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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 14:45
La Commission électorale a confirmé, lundi soir, l’avance du PDK, qui recueille 33,5% des voix, contre 23,6% à la LDK, sur la base de 98% des bulletins de vote dépouillés. Le mouvement Vetëvendosja arrive en troisième position, avec 12,2%. L’AAK (10,8%) et l’AKR entrent également au Parlement. Malgré son avance, le PDK de Hashim Thaçi est désormais confronté à un difficile défi : comment former un gouvernement de coalition ?

Texte : Jean-Arnault Dérens - photos : Pierre Bonifassi

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Sympathisants de la LDK dimanche soir à Pristina

Toute la soirée de dimanche, la confusion a régné dans les rues de Pristina, où les partisans du Parti démocratique du Kosovo (PDK) et de la Ligue démocratique du Kosovo (LDK) fêtaient, les uns comme les autres, la victoire supposée de leur parti, séparés par un mince cordon de policiers. En effet, alors qu’un premier sondage sortie des urnes avaient indiqué les tendances une heure après les fermeture des bureaux de vote, les premiers résultats officiels se sont fait attendre jusqu’à lundi soir.

L’avance du PDK a été finalement confirmée, celui-ci obtenant 33,5%, un score légèrement inférieur à celui obtenu par le parti en 2007, loin donc du « triomphe » annoncé par Hashim Thaçi. Au siège du PDK, l’ambiance était néanmoins confiante, voire euphorique, lundi matin. Les cadres du parti sont convaincus que Hashim Thaçi restera Premier ministre.

La LDK et d’autres petits partis, dont certains ne passent pas le seuil électoral de 5%, comme Fryma e Re (Fer), contestent néanmoins ces résultats. La LDK dénonce notamment le taux de participation « exceptionnel » enregistré dans les communes de Skenderaj/Srbica et Glogovac/Glogovcë, bastions historiques du PDK : près de 95% des électeurs inscrits s’y seraient rendus aux urnes, contre 47% au niveau de tout le pays…

Le PDK n’aura pas de mal à obtenir le ralliement de l’AKR (7%), même si le chef de ce parti, le milliardaire kosovaro-suisse Behxhet Pacolli (lire notre article « Kosovo : Behxhet Pacolli, le milliardaire qui veut réconcilier Serbes et Albanais) aurait l’intention de réclamer le poste de Président du Kosovo, et toutes les rumeurs qui courent en ville indiquent que les diplomates occidentaux – notamment américains – pousseraient l’AAK à s’entendre avec le parti de Hashim Thaçi. De la sorte, le nouveau gouvernement réunirait les composantes éclatées de l’ancienne guérilla de l’UCK.

Celui-ci pourra également compter sur l’appoint bien utile des minorités et notamment des élus serbes. En effet, sur les 120 sièges du Parlement du Kosovo, dix sont réservés aux Serbes et dix aux « autres minorités » (Rroms, Bosniaques, Turcs, Gorani, etc).

Fraudes massives dans les enclaves serbes

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Dans un bureau de vote de Gračanica

La communauté serbe a en effet montré, encore une fois, deux visages totalement opposés. Les 40.000 Serbes de la zone nord du Kosovo, homogène et contigüe à la Serbie, ont totalement ignoré les élections. Les quelques « bureaux mobiles » établis dans cette zone n’ont recueilli que deux voix en toute la journée de dimanche, et ont dû se retirer dès le début de l’après-midi, dans un climat de forte tension. Par contre, la participation est fort significative parmi les 60.000 Serbes qui vivent dans les enclaves disséminées au sud du territoire : 35% d’entre eux se sont rendus aux urnes. Et ces électeurs serbes ont « plébiscité » le Parti libéral indépendant (SLS), qui recueille près de 80% de leurs suffrages.

Ce parti, qui dirige depuis l’an dernier les nouvelles communes serbes créées par le plan de décentralisation du Kosovo, participait également au gouvernement sortant de Hashim Thaçi. Les autres listes serbes dénoncent d’importantes malversations : pressions sur les électeurs, achats de voix et bourrage d’urnes. A Gračanica, la bourgade serbe des alentours de Pristina, une étrange ambiance régnait effectivement, dimanche, aux abords des bureaux de vote : des « militants » du SLS « montaient la garde » et ramenaient de chez eux les électeurs qui auraient oublié de remplir leur devoir civique. Selon plusieurs témoignages concordants, une voix se négociait 50 euros.

Le SLS et quelques autres partis représentant les « petites » minorités (Parti unifié rrom, SDA bosniaque) pourraient assurer un capital supplémentaire d’une quinzaine de sièges parlementaires à une majorité conduite par le PDK. Il est à prévoir que Hashim Thaçi tirera gloire de cette coalition « multiethnique ».

Défis difficiles pour le PDK

Des dossiers très difficiles attendent le nouveau gouvernement : les inévitables négociations avec Belgrade, qui pourraient commencer très rapidement, ainsi que de difficiles discussions avec l’Union européenne, dans l’espoir que le Kosovo obtienne, un jour, la libéralisation des visas dont bénéficient désormais tous les autres pays des Balkans. Le score du PDK, entaché de solides soupçons de fraude, a donc tout d’une victoire à la Pyrrhus.

La scène politique du Kosovo connaît en effet un profond bouleversement, avec l’émergence du mouvement Vetëvendosja (« Autodétermination »), qui se présentait pour la première fois à des élections. Dirigé par le charismatique Albin Kurti, l’ancien leader des manifestations étudiants des années 1990, Vetëvendosja dénonce la corruption des élites politiques traditionnelles, rejette toute forme de tutelle internationale, et revendique l’unification du Kosovo et de l’Albanie.

Avec 12% des voix, le mouvement n’entrera pas dans les tractations post-électorales et campera sur une ligne d’opposition radicale. Lundi matin, Bashkim, un militant de Vetêvendosja se frottait les mains : « si le PDK et l’AAK entrent en coalition, ils achèveront de se déconsidérer auprès de l’opinion, leur gouvernement ne tiendra pas un an, et notre tour viendra vite ! »

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