir d’ignorance, de faim, de soif, tout en n’arrivant pas à vivre véritablement depuis un quart de siècle d’existence comme Etat souverain, siégeant à l’ONU.

Je viens à cette Trente-neuvième session vous parler au nom d’un peuple qui, sur la terre de ses ancêtres, a choisi, dorénavant de s’affirmer et d’assumer son histoire, dans ses aspects positifs, comme dans ses aspects négatifs, sans complexe aucun.

Je viens enfin, mandaté par le Conseil National de la Révolution (CNR) du Burkina Faso, pour exprimer les vues de mon peuple concernant les problèmes inscrits à l’ordre du jour, et qui constituent la trame tragique des évènements qui fissurent douloureusement les fondements du monde en cette fin du vingtième siècle. Un monde où l’humanité est transformée en cirque, déchirée par les luttes entre les grands et les semi-grands, battue par les bandes armées, soumise aux violences et aux pillages. Un monde où des nations, se soustrayant à la juridiction internationale, commandent des groupes hors-la-loi, vivant de rapines, et organisant d’ignobles trafics, le fusil à la main.

Monsieur le Président

Je n’ai pas ici la prétention d’énoncer des dogmes. Je ne suis ni un messie ni un prophète. Je ne détiens aucune vérité. Ma seule ambition est une double aspiration : premièrement, pouvoir, en langage simple, celui de l’évidence et de la clarté, parler au nom de mon peuple, le peuple du Burkina Faso ; deuxièmement, parvenir à exprimer aussi, à ma manière, la parole du "Grand peuple des déshérités", ceux qui appartiennent à ce monde qu’on a malicieusement baptisé Tiers Monde. Et dire, même si je n’arrive pas à les faire comprendre, les raisons que nous avons de nous révolter.

Tout cela dénote de l’intérêt que nous portons à l’ONU, les exigences de nos droits y prenant une vigueur et la rigueur de la claire conscience de nos devoirs.

Nul ne s’étonnera de nous voir associer l’ex Haute-Volta, aujourd’hui le Burkina Faso, à ce fourre-tout méprisé, le Tiers Monde, que les autres mondes ont inventé au moment des indépendances formelles pour mieux assurer notre aliénation culturelle, économique et politique. Nous voulons nous y insérer sans pour autant justifier cette gigantesque escroquerie de l’Histoire. Encore moins pour accepter d’être "l’arrière monde d’un Occident repu". Mais pour affirmer la conscience d’appartenir à un ensemble tricontinental et admettre, en tant que non-alignés, et avec la densité de nos convictions, qu’une solidarité spéciale unit ces trois continents d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique dans un même combat contre les mêmes trafiquants politiques, les mêmes exploiteurs économiques.

Reconnaître donc notre présence au sein du Tiers Monde c’est, pour paraphraser José Marti, "affirmer que nous sentons sur notre joue tout coup donné à n’importe quel homme du monde". Nous avons jusqu’ici tendu l’autre joue. Les gifles ont redoublées. Mais le cœur du méchant ne s’est pas attendri. Ils ont piétiné la vérité du juste. Du Christ ils ont trahi la parole. Ils ont transformé sa croix en massue. Et après qu’ils se soient revêtus de sa tunique, ils ont lacéré nos corps et nos âmes. Ils ont obscurci son message. Ils l’ont occidentalisé cependant que nous le recevions comme libération universelle. Alors, nos yeux se sont ouverts à la lutte des classes. Il n’y aura plus de gifles.

Il faut proclamer qu’il ne peut y avoir de salut pour nos peuples que si nous tournons radicalement le dos à tous les modèles que tous les charlatans de même acabit ont essayé de nous vendre vingt années durant. Il ne saurait y avoir pour nous de salut en dehors de ce refus là. Pas de développement en dehors de cette rupture.

Du reste, tous les nouveaux "maîtres-à-penser" sortant de leur sommeil, réveillés par la montée vertigineuse de milliards d’hommes en haillons, effrayés par la menace que fait peser sur leur digestion cette multitude traquée par la faim, commencent à remodeler leurs discours et, dans une quête anxieuse, recherchent une fois de plus en nos lieu et place, des concepts-miracles, de nouvelles formes de développement pour nos pays. Il suffit pour s’en convaincre de lire les nombreux actes des innombrables colloques et séminaires.

Loin de moi l’idée de tourner en ridicule les efforts patients de ces intellectuels honnêtes qui, parce qu’ils ont des yeux pour voir, découvrent les terribles conséquences des ravages imposés par lesdits "spécialistes" en développement dans le Tiers Monde. La crainte qui m’habite c’est de voir les résultats de tant d’énergies confisquées par les Prospéro de tout genre pour en faire la baguette magique destinée à nous renvoyer à un monde d’esclavage maquillé au goût de notre temps.

Cette crainte se justifie d’autant plus que la petite bourgeoisie africaine diplômée, sinon celle du Tiers Monde, soit par paresse intellectuelle, soit plus simplement parce qu’ayant goûté au mode de vie occidental, n’est pas prête à renoncer à ses privilèges. De ce fait, elle oublie que toute vraie lutte politique postule un débat théorique rigoureux et elle refuse l’effort de réflexion qui nous attend. Consommatrice passive et lamentable, elle se regorge de vocables fétichisés par l’Occident comme elle le fait de son whisky et de son champagne, dans ses salons à l’harmonie douteuse.

On recherchera en vain depuis les concepts de négritude ou d’"African Personality" marqués maintenant par les temps, des idées vraiment neuves issues des cerveaux de nos "grands" intellectuels. Le vocabulaire et les idées nous viennent d’ailleurs. Nos professeurs, nos ingénieurs et nos économistes se contentent d’y adjoindre des colorants parce que, des universités européennes dont ils sont les produits, ils n’ont ramené souvent que leurs diplômes et le velours des adjectifs ou des superlatifs.

Il est nécessaire, il est urgent que nos cadres et nos travailleurs de la plume apprennent qu’il n’y a pas d’écriture innocente. En ces temps de tempêtes, nous ne pouvons laisser à nos seuls ennemis d’hier et d’aujourd’hui, le monopole de la pensée, de l’imagination et de la créativité. Il faut, avant qu’il ne soit trop tard, car il est déjà trop tard, que ces élites, ces hommes de l’Afrique, du Tiers Monde, reviennent à eux-mêmes, c’est-à-dire à leur société, à la misère dont nous avons hérité pour comprendre non seulement que la bataille pour une pensée au service des masses déshéritées n’est pas vaine, mais qu’ils peuvent devenir crédibles sur le plan international, qu’en inventant réellement, c’est-à-dire, en donnant de leurs peuples une image fidèle. Une image qui leur permette de réaliser des changements profonds de la situation sociale et politique, susceptibles de nous arracher à la domination et à l’exploitation étrangères qui livrent nos Etats à la seule perspective de la faillite.

