Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, était hier soir aux côtés des soutiens français de Syriza, à Paris. Pour lui, « cette victoire sans appel de Syriza change le cours de l'Europe, plus rien ne peut être comme avant. Un pays qui veut rester dans l'Europe propose une sortie solidaire de la crise, c'est une victoire contre le chantage des marchés financiers, contre les réponses racistes et xénophobes, contre ceux qui veulent exclure de l'Europe les peuples du sud, une victoire de la solidarité pour relancer l'Europe du progrès social et du développement économique. Syriza nous envoie un signal : tous ceux qui refusent les politiques d'austérité en France peuvent gagner. L'occasion d'ouvrir le débat européen a été gâchée par François Hollande en 2012, Syriza rouvre à nouveau la porte, il faut la pousser tous ensemble. Ce soir, l'espoir renaît en France ».
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Syriza arrive largement en tête des élections législatives avec entre 35,5% et 39,55% des suffrages, selon les sondages sortis des urnes. En deuxième position la Nouvelle démocratie, auquel appartient le Premier ministre conservateur Antonis Samaras, est crédité de 23 à 27%. La troisième place se joue entre le parti d'extrême droite "Aube dorée" et les centristes de to potami. La majorité absolue est à sa portée, Syriza aurait entre 146 et 158 sièges au Parlement, la majorité absolue étant de 151 sièges.
Athènes, envoyée spéciale. En politique, elle est un peu le double féminin d’Alexis Tsipras, incarnant à ses côtés le visage de la gauche alternative grecque. Rena Dourou a permis à Syriza de franchir une étape décisive dimanche soir, en remportant l’élection législative dans la région capitale, l’Attique, qui concentre un tiers de l’électorat grec et près de 40% du PIB du pays. Cette élégante quadragénaire, fille de policier, cultive une image de sérieux, sans rompre les liens qui l’unissent depuis longtemps aux mouvements sociaux. Comme Tsipras, elle a fait ses premières armes dans l’organisation de jeunesse de Synaspismos, la force composée d’ex-communistes qui a fondé Syriza. Comme lui, elle fut de tous les rendez-vous altermondialistes, du contre-sommet du G8 à Gênes au Forum social européen. Diplômée de géopolitique (elle a consacré son DEA aux difficiles relations gréco-turques), cette polyglotte maîtrisant parfaitement le Français a présidé, après son élection au Parlement, en 2012, la Commission des relations extérieures. « On peut être blonde et s’occuper de politique étrangère et de défense », raillait alors cette féministe prompte à tourner en dérision un machisme méditerranéen solidement ancré. Pour se consacrer pleinement à la campagne des régionales, Rena Dourou n’a pas hésité à démissionner de son poste de députée. « C’est une femme active, résolue, indépendante, dotée d’une forte personnalité », résume l’une de ses camarades. En apprenant son élection, à l’issue d’un scrutin serré, elle a promis de gérer la région « pour les citoyens, avec les citoyens ». En rupture avec la gestion austéritaire de son rival, Yannis Sgouros, que le soutien de la droite comme des sociaux démocrates n’a pas suffi à sauver, après deux mandats entachés par le clientélisme et par une gestion solitaire et autoritaire.
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MORT DE STÉPHANE HESSEL. Avec les Indignés de Madrid ou d’Athènes, l’appel de l’ancien résistant Stéphane Hessel avait trouvé un écho concret dans les luttes contre la dictature des marchés. Irène Dourou, députée de Syriza, expliquait dans l'Humanité Dimanche, ce que Indignez-vous lui a apporté.
« En raison de 48 heures de repos obligatoire, coup de fatigue oblige, j'ai eu l'occasion de relire, en grec, le petit livre de Stéphane Hessel, Indignez-vous!. Il s'agit de ce jeune homme de 93 ans qui vient d'écrire un livre qui compte parmi les plus forts de ces dernières décennies. Et, à vrai dire, j'étais jalouse de ce court texte. En fait, j'aimerais remercier Stéphane Hessel de ce livre. D'avoir pris la décision d'écrire, au cours de cette période, si chargée politiquement, socialement, économiquement, et de nous offrir une boussole si précieuse. Car il s'agit d'une importante feuille de route, surtout pendant ces temps si difficiles, caractérisés par "le plus, encore plus", sans prendre en considération les conséquences de cette croissance destructive, qui domine actuellement sur notre planète.
