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18 septembre 2018 2 18 /09 /septembre /2018 13:43
Section 1) L'expérience libérale du Risorgimiento « protectionniste »

 

Piero Gobetti se sert de l'expérience « libérale » du Risorgimiento. Il théorise son concept de « libéralisme authentique ». en constatant les échecs mais aussi les avancées de cette expérience. Il est clair que pour lui, l'échec du libéralisme est la conséquence directe de l'avènement du fascisme, qui s'explique par un manque de maturité du mouvement libéral et de la société italienne.

 

Dans son journal Rivoluzione liberale, Révolution libérale, qu'il fonde en février 1922, Piero Gobetti décrit les principaux défauts du Risorgimiento italien.

 

Cavour est le principal instigateur du processus moderne de la révolution libérale attendue par Piero Gobetti.

 

Un des défauts de ce libéralisme de Cavour est sans nul doute son protectionnisme. Le libre-échange avec le soutien de l'action populaire aurait pu triompher de la réaction. En effet, la vie publique et privée auraient du se fonder sur la liberté et dans le combat contre le protectionnisme.

Le Piémont aurait pu devenir un espace de communication en lien directe avec toute l'activité économique de l'Europe. Selon Piero Gobetti, le libéralisme de Cavour aurait du trouver sa traduction d'une renaissance moderne en se basant sur les impératifs économiques et en s'émancipant des chimères religieuses, mais également en écartant les politiciens jugés trop habiles.

Pour Gobetti, le Risorgimiento n'a pas assez oeuvré à la modernisation de l'Italie, non seulement à cause de son conservatisme, mais aussi en n'agissant pas pour l'autonomie de la classe ouvrière, qui selon Piero Gobetti est propre à dégager cette nouvelle élite dont l'Italie a fortement besoin.

Toutefois, il est utile de souligner que cette expérience libérale bien qu'imparfaite du Risorgimiento, sous la direction de Cavour, n'en demeure pas moins un certain exemple pour le gouvernement libéral, enrichi par la pratique de l'exercice du pouvoir, posant ainsi les bases d'un modèle, d'une part, dans la capacité de gagner la confiance du peuple italien, et d'autre part, de la capacité à mettre en œuvre une politique libérale ; autrement dit en respectant ses engagements propres.

Pour le Gobetti « élitiste », le Risorgimiento aurait dû s'inspirer du modèle français afin de construire une nation démocratique. Cette démocratie italienne aurait pu voir le jour avec le Risorgimiento en proposant une éducation indispensable aux citoyens. Ce projet national pour le futur italien ne peut reposer que par l'accès de l'éducation à tous permettant un élitisme de masses, ainsi qu'à la classe des producteurs d'influencer sur les décisions politiques.

Piero Gobetti pense qu'il est primordial d'unifier le nord et le sud, et de permettre ainsi l'industrialisation vers le progrès du sud agricole qui reste très en retard par rapport à d'autres pays. Cette situation doit être réglée au plus vite.

A ce sujet, l'Italie connut une crise agricole importante (1892-1894), suivie de nombreux conflits sociaux. Cette dépression agricole (1873-1895) fut très marquante malgré une accélération du développement économique au milieu des années 1890 et un décollage économique.

C'est dans ce contexte de crise économique et sociale que va naître une agitation sociale ainsi que l'instauration des conseils d'usines (1919-1920).

L'expérience du Risorgimiento est pour Gobetti, une expérience interrompue par son absence de volonté de progrès social et technique, par le manque de structure du capitalisme et d'esprit d'entreprise. De plus, « Le libéralisme perdit son efficacité car il s'est révélé incapable de comprendre le problème lié à l'unité ».1

A propos des événements turinois et des conseils d'usine en 1920, Piero Gobetti lance un appel en exaltant à la fois la bourgeoisie industrielle, mais également la classe ouvrière dite « aristocratique ». Pour lui, les conseils d'usines étaient capables de « former une élite nouvelle et de l'éduquer au gouvernement de la chose publique ».

Toutefois, à cette époque, Piero Gobetti se rend compte que ce modèle turinois n'est pas représentatif de la situation nationale et de ce fait n'est qu'un cas isolé, mais qui pourrait servir de modèle pour la mise en place de son libéralisme authentique à l'échelon national.

Il est conscient que les ouvriers et la bourgeoisie ne sont pas préparés aux « conditions objectives » et « ne sont pas assez mûres pour permettre un développement rigoureux » à cette expérience bien qu'utile. Pour lui, le corollaire du développement du libre marché n'est autre que la lutte des classes. Toutefois cette dernière devra écarter tout protectionnisme économique, de même que la bourgeoisie souffre d'un manque de « conscience capitaliste ». La solution passe une fois de plus par l'accès à l'éducation pour la classe ouvrière, qui en l'état, se révèle incapable d'assumer sa mission de « lutte des classes ». Il impute ce manque de culture politique aux dirigeants syndicaux de l'époque.2

 

Toutefois, Piero Gobetti en authentique libéral avait compris que le messianisme socialiste n'était qu'un leurre et ne correspondait pas à la solution escomptée.

Piero Gobetti ne cessa de lutter « contre les abstractions des programmes de socialisation », contre le collectivisme, le socialisme d'Etat, qui pour lui, ne pouvait déboucher que vers plus de misère par le fait qu'elles mettaient en crise tout le système productif. De plus, il a été contraint de s'opposer constamment aux anti-illuministes à la fois de gauche et de droite, où Benedetto Croce avec son idéalisme spéculatif était devenu l'allié d'Antonio Gramsci avec sa violence populaire. Ainsi, le problème résultait dans « la faillite du libéralisme » du Risorgimiento, qui ne pouvait qu'engendrer en outre le fascisme, mais aussi soit la révolution libérale, soit la révolution prolétarienne. Piero Gobetti et Antonio Gramsci ont représenté d'une façon emblématique cette alternative majeure dans l'Histoire du XXe siècle.

C'est dans sa revue La Révolution libérale, dans un format de quatre pages en grand format, tirée à 2 000 puis à 4000 exemplaires que Piero Gobetti va décrire sa propre interprétation du Risorgimiento et de son échec, dû à sa faiblesse originelle résultant de l'absence d'une révolution à participation populaire. Autrement dit, le Risorgimiento italien aurait du s'appuyer sur la Réforme protestante, qui historiquement, a façonné l'idéologie libérale à sa source et en profondeur.

Piero Gobetti avait su percevoir les failles du Risorgimiento et affirmait que le fascisme ne put se mettre en place que sur cet échec. De ce fait, le défi était de mettre en oeuvre un libéralisme authentique.

 

Ce défi sera relevé par la Rivoluzione Liberale.

1. La Révolution Libérale, p. 32.

2. La Révolution libérale de Piero Gobetti, éditions Allia.

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