C’est ce que nous avons perçu, nous, peuple burkinabè, au cours de cette nuit du 4 août 1983, aux premiers scintillements des étoiles dans le ciel de notre Patrie. Il nous fallait prendre la tête des jacqueries qui s’annonçaient dans les campagnes affolées par l’avancée du désert, épuisées par la faim et la soif et délaissées. Il nous fallait donner un sens aux révoltes grondantes des masses urbaines désoeuvrées, frustrées et fatiguées de voir circuler les limousines des élites aliénées qui se succédaient à la tête de l’Etat et qui ne leur offraient rien d’autre que les fausses solutions pensées et conçues par les cerveaux des autres. Il nous fallait donner une âme idéologique aux justes luttes de nos masses populaires mobilisées contre l’impérialisme monstrueux. A la révolte passagère, simple feu de paille, devait se substituer pour toujours la révolution, lutte éternelle contre la domination.

D’autres avant moi ont dit, d’autres après moi diront à quel point s’est élargi le fossé entre les peuples nantis et ceux qui n’aspirent qu’à manger à leur faim, boire à leur soif, survivre et conserver leur dignité. Mais nul n’imaginera à quel point " le grain du pauvre a nourri chez nous la vache du riche".

Dans le cas de l’ex Haute Volta, le processus était encore plus exemplaire. Nous étions la condensation magique, le raccourci de toutes les calamités qui ont fondu sur les pays dits "en voie de développement". Le témoignage de l’aide présentée comme la panacée et souvent trompetée, sans rime ni raison, est ici éloquent. Très peu sont les pays qui ont été comme le mien inondés d’aides de toutes sortes. Cette aide est en principe censée œuvrer au développement. On cherchera en vain dans ce qui fut autrefois la Haute-Volta, les singes de ce qui peut relever d’un développement. Les hommes en place, soit par naïveté, soit par égoïsme de classe, n’ont pas pu on n’ont pas voulu maîtriser cet afflux extérieur, en saisir la portée et exprimer des exigences dans l’intérêt de notre peuple.

Analysant un tableau publié en 1983 par le Club du Sahel, Jacques Giri dans son ouvrage "Le Sahel Demain", conclut avec beaucoup de bon sens que l’aide au Sahel, à cause de son contenu et des mécanismes en place, n’est qu’une aide à la survie. Seuls, souligne-t-il, 30 pour cent de cette aide permet simplement au Sahel de vivre. Selon Jacques Giri, cette aide extérieure n’aurait d’autres buts que de continuer à développer les secteurs improductifs, imposant des charges intolérables à nos petits budgets, désorganisant nos campagnes, creusant les déficits de notre balance commerciale, accélérant notre endettement.

Juste quelques clichés pour présenter l’ex Haute-Volta :

- 7 millions d’habitants, avec plus de 6 millions de paysannes et de paysans

- Un taux de mortalité infantile estimé à 180 pour mille

- Une espérance de vie se limitant à 40 ans

- Un taux d’analphabétisme allant jusqu’à 98 pour cent, si nous concevons l’alphabétisé comme celui qui sait lire, écrire et parler une langue.

- Un médecin pour 50000 habitants

- Un taux de scolarisation de 16 pour cent

- et enfin un produit intérieur brut par tête d’habitant de 53356 francs CFA soit à peine plus de 100 dollars.

Le diagnostic à l’évidence, était sombre. La source du mal était politique. Le traitement ne pouvait qu’être politique.

Certes nous encourageons l’aide qui nous aide à nous passer de l’aide. Mais en général, la politique d’assistance et d’aide n’a abouti qu’à nous désorganiser, à nous asservir, à nous déresponsabiliser dans notre espace économique, politique et culturel.

Nous avons choisi de risquer de nouvelles voies pour être plus heureux. Nous avons choisi de mettre en place de nouvelles techniques.

Nous avons choisi de rechercher des formes d’organisation mieux adaptées à notre civilisation, rejetant de manière abrupte et définitive toutes sortes de diktats extérieurs, pour créer ainsi les conditions d’une dignité à la hauteur de nos ambitions. Refuser l’état de survie, desserrer les pressions, libérer nos campagnes d’un immobilisme moyenâgeux ou d’une régression, démocratiser notre société, ouvrir les esprits sur un univers de responsabilité collective pour oser inventer l’avenir. Briser et reconstruire l’administration à travers une autre image du fonctionnaire, plonger notre armée dans le peuple par le travail productif et lui rappeler incessamment que sans formation patriotique, un militaire n’est qu’un criminel en puissance. Tel est notre programme politique.

Au plan de la gestion économique, nous apprenons à vivre simplement, à accepter et à nous imposer l’austérité afin d’être à même de réaliser de grands desseins.

Déjà, grâce à l’exemple de la Caisse de solidarité nationale, alimentée par des contributions volontaires, nous commençons à répondre aux cruelles questions posées par la sécheresse. Nous avons soutenu et appliqué les principes d’Alma-Ata en élargissant le champ des soins de santé primaires. Nous avons fait nôtre, comme politique d’Etat, la stratégie du GOBI FFF, préconisée par l’UNICEF.

Par l’intermédiaire de l’Office du Sahel des Nations Unies (OSNU), nous pensons que les Nations unies devraient permettre aux pays touchés par la sécheresse la mise sur pied d’un plan moyen et long termes afin de parvenir à l’autosuffisance alimentaire.

Pour préparer le vingt et unième siècle, nous avons, par la création d’une tranche spéciale de la Tombola, "Instruisons nos enfants", lancé une campagne immense pour l’éducation et la formation de nos enfants dans une école nouvelle. Nous avons lancé à travers l’action salvatrice des Comités de Défense de la Révolution un vaste programme de construction de logements sociaux, 500 en trois mois, de routes, de petites retenues d’eau etc… Notre ambition économique est d’œuvrer pour que le cerveau et les bras de chaque burkinabè puissent au moins lui servir à inventer et à créer de quoi s’assurer deux repas par jour et de l’eau potable.

Nous jurons, nous proclamons, que désormais au Burkina Faso, plus rien ne se fera sans la participation des burkinabè. Rien qui n’ait été au préalable décidé par nous, élaboré par nous. Il n’y aura plus d’attentat à notre pudeur et à notre dignité.

Forts de cette certitude, nous voudrions que notre parole s’élargisse à tous ceux qui souffrent dans leur chair, tous ceux qui sont bafoués dans leur dignité d’homme par un minorité d’hommes ou par un système qui les écrase.

Permettez, vous qui m’écoutez, que je le dise : je ne parle pas seulement au nom du Burkina Faso tant aimé mais également au nom de tous ceux qui ont mal quelque part.

Je parle au nom de ces millions d’êtres qui sont dans les ghettos parce qu’ils ont la peau noire ou qu’ils sont de culture différente et bénéficient d’un statut à peine supérieur à celui d’un animal.

Je souffre au nom des Indiens massacrés, écrasés, humiliés et confinés depuis des siècles dans des réserves afin qu’ils n’aspirent à aucun droit et que leur culture ne puisse s’enrichir en convolant en noces heureuses au contact d’autres cultures, y compris celle de l’envahisseur.

Je m’exclame au nom des chômeurs d’un système structurellement injuste et conjoncturellement désaxé, réduits à ne percevoir de la vie que le reflet de celle des plus nantis.