On doit un grand "merci" à Stéphane Hessel, car au lieu de savourer les exploits de son passé (survivant des camps nazis, résistant, membre de la commission de l'ONU qui a élaboré la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948), il devient, à nouveau, sans chercher de récompense, partie de l'avant-garde de nos jours et, comme dans le passé face au régime nazi, il montre la voie de la résistance, pas seulement aux jeunes mais également à tous ceux qui aspirent à surmonter l'impasse créée par la folie de la consommation sans borne et sans avenir. Utilisant des mots simples, qui vont directement au cur et à l'esprit, Hessel nous interpelle : "Mettez fin à l'indifférence ! Les inégalités immenses entre les plus pauvres et les plus riches, l'épreuve que connaissent les droits de l'homme, la situation de la planète qui s'aggrave chaque jour, ne sont que quelques pistes pour exprimer notre indignation. Le monde d'aujourd'hui offre un tas de raisons pour faire de la résistance. Si vous cherchez, vous allez trouver des causes qui vont justifier votre indignation", nous dit Hessel.
Stéphane Hessel ne veut pas imiter les jeunes, comme certains le font (parmi eux également quelques Grecs). Il n'appelle pas à la révolte armée : "La non-violence est le moyen le plus sûr pour mettre fin à la violence", écrit-il, ayant compris que la force pacifique des peuples n'est autre que leur réelle indignation face au bouleversement de leurs droits acquis depuis des années. Il s'agit justement de la force exprimée tous les jours par des milliers de gens rassemblés sur la place de Syntagma. Beaucoup parmi eux, peut-être, n'ont jamais eu l"occasion de lire son appel. Certains ignorent même son existence. Pourtant ils sont en train d'exprimer son esprit. L'esprit d'un vrai RÉSISTANT, qui n'appartient pas seulement au XXe siècle mais également au XXIe !
Monsieur Stéphane Hessel, veuillez accepter nos remerciements qui viennent droit de notre coeur !
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Du 30 novembre au 2 décembre aura lieu, à Athènes, la Conférence nationale de Syriza. Fondée en 2004, cette coalition regroupe aujourd’hui 17 partis du spectre de la gauche. Sa principale composante est Synaspismos. Alexis Tsipras en est la figure politique la plus connue. Entretien avec la députée Rena Dourou sur les enjeux de cette conférence nationale.
En juin 2012, alors que Syriza avait des chances d’arriver en tête des élections législatives, la coalition avait déposé des statuts de parti pour s’assurer la prime de 50 sièges dont bénéficie le parti arrivé en tête. C’est, finalement, Nouvelle démocratie (droite) qui est arrivé 1er, qui a raflé les 50 sièges supplémentaires à la Vouli, et qui dirige un gouvernement de coalition soutenu par le Pasok (social-démocratie), et Dimar (centre-gauche). Cependant, l’instabilité politique règne aujourd’hui en Grèce. Syriza incarne, dans les urnes désormais, dans les rues de plus en plus, la principale force de rupture avec l’austérité. Aussi, en cas d’élections anticipées, elle pourrait arriver en tête. En outre, le paysage politique grec, extrêmement morcelé à gauche, et le système électoral, forcent cette coalition à se transformer. Enfin, sur le fond, les points de convergence entre toutes les forces de Syriza sont plus importantes que leurs divergences. Le premier d’entre eux : mettre un terme aux mémorandums signés entre les différents gouvernements depuis 2010, avec la troïka (BCE, UE, FMI) et mettre un coup d’arrêt à l’austérité. Pour toutes ces raisons, Syriza se transforme.
Quel est l’objectif de cette conférence ? Quelle étape marque-t-elle ?
Rena Dourou. Cette conférence marque une étape très importante, de maturité en vue des évolutions importantes à venir, qu’il s’agisse d’échéances électorales ou des mouvements sociaux. Nous essayons de nous prémunir en vue de changements radicaux en passant par un processus de refondation de notre outil commun, c’est-à-dire de notre parti. Car en fait il ne s’agit aujourd’hui pas d’un parti unifié mais d’une coalition de plusieurs composantes. Sans perdre la vitalité qu’apportent à notre effort commun les différentes sensibilités de gauche, notre pari est de fonder un outil de gauche, pluraliste, démocratique, en mesure de répondre aux défis cruciaux imposés par la crise économique et sociale. L’enjeu est décisif : nous n’avons pas le luxe du temps et devons agir vite et de façon efficace. Car la société, les gens qui souffrent ne peuvent plus attendre. Du succès de cette conférence dépendra l’avenir de la nouvelle formation. Une formation politique du peuple et pour le peuple !
