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18 septembre 2018 2 18 /09 /septembre /2018 13:37
Section 2) Une société fondée sur le travail

 

Dès son plus jeune âge, du fait de son éducation, de ses origines familiales et paysannes notamment. Piero Gobetti accorde une place prépondérante au travail.

Il est un infatigable travailleur tout au long de son existence en étant à la fois, écrivain, journaliste, éditeur, penseur et homme d'action. Nul ne peut prétendre comprendre l'idéologie gobettienne sans prendre en considération cet élément qui découle de sa pensée propre.

 

Ainsi, le travail est donc fondamental pour Piero Gobetti. En effet, marqué par son éducation familiale dont il est fier, Gobetti porte dès son plus jeune âge un intérêt majeur pour le travail. En effet, Gobetti fonde son libéralisme sur l'éloge du travail, qui est une valeur fondamentale dans sa pensée. Cela s'explique par le fait que son ascension au premier plan n'est du qu'à son propre mérite par le biais d'un travail incessant et continu. Il sera toute sa vie un infatigable travailleur. C'est dans ce sens qu'il dénonce ce qu'il considère comme des « parasites » (une partie de la petite bourgeoisie, des employés, des fonctionnaires et il y ajoute également l’État).

Il se fixe comme objectif de libérer toute entrave au libéralisme économique (mais également politique) et condamne fermement le protectionnisme.

L’État doit devenir autre chose. Il faut d'ores et déjà mettre fin à toute corruption.

En d'autre terme, il lance un appel à une nouvelle expérience économique qui va contribuer à la libération du parasitisme des nationalistes, des ploutocrates « fonctionnaires ». Il est nécessaire de se placer dans le contexte de l'époque pour comprendre la méfiance de Gobetti pour les fonctionnaires et la fonction publique.

A cette époque, que ce soit en Allemagne ou en Italie, la fonction publique est synonyme de conservatisme et donc par ricochet, accorde de surcroît un profond attachement aux autorités constituées.

Pour lui, tout conservatisme entrave la mise en œuvre d'un libéralisme authentique.

Le travail lié au mérite demeure une idée fondamentale pour Gobetti, à la différence d'Hanna Arendt, qui ne voit pas la nécessité d'une contrainte d'un travail salarial dans son ouvrage « La condition de l'Homme moderne ».

En clair, elle pense que le travail prive à l'Homme toute sa dignité (sociale).

Plus précisément, elle décrit sa pensée dans ses termes : « le travail est l'activité nécessaire à la survie de l'Homme, privée de toute dignité sociale et réservée aux esclaves ».

Elle poursuit en affirmant que « par contre, la dignité humaine trouve sa place au niveau de l'oeuvre et de l'action qui est le domaine politique par excellence ». Il est clair que Gobetti associe le travail au domaine politique, culturel et social.

Piero Gobetti en étudiant de nombreux intellectuels depuis les débuts du libéralisme a toujours eu un coup d'avance et même deux, voir trois pieds avant les plus grands penseurs du XIXe, XX et XXIe siècle.

Lorsque Gobetti parle du nord de l'Italie et du Risorgimiento (le midi), c'est parce qu'il souhaite que l'industrialisation agricole du sud puisse unifier toute l'Italie sur le modèle capitaliste. C'est ainsi qu'il propose en tant qu'héritier de Turgot, Condorcet, Frédéric Bastiat, de Benjamin Constant, de Jean-Baptiste Say de s'inspirer des démocraties anglo-saxonnes du travail en se fondant sur l'initiative individuelle, l'autonomie ainsi que sur la propriété et la responsabilité personnelle.

Il ne faut pas omettre le fait, que le modèle de Gobetti était la Fiat, comme l'avait rappelé Alberto Cabella, qui fut « l'une des rares entreprises anglo-saxonnes, modernes et capitalistes qu'il y ait en Italie ».1

 

En tant que libéral authentique, le droit de propriété est fondamentale dans sa pensée et sera reconnu dès l'après-guerre comme étant un principe à valeur constitutionnelle, mentionnée dans l'article 42 de la Constitution » qui dispose que : «  (…) La propriété privée est reconnue et garantie par la loi qui en détermine les modes d'acquisition, de jouissance ainsi que les limites afin d'en assurer la fonction sociale et de la rendre accessible à tous » ; renforcée par la liberté d'entreprendre selon l'article 41 de la Constitution : « L'initiative économique privée est libre  (...) ».

Sa volonté d'institutionnaliser la liberté d'entreprendre et de libre entreprise est renforcée par sa théorie fondée sur la prééminence du travail.

Pour être plus complet dans cette démonstration, il convient de définir la vision qu'il a de l'Administration via la bureaucratie. Comme il théorise un libéralisme authentique libérée de toute entrave, ce sont pour ces raisons qu'il se positionne contre la bureaucratisation.

Il assimile la bureaucratie à une sorte de ploutocratie au sein de la Fonction publique. Il exprime sa pensée de la façon suivante : « les classes ne possédant rien (employés) participent à la petite propriété par leur parasitisme aux dépens de l’État. Les socialistes italiens ont adhéré à cette politique en cherchant à obtenir une législation sociale en faveur des classes prolétaires. Giolitti a eu l'héroïque cynisme de donner pour libérale cette mise à sac de l'Etat ».2

Comme toujours, il est cohérent dans sa théorie hautement élaborée.

Ce qui lui importe en tout premier point, c'est la mise en place d'un libéralisme véritable, c'est-à-dire d'un libéralisme authentique.

Enfin, sur ce sujet, Piero Gobetti prône la neutralité et l'élévation des masses aux plus hautes fonctions : la Constitution italienne institutionnalisera le principe de neutralité au sein de l'Administration de manière rigoureuse.

1. Cabella, 1998, p. 183.

2. Piero Gobetti, RL, 30 juillet 1922, réédition, p. 395.

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