Je parle au nom des femmes du monde entier, qui souffrent d’un système d’exploitation imposé par les mâles. Pour ce qui nous concerne, nous sommes prêts à accueillir toutes les suggestions du monde entier, nous permettant de parvenir à l’épanouissement total de la femme burkinabè. En retour, nous donnons en partage à tous les pays, l’expérience positive que nous entreprenons avec des femmes désormais présentes à tous les échelons de l’appareil de l’État et de la vie sociale au Burkina Faso. Des femmes qui luttent et proclament avec nous, que l’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère et nous en appelons à toutes nos sœurs de toutes les races pour qu’elles montent à l’assaut pour la conquête de leurs droits.

Je parle au nom des mères de nos pays démunis, qui voient mourir leurs enfants de paludisme ou de diarrhée, ignorant qu’il existe, pour les sauver, des moyens simples que la science des multinationales ne leur offre pas, préférant investir dans les laboratoires de cosmétiques et dans la chirurgie esthétique pour les caprices de quelques femmes ou d’hommes dont la coquetterie est menacée par les excès de calories de leurs repas trop riches et d’une régularité à vous donner, non, plutôt à nous donner, à nous autres du Sahel, le vertige. Ces moyens simples recommandés par l’OMS et l’UNICEF, nous avons décidé de les adopter et de les populariser.

Je parle aussi au nom de l’enfant. L’enfant du pauvre, qui a faim et qui louche furtivement vers l’abondance amoncelée dans une boutique pour riches. La boutique protégée par une vitre épaisse. La vitre défendue par une grille infranchissable. Et la grille gardée par un policier casqué, ganté et armé de matraque. Ce policier, placé là par le père d’un autre enfant qui viendra se servir ou plutôt se faire servir parce que représentant toutes les garanties de représentativité et de normes capitalistiques du système.

Je parle au nom des artistes (poètes, peintres, sculpteur, musiciens, acteurs), hommes de bien qui voient leur art se prostituer pour l’alchimie des prestidigitations de show-business.

Je crie au nom des journalistes qui sont réduits soit au silence, soit au mensonge pour ne pas subir les dures lois du chômage.

Je proteste au nom des sportifs du monde entier dont les muscles sont exploités par les systèmes politiques ou les négociants de l’esclavage modernes.

Mon pays est un concentré de tous les malheurs des peuples, une synthèse douloureuse de toutes les souffrances de l’humanité, mais aussi et surtout des espérances de nos luttes. C’est pourquoi je vibre naturellement au nom des malades qui scrutent avec anxiété les horizons d’une science accaparée par les marchands de canons. Mes pensées vont à tous ceux qui sont touchés par la destruction de la nature et à ces trente millions d’hommes qui vont mourir comme chaque année, abattus par la redoutable arme de la faim.

Militaire, je ne peux oublier ce soldat obéissant aux ordres, le doigt sur la détente, et qui sait que la balle qui va partir ne porte que le message de la mort.

Enfin, je veux m’indigner en pensant aux Palestiniens qu’une humanité inhumaine a choisi de substituer à un autre peuple, hier encore martyrisé. Je pense à ce vaillant peuple palestinien, c’est-à-dire à ces familles atomisées errant de par le monde en quête d’un asile. Courageux, déterminés, stoïques et infatigables, les Palestiniens rappellent à chaque conscience humaine la nécessité et l’obligation morale de respecter les droits d’un peuple : avec leurs frères juifs, ils sont antisionistes.

Aux côtés de mes frères soldats de l’Iran et de l’Irak, qui meurent dans une guerre fratricide et suicidaire, je veux également me sentir proche des camarades du Nicaragua dont les ports sont minés, les villes bombardées et qui, malgré tout, affrontent avec courage et lucidité leur destin. Je souffre avec tous ceux qui, en Amérique latine, souffrent de la mainmise impérialiste.

Je veux être aux côtés des peuples afghan et irlandais, aux côtés des peuples de Grenade et de Timor Oriental, chacun à la recherche d’un bonheur dicté par la dignité et les lois de sa culture.

Je m’élève ici au nom des tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde ils pourront faire entendre leur voix et la faire prendre en considération réellement. Sur cette tribune beaucoup m’ont précédé, d’autres viendront après moi. Mais seuls quelques uns feront la décision. Pourtant nous sommes officiellement présentés comme égaux. Eh bien, je me fais le porte voix de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde, ils peuvent se faire entendre. Oui je veux donc parler au nom de tous les "laissés pour compte" parce que "je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger".

Notre révolution au Burkina Faso est ouverte aux malheurs de tous les peuples. Elle s’inspire aussi de toutes les expériences des hommes depuis le premier souffle de l’Humanité. Nous voulons être les héritiers de toutes les révolutions du monde, de toutes les luttes de libération des peuples du Tiers Monde. Nous sommes à l’écoute des grands bouleversements qui ont transformé le monde. Nous tirons des leçons de la révolution américaine, les leçons de sa victoire contre la domination coloniale et les conséquences de cette victoire. Nous faisons nôtre l’affirmation de la doctrine de la non-ingérence des Européens dans les affaires américaines et des Américains dans les affaires européennes. Ce que Monroe clamait en 1823, « L’Amérique aux Américains », nous le reprenons en disant « l’Afrique aux Africains », « Le Burkina aux Burkinabè ». La Révolution française de 1789, bouleversant les fondements de l’absolutisme, nous a enseigné les droits de l’homme alliés aux droits des peuples à la liberté. La grande révolution d’octobre 1917 a transformé le monde, permis la victoire du prolétariat, ébranlé les assises du capitalisme et rendu possible les rêves de justice de la Commune française.

Ouverts à tous les vents de la volonté des peuples et de leurs révolutions, nous instruisant aussi de certains terribles échecs qui ont conduits à de tragiques manquements aux droits de l’homme, nous ne voulons conserver de chaque révolution, que le noyau de pureté qui nous interdit de nous inféoder aux réalités des autres, même si par la pensée, nous nous retrouvons dans une communauté d’intérêts.

Monsieur les Président,

Il n’y a plus de duperie possible. Le Nouvel Ordre Economique Mondial pour lequel nous luttons et continuerons à lutter, ne peut se réaliser que :

- si nous parvenons à ruiner l’ancien ordre qui nous ignore,

- si nous imposons la place qui nous revient dans l’organisation politique du monde,

- si, prenant conscience de notre importance dans le monde, nous obtenons un droit de regard et de décision sur les mécanismes qui régissent le commerce, l’économie et la monnaie à l’échelle planétaire.

Le Nouvel Ordre Economique international s’inscrit tout simplement, à côté de tous les autres droits des peuples, droit à l’indépendance, au libre choix des formes et de structures de gouvernement, comme le droit au développement. Et comme tous les droits des peuples, il s’arrache dans la lutte et par la lutte des peuples. Il ne sera jamais le résultat d’un acte de la générosité d’une puissance quelconque.

Je conserve en moi la confiance inébranlable, confiance partagée avec l’immense communauté des pays non-alignés, que sous les coups de boutoir de la détresse hurlante de nos peuples, notre groupe va maintenir sa cohésion, renforcer son pouvoir de négociation collective, se trouver des alliés parmi les nations et commencer, de concert avec ceux qu peuvent encore nous entendrez, l’organisation d’un système de relations économiques internationales véritablement nouveau.

Monsieur le Président,

Si j’ai accepté de me présenter devant cette illustre assemblée pour y prendre la parole, c’est parce que malgré les critiques qui lui sont adressées par certains grands contributeurs, les Nations Unies demeurent la tribune idéale pour nos revendications, le lieu obligé de la légitimité des pays sans voix.