La question de la sortie de la Grèce de la zone euro sera-t-elle abordée lors de la conférence nationale ? Quelles réponses sont élaborées ?
Rena Dourou. Syriza est en train de préparer un programme de gouvernement crédible qui prévoit la façon dont nous mènerons notre politique à l’intérieur de la zone euro. C’est dans ce cadre que nous préparons l’évolution de notre parti. Nous demandons la participation à ce processus de tous les citoyens qui se sentent proches des revendications de Syriza ; nous leur demandons de venir vers nous, de s’inscrire au nouveau parti et de participer activement à ses activités. La formation de cette nouvelle force politique veut changer la donne politique. Au cours de cette étape, nous nous occuperons des questions de structure et d’organisation. Car l’enjeu est fondamental est de réussir un parti pour et par le peuple.
Que vise Syriza s’il devait arriver en tête d’élections anticipées ? Une politique de gauche peut-elle être menée en Grèce actuellement et en suivant quelles priorités ?
Rena Dourou. Syriza envisage très sérieusement la question des alliances. Si Syriza arrive en tête des élections, il va créer un gouvernement où il serait au centre d’une coalition. Notre culture politique est caractérisée par l’idée des alliances. Et nous adressons déjà un appel vers les électeurs des autres partis de gauche car ce sont eux qui vont imposer leur choix à leurs leaders.
Une politique de gauche doit être basée sur la question économique et sociale, imposée par la politique de rigueur. La situation y est très critique : il faut arrêter le désastre en cours et essayer de changer la politique actuelle. Une tâche énorme mais nécessaire qui demande la mobilisation de ces couches sociales qui subissent, sont frappées, et punies actuellement par l’application des lois du mémorandum de rigueur.
http://www.humanite.fr/rena-dourou-une-conference-nationale-de-syriza-pour-reussir-un-parti-pour-et-par-le-peuple
Àtrois jours du scrutin crucial en Grèce, le président français est intervenu dans le débat électoral. Il a accordé une interview à Olga Tremi, la présentatrice vedette du 20 heures de la chaîne privée Méga, dans laquelle, tout en niant vouloir intervenir dans le débat, il a appelé les Grecs à faire très attention à leur choix de dimanche. Sinon, le danger guette… Quel sorte de danger ? La sanction : être obligés de quitter la zone euro. Tout en niant vouloir donner des leçons, M. Hollande nous a prévenus : attention, sinon… Avec tout le respect que j’ai pour le nouveau président des Français, il faut quand même lui signaler l’état de délabrement dans lequel se trouve déjà la Grèce. Par exemple, dans plusieurs hôpitaux manque le matériel le plus élémentaire (pansements, seringues…). Sait-il que, dans les écoles, cette année, les élèves n’avaient pas de livres, que le système de Sécurité sociale s’est effondré en raison des politiques de rigueur appliquées sans aucun égard pour les plus faibles qui aujourd’hui se trouvent obligés de payer leurs médicaments ? La perspective d’une sortie de la zone euro ne réjouit personne mais comment demander aux gens, qui sont au bout du rouleau, de voter pour ceux qui veulent continuer la même politique ? Le président de la République française a parlé avec respect pour le peuple grec – rien à voir avec l’air hautain de plusieurs représentants non élus de l’Union européenne qui ont tendance à traiter le peuple grec comme un gosse mal élevé. Mais, au fond, il n’a pas dit autre chose qu’eux : vous devez continuer la même politique, sinon, exit de la zone euro ! L’enjeu de ce scrutin est tout autre : soit on prend les mêmes et on continue dans la voie tracée par le FMI, la BCE et la Commission, la voie de la rigueur, des baisses de salaires, des pensions, etc. ; soit on décide de changer radicalement de politique en mettant l’accent sur le retour de la croissance, la solidarité, l’emploi. De cette façon le peuple grec deviendra le nouveau paradigme pour les peuples européens. Le paradigme selon lequel on peut rejeter les diktats des marchés, des banques et de leurs représentants. François Hollande vient d’être élu avec le slogan : « Le changement, c’est maintenant. » Justement, Monsieur le président, dimanche, en Grèce, on va tout changer !
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