C’est cela qu’exprime avec beaucoup de justesse notre Secrétaire général lorsqu’il écrit :

"L’organisation des Nations Unies est unique en ce qu’elle reflète les aspirations et les frustrations de nombreux pays et gouvernements du monde entier. Un de ses grands mérites est que toutes les Nations, y compris celles qui sont faibles, opprimées ou victimes de l’injustice, (il s’agit de nous), peuvent, même lorsqu’elles sont confrontées aux dures réalités du pouvoir, y trouver une tribune et s’y faire entendre. Une cause juste, même si elle ne rencontre que revers ou indifférence, peut trouver un écho à l’Organisation des Nations Unies ; cet attribut de l’Organisation n’est pas toujours prisé, mais il n’en est pas moins essentiel".

On ne peut mieux définir le sens et la portée de l’Organisation.

Aussi est-il, pour chacun de nous, un impératif catégorique de consolider les assises de notre Organisation, de lui donner les moyens de son action. Nous adoptons en conséquence, les propositions faîtes à cette fin par le Secrétaire Général, pour sortir l’Organisation des nombreuses impasses, soigneusement entretenues par le jeu des grandes puissances afin de la discréditer aux yeux de l’opinion publique.

Monsieur le Président,

Reconnaissant les mérites mêmes limités de notre Organisation, je ne peux que me réjouir de la voir compter de nouveaux adhérents. C’est pourquoi la délégation burkinabè salue l’entrée du 159ème membre de notre Organisation : l’Etat du Brunei Darussalam.

C’est la déraison de ceux entre les mains desquelles la direction du monde es tombée par le hasard des choses qui fait l’obligation au Mouvement des pays non alignés, auquel je l’espère, se joindra bientôt l’Etat du Brunei Darussalam, de considérer comme un des objectifs permanents de sa lutte, le combat pour le désarmement qui est un des aspects essentiels et une condition première de notre droit au développement.

Il faut, à notre avis des études sérieuses prenant en compte tous les éléments qui ont conduit aux calamités qui ont fondu sur le monde. A ce titre, le Président Fidel Castro en 1979, a admirablement exprimé notre point de vue à l’ouverture du sixième sommet des Pays non alignés lorsqu’il déclarait :

"Avec 300 milliards de dollars, on pourrait construire en un an 600000 écoles pouvant recevoir 400 millions d’enfants ; ou 60 millions de logements confortables pour 300 millions de personnes ; ou 30000 hôpitaux équipés de 18 millions de lits ; ou 20000 usines pouvant employer plus de 20 millions de travailleurs ou irriguer 150 millions d’hectares de terre qui, avec les moyens techniques adéquats pourraient alimenter un milliard de personnes…"

En multipliant aujourd’hui ce chiffre par 10, je suis certainement en deçà de la réalité, on réalise ce que l’Humanité gaspille tous les ans dans le domaine militaire, c’est-à-dire contre la paix.

On perçoit aisément pourquoi l’indignation des peuples se transforme rapidement en révolte et en révolution devant les miettes qu’on leur jette sous la forme ignominieuse d’une certaine "aide", assortie de conditions parfois franchement abjectes. On comprend enfin pourquoi dans le combat pour le développement, nous nous désignons comme des militants inlassables de la paix.

Nous faisons le serment de lutter pour atténuer les tensions, introduire les principes d’une vie civilisée dans les relations internationales et les étendre à toutes les parties du monde. Ce qui revient à dire que nous ne pouvons assister passifs, au trafic des concepts.

Nous réitérons notre résolution d’être des agents actifs de la paix ; de tenir notre place dans le combat pour le désarmement ; d’agir enfin dans la politique internationale comme le facteur décisif, libéré de toute entrave vis-à-vis de toutes les grandes puissances, quels que soient les projets de ces dernières.

Mais la recherche de la paix va de pair avec l’application ferme du droit des pays à l’indépendance, des peuples à la liberté et des nations à l’existence autonome. Sur ce point, le palmarès le plus pitoyable, le plus lamentable _ oui, le plus lamentable_ est détenu au Moyen Orient en termes d’arrogance, d’insolence et d’incroyable entêtement par un petit pays, Israël, qui, depuis, plus de vingt ans, avec l’inqualifiable complicité de son puissant protecteur les Etats-Unis, continue à défier la communauté internationale.

Au mépris d’une histoire qui hier encore, désignait chaque Juif à l’horreur des fours crématoires, Israël en arrive à infliger à d’autres ce qui fut son propre calvaire. En tout état de cause, Israël dont nous aimons le peuple pour son courage et ses sacrifices d’hier, doit savoir que les conditions de sa propre quiétude ne résident pas dans sa puissance militaire financée de l’extérieur. Israël doit commencer à apprendre à devenir une nation comme les autres, parmi les autres.

Pour l’heure, nous tenons à affirmer du haut de cette tribune, notre solidarité militante et agissante à l’endroit des combattants, femmes et hommes, de ce peuple merveilleux de la Palestine parce que nous savons qu’il n’y a pas de souffrance sans fin.

Monsieur, le Président,

Analysant la situation qui prévaut en Afrique sur les plans économique et politique, nous ne pouvons pas ne pas souligner les graves préoccupations qui sont les nôtres, face aux dangereux défis lancés aux droits des peuples par certaines nations qui, sûres de leurs alliances, bafouent ouvertement la morale internationale.

Certes, nous avons le droit de nous réjouir de la décision de retrait des troupes étrangères au Tchad, afin que le Tchadiens entre eux, sans intermédiaire, cherchent les moyens de mettre fin à cette guerre fratricide, et donner enfin à ce peuple qui n’en finit pas de pleurer depuis de nombreux hivernages, les moyens de sécher ses larmes. Mais, malgré les progrès enregistrés çà et là par les peuples africains dans leur lutte pour l’émancipation économique, notre continent continue de refléter la réalité essentielle des contradictions entre les grandes puissances, de charrier les insupportables apories du monde contemporain.

C’est pourquoi nous tenons pour inadmissible et condamnons sans recours, le sort fait au peuple du Sahara Occidental par le Royaume du Maroc qui se livre à des méthodes dilatoires pour retarder l’échéance qui, de toute façon, lui sera imposée par la volonté du peuple sahraoui. Pour avoir visité personnellement les régions libérées par le peuple sahraoui, j’ai acquis la confirmation que plus rien désormais ne saurait entraver sa marche vers la libération totale de son pays, sous la conduite et éclairée du Front Polisario.

Monsieur le Président,

Je ne voudrais pas trop m’étendre sur la question de Mayotte et des îles de l’Archipel malgache. Lorsque les choses sont claires, lorsque les principes sont évidents, point n’est besoin d’élaborer. Mayotte appartient aux Comores. Les îles de l’archipel sont malgaches.

En Amérique Latine, nous saluons l’initiative du Groupe de Contadora, qui constitue une étape positive dans la recherche d’une solution juste à la situation explosive qui y prévaut. Le commandant Daniel Ortega, au nom du peuple révolutionnaire du Nicaragua a fait ici des propositions concrètes et posé des questions de fond à qui de droit. Nous attendons de voir la paix s’installer dans son pays et en Amérique Centrale, le 15 octobre prochain et après le 15 octobre et nous prenons à témoin l’opinion publique mondiale.

De même que nous avons condamné l’agression étrangère de l’île de Grenade, de même nous fustigeons toutes les interventions étrangères. C’est ainsi que nous ne pouvons pas nous taire face à l’intervention militaire en Afghanistan.

Il est cependant un point, mais dont la gravité exige de chacun de nous une explication franche et décisive. Cette question, vous vous en doutez, ne peut qu’être celle de l’Afrique du Sud. L’incroyable insolence de ce pays à l’égard de toutes les nations du monde, même vis-à-vis de celles qui soutiennent le terrorisme qu’il érige en système pour liquider physiquement la majorité noire de ce pays, le mépris qu’il adopte à l’égard de toutes nos résolutions, constituent l’une des préoccupations les plus oppressantes du monde contemporain.

Mais le plus tragique, n’est pas que l’Afrique du Sud se soit elle-même mise au banc de la communauté internationale à cause de l’abjection des lois de l’apartheid, encore moins qu’elle continue de maintenir illégalement la Namibie sous la botte colonialiste et raciste, ou de soumettre impunément ses voisins aux lois du banditisme. Non, le plus abject, le plus humiliant pour la conscience humaine, c’est qu’elle soit parvenue à "banaliser" le malheur de millions d’êtres humains qui n’ont pour se défendre que leur poitrine et l’héroïsme de leurs mains nues. Sûre de la complicité des grandes puissances et de l’engagement actif de certaines d’entre elles à ses côtés, ainsi que de la criminelle collaboration de quelques tristes dirigeants de pays africains, la minorité blanche ne se gêne pas pour ridiculiser les états d’âme de tous les peuples, qui, partout à travers le monde, trouvent intolérable la sauvagerie des méthodes en usage dans ce pays.

Il fut un temps où les brigades internationales se constituaient pour aller défendre l’honneur des nations agressées dans leur dignité. Aujourd’hui, malgré la purulence des plaies que nous portons tous à nos flancs, nous allons voter des résolutions dont les seules vertus, nous dira-t-on, seraient de conduire à résipiscence une Nation de corsaires qui "détruit le sourire comme le grêle due le fleurs".

Monsieur le Président,

Nous allons bientôt fêter le cent cinquantième anniversaire de l’émancipation des esclaves de l’Empire britannique. Ma délégation souscrit à la proposition des pays d’Antigua et de la Barbade de commémorer avec éclat cet événement qui revêt, pour les pays africains et le monde noir, une signification d’une très grande importance. Pour nous, tout ce qui pourra être fait, dit ou organisé à travers le monde au cours des cérémonies commémoratives devra mettre l’accent sur le terrible écot payé par l’Afrique et le monde noir, au développement de la civilisation humaine. Ecot payé sans retour et qui explique, sans aucun doute, les raisons de la tragédie d’aujourd’hui sur notre continent.

C’est notre sang qui a nourri l’essor du capitalisme, rendu possible notre dépendance présente et consolidé notre sous-développement. On ne peut plus escamoter la vérité, trafiquer les chiffres. Pour chaque Nègre parvenu dans les plantations, cinq au moins connurent la mort ou la mutilation. Et j’omets à dessein, la désorganisation du continent et les séquelles qui s’en sont suivies.

Monsieur le Président,

Si la terre entière, grâce à vous, avec l’aide du Secrétaire Général, parvient à l’occasion de cet anniversaire à se convaincre de cette vérité-là, elle comprendra pourquoi, avec toute la tension de notre être, nous voulons la paix entre les nations, pourquoi nous exigeons et réclamons notre droit au développement dans l’égalité absolue, par une organisation et une répartition des ressources humaines.

C’est parce que de toutes les races humaines, nous appartenons à celles qui ont le plus souffert, que nous nous sommes jurés, nous burkinabè, de ne plus jamais accepter sur la moindre parcelle de cette terre, le moindre déni de justice. C’est le souvenir de la souffrance qui nous place aux côtés de l’OLP contre les bandes armées d’Israël. C’est le souvenir de cette souffrance qui, d’une part, nous fait soutenir l’ANC et la SWAPO, et d’autre part, nous rend intolérable la présence en Afrique du Sud des hommes qui se disent blancs et qui brûlent le monde à ce titre. C’est enfin ce même souvenir qui nous fait placer l’Organisation des Nations Unies toute notre foi dans un devoir commun, dans un tâche commune pour un espoir commun.

Nous réclamons :

- Que s’intensifie à travers le monde la campagne pour la libération de Nelson Mandela et sa présence effective à la prochaine Assemblée générale de l’ONU comme une victoire de fierté collective.

- Que soit créé en souvenir de nos souffrances et au titre de pardon collectif un Prix international de l’Humanité réconciliée, décerné à tous ceux qui par leur recherche auraient contribué à la défense des droits de l’homme.

- Que touts les budgets de recherches spatiales soient amputés de 1/10000e et consacrés à des recherches dans le domaine de la santé et visant à la reconstitution de l’environnement humain perturbé par tous ces feux d’artifices nuisibles à l’écosystème

Nous proposons également que les structures des Nations Unies soient repensées et que soit mis fin à ce scandale que constitue le droit de veto. Bien sûr, les effets pervers de son usage abusif sont atténués par la vigilance de certains de ses détenteurs. Cependant, rien ne justifie ce droit : ni la taille des pays qui le détiennent ni les richesses de ces derniers.

Si l’argument développé pour justifier une telle iniquité est le prix payé au cours de la guerre mondiale, que ces nations, qui se sont arrogé ces droits, sachent que nous aussi nous avons chacun un oncle ou un père qui, à l’instar de milliers d’autres innocents arrachés au Tiers Monde pour défendre les droits bafoués par les hordes hitlériennes, porte lui aussi dans sa chair les meurtrissures des balles nazies. Que cesse donc l’arrogance des grands qui ne perdent aucune occasion pour remettre en cause le droit des peuples. L’absence de l’Afrique du Club de ceux qui détiennent le droit de veto est une injustice qui doit cesser.

Enfin ma délégation n’aurait pas accompli tous ses devoirs si elle n’exigeait pas la suspension d’Israël et le dégagement pur et simple de l’Afrique du Sud de notre organisation. Lorsque, à la faveur du temps, ces pays auront opéré la mutation qui les introduira dans la Communauté internationale, chacun de nous nous, et mon pays en tête, devra les accueillir avec bonté, guider leur premier pas.

Nous tenons à réaffirmer notre confiance en l’Organisation des Nations Unies. Nous lui sommes redevables du travail fourni par ses agences au Burkina Faso et de la présence de ces dernières à nos côtés dans les durs moments que nous t traversons.

Nous sommes reconnaissants aux membres du Conseil de Sécurité de nous avoir permis de présider deux fois cette année les travaux du Conseil. Souhaitons seulement voir le Conseil admettre et appliquer le principe de la lutte contre l’extermination de 30 millions d’êtres humains chaque année, par l’arme de la faim qui, de nos jours, fait plus de ravages que l’arme nucléaire.

Cette confiance et cette foi en l’Organisation me fait obligation de remercier le Secrétaire général, M. Xavier Pérez de Cuellar, de la visite tant appréciée qu’il nous a faite pour constater, sur le terrain, les dures réalités de notre existence et se donner une image fidèle de l’aridité du Sahel et la tragédie du désert conquérant.

Je ne saurai terminer sans rendre hommage aux éminentes qualités de notre Président (Paul Lusaka de Zambie) qui saura, avec la clairvoyance que nous lui connaissons, diriger les travaux de cette Trente-neuvième session.

Monsieur le Président,

J’ai parcouru des milliers de kilomètres. Je suis venu pour demander à chacun de vous que nous puissions mettre ensemble nos efforts pour que cesse la morgue des gens qui n’ont pas raison, pour que s’efface le triste spectacle des enfants mourant de faim, pour que disparaisse l’ignorance, pour que triomphe la rébellion légitime des peuples, pour que se taise le bruit des armes et qu’enfin, avec une seule et même volonté, luttant pour la survie de l’Humanité, nous parvenions à chanter en chœur avec le grand poète Novalis :

"Bientôt les astres reviendront visiter la terre d’où ils se sont éloignés pendant nos temps obscurs ; le soleil déposera son spectre sévère, redeviendra étoile parmi les étoiles, toutes les races du monde se rassembleront à nouveau, après une longue séparation, les vieilles familles orphelines se retrouveront et chaque jour verra de nouvelles retrouvailles, de nouveaux embrassement ; alors les habitants du temps jadis reviendront vers la terre, en chaque tombe se réveillera la cendre éteinte, partout brûleront à nouveau les flammes de la vie, le vieilles demeures seront rebâties, les temps anciens se renouvelleront et l’histoire sera le rêve d’un présent à l’étendue infinie".

La Patrie ou la mort, nous vaincrons !

Je vous remercie.

Thomas SANKARA - discours à la 39e Session de l’Assemblée Générale des Nations Unies, 4 octobre 1984.

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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 13:03

 

Le 5 août 1983, Thomas Sankara, considéré comme le Che Guevara africain, renversait Jean-Baptiste Ouédraogo pour s’emparer de la présidence de la Haute-Volta (ex-Burkina Faso). Rétro en vidéos sur ce personnage hors du commun à travers un discours, un portrait et une rencontre.

Il y a 25 ans, Thomas Sankara prenait le pouvoir en Haute-Volta et en quatre ans, jusqu’à son assassinat le 15 octobre 1987, il va profondément transformer son pays, devenu le Burkina Faso, et laisser une trace indélébile en Afrique, qui le place dans la lignée des plus grands comme Lumumba ou N’Krumah.

Révolutionnaire intègre, chantre du panafricanisme, orateur plein de talent et d’humour, il saura par ses formules chocs attirer le regard du monde sur son pays. Retrouvez ou redécouvrez un homme d’exception à travers trois vidéos : un portrait du journal de la télévision française, son discours sur la dette prononcé à l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine, ex Union Africaine), à Addis-Abeba (Ethiopie), le 29 Juillet 1987, et un reportage sur sa rencontre avec François Mitterrand, le 18 novembre 1986.

 

- Portrait de Thomas Sankara :

Antenne 2, le 17 novembre 1986, portrait du président du Burkina Faso, Thomas Sankara, 38 ans.

 

- Discours de Thomas Sankara sur la dette

 

- Rencontre entre Thomas Sankara et François Mitterrand

Suite et fin du voyage de François Mitterrand en Afrique le 18 novembre 1986. Le président français est arrivé à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, où il a été reçu par le capitaine-président Thomas Sankara. Commentaire sur images factuelles et discours extraits des deux chefs d’Etat.

 

 

http://www.afrik.com/article14916.html

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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 13:01

Patrice Emery Lumumba

Le 17 janvier 2011 marquera le cinquantième anniversaire de l’assassinat de Patrice Emery Lumumba ; un fait historique majeur que nul Africain,  a fortiori afrocentriste ne devrait jamais oublier. Cette page vise à rapporter toutes les informations relatives à cet assassinat, à ses conséquences, et surtout aux initiatives prises en vue de commémorer ce digne fils de l’Afrique.



Patrice Emery Lumumba, en (1925-1961)
Patrice Emery Lumumba, en (1925-1961)

L’assassinat de Lumumba, le 17 janvier 1961, est assurément emblématique de tant d’autres perpétrés ou fomentés en Afrique par des pays étrangers, en vue de maintenir perpétuellement les nations nègres sous leur joug. Cette page permet également de rappeler d’autres événements analogues qui jalonnent l’histoire de la funeste rencontre de l’Afrique avec les Européens avides de ressources matérielles, enivrés de leur propre force militaire.

Le “Drame de l’Afrique”, c’est aussi la mise à mort quasi-systématique par les Européens de ses véritables leaders comme Lat Dior Diop, Patrice Lumumba, Um Nyobè, Amilcar Cabral, Sylvanius Olympio, Thomas Sankara, etc.  et leur remplacement par des potentats imbéciles tels que Mobutu, Bokassa, Eyadéma, Bongo et consorts.

La responsabilité des auteurs ou commanditaires de ces assassinats est entière quant à leurs conséquences politiques désastreuses sur le sort des centaines de millions d’Africains : en assassinant de façon aussi récurrente les leaders que nous nous donnons à nous-même, et en les remplaçant par des affidés nègres, c’est nous qui sommes visés en dernier ressort dans ce  qui est constitutif par conséquent d’une énième tentative de crime contre l’humanité négro-africaine, en vue d’accaparer les prodigieuses ressources naturelles du Continent-Mère.

Ces causes radicales du “Drame de l’Afrique” sont trop souvent obviées par ceux qui prétendent discourir sempiternellement  sur le macabre sort des Africains. Il est donc temps que les Africains eux-mêmes disent leur propre vérité historique et en tirent toutes les conséquences de strétagie politique internationale. L’impunité internationale dont bénéficie les commanditaires étrangers des assassinats politiques en Afrique est une majeure de la persistance de leurs activités criminelles en Afrique. Il urge que ces crimes soient, sinon punis, en tout cas vivement dénoncés par les Africains eux-mêmes dans toutes les circonstances internationales où ils en auraient la possibilité.

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6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 21:10
Retraites : entre 375.000 et 1,2 million de manifestants

Les syndicats comme le ministère de l'Intérieur notent une forte baisse de la mobilisation contre la réforme des retraites, due à un effet de lassitude des manifestants après le vote de la loi et des divisions syndicales.

Si les chiffres des syndicats et du ministère de l'Intérieur sont toujours aussi éloignés, ils sont au moins d'accord sur un point : la forte baisse de la mobilisation contre la réforme des retraites. Les manifestations ont en effet rassemblé samedi 1,2 million de personnes dans toute la France, a annoncé la CGT, qui avait fait état de près de deux millions de manifestants lors de la précédente journée de mobilisation le 28 octobre.

Avant le départ du cortège parisien, le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, avait déclaré que la participation s'annonçait «moindre» que lors des précédentes journées de mobilisation, mais «sans doute au-delà du million» de personnes dans les 245 cortèges prévus en France.

Le ministère de l'Intérieur a annoncé de son côté 375.000 manifestants, parlant de «net recul» de la mobilisation par rapport au 28 octobre, qui avait réuni 560.000 personnes en France.

Paris : 28.000 manifestants à Paris (police), 90.000 selon la CGT

Le défilé parisien contre la réforme des retraites a rassemblé 28.000 personnes, soit 3.000 de moins que la dernière journée de mobilisation qui avait réuni 31.000 personnes dans la capitale le 28 octobre, a indiqué la préfecture de police de Paris (PP). Il s'agit de la plus faible mobilisation enregistrée à Paris depuis le début du mouvement de protestation, selon les chiffres de la préfecture.

Selon la CGT, citant le chiffre de l'intersyndicale, le cortège parisien a rassemblé 90.000 manifestants, contre 170.000 le 28 octobre, a indiqué le secrétaire général de la CGT Ile-de-France, Pascal Joly. Le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly a prédit, juste avant le départ du cortège parisien, que les manifestations allaient réunir «moins de monde», en jugeant qu' «il y a eu un certain gâchis dans la conduite du mouvement» par les syndicats.

Marseille : entre 8.500 (préfecture) et 80.000 (syndicats) manifestants

Entre 8.500, selon la préfecture, et 80.000 personnes, selon les syndicats, ont manifesté samedi après-midi dans les rues de Marseille, alors qu'ils avaient été entre 12.000 et 150.000 selon les sources, le 28 octobre. Le cortège, auquel ne participait pas Force Ouvrière et qui s'est ébranlé vers 15h00 de la place Castellane, a rejoint le Vieux-Port sous un ciel couvert, derrière une banderole proclamant «Pour l'abandon de ce projet gouvernemental, pour une véritable réforme des retraites, pour une juste répartition des richesses».

La secrétaire générale de la CGT 13, Mireille Chessa, a affirmé que «comme pour les autres manifestations, nous attendons que le gouvernement revienne sur le fond de cette réforme». Sur l'utilité de cette mobilisation, la réforme ayant été adoptée par l'Assemblée nationale, Mireille Chessa a déclaré : «Quand je commence à regarder dans le rétroviseur, je me dis bon sang, qu'est-ce qu'on a fait avancer !». «Dans ce pays, avant le mouvement, la question de la répartition des richesses n'était pas abordée mais, là, elle a émergé avec une force !», a-t-elle ajouté.

Peu de lycéens et d'étudiants étaient présents dans le cortège au sein duquel se côtoyaient des agents des Télécoms, les Territoriaux, Unilever-Fralib, la CFTC métallurgie, la CGT du site pétrochimique de l'étang de Berre, les agents du CHU de la Timone, des personnels de l'Education nationale etc...

Forte baisse du nombre de manifestants dans les villes du nord

Le nombre de manifestants contre la réforme des retraites a chuté de plus de la moitié samedi par rapport au 28 octobre dans les principales villes du nord de la France, selon les chiffres de la police et des syndicats. A Lille, la manifestation où se trouvait la première secrétaire du PS, Martine Aubry, a rassemblé 3.800 personnes selon la police, 6.000 selon les syndicats, contre respectivement 4.400 et 10.000 le 28 octobre et 6.500 et 14.000 le 16 octobre.

Les manifestants ont défilé derrière une banderole «Ensemble Privé/Public pour nos retraites», à l'appel d'une intersyndicale CGT/CFDT/CFTC/FSU/Unsa/Solidaires/FO et CFE-CGC. Ils ont été rejoints par plusieurs centaines de salariés belges venus manifester par solidarité sous les bannières de leurs syndicats, la CSC (Confédération des syndicats chrétiens) et la CGSP (Centrale générale des services publics).

Pour Martine Aubry, accompagnée par le numéro deux du PS, Harlem Désir, «la page de cette réforme n'est pas tournée, elle continuera à être écrite». «Après la promulgation de la loi, les manifestations seront sans doute d'une autre nature, mais il faudra continuer à dire au président de la République qu'on ne prend pas des décisions de cette nature contre les Français», a-t-elle ajouté. Au total, la CGT a compté 20.000 manifestants dans les cortèges du Nord/Pas-de-Calais, contre 43.200 le 28 octobre et 100.000 le 19 octobre.

A Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais), les manifestants étaient trois fois moins nombreux selon la police (1.200 contre 3.500 le 28 octobre), 4.000 selon les syndicats, contre 10.000 lors de la dernière journée de mobilisation. Même tendance en Champagne-Ardenne, avec 800 manifestants à Chalons en Champagne (Marne) selon la police, 1.000 selon les syndicats. Ils étaient respectivement 1.100 et 2.200 le 28 octobre. A Amiens, la police a dénombré 1.800 manifestants, les syndicats 5.000, contre 3.700 et 12.000 respectivement le 28 octobre.

Bordeaux : 50.000 personnes (syndicats) à 15.000 (police)

La manifestation contre la réforme des retraites a rassemblé samedi après-midi à Bordeaux quelque 50.000 personnes, selon les syndicats mais 15.000 d'après la police. La mobilisation est en baisse par rapport au jeudi 28 octobre, où le défilé avait réuni 70.000 personnes selon les organisateurs, 18.300 selon la police. Le samedi 16 octobre, les manifestants étaient 130.000, selon les syndicats et 13.500, selon la police.

Dans le cortège, les lycéens et étudiants étaient peu nombreux alors que les enseignants, cheminots, fonctionnaires des hôpitaux, de la fonction publique territoriale et de la Caisse des dépôts et consignation se mélangeaient aux salariés de Ford, d'Astrium et de l'AIA. Les manifestants étaient nombreux à arborer sur le revers de leurs vêtements un autocollant : «60 ans : faut te le dire en quelle langue».

Strasbourg : 8.000 personnes (syndicats) à 3.200 (préfecture)

Les syndicats ont compté entre 7.000 et 8.000 personnes dans le cortège, contre 9.000 à 10.000 le 28 octobre. La préfecture fait état pour sa part de 3.200 manifestants, contre 4.700 la semaine dernière.

De 13.000 (préfecture) à 110.000 manifestants (syndicats) à Toulouse

La manifestation contre la réforme des retraites a rassemblé samedi matin à Toulouse 13.000 personnes d'après la préfecture de Haute-Garonne, 110.000 personnes selon les syndicats, pour qui la «volonté de se battre est intacte» malgré l'adoption définitive du texte. La mobilisation est en baisse toutefois par rapport au jeudi 28 octobre, lorsque 120.000 personnes avaient défilé dans la rue selon les syndicats, 15.000 selon la préfecture.

Le samedi 16 octobre, 130.000 personnes, d'après les syndicats, 24.000 selon la police, avaient battu le pavé à Toulouse, où la contestation sociale est traditionnellement forte. Le 19 octobre, un nombre record de manifestants avaient défilé dans les rues (155.000/35.000).

«Malgré l'adoption du projet de réforme, il est clair qu'il n'y a aucun changement dans l'opinion publique quant à l'injustice du texte», a déclaré Bernard Dedeban (FSU). «Il n'y a pas de reflux, la volonté de se battre est toujours intacte. Ce ne serait pas la première fois qu'une loi est promulguée et qu'elle n'est pas appliquée», a-t-il affirmé.

«Les salariés ont pris conscience qu'on peut faire autrement et que l'argent existe pour régler le problème des retraites de manière différente», a renchéri Gisèle Vidallet (CGT). «La lutte n'est pas finie, on n'est pas à l'heure du bilan», a-t-elle ajouté, évoquant la possibilité de poursuivre le mouvement par des actions de blocage accompagnées de «temps forts». «Les salariés sont déterminés à poursuivre et la responsabilité des organisations syndicales c'est d'être à leur côté», a-t-elle encore dit. Les manifestants, dont un petit contingent de lycéens et d'étudiants, ont défilé dans le calme.

Photo : AFP

LES ECHOS (SOURCE : AFP)
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6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 21:09
La Chine étend son influence au sein du FMI
La Chine étend son influence au sein du FMI

Dans une décision historique, le conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a décidé d'augmenter les droits de vote des grandes économies émergentes et de faire de la Chine sa troisième puissance.
"Cet accord historique est le plus important changement dans l'histoire du FMI depuis 65 ans et la plus importante reconnaissance du rôle des marchés émergents dans l'économie mondiale", a commenté Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI, lors d'une conférence de presse.
Aux termes de cet accord, six pour cent des droits de vote seront transférés des Etats développés vers les pays émergents "dynamiques".
Cela signifie que la Chine va désormais disposer au sein du FMI d'une influence supérieure à celle de la France, de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne qui se partageaient la troisième place derrière le Japon et les Etats-Unis.
Cette modification va accroître l'influence des puissances comme l'Inde, le Brésil et la Russie et elle traduit un bouleversement de l'ordre économique mondial par rapport à celui hérité de la Seconde guerre mondiale.
Les Etats membres du FMI vont voter sur ce projet dans les prochaines semaines avec un taux d'approbation qui doit être supérieur à 85% et qui pour certains pays comme les Etats-Unis exige un vote législatif.
RECUL DE L'INFLUENCE EUROPÉENNE
L'adoption de la mesure quelques jours avant l'ouverture du sommet du G20 à Séoul possède une portée symbolique et elle traduit le recul de l'influence de l'Europe qui va devoir céder deux des huit ou neuf sièges dont elle dispose.
Strauss-Kahn a indiqué qu'il ne pensait pas que le résultat des élections de mi-mandat cette semaine aux Etats-Unis soient de nature à modifier l'approbation de la réforme par Washington.
Les tensions demeurent fortes entre les Etats-Unis et la Chine avant l'ouverture du sommet du G20. Washington estime que le yuan demeure sous-évalué dans les échanges commerciaux et la Fed a annoncé qu'elle allait procéder à une politique monétaire offensive pour soutenir l'économie américaine.
Les observateurs estiment que l'administration Obama pourrait attendre que Pékin fasse un geste pour réévaluer le yuan avant de soumettre la réforme du FMI pour approbation au Congrès.
"Je pense que les réformes du FMI peuvent avoir une influence sur le comportement des autorités chinoises", a commenté Strauss-Kahn. "Ils souhaitent cette position. Ils souhaitent être mieux représentés au sein du FMI, ce qui confirme qu'ils sont attentifs aux relations multilatérales. Je souhaite qu'ils aient conscience de l'importance de leur rôle et qu'ils agissent en conséquences", a-t-il ajouté.

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6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 21:09

Voici l’entretien que j’ai donné à L’Humanité, paru le 4 novembre.

 

« Pas de demi-mesures,

l’heure est à la radicalité concrète »


Elle est membre de la FASE (Fédération pour une alternative sociale et écologique) et directrice du mensuel Regards. Pour elle, la mobilisation sur les retraites traduit « une exaspération globale ».

Comment caractérisez-vous la crise sociale que nous traversons ? S’est-t-elle transformée en crise politique ? Nous traversons une grave crise de légitimité. Le gouvernement, les institutions nationales et internationales, le système politique lui-même ont perdu de leur sens. Les règles du jeu de l’actuelle République sont à bout de souffle. Le bien commun est menacé. L’intensité de la mobilisation sur les retraites traduit une exaspération globale. Nous avons gagné la bataille des idées. Nous pouvons encore arracher le retrait du projet. Nous avons ensuite le devoir d’ouvrir une perspective de changement. Ce mouvement est une vraie moisson politique. Ce qui s’est exprimé aide à dégager des priorités : desserrer la contrainte de la finance, inventer un nouveau statut salarié, relocaliser les productions, lutter contre les inégalités par une nouvelle distribution des richesses, penser les temps de la vie, etc. L’heure n’est pas aux demi-mesures mais à la radicalité concrète.

Certes unie dans les luttes, la gauche peut-elle être crédible quand elle affiche des divergences essentielles sur des propositions alternatives au projet gouvernemental sur les retraites ? La gauche ne doit pas mollir et se montrer unie autour de l’exigence de retrait du projet. Là se joue aujourd’hui notre responsabilité et notre crédibilité. Cela n’enlève rien aux désaccords sur l’alternative. Sur les retraites comme sur de nombreux sujets, il y a deux grandes orientations à gauche. Ce qui nous rendrait crédible, c’est qu’elles s’incarnent dans deux forces clairement identifiées, l’une d’accompagnement, l’autre de transformation. La gauche toute entière sera d’autant plus dynamique que la force d’alternative aura pris toute sa place.

Peut-on infléchir la politique du PS sur cette question sans attendre 2012 ? Ce n’est pas l’enjeu. Pour ma part, je ne milite pas pour aiguiller le PS ! Faisons valoir nos propres propositions et mettons-nous en situation de construire une nouvelle force capable de battre la droite dans les urnes, d’être en tête à gauche. Cela suppose un effort inédit d’unité et un travail de rénovation, sur le fond comme sur la forme. L’éparpillement et la répétition sont nos pires ennemis.

La Fédération (FASE) envisage-t-elle d’être partie prenante du « programme partagé » que le Front de Gauche a lancé à la Fête de l’Humanité ? Oui. Nous avons toujours dit notre disponibilité à participer aux cadres unitaires de l’autre gauche. Mais le Front de Gauche est-il prêt à se transformer en s’élargissant à de nouvelles forces et à de nouvelles implications citoyennes ? Nous attendons cette ouverture.

Vous avez participé aux listes élargies du Front de Gauche aux régionales. Etes-vous prêt à renouveler la démarche pour les élections présidentielle et législatives de 2012 ? Ce fut le cas dans certaines régions, malheureusement pas dans toutes. Une dynamique rassemblant plus largement que l’actuel Front de gauche est nécessaire pour 2012. Tout l’arc des forces de la gauche décidée à affronter la logique capitaliste et à donner corps à l’exigence de souveraineté populaire doit faire cause commune. Je suis convaincue qu’une grande partie des gens qui descendent dans la rue attendent de nous cette convergence ainsi qu’une refondation idéologique, stratégique et organisationnelle.

La candidature du Front de Gauche aura-t-elle votre soutien à la présidentielle ? Quelle drôle de formulation ! Nous ne voulons pas seulement soutenir mais participer à l’élaboration de candidatures à la présidentielle et aux législatives sur la base d’un projet partagé, à gauche, bien à gauche, entre tous ceux qui veulent la franche rupture avec les logiques dominantes depuis près de trente ans.

Entretien réalisé par Mina Kaci et à retrouver sur le site de l’Humanité.fr par ici.

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